L'abrogation très tardive des traités inégaux imposés par les Occidentaux pousse les Japonais à vouloir conforter et raffermir leur statut de grande puissance asiatique afin de traiter d'égal à égal avec les autres grandes puissances coloniales occidentales. De nombreux courants nationalistes voient le jour après la Première Guerre mondiale et prônent une expansion coloniale, seule issue possible selon eux pour l'empire du Japon.
En 1923 a lieu le grand séisme du Kantō (関東大震災, « Kantō daishinsai ») qui a dévasté la ville de Tōkyō et la plaine du Kantō, causant entre 100 000 et 200 000 morts (dont de nombreuses victimes des incendies déclenchés peu après le séisme), des millions de réfugiés et des centaines de milliers de bâtiments détruits. Ce séisme du Kantō particulièrement meurtrier est le produit de la subduction sur le lieu de quatre plaques tectoniques et de deux jonctions triples à quelques centaines de km seulement de distance. Le séisme a été estimé en 1977 à une magnitude de 7,9 sur l'échelle de Richter.
Prélude de la grande crise financière de 1929, le Japon connait une crise financière majeure en 1927 : la crise financière « Shōwa » (昭和金融恐慌, « Shōwa Kin'yū Kyōkō »). La Première Guerre mondiale avait vu le Japon connaître une expansion économique importante. Les entreprises avaient alors lourdement investi pour répondre aux commandes, mais la fin de la guerre, associée au grand séisme du Kantō en 1923, ont entraîné un ralentissement économique et une faillite de nombreuses petites et moyennes entreprises. La banque du Japon émet des bons d'obligation pour soutenir les banques, mais une panique des épargnants, craignants de finir ruinés, entraîne un retrait massif des économies dans les banques. Le calme revient finalement après une fermeture de trois semaines des banques japonaises.
Après avoir sécurisé son ravitaillement alimentaire en s'emparant de Taïwan et de la Corée, le Japon - malgré les avertissements des Anglo-saxons qui souhaitent conserver leurs avantages commerciaux en Chine notamment - souhaite continuer son expansion coloniale et son approvisionnement en ressources, afin d'accéder à son tour au statut de grande puissance coloniale, à l'instar des Occidentaux. Et c'est donc presque naturellement que le Japon lorgne désormais vers le nord de la Corée : la Mandchourie, riche en charbon et en fer, matériaux indispensables à son industrie.
Deux options principales ont eu cours au Japon durant l'entre-deux-guerres : l'option Nord (北進論, « Hokushin-ron », « doctrine d'expansion vers le nord ») et l'option Sud (南進論, « Nanshin-ron », « doctrine d'expansion vers le sud »). L'objectif de l'intervention japonaise de 1918 avait déjà pour but de détacher la Sibérie du reste de la Russie afin d'en exploiter les ressources. Sans en avertir l'État-major, Sadao Araki (vice-inspecteur général de l'entraînement militaire), grand partisan de l'option Nord, complote en 1931 avec son protégé Senjūrō Hayashi (commandant de l'armée japonaise de Corée) afin de renforcer secrètement avec des troupes venant de Corée le contingent japonais dans la zone frontalière avec la Mandchourie (armée japonaise du Guandong), avec comme objectif de provoquer délibérément un incident et avoir le prétexte voulu pour intervenir militairement.
1/ L'option « expansion nord » commence (1931-1937)
a/ L'invasion japonaise de la Mandchourie (1931-1932)
≈ L'incident de Mukden (柳条湖事件, Ryūjōko-jiken, 18 septembre 1931)
Le soldat japonais Suemori Kawamoto sabote le 18 septembre 1931 le réseau ferré à Mukden (aujourd'hui Shenyang) en déclenchant de la dynamite près de la ligne de chemin de fer appartenant à la compagnie japonaise des « Chemins de fer du sud de la Mandchourie » - possédant un droit d'exploitation en Mandchourie depuis la fin de la guerre russo-japonaise de 1905 -.
Les dégâts sont mineurs et les autorités japonaises tentent d'abord d’apaiser la situation, mais une faction de l'armée utilise ce prétexte pour envahir la Mandchourie et mettre ce gouvernement japonais civil impotent devant le fait accompli. D'abord très réticent sur la conduite des opérations, le gouvernement japonais enverra ensuite 60 000 hommes supplémentaires pour soutenir la conquête.
Les Japonais sont aussi intervenus dans le nord de la Mandchourie suite au conflit qui a opposé en 1929 l'Union Soviétique victorieuse aux forces chinoises en Mandchourie. Certains cercles militaires japonais souhaitent faire valoir les droits qu'ils estiment que le Japon possède depuis 1905, et prendre de vitesse les Soviétiques afin d'étendre leur sphère d'influence. Les Japonais bombardent puis attaquent la garnison de Mukden le 19 septembre 1931.
≈ L'invasion du territoire mandchou (19 septembre 1931–18 février 1932)
Dans une Chine morcelée entre les seigneurs de guerre - les Japonais soutiendront d'ailleurs l'ancien commandant Duan Qirui de l'armée impériale du Beiyang et lui enverront 140 millions de yen avec les « prêts Nishihara » (西原借款, « Nishihara Shakkan ») -, les zones d'influences occidentales, et la lutte intestine entre Nationalistes (Kuomintang de Tchang Kaï-chek) et Communistes, le commandant de la garnison chinoise Zhang Xueliang ne livre pas bataille et les Japonais s'emparent rapidement de la caserne. L'armé japonaise du Guandong s'emparera dans les mois suivants de l'ensemble du sud de la Mandchourie.
Le 24 octobre 1931, la commission Lytton sera envoyée en Mandchourie et une résolution de la Ligue des Nations demandera le retrait des troupes japonaises en Mandchourie. Le Japon passe outre la résolution et proclame l'État du Mandchoukouo sur le territoire mandchou occupé, avec à sa tête l'empereur fantoche de la dynastie Qing : Puyi. Seuls quelques pays reconnaîtront le Mandchoukouo et le Japon quittera la Société des Nations en mars 1933.
b/ L'incident du 28 janvier 1932 (Shanghai)
Des moines bouddhistes japonais sont molestés le 18 janvier 1932 dans la ville chinoise de Shanghai, l'un d'entre eux trouvera la mort au cours de ces exactions anti-japonaises et anti-occidentales (la ville est en partie morcelée par les concessions commerciales occidentales). Les autorités chinoises de la ville acceptent de s'excuser publiquement et de dédommager les Japonais, mais ces derniers bombardent cependant la ville dix jours plus tard après avoir envoyé un porte-avions sur place. Le nationaliste Tchang Kaï-chek enverra des troupes en renfort mais elles seront défaites par les Japonais. Trois semaines plus tard, malgré les tentatives de conciliation occidentales, ce sont 90 000 soldats japonais qui débarquent dans la ville, accompagnés par 300 avions et 80 navires de guerre. Le Japon imposera à la Chine la démilitarisation de la ville et le stationnement d'un contingent japonais sur place.
c/ L'opération « Nekka » (熱河作戰 Nekka Sakusen, 1 janvier - 31 mai 1933)
Après s'être emparés de toute la province de Mandchourie, l'objectif des Japonais est de prendre la province de Rehe contrôlée par le seigneur de guerre chinois Zhang Xueliang. Là encore les Japonais utilisent une attaque sous faux-drapeau dans la garnison japonaise de Shanhaiguan (lieu où la muraille de Chine jouxte la mer jaune) pour demander aux forces chinoises d'évacuer les lieux. Après le refus des Chinois, la 8ème division japonaise passe à l'offensive.
≈ La bataille de Rehe (21 février 1933 – 1 mars 1933)
L'objectif de l'armée du Guandong est de sécuriser le Mandchoukouo après s'être emparé de la passe de Shanhaiguan. 50 000 Japonais se lancent à l'assaut de la province. Les Chinois résistent en réussissent même à mener une contre-attaque contre la 5ème division japonaise, mais seront finalement contraints de se replier vers la Grande Muraille.
d/ Les opérations en Mongolie intérieure (1933-1936)
Les Japonais utilisent d'abord les armées auxiliaires des territoires qu'ils occupent en Chine pour mener une campagne en Mongolie extérieure. Les forces pro-japonaises (Mandchoukouo, Mengjiang et mongoles) s'emparent notamment de la région de Guyuan, avant qu'un cessez le feu soit signé lors de la Trêve de Tanggu le 31 mai 1933, mettant officiellement fin à l'invasion de la Mandchourie.
Les clauses de la trève exaspèrent de nombreux Chinois contre la décision de Tchang Kaï-chek. Une importante coalition régionale anti-japonaise regroupant 100 000 hommes se met en place. Après de durs combats, la coalition parvient à repousser les forces pro-japonaises et à s'emparer des villes de Baochang et Dolonnur. Les forces pro-japonaises exploitèrent ensuite les dissensions à l'intérieur de la coalition anti-japonaise pour reprendre les territoires perdus, avant d'être contraintes cependant de se replier vers le Mandchoukouo. La résistance chinoise, suite à la victorieuse campagne de Suiyuan, redonne espoir aux Chinois et s'intensifie un peu plus.
e/ La guerre nippo-soviétique (1932-1945)
Tout comme l'invasion de la Mandchourie n'a pas entraîné de guerre ouverte entre le Japon et la Chine en 1931, les Japonais (et leur allié Mandchoukouo) et les Soviétiques (et leurs alliés mongols) auront de très nombreuses escarmouches entre 1932 et 1939 mais sans dépasser le stade de guerre larvée, en tout cas jusqu'à l'invasion soviétique de la Mandchourie en 1945. Les deux camps n'hésitant pas à mener des incursions militaires dans la zone de contrôle adverse.
≈ La bataille du lac Khassan (張鼓峰事件, 29 juillet - 11 août 1938)
La première confrontation d'envergure a lieu sur les rives du lac Khasan, un an après l'entrée en guerre officielle de la Chine contre le Japon et le soutien matériel et militaire de l'Union Soviétique à la Chine. 22 000 Soviétiques font face à 7 000 Japonais près des frontières mandchoue, coréenne et soviétique.
