éternel Japon

embleme famille impériale
-- L'Empire du soleil levant --

icone site(II) Le Grand Japon à la conquête de l'Asie (1930-1945)

Sommaire :


L'abrogation très tardive des traités inégaux imposés par les Occidentaux pousse les Japonais à vouloir conforter et raffermir leur statut de grande puissance asiatique afin de traiter d'égal à égal avec les autres grandes puissances coloniales occidentales. De nombreux courants nationalistes voient le jour après la Première Guerre mondiale et prônent une expansion coloniale, seule issue possible selon eux pour l'empire du Japon.

hirohito
Sa majesté l'Empereur Hirohito (裕仁, 1901-1989) ayant régné entre 1926 et 1989.
Son règne à titre posthume est désormais nommé « Shōwa Tennō » (昭和天皇, « Empereur Shōwa ») et définit également la période de son règne sous le nom d' « ère Shōwa » (昭和).
quartier general empereur
Réunion du quartier général impérial (大本営, « Daihon'ei ») en 1943 avec l'Empereur Shōwa à sa tête et regroupant les représentants des État-major de l'armée et de la marine impériale ainsi que des ministères de la guerre et de la marine. Les deux factions privilégiaient des options différentes quant à la conduite des opérations militaires et de la stratégie à appliquer, l'Empereur seul ayant en principe la possibilité d'avaliser les choix du Quartier général en tant que chef de l'État et chef des Armées. La structure du Quartier général sera modifiée après l'attaque sur Pearl Harbor.
sceau imperial japon empereur
Sceau impérial du Japon (菊花紋章, « Kikukamonshō » symbolisant une fleur de chrysanthème, 1183-aujourd'hui), également utilisé comme « mon » (armoiries) pour l'Empereur du Japon et sa famille.
hirohito
Drapeau japonais (日章旗,« Nisshōki », le « drapeau du soleil levant ») ou « Hinomaru » (日の丸, le « cercle du soleil ») de l'empire du Japon (1870-aujourd'hui).
hirohito
Étendard (大日本帝國海軍, « Dai-Nippon Teikoku Kaigun », « marine impériale du Japon ») de la marine impériale japonaise (1870-1945).
hirohito
Étendard (大日本帝國陸軍, « Dai-Nippon Teikoku Rikugun », « armée impériale du Japon ») de l'armée impériale japonaise (1870-1945).
insigne marechal
Insigne de maréchal de l'armée impériale du japon (元帥、陸軍大将, « Gensui-Rikugun-Taishō »).
caricature asie
La situation en Asie du Sud-Est au début du 20ème siècle (caricature chinoise).
araki sadao
Sadao Araki (1877–1966), considéré comme l'un des principaux théoriciens du nationalisme japonais du début du 20ème siècle. Sadao Araki est l'un des fondateurs de la société secrète « Kokuhonsha » (国本社), regroupant les plus éminents officiers de l'armée impériale, et prônant l'autoritarisme, le militarisme, l’expansionnisme colonial et la vénération de la figure impériale. Sadao Araki était aussi membre de la faction politique « Kōdōha » (皇道派), cette dernière influençant également de nombreux officiers japonais dans les années 1920 et 1930.

En 1923 a lieu le grand séisme du Kantō (関東大震災, « Kantō daishinsai ») qui a dévasté la ville de Tōkyō et la plaine du Kantō, causant entre 100 000 et 200 000 morts (dont de nombreuses victimes des incendies déclenchés peu après le séisme), des millions de réfugiés et des centaines de milliers de bâtiments détruits. Ce séisme du Kantō particulièrement meurtrier est le produit de la subduction sur le lieu de quatre plaques tectoniques et de deux jonctions triples à quelques centaines de km seulement de distance. Le séisme a été estimé en 1977 à une magnitude de 7,9 sur l'échelle de Richter.