Les Japonais prennent d'assaut une colline fortifiée sur le territoire soviétique. Les Soviétiques engagent une offensive pour reprendre la position japonaise mais subissent de lourdes pertes de la part des Japonais. Inférieurs en nombre mais satisfaits de leur victoire, les Japonais entameront des discussions et rétrocéderont leur position à l'Union Soviétique.
≈ La bataille de Khalkhin Gol (ノモンハン事件 « Nomonhan jiken », 11 mai - 16 septembre 1939)
Cette bataille, dans l'extrême Est du territoire mongol, est l'engagement principal entre les deux armées japonaise et soviétique, et impactera au niveau stratégique le reste de la Deuxième Guerre mondiale en Asie. Initialement, il s'agit d'un différend frontalier où aucune des deux parties ne veut abandonner le terrain. De plus en plus de troupes sont acheminées par les deux camps dans cette partie du territoire mongol, avant que la confrontation oppose finalement, au plus fort de la bataille, 35 000 Japonais et Mandchous à 60 000 Soviétiques et Mongols.
Les Japonais tentent de prendre la zone en tenaille en menant deux attaques (au nord et au sud). L'attaque japonaise au nord est un succès mais les Soviétiques contre-attaquent avec 450 chars (dix fois plus que les Japonais n'en possèdent) et reprennent le terrain conquis par les Japonais. Les Japonais lancent plusieurs attaques et infligent de lourdes pertes aux Soviétiques, mais souffrent de problème de ravitaillement et n'arrivent pas exploiter favorablement la situation.
Deux offensive soviétiques sont ensuite menées par les Soviétiques pour déloger définitivement les Japonais de la région de Khalkhin Gol. La première (du 3 au 8 août 1939), lancée pour tester les défenses japonaises, se solde par de lourdes pertes soviétiques sans gains significatifs. La deuxième offensive lancée le 20 août 1939 est beaucoup plus importante et engage 550 avions de combat soviétiques. 50 000 Soviétiques et Mongols, soutenus par de l'artillerie et de l'aviation, traversent la rivière et prennent les 35 000 Japonais en tenaille. De nombreux japonais sont tués ou faits prisonniers. Un cessez le feu sera finalement signé le 15 septembre.
Les autorités japonaises en voudront particulièrement à l'armée du Guandong d'avoir encore pris ses aises en attaquant délibérément les Soviétiques de manière indépendante et sans en référer à Tōkyō. La forte opposition soviétique, associée à l'importante résistance chinoise et à la signature du pacte de non-agression germano-soviétique (Molotov-Ribbentrop), entraînera la fin de l'« option Nord » (privilégié par l'armée japonaise) et décideront les Japonais à privilégier dorénavant l'« option Sud » (privilégiée par la marine japonaise) et l'attaque de l'Asie du Sud-Est, en particulier pour obtenir les minerais et pétrole des Indes orientales néerlandaises.
Malgré le pacte anti-komintern signé en 1936 (Japon et Allemagne entre autres), le pacte tripartite signé en septembre 1940 (entre le Japon, l'Allemagne et l'Italie) et l'attaque victorieuse de l'Allemagne nazie en juin 1941 sur l'URSS (qui a pris complètement par surprise les Japonais, deux mois après la signature du pacte de neutralité entre l'Union Soviétique et le Japon signé le 13 avril 1941, et deux ans après la signature du pacte Molotov–Ribbentrop le 23 août 1939), le Japon, sous embargo pétrolier étasunien, et confronté à une forte résistance chinoise soutenue par les Occidentaux, renonce à prendre l'Union Soviétique en tenaille, et estime qu'il n'a pas d'autre choix que d'assurer dans un premier temps son approvisionnement en carburant en attaquant en particulier les colonies néerlandaises au sud.
Pactes signés et guerres déclarées par l'Allemagne et le Japon
Date
Pacte
25 novembre 1936
Pacte anti-komintern (Allemagne et Japon sont signataires)
11 mai au 16 septembre 1939
Bataille de Khalkhin Gol entre l'Union Soviétique et le Japon
23 août 1939
Pacte de neutralité entre l'Union Soviétique et l'Allemagne
27 septembre 1940
Pacte tripartite (Allemagne, Japon et Italie)
13 avril 1941
Pacte de neutralité entre l'Union Soviétique et le Japon
22 juin 1941
Entrée en guerre de l'Allemagne contre l'Union Soviétique
Le début de la reconquête alliée en Asie permettra donc aux Soviétiques de ne plus craindre une offensive japonaise massive en Sibérie. Le transfert important de troupes fraîches spécialisées dans les combats d'hiver provenant de Sibérie permettra de conduire les contre offensives soviétiques victorieuses contre l'armée allemande en novembre 1942 à Stalingrad. Les troupes sibériennes avaient déjà servi à desserrer l'étau allemand au plus fort de la bataille de Moscou durant l'hiver 1941, après que des espions soviétiques au Japon aient assuré à Staline que les Japonais n'attaqueraient pas dans les prochains mois.
≈ L'incident du 26 février (二・二六事件, « Niniroku Jiken », 26 février 1936)
En politique intérieure japonaise et dans un climat insurrectionnel où certains cercles militaires - très présents dans l'armée impériale surtout - n'acceptent toujours pas l'humiliation du traité naval de Londres signé en 1930, un groupe d'officiers de la mouvance « Kōdō-ha » ou « faction impériale » (皇道派) va tenter un coup d'État le 26 février 1936. Les factieux s'empareront de Tōkyō et assassineront plusieurs officiels dont deux anciens Premiers ministres. 1 500 soldats rebelles, dont de nombreux conscrits, participeront aux évènements qui prendront fin trois jours plus tard par la désertion de la plupart des soldats. 19 meneurs du coup d'État seront exécutés après être passés en cour martiale et 40 autres personnes seront emprisonnées.
Le Kōdō-ha souhaitait un renversement de régime et une épuration parmi les conseillers de l'Empereur du Japon - jugés trop bureaucrates -, tout en prônant un ancrage à la culture japonaise ainsi qu'une supériorité des valeurs spirituelles sur les choses matérielles. Le mouvement militait pour une guerre contre l'Union Soviétique (option Nord). Le mouvement sortira décapité de la tentative de Coup d'État raté du 26 février 1936 mais son influence sur le rapport entre les pouvoirs militaire et civil sera malgré tout indéniable.
Le courant « Tōseiha » - ou faction du contrôle (統制派) - au pouvoir, plus modéré que le courant « Kōdō-ha », a pu encore disposer à l'occasion d'importants relais dans l'armée, la marine et dans la famille impériale, les rebelles Kōdō-ha se rendront le 29 février 1936. Le Tōseiha quant à lui, influencé par les préceptes allemands de « guerre totale », encourageait une planification militaire, une modernisation technologique, la mécanisation de l'armée et une expansion militaire vers la Chine et l'Asie du Sud-Est (option Sud).
Mais malgré l'échec du coup d'État, la position des militaires se renforce encore dans les institutions japonaises et au sein des gouvernements civils. Seuls des officiers d'active seront dorénavant nommés aux postes de ministre de la guerre et ministre de la marine (et non plus des officiers de réserve comme c'était le cas auparavant). Les deux ministres ont aussi désormais la capacité de faire tomber un gouvernement plus facilement.
2/ La guerre sino-japonaise (1937-1945)
- Cette guerre est traitée jusqu'en 1945 -
La guerre larvée entre la Chine et le Japon dure depuis plus de cinq ans déjà - sans déclaration de guerre officielle entre les deux pays toutefois -, mais l'incident du pont Marco Polo le 7 juillet 1937 est considéré pour beaucoup d'historiens comme le début officiel de la guerre entre la république de Chine et l'empire du Japon, voire le début de la Deuxième Guerre mondiale pour certains historiens (qui ne débuterait donc pas en Europe).
≈ L'incident du pont Marco Polo (盧溝橋事件, « Rokōkyō Jiken », 7-9 juillet 1937)
Les Japonais font déjà l'objet d'une réprobation internationale de la ligue des nations puisqu'ils en ont été exclus suite à l'occupation du Mandchoukouo. De plus, les Japonais disposent en Chine de troupes bien plus importantes (10 à 15 000 hommes) que ne le stipule la convention internationale du protocole de paix Boxer signée en 1901.
Dans la nuit du 7 juillet 1937, des unités japonaises traversent la frontière chinoise pour mener des exercices près de la ville chinoise de Wanping, au sud-Ouest de Pékin. Des échanges de tirs ont lieu avec des soldats chinois. Le lendemain matin, des troupes chinoises attaquent les Japonais près du pont Marco Polo. C'est le début de la bataille de Pékin et de la Deuxième Guerre mondiale. Les autorités japonaise et chinoise (Nationalistes du Kuomintang) tentent de calmer la situation mais les Communistes chinois et certains commandants de l'armée japonaise sont plus belliqueux et agissent parfois de leur propre initiative.
a/ La bataille de Pékin (北支事変 « Hokushi jihen », juillet - août 1937)
Après s'être emparés de la ville chinoise de Wanping le 8 juillet 1937, 180 000 soldats japonais se dirigent vers Pékin où sont concentrés 50 000 soldats chinois. Le 25 juillet, des combats ont lieu à Langfang, le 26 juillet au pont Guanghuamen près de Pékin. La 20ème division japonaise, soutenue par l'aviation, attaque Pékin le 28 juillet 1937. Les Chinois résistent en différents points mais sont obligés d'évacuer la ville. Dans le même temps, les Japonais attaquent et s'emparent de la ville de Tianjin et du port de Tanggu. Le 4 août, les Japonais prennent possession de la cité impériale chinoise.
≈ L'opération Chahar (チャハル作戦, « Chaharu Sakusen », août 1937)
L'armée japonaise du Guandong de Tōjō Hideki ainsi que la 1ère armée japonaise attaquent la ville chinoise de Nankou les 8 et 11 août 1937. Les Chinois contre-attaquent le 12 août mais les Japonais parviennent à s'emparer de la ville le 16 août 1937. Près de la Grande Muraille, les Japonais s'emparent aussi de la ville de Kalgan.
b/ La bataille de Shanghai (13 août - 26 novembre 1937)
C'est à Shanghai que va se dérouler une des batailles les plus importantes de la guerre sino-japonaise. Les Chinois souhaitent porter un coup d'arrêt à l'expansionnisme japonais en Chine et fixer le plus longtemps possible l'armée japonaise afin de délocaliser leur industrie vers l'intérieur du pays. Attaqués par des Japonais sur mer, dans les airs et sur terre et disposant d'un armement insuffisant, les Chinois vont faire preuve d'une résistance opiniâtre. 700 000 soldats chinois feront face à 300 000 japonais. La ville finira par tomber aux mains des Japonais mais la bataille atteindra moralement les Japonais, persuadés que la conquête de la Chine serait une formalité.
≈ 1ère phase (13-22 août 1937) : combats urbains
Les Japonais commencent par franchir le pont Bazi dans le quartier Zhabei de Shanghai. Les Chinois contre-attaquent en tentant de s'emparer du quartier général fortifié japonais situé dans l'enclave japonaise. Les Chinois et les Japonais combattent près des concessions occidentales et veillent à ne pas empiéter sur les zones extraterritoriales étrangères de la ville. Les chars japonais permettront de dégager la zone japonaise de l'encerclement chinois le 16 août. Les Japonais, soutenus par la marine, mèneront un assaut amphibie avec les 3ème , 8ème et 11ème divisions au nord de la ville, rendant périlleux à terme le maintien des troupes nationalistes dans le centre-ville.
≈ 2ème phase (23 août - 26 octobre 1937) : l'assaut japonais
Moins bien équipés et dépourvus d'artillerie notamment, les Chinois n'auront pas d'autre choix que de se replier vers la ville de Liuhe alors que les renforts japonais ne cessent d'arriver. Le 23 août, après un intense bombardement aérien et naval, les Japonais débarquent près des villes de Liuhe, Wusong, et Chuanshakou. Les Chinois subissent de lourdes pertes durant les bombardements japonais (des bataillons entiers se feront parfois complètement décimés) mais mènent cependant des contre-attaques pendant la nuit. La ville de Baoshan tombe le 6 septembre.
Après la chute de Baoshan, l'armée chinoise se replie dans la ville de Luodian. Cette ville est considérée comme majeure au niveau stratégique et 300 000 soldats chinois sont concentrés dans la ville. Comme à leur habitude, après un intense barrage d'artillerie et des frappes de la marine impériale japonaise, 100 000 soldats japonais se lancent à l'assaut de la ville. Supérieurs en nombre, les Chinois ont été très affaiblis par les bombardements japonais et sont obligés de céder la ville à la fin du mois de septembre.
L'armée japonaise lance une grande offensive le 1 octobre 1937 pour tenter de s'emparer de la ville de Dachang, nœud de communication important et verrou vers Shanghai. Les deux camps s'affrontent pendant près d'un mois mais les pertes chinoises sont terribles à cause de l'artillerie japonaise. Les Chinois abandonnent la ville aux Japonais le 25 octobre 1937.
≈ 3ème phase (27 octobre - 26 novembre 1937) : la retraite chinoise
Les derniers éléments chinois quittent la ville de Shanghai en évitant de se faire encercler par les troupes japonaises. La situation est critique pour l'armée chinoise et le front menace de se rompre en faveur des Japonais. La ligne de défense « Wufu » est enfoncée le 19 novembre. Après avoir sécurisé la banlieue de Shanghai, les troupes japonaises planifient cette fois de s'emparer de la capitale de la république chinoise : Nankin.
Disposant de près de 1,7 million de soldats, il ne demeurait en réalité que 100 000 soldats de l'armé nationaliste chinoise (entraînés par des conseillers allemands) pouvant lutter efficacement contre l'armée japonaise. Envoyés dès le début de la bataille de Shanghai, les pertes parmi ces troupes d'élite chinoises s'élèvent à 60%. Un tiers des officiers a également été tué durant la bataille. Tchang Kaï-chek œuvrera par la suite à reconstituer son armée et devra luter aussi contre les seigneurs de guerre chinois toujours plus indépendants dans leurs provinces respectives.
L'explication des pertes très élevées dans les rangs chinois s'expliquent aussi par le fait que Tchang Kaï-chek souhaite montrer aux Occidentaux qu'il ne s'agit pas seulement pour les Japonais d'une campagne coloniale sans résistance de la part des Chinois. L'ordre donné aux unités chinoises de tenir coûte que coûte leurs positions, parfois en dépit de la situation, doit convaincre les Occidentaux qu'une aide militaire est digne d'être envoyée afin de soutenir l'effort de guerre chinois. Les Japonais contrôlent désormais pratiquement toute le nord de la bordure Pacifique chinoise.
≈ La bataille de Nankin (1-13 décembre 1937)
Après la victoire japonaise lors de la bataille de Shanghai, le haut commandement japonais ne souhaite pas poursuivre l'offensive vers l'intérieur des terres. Mais certains commandants d'unités passent outre les consignes et souhaitent si possible en terminer avec la guerre en s'emparant de la capitale chinoise. Encore une fois mis devant le fait accompli, et largement soutenu par de nombreux officiers, la bataille de Nankin est bientôt engagée.
160 000 soldats japonais prennent d'assaut la ville où les défenseurs ont déjà été rudement mis à l'épreuve lors de la bataille précédente de Shanghai et où les défenses ont été construite à la hâte à l'intérieur de la ville. Possédant de nombreux chars, appuyés par l'artillerie et bénéficiant de la suprématie aérienne, les Japonais s'emparent de la ville en quelques jours seulement. Les Chinois ont cependant conscience que la ville ne peut pas être correctement défendue et n'engagent pas l'ensemble de leurs forces disponibles pour conserver la ville.
≈ La bataille de Taierzhuang (24 mars - 7 avril 1938)
Cette bataille est la première victoire chinoise de la guerre et va être moralement importante pour les troupes chinoises. Souhaitant s'emparer de cette zone située le long du Grand Canal afin de prendre ensuite la ville de Wuhan, les Japonais souhaitent exploiter leur récente prise de nankin afin de conforter leurs positions et progresser vers l'intérieur du territoire chinois. Taierzhuang est situé au Sud-Est de la région de Shandong.
Malgré un soutien massif d'artillerie et appuyés par leur aviation, les Japonais feront face à une résistance remarquable des soldats chinois - notamment du 2ème groupe d'armée chinois -, essuyant de lourdes pertes mais parvenant à repousser victorieusement les assauts japonais. Les soldats chinois sont également soumis désormais à une discipline de fer qui a fait souvent défaut dans les batailles précédentes.
≈ La bataille de Wuhan (11 juin - 27 octobre 1938)
La bataille de Wuhan est une des plus importante bataille de la guerre. Elle engage près de 2 millions de soldats côté chinois (pour l'ensemble de la région des environs de Wuhan) - soutenus par des coopérants soviétiques - à 400 000 soldats japonais. Les Japonais passent dans le même temps à une économie de plus en plus tournée vers la guerre et souhaitent porter un coup fatal à la résistance chinoise afin de poursuivre l'expansion de l'empire vers le nord ou probablement vers le sud de l'Asie. 500 avions et une centaine de navires japonais viennent prêter main forme à l'offensive japonaise.
Les Chinois n'hésiteront pas, afin de retarder l'offensive japonaise sur la ville, à détruire les digues du fleuve jaune, entraînant l'inondation de plusieurs villes et la mort de centaines de milliers de civils chinois. La prise de la ville de Wuhan le 26 octobre 1938 coûte finalement la vie à 30 000 Japonais. Des centaines de milliers de soldats chinois sont tués ou blessés. Il s'agit d'une victoire tactique japonaise mais l'armée japonaise sort épuisée de cette bataille et les Japonais ne mèneront plus d'offensive majeure sur le territoire chinois avant l'année 1944.
Il s'agit donc malgré tout d'une victoire stratégique chinoise. La bataille de Wanjialing notamment - dans les environs de Wuhan - permet aux Chinois de gagner du temps et d'évacuer avec succès la population civile et toutes les industries de Wuhan, nécessaires pour continuer la guerre, afin de les relocaliser dans la nouvelle capitale désignée : Chongquing.
Les Japonais progresseront difficilement à l'intérieur du territoire chinois après la prise de Wuhan. Ils se contenteront surtout de conserver leurs positions et tenteront de bloquer l'approvisionnement en matériel transitant par les ports du sud de la Chine, mais l'aide des Anglo-saxons continuera de transiter par l'Indochine française, puis plus tard par les Indes et la Birmanie. Les combats se durciront entre les deux armées chinoise et japonaise mais les Chinois ne reprendront cependant pas de terrain sur l'armée impériale.
Le succès de la campagne d'hiver (1939-1940) menée par les Chinois, moins dans ses avancées territoriales que dans son impact psychologique négatif sur les troupes japonaises - le haut commandement japonais croyant incapable les Nationalistes chinois de mener de telles offensives -, amènera par la suite les Anglo-saxons à soutenir massivement la résistance chinoise. La Chine doit fixer et épuiser le gros des troupes japonaises sur le continent alors que la guerre semble de plus en plus inéluctable entre le Japon et les États-Unis.
c/ La campagne Ichi-Go (一号作戦, « Ichi-gō Sakusen », 19 avril - 31 décembre 1944)
Cette campagne de grande ampleur, la plus importante menée pendant la Deuxième Guerre mondiale par le japon, est une série de batailles majeures entre l'armée impériale japonaise et l'armée nationale-révolutionnaire chinoise. La première phase consiste pour les Japonais à sécuriser la ligne de chemin de fer entre Pékin et Hankou. La deuxième phase consiste, avec deux armées japonaises (l'une venant de la ville de Hankou, l'autre de la ville de Canton) à prendre en tenaille la région de Hunan afin de détruire les aérodromes servant aux avions étasuniens à bombarder les forces japonaises. 17 divisions japonaises, 15 000 véhicules, 6 000 pièces d'artillerie et 800 tanks sont mis à contribution par le Soleil-levant.
L' opération « Kogo » menée initialement par les Japonais se traduit par la prise de la ville de Loyang et la prise de la région entre les villes de Kaifeng et Hankou en avril et mai 1944. Des régions conquises, ce sont surtout les villes qui sont les plus sûres, les campagnes environnantes seront par la suite soumises aux incursions de la guérilla chinoise.