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Quartier de Yūrakuchō dans l'arrondissement tokyoite de Chiyoda après le grand séisme du Kantō de 1923

Prélude de la grande crise financière de 1929, le Japon connait une crise financière majeure en 1927 : la crise financière « Shōwa » (昭和金融恐慌, « Shōwa Kin'yū Kyōkō »). La Première Guerre mondiale avait vu le Japon connaître une expansion économique importante. Les entreprises avaient alors lourdement investi pour répondre aux commandes, mais la fin de la guerre, associée au grand séisme du Kantō en 1923, ont entraîné un ralentissement économique et une faillite de nombreuses petites et moyennes entreprises. La banque du Japon émet des bons d'obligation pour soutenir les banques, mais une panique des épargnants, craignants de finir ruinés, entraîne un retrait massif des économies dans les banques. Le calme revient finalement après une fermeture de trois semaines des banques japonaises.

crise bancaire showa
Les épargnants japonais tentent de retirer leurs économies dans les banques pendant la crise « Shōwa » en 1927

Après avoir sécurisé son ravitaillement alimentaire en s'emparant de Taïwan et de la Corée, le Japon - malgré les avertissements des Anglo-saxons qui souhaitent conserver leurs avantages commerciaux en Chine notamment - souhaite continuer son expansion coloniale et son approvisionnement en ressources, afin d'accéder à son tour au statut de grande puissance coloniale, à l'instar des Occidentaux. Et c'est donc presque naturellement que le Japon lorgne désormais vers le nord de la Corée : la Mandchourie, riche en charbon et en fer, matériaux indispensables à son industrie.

kenpetei
Officiers Kenpei de la police politique « Kenpeitai » (憲兵隊, 1881-1945) dans un train en 1935. La Kenpeitai faisait parti de l'armée impériale japonaise et a œuvré dans les territoires occupés de l'empire pour traquer les opposants politiques. La « Tokkeitai » était quant à elle la police politique de la marine impériale japonaise.
canon 91
Cadets de l'armée impériale japonaise s'entraînant avec un canon de type 91 (inspiré du canon français Schneider de 105mm).
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Croiseur lourd « Takao » de classe Takao en 1932.
parti jeunesse
Drapeau du « Parti de la jeunesse du grand Japon », organisation de jeunesse fondée par Kingoro Hashimoto et opérant entre 1937 et 1945.

Deux options principales ont eu cours au Japon durant l'entre-deux-guerres : l'option Nord (北進論, « Hokushin-ron », « doctrine d'expansion vers le nord ») et l'option Sud (南進論, « Nanshin-ron », « doctrine d'expansion vers le sud »). L'objectif de l'intervention japonaise de 1918 avait déjà pour but de détacher la Sibérie du reste de la Russie afin d'en exploiter les ressources. Sans en avertir l'État-major, Sadao Araki (vice-inspecteur général de l'entraînement militaire), grand partisan de l'option Nord, complote en 1931 avec son protégé Senjūrō Hayashi (commandant de l'armée japonaise de Corée) afin de renforcer secrètement avec des troupes venant de Corée le contingent japonais dans la zone frontalière avec la Mandchourie (armée japonaise du Guandong), avec comme objectif de provoquer délibérément un incident et avoir le prétexte voulu pour intervenir militairement.

option nord
Plan de l'option Nord « Hokushin-ron » avec ses différentes phases successives.

1/ L'option « expansion nord » commence (1931-1937)

a/ L'invasion japonaise de la Mandchourie (1931-1932)

invasion mandchourie
Invasion de la Mandchourie (1931-1932).
≈ L'incident de Mukden (柳条湖事件, Ryūjōko-jiken, 18 septembre 1931)

Le soldat japonais Suemori Kawamoto sabote le 18 septembre 1931 le réseau ferré à Mukden (aujourd'hui Shenyang) en déclenchant de la dynamite près de la ligne de chemin de fer appartenant à la compagnie japonaise des « Chemins de fer du sud de la Mandchourie » - possédant un droit d'exploitation en Mandchourie depuis la fin de la guerre russo-japonaise de 1905 -.

reseau mandchoukouo
Réseau de chemins de fer de l'État fantoche du Mandchoukouo (1932-1945, sous contrôle japonais) en 1945.

Les dégâts sont mineurs et les autorités japonaises tentent d'abord d’apaiser la situation, mais une faction de l'armée utilise ce prétexte pour envahir la Mandchourie et mettre ce gouvernement japonais civil impotent devant le fait accompli. D'abord très réticent sur la conduite des opérations, le gouvernement japonais enverra ensuite 60 000 hommes supplémentaires pour soutenir la conquête.

drapeau chine
Drapeau de la république de Chine (1928-1949), celui des Nationaux-révolutionnaires de Tchang Kaï-chek.