La deuxième phase de la campagne (opération « Togo ») débute en juin et a comme objectifs les villes de Changsha, Hengyang, Guilin et Liuzhou. En décembre 1944, les Japonais sont aux portes de l'Indochine française (occupée par les Japonais depuis 1940). Les bombardiers étasuniens stopperont de fait pendant un temps leurs opérations de bombardement sur les infrastructures des villes chinoises occupées par les Japonais, ainsi que sur l'archipel japonais, mais les reprendront quelques mois plus tard après avoir été affectés sur les îles Mariannes.
Les Étasuniens feront pression sur le gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-chek pour que des renforts chinois soient dirigés vers le front birman. Des dissensions apparaîtront chez les Alliés, et les Américains tenteront même de prendre le commandement de toutes les forces alliées sur le territoire chinois en menaçant de ne plus assurer le ravitaillement des forces nationalistes. Les Communistes de Mao Zedong profiteront ultérieurement de la situation.
Malgré les offensives japonaises en Chine et en Birmanie, les convois d’approvisionnement vers l'armée chinoise seront rétablis début 1945, alors que dans le même temps les Japonais, faute de carburant, se déplacent surtout à pied. Les offensives chinoises seront de plus en plus soutenues jusqu'à la capitulation du Japon en septembre 1945. La route d'approvisionnement en matériel via Burma (Birmanie ou Myanmar) sera complètement rétablie en janvier 1945 (les Japonais ont envahi Burma en 1942). La guerre sino-japonaise a fait finalement entre 3,5 et 10 millions de morts chinois (dont 1,3 million de soldats) et entre 450 000 et 700 000 morts parmi les soldats japonais.
3/ Les conquêtes continuent, l'option « expansion sud » (1941-1942)
a/ L'invasion japonaise de l'Indochine (仏印進駐 « Futsu-in shinchū », 22-26 septembre 1940)
Après la défaite française lors de la bataille de France en mai 1940, le Japon voit l'opportunité d'envahir l'Indochine française. Le but est d'isoler encore un peu plus l'armée chinoise en coupant son approvisionnement provenant des Alliés. Après l'échec relatif de l'« option Nord » souhaitée principalement par l'armée impériale, c'est désormais l'« option Sud » préconisée par la marine impériale qui va être appliquée.
Une requête en guise d'ultimatum est envoyée par le Japon le 19 juin au gouverneur Georges Catroux demandant aux Français de fermer les routes d'approvisionnement vers la Chine. Le 22 juin, une nouvelle demande japonaise impose l'ouverture du port chinois sous concession française de Guangzhouwan ainsi que la fermeture de la frontière entre l'Indochine et la Chine. Le 3 juillet, les Japonais demandent cette fois l'accès aux bases aériennes et l'autorisation de faire circuler des soldats japonais dans la colonie.
Des négociation sont entamées le 3 septembre 1940 entre les autorités japonaises et vichystes afin de laisser circuler les soldats japonais sur le territoire indochinois. Mais encore une fois, des militaires japonais agissent de leur propre initiative et traversent le 6 septembre la frontière entre la Chine occupée et l'Indochine. Malgré un nouvel accord devant entrer en vigueur, l'armée japonaise franchit la frontière le 22 septembre 1940 à Dong Dang.
Les combats sont sporadiques, les Français étant incapable de s'opposer efficacement aux Japonais, et les Japonais ne souhaitant pas provoquer inutilement le courroux des Anglo-saxons. L'occupation japonaise n'est cependant pas immédiate (elle sera réellement effective seulement en 1945), le gouvernement de Vichy négocie et autorise la présence de 40 000 soldats japonais sur le sol indochinois. Les villes sont restituées aux Français et les prisonniers français sont relâchés. Les autorités japonaises s'excuseront et l'Empereur du Japon regrettera cet incident. Les Japonais, sous embargo pétrolier étasunien depuis juillet 1940 et les évènements en Indochine (les Britanniques et les Néerlandais feront de même, privant le Japon de 80% de son approvisionnement en pétrole), se rapprochent ainsi un peu plus des colonies néerlandaises riches en pétrole, désormais d'une importance stratégique vitale pour l'empire du Soleil-levant.
En 1938, les Étasuniens décrétèrent un gel des crédits à destination du Japon, en 1939 les États-Unis mettent fin au traité commercial avec le Japon et décrètent un embargo concernant le secteur aéronautique. L'embargo sera étendu en 1940 pour le pétrole, le cuivre (93% du cuivre japonais vient des États-Unis), le fer et l'acier - alors que les États-Unis soutiennent déjà la résistance chinoise -. Le Royaume-Uni et les Pays-Bas emboîteront ensuite le pas aux États-Unis. Ces trois pays gèlent également les avoirs japonais dans leurs pays respectifs en juillet 1941.
Le Japon dispose désormais de deux ans de réserves en pétrole et a un besoin impératif de s'emparer de celui de la colonie néerlandaise des Indes Orientales (Indonésie). Les stratèges japonais considèrent aussi que la prise des Philippines est indispensable avant de conquérir les Indes néerlandaises, et qu'une frappe préventive contre la flotte du Pacifique étasunienne peut s'avérer décisive.
Le pacte tripartite signé le 27 septembre 1940 (Japon, Allemagne et Italie) ainsi que le pacte de neutralité signé le 13 avril 1941 entre le japon et l'Union Soviétique sont le prélude à l'attaque surprise sur la base étasunienne de Pearl Harbor. L'attaque de l'Allemagne nazie sur L'union Soviétique en juin 1941 (opération « Barbarossa ») aurait peut être voulu que le Japon bafoue le traité signé (afin de faire tomber l'URSS et opérer la jonction avec l'Allemagne) et attaque à son tour l'URSS, mais le besoin en pétrole prima sur ces considérations stratégiques (la Sibérie dispose aussi de quelques puits de pétrole mais la défaite de Khalkhin Gol est toujours dans les mémoires ; la route maritime du Pacifique selon les accords « Lend-Lease » entre l'Amérique et l'Union Soviétique vers le port de Vladivostok aurait pu être perturbée par les Japonais en cas d'agression, mais la route aérienne entre l'Alaska et la Sibérie - « Northwest Staging Route » et « ALSIB » - n'aurait de toute façon pas pu l'être).
b/ L'attaque japonaise sur Pearl Harbor (7 décembre 1941)
Les négociations entre les États-Unis et le Japon continuent durant l'année 1941, les Japonais souhaitent obtenir la fin de l'embargo pétrolier ainsi que la fin de l'aide étasunienne vers la Chine. Les Américains demandent en échange le retrait japonais du territoire chinois (cela ne concerne pas la Mandchourie), ce qui est inacceptable pour les Japonais, considérant qu'ils perdraient la face. Les Japonais se préparent donc à la guerre et souhaitent mener une frappe décisive sur la flotte étasunienne du Pacifique, qui a été déplacée de San Diego en Californie à l'archipel d'Hawaï. Les États-Unis savent eux-aussi que la guerre est inévitable mais ne souhaitent pas ouvrir délibérément les hostilités avec l'empire du Soleil-levant (le congrès et surtout la population étasunienne ne l'accepteraient pas).
À l'instar de la bataille de Tsushima remportée contre la flotte russe en 1905, et plus récemment l'attaque aéronavale britannique victorieuse sur la base italienne de Tarente le 11 novembre 1940 (menée par des bombardiers munis de torpilles), les Japonais vont donc tenter de porter une attaque déterminante dans l'Océan Pacifique et inciter si possible le gouvernement américain à négocier avec le Japon (l'idée de bataille décisive a été aussi enseignée aux Japonais par les instructeurs allemands s'inspirant des théories de Carl von Clausewitz). L'objectif de l'attaque est surtout d'infliger suffisamment de dégâts aux Américains afin d'avoir le temps nécessaire pour s'emparer des Indes néerlandaises, de sécuriser l'approvisionnement en pétrole, mais aussi de couper la route birmane d'approvisionnement allié vers la Chine nationaliste.
Le 26 novembre 1941, la flotte japonaise quitte la baie d'Hittokapu. Elle est constituée de 6 porte-avions (« Akagi », « Kaga », « Sōryū », « Hiryū », « Shōkaku », et « Zuikaku » et 414 avions embarqués), 2 cuirassés, 3 croiseurs, 9 destroyers et 28 sous-marins. L'attaque sur l'archipel d'Hawaï se déroulera en plusieurs vagues de bombardement (première vague de 183 appareils, deuxième vague de 171) sur les navires de la base navale de Pearl Harbor et les aérodromes de l'île d'Oahu dans l'archipel d'Hawaï. L'attaque débute le 8 décembre 1941 à 7h48 heure locale.
Les deux vagues d'attaque sur Pearl Harbor se déroulent dans un délai de deux heures. 2 400 Étasuniens sont tués et 1 200 autres sont blessés. 18 navires sont touchés dont 9 cuirassés (seuls 3 navires - dont 2 cuirassés - ne pourront pas être réparés). Au grand désarroi des Japonais, aucun des 3 porte-avions étasuniens n'était à Pearl Harbor durant l'attaque japonaise. 247 avions japonais sur 414 sont détruits ou endommagés. Une troisième vague d'attaque est tout de même envisagée mais elle est jugée trop risquée. Les dépôts en carburant et les ateliers de réparation américains, demeurés intacts, pourront ainsi remettre à flot les navires endommagés et rendre la base de Pearl Harbor rapidement opérationnelle.
Dans les heures qui suivirent, le Royaume-Uni (et ses dominions et possessions : le Canada, l'Australie et l'Afrique du Sud notamment) entrèrent en guerre contre le Japon.
L'Allemagne nazie et l'Italie fasciste déclarèrent la guerre aux États-Unis le 11 décembre 1941, soi quatre jours après l'attaque de Pearl Harbor (alors que les termes du pacte tripartite ne le stipulait pas expressément dans les conditions). En Décembre 1941, la marine japonaise dispose de 12 cuirassés, 15 porte-avions, 43 croiseurs, 169 destroyers et 195 sous-marins.
L'attaque de la base étasunienne de Pearl Harbor est suivie d'une offensive dans plusieurs lieux de l'océan Pacifique. Les Japonais attaquent simultanément plusieurs possessions britanniques et étasuniennes telles que Guam, l'île Wake, la Malaisie, les Philippines et le nord de l'île de Bornéo (occupée par les Anglais). Sur le continent, les Japonais lancent une offensive sur le territoire britannique de Hong Kong.
≈ La bataille de Hong Kong (8-25 décembre 1941)
30 000 Japonais participent à la conquête du territoire. La possession britannique est défendue par des unités canadiennes (2 000), indiennes (2 200), britanniques (3 600), chinoises (6 400) et quelques Français libres. 2 000 soldats alliés seront tués et 10 000 autres seront fait prisonniers.
d/ La campagne des Philippines (8 décembre 1941 - 8 mai 1942)
130 000 Japonais sont ensuite mobilisés pour s'emparer du territoire sous contrôle étasunien défendu par 150 000 hommes. L'objectif des Japonais est de priver les États-Unis de leur base opérationnelle en Asie du sud-Est, d'utiliser les Philippines pour préparer l'invasion des Indes néerlandaises, et de sécuriser les lignes de communication entre le Japon et les zones occupées d'Asie du Sud-Est.
L'armée impériale japonaise connaîtra une avance rapide au début de la campagne. Le haut commandement japonais décidera ensuite de relever ses meilleures unités (dont la 14ème armée), ralentissant de fait la progression et la fin de la campagne d'invasion de la péninsule. 25 000 défenseurs trouveront la mort, 21 000 seront blessés, 100 000 autres seront fait prisonniers. Les Japonais perdront quant à eux 4 000 hommes.
e/ L'invasion de la Thaïlande (日本軍のタイ進駐, 8 décembre 1941)
Huit heures seulement après le franchissement de la frontière des premières troupes japonaises, un cessez-le-feu sera proclamé et la Thaïlande se joindra aux forces de l'Axe jusqu'à la fin de la guerre (les Japonais leur promettront de leur rendre les territoires perdus - provinces de Kayah et de Shan - lors du traité anglo-siamois de 1909). La Thaïlande avait déjà profité de la bataille de France pour s'emparer de son ancienne province perdue après le conflit franco-siamois de 1893. Le Japon occupe l'Indochine en décembre 1941 et peut aussi désormais utiliser les ports et les aérodromes thaïlandais pour frapper la Birmanie et les Indes néerlandaises.
f/ La campagne de Malaisie (8 décembre 1941 - 15 février 1942)
Les Britanniques ont érigé Singapour en place forte et ont concentré d'importantes forces afin de la protéger. Les docks de Singapour (à Sembawang) ont aussi été aménagés afin de pouvoir accueillir et réparer les vaisseaux de la Royal Navy (en prévision d'une guerre éventuelle contre le Japon). Le port dispose aussi de batteries côtières de 230 et 380 mm (munies d'obus perforants contre les navires mais pas d'obus explosifs) et de batteries anti-aériennes. Les stratèges britanniques pensent pouvoir protéger ainsi le verrou singapourien (surnommé le « Gibraltar de l'Est ») avec leur flotte de guerre, afin par la suite de reconquérir Hong Kong, puis d'entamer un blocus maritime contre l'archipel nippon.
70 000 soldats japonais sont mobilisés durant cette campagne. Ils font face à 140 000 soldats des Pays-Bas et surtout du Commonwealth (Royaume-Uni, Australie et Nouvelle-Zélande) - dont 67 000 Indiens -. La campagne japonaise commence le 8 décembre 1941 par un assaut amphibie sur la côte Nord-Est de la Malaisie, près de la ville de Kota Bharu. Les Japonais débarquent également en Thaïlande puis marchent en direction du territoire malais. Le territoire indochinois - avec l'accord des autorités vichystes - a servi à l'armée japonaise pour concentrer les troupes nécessaires à l'invasion. Les troupes japonaises expérimentées viennent rapidement à bout des défenseurs et traversent la jungle, réputée pourtant infranchissable, directement en direction de Singapour. Le 10 décembre 1941, un raid aérien coule les navires britanniques HMS « Prince de Galles » et HMS « Repulse », leur assurant ainsi, en plus de la suprématie aérienne, la suprématie navale pour quelques mois.
Les Britanniques ont largement sous estimé les capacités aériennes japonaises - pensant que ces derniers ne disposaient que d'appareils obsolètes - et ont fait l'erreur de penser que la ville de Singapour ne pouvait pas être prise depuis la jungle. La bataille de France perdue et l'occupation de l'Indochine par le Japon n'ont fait qu'accentuer l'impréparation britannique, qui a privilégié la guerre contre l'Allemagne au détriment du théâtre asiatique. Avant la chute de la France, les Britanniques comptaient aussi sur la flotte française pour neutraliser la flotte italienne dans la mer Méditerranée, désorganisant ainsi les plans de l'amirauté britannique en 1941. 130 000 soldats alliés seront faits prisonniers par les Japonais durant la campagne (40 000 soldats indiens - en majorité sikh - changeront de camp et combattront aux côtés des Japonais, 40 000 autres refuseront et resteront prisonniers de guerre, 11 000 mourront dans des camps d'internement).
g/ La campagne du Bornéo britannique et des Indes néerlandaises (8 décembre - 9 mars 1942)
Demeurés indépendants malgré la chute des Pays-Bas en 1940 face aux armées hitlériennes, les Japonais s'emparent de l'île de Bornéo fin 1941. Cette grande île riche en pétrole - ressource vitale désormais dans cette guerre mécanisée - est aussi au cœur de la nouvelle sphère d'influence japonaise, et le contrôle des voies de navigation est d'une importance stratégique majeure pour le Japon. Des aérodromes et des routes seront construits durant l'occupation (notamment par des prisonniers de guerre).
Après Bornéo, la conquête des Indes néerlandaises - riches en pétrole (4ème exportateur mondial à l'époque) et en caoutchouc notamment - commencera et durera quatre mois. Les Japonais mobilisent plus de 100 000 hommes afin de mener des assauts amphibies.
80 000 Néerlandais seront maintenus dans des camps durant l'occupation japonaise (20% périront). 270 000 Indonésiens seront mobilisés et envoyés travailler dans les territoires asiatiques sous contrôle japonais (200 000 y trouveront la mort). Politiquement, les Japonais ont fait la promotion (toutefois très encadrée) du nationalisme indonésien, en particulier celui du futur président Sukarno.
h/ La campagne birmane (janvier - mai 1942)
Possession britannique depuis seulement la fin du 19ème siècle - et après trois guerres ayant opposé l'empire britannique à Burma -, le commandement britannique, déjà affairé en Europe et concentrant ses forces en Asie essentiellement aux Indes, estime que la Birmanie n'est pas défendable contre une invasion japonaise. De plus, comme en Malaisie, les forces présentes sous mal équipées et mal entraînées, contrairement aux forces japonaises déjà très expérimentées après des années de campagne. La Birmanie possède quelques puits de pétrole, des mines de cobalt et une importante production de riz. Mais l'une des raisons essentielles de l'attaque japonaise est de couper la « route birmane » d'approvisionnement allié à destination de la Chine. Le Japon souhaite aussi protéger les arrières du front malais et pouvoir aussi accentuer la menace sur les Indes britanniques.
4/ La reconquête des Alliés (1943-1945)
a/ La campagne birmane (mai 1942 - juillet 1945)
- Cette campagne est traitée jusqu'en 1945 -
La tentative de reconquête de la Birmanie par les Alliés se fait dans un climat où la saison des pluies fait que seule la moitié de l'année est propice aux offensives de grande envergure. Après voir conquis le port de Moulmein et la capitale Rangoon, les Japonais s'emparent de tout le sud du pays le 1 mai 1942. Malgré le renfort des Nationalistes chinois, les Britanniques ont dû faire face à l'hostilité de la population birmane et ont dû évacuer le territoire birman face à l'armée impériale, encore renforcée par des contingents japonais après la chute de Singapour.
Occupés sur les théâtres européen et africain - mais aussi fragilisés à des désordres aux Indes avec le mouvement « quittez l'Inde » et une famine au Bengale -, les Britanniques et les Indiens mènent deux tentatives infructueuses sur le territoire birman fin 1942 / début 1943. Les soldats évoluent cependant sur un terrain très difficile. La première incursion, la plus importante numériquement, sera menée sans soutien d'artillerie et subira de lourdes pertes face aux Japonais dans la région d'Arakan. Les Britanniques ont lancé cette offensive afin de reprendre pied sur l’île stratégique d'Akyab possédant un port et un aérodrome, mais les troupes sont inexpérimentées et mal préparées. La deuxième incursion concerne des unités « Chindit » dans le nord de la Birmanie.
En août 1943 les Alliés se réorganisent et confient à l'amiral Louis Mountbatten le commandement du SEAC (« South East Asia Command »). Les actions dans le nord de la Birmanie seront menées par le NCAC (« Northern Combat Area Comm »). La chaîne de commandement a également été clarifiée et le front européen dorénavant stabilisé permet de concentrer d'importantes forces sur le front asiatique (même si les Alliés préparent le débarquement en Normandie et continuent massivement d'approvisionner les Soviétiques via la Mer de Béring, les États-Unis produisant désormais les fournitures militaires en tout genre en quantité industrielle). Un des principaux objectifs des offensives alliées dans le nord de la Birmanie - à la demande des Étasuniens, mais laissant pourtant les Britanniques sceptiques -, est de sécuriser la région afin de construire la « route Ledo », permettant de suppléer l'ancienne « route birmane » d'approvisionnement vers la Chine.
≈ L'opération japonaise U-Go (ウ号作戦, U Gō sakusen, mars-juin 1944)
De leur côté, les Japonais ont créé l'« armée de la région birmane » (緬甸方面軍, « Biruma hōmen gun ») en mars 1943 et disposent sur place des 15ème et 18ème armées. Malgré les obstacles du milieu marécageux et les difficultés de ravitaillement, les Japonais mobilisent 80 000 hommes et 6 divisions, puis mènent une grande offensive sur les forces alliées en Inde en mars 1944 pour tenter de couper définitivement le ravitaillement étasunien vers la Chine. Les Japonais se sont peut être aussi laissés influencer par les incursions des Chindits britanniques dans le nord de la Birmanie, alors que le terrain était considéré comme infranchissable par les Japonais eux-mêmes.