Les Japonais sont aussi intervenus dans le nord de la Mandchourie suite au conflit qui a opposé en 1929 l'Union Soviétique victorieuse aux forces chinoises en Mandchourie. Certains cercles militaires japonais souhaitent faire valoir les droits qu'ils estiment que le Japon possède depuis 1905, et prendre de vitesse les Soviétiques afin d'étendre leur sphère d'influence. Les Japonais bombardent puis attaquent la garnison de Mukden le 19 septembre 1931.

chine 1929
La Chine en 1929
≈ L'invasion du territoire mandchou (19 septembre 1931–18 février 1932)

Dans une Chine morcelée entre les seigneurs de guerre - les Japonais soutiendront d'ailleurs l'ancien commandant Duan Qirui de l'armée impériale du Beiyang et lui enverront 140 millions de yen avec les « prêts Nishihara » (西原借款, « Nishihara Shakkan ») -, les zones d'influences occidentales, et la lutte intestine entre Nationalistes (Kuomintang de Tchang Kaï-chek) et Communistes, le commandant de la garnison chinoise Zhang Xueliang ne livre pas bataille et les Japonais s'emparent rapidement de la caserne. L'armé japonaise du Guandong s'emparera dans les mois suivants de l'ensemble du sud de la Mandchourie.

japonais mukden
Soldats japonais du 29ème régiment aux portes de Mukden.
train blinde 94
Train blindé japonais de type 94 utilisé en Mandchourie.
A1N2
Les pilotes japonais Ikuta, Kuroiwa et Takeo posent devant un chasseur Nakajima A1N2 Type 3.

Le 24 octobre 1931, la commission Lytton sera envoyée en Mandchourie et une résolution de la Ligue des Nations demandera le retrait des troupes japonaises en Mandchourie. Le Japon passe outre la résolution et proclame l'État du Mandchoukouo sur le territoire mandchou occupé, avec à sa tête l'empereur fantoche de la dynastie Qing : Puyi. Seuls quelques pays reconnaîtront le Mandchoukouo et le Japon quittera la Société des Nations en mars 1933.

japon mandchoukouo
L'empire du Japon et le Mandchoukouo.
drapeau mandchoukouo
Drapeau du Mandchoukouo
puyi
L'empereur Puyi (1906-1967) qui a régné sur le Mandchoukouo entre 1934 et 1945.
affiche mandchoukouo
Affiche de propagande japonaise faisant l'éloge du Mandchoukouo occupé (avec un enfant japonais au centre, un enfant mandchou à gauche et un enfant chinois à droite).
billet mandchoukouo
Billet de 1 yuan du Mandchoukouo.

b/ L'incident du 28 janvier 1932 (Shanghai)

shanghai
Shanghai

Des moines bouddhistes japonais sont molestés le 18 janvier 1932 dans la ville chinoise de Shanghai, l'un d'entre eux trouvera la mort au cours de ces exactions anti-japonaises et anti-occidentales (la ville est en partie morcelée par les concessions commerciales occidentales). Les autorités chinoises de la ville acceptent de s'excuser publiquement et de dédommager les Japonais, mais ces derniers bombardent cependant la ville dix jours plus tard après avoir envoyé un porte-avions sur place. Le nationaliste Tchang Kaï-chek enverra des troupes en renfort mais elles seront défaites par les Japonais. Trois semaines plus tard, malgré les tentatives de conciliation occidentales, ce sont 90 000 soldats japonais qui débarquent dans la ville, accompagnés par 300 avions et 80 navires de guerre. Le Japon imposera à la Chine la démilitarisation de la ville et le stationnement d'un contingent japonais sur place.

bombardements shanghai
Bombardements japonais sur Shanghai
soldats chinois
19ème armée chinoise à Shanghai.
embleme kuomintang
Emblème du « Kuomintang », le parti nationaliste de Tchang Kaï-chek.
En plus des combats menés contre les Japonais, les Nationaux-révolutionnaires chinois du Kuomintang luttaient contre l'insurrection communiste très importante sur le territoire chinois, et devaient aussi composer avec des seigneurs de guerre locaux plus ou moins indépendants, souvent plus soucieux de préserver leurs forces que d’obéir aveuglement aux consignes de l'État central dirigé par les Nationalistes de Tchang Kaï-chek.
bombardements shanghai
Carte des coalitions regroupant les seigneurs de guerre chinois en 1925 (en bleu : les territoires contrôlés par des seigneurs de guerre inféodés aux Nationaux-révolutionnaires de Tchang Kaï-chek).