Alors que les Britanniques ont à nouveau envoyé les Chindits opérer dans le nord de la Birmanie en mars 1944, les Japonais ne suspendent pas leur attaque en Inde le 8 mars 1944 et traversent la rivière Chindwin. Ils atteindront les portes des villes de Imphal et Kohima mais sans soutien d'artillerie et leurs voies de ravitaillement pratiquement coupées après quelques semaines de campagne, ils seront finalement repoussés par les troupes alliées sur place, ravitaillées par les airs et disposant désormais d'une supériorité aérienne. Les Japonais finiront par se replier aux prix de très lourdes pertes (50 000 morts), la plupart des soldats étant mort de faim, de maladie ou d'épuisement.
Les alliés reprennent l'initiative en 1944 grâce désormais à leur supériorité aérienne sur l'aviation japonaise et l'importante concentrations d'hommes et de matériel sur le front birman. Déjà durement éprouvés après leur offensive U-Go et la retraite désorganisée qui s'en est suivi, les Japonais n'ont maintenant plus l'initiative des opérations en Birmanie. Les Britanniques et les Indiens attaquent à l'Ouest, les troupes chinoises sous commandement étasunien attaquent au Nord-Ouest, tandis que les Nationalistes chinois attaquent au Nord-Est du front. Les avions-cargos alliés transportent hommes et matériels toujours plus près des troupes japonaises acculés et parfois sacrifiées par leur commandement à partir de juin 1944.
Manquant d'approvisionnement et épuisés, les Japonais sont obligés de battre en retraite à la fin de l'année 1944 devant les offensives alliées qui se succèdent, et de se réorganiser sur des positions défensives au Sud de la Birmanie. Les Japonais finissent par abandonner l'île d'Akyab le 31 décembre 1944. Les Japonais doivent aussi faire face désormais à l'hostilité de la population birmane qui sait que le cours de la guerre est maintenant renversé (l'armée nationale birmane a aussi changé de camp entre-temps). Les Alliés parviendront à s'emparer de Rangoon et de son port le 1 mai 1945, un jour avant le début de la saison des pluies. La fin de la campagne se terminera pour les Japonais par le désastre de la bataille de Sittang Bend où 14 000 soldats seront tués après une tentative - dont les Alliés connaissaient les plans - pour traverser la rivière Sittang.
b/ La campagne des îles Salomon (janvier 1942 - août 1945)
- Cette campagne est traitée jusqu'en 1945 -
Parvenus à envahir les territoires souhaités après l'attaque sur Pearl Harbor, les Japonais souhaitent désormais conduire une nouvelle vague d'assaut dans le Sud du Pacifique avec comme objectif de conforter leurs positions, d'établir un périmètre de sécurité, et de contrecarrer la liaison maritime entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande d'une part et les États-Unis de l'autre. Les Japonais envahissent donc les territoires australiens (sous contrôle britannique) de Nouvelle-Guinée et des îles Salomon durant les six premiers mois de l'année 1942. En avril, les Japonais construisent des aérodromes sur les îles de Buka et de Bougainville
Mis en danger par les prises des ports et la construction d'aérodromes par les Japonais, les alliés ripostent en décidant de débarquer sur l'île de Guadalcanal afin de défendre leurs voies de communication et de ravitaillement. C'est le début d'une campagne militaire très dure où les combats maritimes et aériens dans la zone Pacifique vont être intenses, et où les combats terrestres vont durer jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale - avec une défense forcenée et jusqu'au-boutiste des îles par les Japonais. Les Alliés vont s'emparer des îles qu'ils estiment essentielles et contourner le reste des positions japonaises.
≈ La campagne de Guadalcanal (7 août 1942 - 9 février 1943)
La campagne de Guadalcanal est la première offensive alliée d'envergure dans le Pacifique. Les Japonais construisent un aérodrome sur Guadalcanal (« Lunga Point ») afin de perturber les liaisons maritimes entre les États-Unis et l'Australie et en prévision des invasions des îles Fidji, de Samoa et de Nouvelle-Calédonie. La reconquête alliée de Guadalcanal est la première étape menant à Rabaul, aux Philippines puis à l'archipel nippon. Les victoires stratégiques des batailles de Corail (mai 1942) et de Midway (juin 1942) permettent aux Alliés de reprendre la main et de passer à l'offensive.
15 000 Marines américains débarquent le 7 août 1942 sur les îles de Guadalcanal (11 000), Tulagi et Florida, occupées depuis mai 1942 par les Japonais. La conquête de Tulagi, bénéficiant d'un excellent port naturel, permettra aux Alliés d'installer une importante base navale et de ravitaillement pour la suite des opérations dans le Pacifique.
La campagne de Guadalcanal aura coûté la vie à 19 000 Japonais (dont 8 500 morts au combat) et à 7 000 Étasuniens. Guadalcanal et Tulagi serviront de bases alliées pour la campagne des îles Salomon. Les Japonais seront constamment sur la défensive après la campagne de Guadalcanal et ce sont dorénavant les Alliés qui auront l'initiative jusqu'à la capitulation japonaise en 1945.
c/ La campagne de Nouvelle-Guinée (janvier 1942 - août 1945)
- Cette campagne est traitée jusqu'en 1945 -
Se déroulant en même temps que la campagne des îles Salomon, la campagne de Nouvelle-Guinée a d'abord comme objectif d'empêcher les japonais de s'emparer du port de Moresby, puis de s'emparer entièrement de l’île de Papouasie Nouvelle-Guinée (mandat australien de Papouasie au Sud-Est le 23 janvier, Nouvelle-Guinée le 8 mars au Nord-Est de l'île sous mandat britannique depuis 1918, Ouest de l’île de Nouvelle-Guinée appartenant aux Indes néerlandaises à partir du 30 mars 1942) avant ensuite de reprendre les Philippines (comme l'a promis le commandant en chef des troupes alliées le général MacArthur). 130 000 soldats japonais sous blocus allié trouveront la mort, essentiellement à cause de malnutrition et de maladie.
≈ La bataille de la mer de Corail (4-8 mai 1942)
La marine de guerre impériale envoie deux porte-avions afin d'assurer la maîtrise des airs durant la prise de Moresby, essentiel pour menacer directement les intérêts alliés dans la région. L'objectif de la marine du Japon étant d'essayer par la suite d'annihiler définitivement la flotte étasunienne lors d'une bataille décisive dans le Pacifique. Afin donc de mener à bien la prise du port stratégique de Moresby dans le Pacifique Sud, une flotte de 60 navires est dépêchée sur place par l'amirauté nippone - dont les deux porte-avions « Shōkaku » et « Zuikaku », le porte-avions léger « Shōhō », 9 croiseurs et 15 destroyers - (cette force d'invasion comprend aussi 250 avions).
Les codes de cryptographie japonais ayant été brisés, l'effet de surprise ne joue plus comme à Pearl Harbor, et les Étasuniens envoient deux porte-avions sur zone : l'USS « Lexington » et l'USS « Yorktown ». Il s'agit de la première confrontation de l'histoire entre porte-avions ennemis. Les Japonais s'emparent de Tulagi sur les îles Salomon mais subissent une attaque aérienne étasunienne et perdent une partie de leurs navires de soutien. Les deux flottes envoient ensuite des avions de reconnaissance pour se localiser mais seul le « Shōhō » japonais est identifié et coulé par les Américains le 7 mai 1942. De leur côté, les Japonais coulent un destroyer étasunien.
Le 8 mai, les deux flottes se sont identifiées et envoient chacune des escadrilles sur la marine ennemie. 70 avions japonais s'envolent et réussissent à couler l'USS « Lexington » et à endommager l'USS « Yorktown » (qui sera réparé et qui participera cependant à la future bataille de Midway). Côté japonais, le « Shōkaku » et le « Zuikaku » sont touchés et le plan d'invasion du port de Moresby ne peut plus être d'actualité. En dépit d'une victoire tactique japonaise, les conséquences de la bataille seront désastreuses pour les Japonais puisque Moresby reste aux mains des Alliés et que les trois porte-avions japonais engagés ne pourront pas être utilisés quelques semaines plus tard lors de la bataille décisive de Midway.
≈ La bataille de Midway (4-7 juin 1942)
La bataille de Midway se déroule seulement un mois après la bataille de la mer de Corail, au cours de laquelle l'amirauté japonaise a dépêché 2 porte-avions pour aider l'armée japonaise à s'emparer de Moresby. Les Japonais souhaitent désormais porter un coup décisif à la flotte étasunienne du Pacifique - selon la doctrine « Kantai Kessen » (艦隊決戦, « bataille navale décisive ») - et obliger les États-Unis à négocier un traité de paix.
Sans pouvoir remplacer les porte-avions absents pour cause de réparation suite la bataille de mer de Corail dans laquelle ils avaient été imprudemment engagés, les Japonais engagent des porte-avions qui sont sur la brèche depuis 1941 et qui ne disposent pas de leur flotte complète d'aéronefs embarqués (le programme japonais de renouvellement des équipe de maintenance est déficient et certains bombardiers ne sont même plus fabriqués). Les Américains ont considérablement renforcé leur flotte de guerre ainsi que leur flotte aérienne, et se préparent à contre-attaquer l'offensive japonaise prévue sur Midway grâce à leurs informations.
L'amiral japonais Yamamoto Isoroku dispose de 4 porte-avions (« Akagi », « Kaga », « Sōryū » et « Hiryū »), 2 cuirassés, 4 croiseurs lourds, 12 destroyers et 260 avions. L'amiral étasunien Chester W. Nimitz commande quant à lui 3 porte-avions (« Enterprise », « Hornet » et « Yorktown »), 7 croiseurs lourds, 15 destroyers, 16 sous-marins et 360 avions. Prévenu depuis plusieurs semaines par les renseignements, les Alliés connaissent le lieu mais aussi la date approximative de l'attaque japonaise, ils envoient ainsi rapidement et en maillage serré des avions de reconnaissance afin de localiser le plus rapidement possible la flotte japonaise. Les porte-avions de la flotte impériale japonaise sont ainsi identifiés à 900 km au Sud-Ouest de Midway dès le 3 juin 1942. Pour ne pas arranger les choses pour les assaillants, les porte-avions américains font leur jonction avant la bataille alors que la flotte japonaise, ne se doutant de rien, arrive en plusieurs groupes successifs (porte-avions en avant-garde et cuirassés en retrait).
Une première vague de 9 bombardiers B-17 étasuniens part ainsi à la rencontre de la flotte japonaise et frappe à 15h30 des navires de soutien japonais, coulant le navire « Akebono Maru ». Le 4 juin à 4h30, une première vague de 108 avions japonais décolle à son tour vers Midway afin de détruire les pistes des aérodromes et les avions américains. L'attaque japonaise sur Midway subit de lourdes pertes (54 avions sont détruits ou endommagés).
Suite à l'échec de la première attaque japonaise ayant manqué ses objectifs, une seconde vague d'avions japonais s'apprête à attaquer à nouveau Midway avec des bombes incendiaires. Mais un avion de reconnaissance japonais ayant localisé la flotte étasunienne entre-temps à seulement 400 km de distance, l'amiral Nagumo Chūichi décide de réarmer ses bombardiers avec des torpilles. Les conséquences vont être désastreuses puisque peu de temps après, une deuxième vague d'avions étasuniens frappe la flotte japonaise de porte-avions dont les hangars sont remplis de bombes, de torpilles et de carburant. Les dégâts sont considérables et 3 porte-avions japonais sont incendiés et inutilisables (« Akagi », « Kaga » et « Sōryū »), ils seront ensuite sabordés par leurs équipages.
Le porte-avions japonais « Hiryū » est aussi sabordé plus tard dans la journée. Le bilan pour les Japonais est terrible, ils ont perdu 4 porte-avions, un croiseur lourd et 3 000 hommes et 250 avions (dont de nombreux pilotes et équipes de maintenance ou de mécaniciens expérimentés, pratiquement irremplaçables). Ces pertes seront irrémédiables pour l'empire du Japon, désormais acculé et perdant définitivement l'initiative dans l'océan Pacifique, face à son adversaire américain produisant toujours plus, en quantité comme en qualité. La bataille de Midway incite les Alliés à débarquer sur l'île de Guadalcanal et à user les forces japonaises dans une guerre d'attrition dans les îles Salomon puis en Nouvelle-Guinée. La bataille de Midway a mis en exergue l'importance nouvelle de la supériorité aérienne, les Alliés la conserveront jusqu'à la fin de la guerre.
≈ La campagne de Bougainville (novembre 1943 - août 1945)
Les Japonais ont envahi Bougainville en mars 1942 et ont construit un port à Tonolei près de Buin (au Sud de l'île), cette base navale servant à protéger leur principale base dans la région : Rabaul. Les Alliés souhaitent occuper une partie de l'île de Bougainville afin de pouvoir plus efficacement neutraliser la base japonaise de Rabaul. La baie d'Augusta servira aussi au mouillage de la flotte alliée pour la campagne des îles Salomon.
La campagne de Bougainville coûtera la vie à 20 000 Japonais (dont la moitié de maladie) et 1 200 Alliés (700 Étasuniens et 500 Australiens).
d/ La campagne des îles Gilbert et Marshall (novembre 1943 - février 1944)
Les Japonais occupèrent les îles Marshall trois jours seulement après l'attaque sur Pearl Harbor. Les îles Gilbert faisant partie quant à elle du mandat du Sud-Pacifique japonais depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Alors que MacArthur commande les opérations alliées depuis le Sud-Est, l'amiral Nimitz commande la campagne alliée de reconquête depuis l'Est du Pacifique, avec comme prémisse la campagne des îles Gilbert et Marshall. 35 000 soldats étasuniens, 17 porte-avions, 12 croiseurs et 66 destroyers seront mobilisés. 21 000 Japonais seront tués dans cette campagne pour seulement 375 prisonniers. Les Alliés pratiqueront la stratégie du saut-de-puce en s'emparant de certaines îles stratégiques et en contournant les autres garnisons japonaises (ils perdront 5 000 hommes dans la campagne).
e/ La campagne des îles Mariannes et Palaos (15 juin 1944 - 27 novembre 1944)
Avec toujours comme objectif la reprise des Philippines, l'amiral Nimitz entame le conquête des îles Mariannes et Palaos. Les Japonais considèrent ces îles comme faisant partie de leur périmètre de sécurité exclusif à protéger à tout prix. Les îles sont donc bien défendues et la campagne terrestre alliée, toujours soutenue par la marine et l'aviation, va être encore l'objet d'intenses combats. 29 000 Japonais sont morts dans la campagne, dont 5 000 suicidés. Le général en chef Tōjō Hideki, estimant que la guerre est perdue après la perte de Saipan, décidera de démissionner le 18 juillet 1944.
En réponse aux mouvements de la flotte adverse et à l'attaque étasunienne sur l'île de Saipan, le Japon envoie 9 porte-avions (dont 5 légers), 13 croiseurs, 31 destroyers, 24 sous-marins et 750 avions pour s'opposer à la force d'invasion américaine et tenter un ultime sursaut pour renverser le cours de la guerre. Les différentes « Task Force » étasuniennes comprennent un total de 15 porte-avions, 7 cuirassés, 21 croiseurs, 68 destroyers, 28 sous-marins et 900 avions. La confrontation de la bataille de la mer des Philippines va pourtant tourner au désastre pour l'aviation japonaise (600 appareils détruits dont 430 appartenant aux porte-avions). Le Japon va perdre également 3 porte-avions (« Taihō », « Shōkaku » et « Hiyō ») et ne parviendra plus à reconstituer sa flotte aérienne embarquée qu'il avait patiemment reconstitué depuis un an. Les avancées technologiques étasuniennes et la capacité de production bien supérieure des Américains aggravent encore la situation du Japon après cette bataille.
La bataille de Guam (21 juillet - 10 août 1944) a vu s'opposer 60 000 Étasuniens à 18 000 Japonais. Toute la garnison japonaise sera tuée à l'exception de 485 prisonniers. 5 aérodromes alliés seront plus tard construits sur l'île. Une résistance sporadique japonaise demeurera sur l'île pendant des années.
f/ La campagne des Philippines (17 octobre 1944 - 2 septembre 1945)
La campagne des Philippines n'était pas nécessaire au niveau stratégique mais importante symboliquement, en particulier pour MacArthur - chef des forces alliées dans le Pacifique Sud - qui avait dû fuir en 1942 devant l'invasion japonaise et qui s'était promis de revenir aux Philippines. La campagne des Philippines permet cependant aux Alliés de couper les routes d'approvisionnement japonaises en les privant de caoutchouc et surtout du pétrole des Indes néerlandaises. Les Japonais perdront des centaines de milliers d'hommes et verront leur flotte de guerre considérablement diminuée. Ils en seront réduits à tenter des opérations suicides (« kamikazes », 神風, « vent divin ») pour tenter de mettre en échec la force d'invasion alliée. Les combats dureront jusqu'à la capitulation japonaise. La bataille de Surigao est la dernière bataille entre cuirassés, et la dernière bataille où une flotte « barrera le T » avec son adversaire.
La bataille navale du golfe de Leyte les 23 et 26 octobre 1944 est la plus grande bataille navale de la Deuxième Guerre mondiale, et peut être de toute l'histoire militaire. Elle a opposée la flotte impériale japonaise (6 porte-avions, 7 cuirassés, 20 croiseurs, 35 destroyers et plus de 300 avions) aux forces alliées étasunienne et australienne (34 porte-avions, 12 cuirassés, 24 croiseurs, 166 destroyers et 1 500 avions) au large du golfe de Leyte. Il s'agit d'une tentative japonaise désespérée d'enrayer l'avancée alliée inéluctable vers l'archipel nippon. Les Japonais mobiliseront toute leur marine de guerre et essuieront une défaite majeure avec la perte de 4 porte-avions (dont 3 légers), 3 cuirassés, 10 croiseurs, 9 destroyers et 300 avions. Les Alliés perdront 6 navires et 200 avions. La flotte japonaise - faute de carburant - sera par la suite contrainte de rester dans les ports japonais.
Devant l'implacable avancée alliée et la guerre pratiquement perdue, l'État-major japonais est résolu à infliger le plus de pertes possibles à l'ennemi en organisant des opérations suicides dans les airs, sur mer ou dans les mers. Les Japonais infligeront des dégâts considérables aux navires étasuniens mais ne feront que retarder l'échéance finale. Les missions kamikazes seront surtout conduites à partir d'appareils conventionnels mais quelques modèles seront crées spécifiquement pour ces opérations.
g/ La campagne du Japon (juin 1944 - août 1945)
Les bombardements aériens commencent avec le raid de Doolittle le 18 avril 1942. Les bombardements stratégiques débutent en juin 1944 et s'intensifient à partir de novembre 1944 et la prise par les Alliés des îles Mariannes. Ils durent jusqu'à la fin du conflit et la reddition du japon en septembre 1945. Le gouvernement japonais a fait évacuer des millions de civils des villes vers les campagnes après la perte des îles Mariannes (de nombreux civils partiront aussi d'eux-mêmes, le total est estimé à 8,5 millions). Des classes entières d'enfants ont aussi été évacuées vers l'intérieur des terres après le bombardement de Tōkyō en mars 1945.
≈ La campagne dans les îles Ryūkyū et Ogasawara (19 février - 21 juin 1945)
La dernière campagne terrestre s'effectue aux abords de l'archipel nippon et compte deux batailles terrestres majeures et sanglantes : celle d'Iwo Jima et celle d'Okinawa. Le Japon lancera également une mission suicide navale finale : l'opération « Ten-Gō » (pourtant très contestée par de nombreux officiers de marine). L'invasion terrestre de l'archipel sera ajournée suite à la reddition du Japon le 15 août 1945. Les Japonais perdront dans cette campagne 120 000 hommes et 3 000 avions (dont beaucoup de kamikazes) mais infligeront des pertes sévères aux Étasuniens : 6 800 morts, 19 200 blessés, 79 navires et 770 avions. Les importantes pertes humaines américaines dans ces deux batailles conduiront l'État-major étasunien à se demander si l'invasion des îles principales du Japon est vraiment nécessaire.