c/ L'opération « Nekka » (熱河作戰 Nekka Sakusen, 1 janvier - 31 mai 1933)

Après s'être emparés de toute la province de Mandchourie, l'objectif des Japonais est de prendre la province de Rehe contrôlée par le seigneur de guerre chinois Zhang Xueliang. Là encore les Japonais utilisent une attaque sous faux-drapeau dans la garnison japonaise de Shanhaiguan (lieu où la muraille de Chine jouxte la mer jaune) pour demander aux forces chinoises d'évacuer les lieux. Après le refus des Chinois, la 8ème division japonaise passe à l'offensive.

province rehe
La province chinoise de « Rehe » (aujourd'hui « Jehol »)
(la carte correspond aux limites administratives chinoises de 2019 de la province de Jehol)
≈ La bataille de Rehe (21 février 1933 – 1 mars 1933)

L'objectif de l'armée du Guandong est de sécuriser le Mandchoukouo après s'être emparé de la passe de Shanhaiguan. 50 000 Japonais se lancent à l'assaut de la province. Les Chinois résistent en réussissent même à mener une contre-attaque contre la 5ème division japonaise, mais seront finalement contraints de se replier vers la Grande Muraille.

japonais rehe
Soldat japonais durant la bataille de Rehe.

d/ Les opérations en Mongolie intérieure (1933-1936)

Les Japonais utilisent d'abord les armées auxiliaires des territoires qu'ils occupent en Chine pour mener une campagne en Mongolie extérieure. Les forces pro-japonaises (Mandchoukouo, Mengjiang et mongoles) s'emparent notamment de la région de Guyuan, avant qu'un cessez le feu soit signé lors de la Trêve de Tanggu le 31 mai 1933, mettant officiellement fin à l'invasion de la Mandchourie.

mongolie interieure
Mongolie intérieure

Les clauses de la trève exaspèrent de nombreux Chinois contre la décision de Tchang Kaï-chek. Une importante coalition régionale anti-japonaise regroupant 100 000 hommes se met en place. Après de durs combats, la coalition parvient à repousser les forces pro-japonaises et à s'emparer des villes de Baochang et Dolonnur. Les forces pro-japonaises exploitèrent ensuite les dissensions à l'intérieur de la coalition anti-japonaise pour reprendre les territoires perdus, avant d'être contraintes cependant de se replier vers le Mandchoukouo. La résistance chinoise, suite à la victorieuse campagne de Suiyuan, redonne espoir aux Chinois et s'intensifie un peu plus.

mengjiang
Drapeau de l'État fantoche du Mengjiang sous contrôle japonais.
mongolie
Drapeau de l'État fantoche mongol sous contrôle japonais.
yamashiro fuso haruna
Les cuirassés japonais « Yamashiro » (premier plan), « Fusō » (second plan) et « Haruna » (arrière plan) en 1935 dans la baie de Tōkyō.
Les navires « Yamashiro » et « Fusō » (de classe Fusō) de conception japonaise surclassaient les navires anglo-saxons durant la Première Guerre mondiale par leur vitesse et leur puissance de feu, mais étaient déjà dépassés au début du second conflit mondial.
fuso
Le navire japonais « Fusō » (configuration 1944).
yamashiro
Le navire japonais « Yamashiro » (configuration 1944).

e/ La guerre nippo-soviétique (1932-1945)

Tout comme l'invasion de la Mandchourie n'a pas entraîné de guerre ouverte entre le Japon et la Chine en 1931, les Japonais (et leur allié Mandchoukouo) et les Soviétiques (et leurs alliés mongols) auront de très nombreuses escarmouches entre 1932 et 1939 mais sans dépasser le stade de guerre larvée, en tout cas jusqu'à l'invasion soviétique de la Mandchourie en 1945. Les deux camps n'hésitant pas à mener des incursions militaires dans la zone de contrôle adverse.

chars japonais
Formation de chars de combat légers japonais durant la bataille de Khalkhin Gol en 1939.
nakajima ki27
Chasseur japonais Nakajima « Ki-27 ».
≈ La bataille du lac Khassan (張鼓峰事件, 29 juillet - 11 août 1938)

La première confrontation d'envergure a lieu sur les rives du lac Khasan, un an après l'entrée en guerre officielle de la Chine contre le Japon et le soutien matériel et militaire de l'Union Soviétique à la Chine. 22 000 Soviétiques font face à 7 000 Japonais près des frontières mandchoue, coréenne et soviétique.

sovietiques khasan
Soldats soviétiques sur la colline Zaozernaya près du lac Khassan.