La bataille d'Iwo Jima (19 février - 26 mars 1945) est une des dernières batailles de la guerre et la garnison japonaise fait là encore preuve d'une défense acharnée : seuls 200 hommes seront faits prisonniers sur les 18 000 hommes, les autres seront tous tués ou suicidés.
La bataille d'Okinawa (1 avril - 22 juin 1945) est la dernière grande bataille de la guerre du Pacifique entre les Japonais et les Étasuniens. Elle oppose 80 000 soldats japonais à 180 000 soldats alliés. Seuls 7 000 Japonais seront faits prisonniers (des dizaines de milliers de civils seront aussi tués). Une intense campagne de bombardement (marine et aviation) prépare d'abord le plus grand assaut amphibie de la guerre mené par des dizaines de milliers de Marines. La prise d'Okinawa servira de base pour l'invasion planifiée des îles principales de l'archipel nippon.
h/ La guerre soviéto-japonaise (9 août - 2 septembre 1945)
≈ L'invasion soviétique de la Mandchourie (9-20 août 1945)
Comme convenu avec les Alliés lors des conférences internationales de Téhéran et de Yalta, Staline envahit la Mandchourie, occupée par le Japon depuis plus de 10 ans, le 9 août 1945, soit trois mois après la capitulation du 3ème Reich allemand le 8 mai 1945. Précédemment, l'URSS n'avait déjà pas renouvelé le 5 avril 1945 - comme il était d'usage de le faire chaque année, mais promettent de le renouveler prochainement - le traité de neutralité soviéto-japonais signé en avril 1941. L'Union soviétique a ainsi évité de mener une guerre sur deux fronts tout en lorgnant désormais sur d'éventuels gains territoriaux en Asie (avec comme objectif numéro un celui de s'emparer du Sud de l'île de Sakhaline afin de pouvoir déployer la flotte du Pacifique en passant par le détroit de la Pérouse - passage Sōya en japonais - à l'abri donc des glaces hivernales).
D'avril à août 1945, soit de la non reconduction du pacte de neutralité à la déclaration de guerre de l'URSS, les Soviétiques ont tout fait pour amadouer les Japonais, tout en continuant de préparer l'invasion prochaine de la Mandchourie. Les Japonais ont ainsi espéré voir les Soviétiques jouer un rôle de médiateur entre le Japon et les États-Unis, proposant des gains territoriaux aux Soviétiques en Asie en échange d'une paix négociée à la place d'une capitulation sans condition japonaise.
En outre, l'invasion soviétique du 9 août 1945 a pris par surprise les Japonais - qui ne s'attendaient pas à offensive avant septembre - et a été probablement un facteur important menant à la capitulation du Japon (mieux valait-il peut être accepter la capitulation face aux Anglo-saxons, qui au moins garantissaient la souveraineté japonaise sur les quatre grandes îles du Japon, que de voir les Soviétiques tenter de s'emparer de l'île d'Hokkaidō ?). L'Empereur du Japon déclare le 15 août 1945 accepter les conditions demandées par les Alliés lors de la conférence de Postdam (les commandants japonais déposeront les armes de juillet à octobre 1945 selon les régions). 20 000 soldats japonais et 12 000 soldats soviétiques succomberont.
Des centaines de milliers de soldats se constitueront prisonniers (60 000 à 350 000 japonais y laisseront la vie) et les derniers internés japonais seront rapatriés en 1956.
≈ L'invasion soviétique des îles Sakhaline (樺太の戦い, 11-25 août 1945) et Kouriles (18 août - 1 septembre 1945)
Les bombardements atomiques sur les villes de Hiroshima (6 août 1945) et Nagasaki (9 août 1945) ont probablement obligé les autorités à accepter la capitulation sans condition du japon le 14 août 1945. Les bombardements alliés ont causé la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes (entre 400 000 et 900 000), 1,3 million de blessés, 2,5 millions de maisons détruites et 8,5 millions de sans-abris.
Le Premier ministre Suzuki Kantarō déclarera que les autorités japonaises ont été contraintes à entamer des négociations avec les Alliés suite à l'addition de plusieurs facteurs : les bombardements aériens des B-29, la déclaration de Postdam du 26 juillet 1945 (qui spécifiait que la destruction du Japon serait complète si la capitulation japonaise n'était pas proclamée) et les deux bombes atomiques larguées sur Nagasaki et Hiroshima. La déclaration de guerre au Japon le 8 août 1945 et l'invasion de la Mandchourie par l'Union Soviétique (alors que les Japonais les avaient sollicités comme médiateurs entre le Japon et les États-Unis) a aussi peut être contraint les Japonais à négocier avec les Américains avant que les Soviétiques n'envahissent les îles de Sakhaline et d'Hokkaidō.
Après une tentative avortée de Coup-d'État les 14 et 15 août 1945 (« incident Kyūjō », 宮城事件, « Kyūjō Jike ») menée par le major Hatanaka Kenji refusant la capitulation et ayant tenté de s'emparer des enregistrements sonores annonçant la capitulation, la déclaration de l'Empereur Shōwa est finalement diffusée à la radio le 15 août 1945 (玉音放送, « Gyokuon-hōsō », littéralement « Voix radiodiffusée du Joyau ») annonçant la fin de la guerre (大東亜戦争終結ノ詔書, « Daitōa-sensō-shūketsu-no-shōsho ») :
« À Nos bons et loyaux sujets,
Après avoir mûrement réfléchi aux tendances générales prévalant dans le monde et aux conditions actuelles de Notre Empire, Nous avons décidé de régler, par une mesure exceptionnelle, la situation en cours.
Nous avons ordonné à Notre Gouvernement de faire savoir aux Gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Chine et de l'Union soviétique, que Notre Empire accepte les termes de leur Déclaration commune.
Nous efforcer d'établir la prospérité et le bonheur de toutes les nations, ainsi que la sécurité et le bien-être de Nos sujets, telle est l'obligation qui Nous a été solennellement transmise par Nos Ancêtres Impériaux et que Nous portons dans Notre Cœur. C'est d'ailleurs du fait de Notre sincère volonté d'assurer la sauvegarde du Japon et la stabilité du Sud-Est asiatique que Nous avons déclaré la guerre à l'Amérique et au Royaume-Uni, car la pensée d'empiéter sur la souveraineté d'autres nations ou de chercher à agrandir notre territoire était bien éloignée de Nous. Mais voici maintenant près de quatre années que le conflit se prolonge. Bien que chacun ait fourni ses meilleurs efforts – en dépit des vaillants combats menés par Nos forces militaires et navales, de la diligence et de l'assiduité de Nos serviteurs et dévouement de Nos cent millions de sujets – la guerre a suivi son cours, mais pas nécessairement à l'avantage du Japon, tandis que les tendances générales prévalant dans le monde se sont toutes retournées contre ses intérêts. En outre, l'ennemi a mis en œuvre une bombe nouvelle d'une extrême cruauté, dont la capacité de destruction est incalculable et décime bien des vies innocentes. Si Nous continuions à combattre, cela entraînerait non seulement l'effondrement et l'anéantissement de la nation japonaise, mais encore l'extinction complète de la civilisation humaine. Cela étant, comment pouvons-Nous sauver les multitudes de Nos sujets ? Comment expier Nous-mêmes devant les esprits de Nos Ancêtres Impériaux ? C'est la raison pour laquelle Nous avons donné l'ordre d'accepter les termes de la Déclaration commune des Puissances.
Nous ne pouvons qu'exprimer le sentiment de notre plus profond regret à Nos Alliés du Sud-Est asiatique qui ont, sans faillir, coopéré avec Notre Empire pour obtenir l'émancipation des contrées orientales. La pensée des officiers et soldats, ainsi que de tous les autres, tombés au champ d'honneur, de ceux qui ont péri à leur poste, de ceux qui ont trépassé avant l'heure et de toutes leurs familles endeuillées, Nous serre le cœur nuit et jour. Le bien-être des blessés et des victimes de la guerre, et de tous ceux qui ont perdu leur foyer et leurs moyens d'existence, est l'objet de Notre plus vive sollicitude. Les maux et les douleurs auxquels Notre nation sera soumise à l'avenir vont certainement être immenses. Nous sommes pleinement conscient des sentiments les plus profonds de vous tous, Nos sujets.
Cependant, c'est en conformité avec les décrets du temps et du sort que Nous avons résolu d'ouvrir la voie à une ère de paix grandiose pour toutes les générations à venir en endurant ce qui ne saurait être enduré et en supportant l'insupportable. Ayant pu sauvegarder et maintenir la structure de l'État impérial, Nous sommes toujours avec vous, Nos bons et loyaux sujets, Nous fiant à votre sincérité et à votre intégrité. Gardez-vous très rigoureusement de tout éclat d'émotion susceptible d'engendrer d'inutiles complications ; de toute querelle et lutte fratricides qui pourraient créer des désordres, vous entraîner hors du droit chemin et vous faire perdre la confiance du monde. Que la nation entière se perpétue comme une seule famille, de génération en génération, toujours ferme dans sa foi en la pérennité de son sol divin, gardant toujours présents à l'esprit le lourd fardeau de ses responsabilités et la pensée du long chemin qu'il lui reste à parcourir. Utilisez vos forces pour les consacrer à construire l'avenir. Cultivez les chemins de la droiture ; nourrissez la noblesse d'esprit ; et travaillez avec résolution, de façon à pouvoir rehausser la gloire immanente de l'État impérial et vous maintenir à la pointe du progrès dans le monde. »
La Deuxième Guerre mondiale dans le Pacifique aura coûté la vie à 4 millions de soldats alliés (Chinois pour l'essentiel) et 2,5 millions de soldats japonais, ainsi qu'à 27 millions de civils (dont 7 à 16 millions de Chinois et 1 million de Japonais).