Les Japonais prennent d'assaut une colline fortifiée sur le territoire soviétique. Les Soviétiques engagent une offensive pour reprendre la position japonaise mais subissent de lourdes pertes de la part des Japonais. Inférieurs en nombre mais satisfaits de leur victoire, les Japonais entameront des discussions et rétrocéderont leur position à l'Union Soviétique.

char sovietique
Char soviétique camouflé lors de la bataille du lac Khassan.
≈ La bataille de Khalkhin Gol (ノモンハン事件 « Nomonhan jiken », 11 mai - 16 septembre 1939)

Cette bataille, dans l'extrême Est du territoire mongol, est l'engagement principal entre les deux armées japonaise et soviétique, et impactera au niveau stratégique le reste de la Deuxième Guerre mondiale en Asie. Initialement, il s'agit d'un différend frontalier où aucune des deux parties ne veut abandonner le terrain. De plus en plus de troupes sont acheminées par les deux camps dans cette partie du territoire mongol, avant que la confrontation oppose finalement, au plus fort de la bataille, 35 000 Japonais et Mandchous à 60 000 Soviétiques et Mongols.

japonais
Soldats japonais traversant la rivière Khalkhin Gol.
char 89
Char léger japonais de type 89.
ki27
Chasseurs japonais Nakajima « Ki-27 » durant la bataille de Khalkhin Gol.
japonais
Soldats japonais près d'un char soviétique détruit.

Les Japonais tentent de prendre la zone en tenaille en menant deux attaques (au nord et au sud). L'attaque japonaise au nord est un succès mais les Soviétiques contre-attaquent avec 450 chars (dix fois plus que les Japonais n'en possèdent) et reprennent le terrain conquis par les Japonais. Les Japonais lancent plusieurs attaques et infligent de lourdes pertes aux Soviétiques, mais souffrent de problème de ravitaillement et n'arrivent pas exploiter favorablement la situation.

japonais
Soldats japonais avec du matériel soviétique capturé.
ki57
Avion de transport japonais « Ki-57 ».

Deux offensive soviétiques sont ensuite menées par les Soviétiques pour déloger définitivement les Japonais de la région de Khalkhin Gol. La première (du 3 au 8 août 1939), lancée pour tester les défenses japonaises, se solde par de lourdes pertes soviétiques sans gains significatifs. La deuxième offensive lancée le 20 août 1939 est beaucoup plus importante et engage 550 avions de combat soviétiques. 50 000 Soviétiques et Mongols, soutenus par de l'artillerie et de l'aviation, traversent la rivière et prennent les 35 000 Japonais en tenaille. De nombreux japonais sont tués ou faits prisonniers. Un cessez le feu sera finalement signé le 15 septembre.

mongols
Troupes mongoles.

Les autorités japonaises en voudront particulièrement à l'armée du Guandong d'avoir encore pris ses aises en attaquant délibérément les Soviétiques de manière indépendante et sans en référer à Tōkyō. La forte opposition soviétique, associée à l'importante résistance chinoise et à la signature du pacte de non-agression germano-soviétique (Molotov-Ribbentrop), entraînera la fin de l'« option Nord » (privilégié par l'armée japonaise) et décideront les Japonais à privilégier dorénavant l'« option Sud » (privilégiée par la marine japonaise) et l'attaque de l'Asie du Sud-Est, en particulier pour obtenir les minerais et pétrole des Indes orientales néerlandaises.

japonais prisonniers
Troupes japonaises capturées.

Malgré le pacte anti-komintern signé en 1936 (Japon et Allemagne entre autres), le pacte tripartite signé en septembre 1940 (entre le Japon, l'Allemagne et l'Italie) et l'attaque victorieuse de l'Allemagne nazie en juin 1941 sur l'URSS (qui a pris complètement par surprise les Japonais, deux mois après la signature du pacte de neutralité entre l'Union Soviétique et le Japon signé le 13 avril 1941, et deux ans après la signature du pacte Molotov–Ribbentrop le 23 août 1939), le Japon, sous embargo pétrolier étasunien, et confronté à une forte résistance chinoise soutenue par les Occidentaux, renonce à prendre l'Union Soviétique en tenaille, et estime qu'il n'a pas d'autre choix que d'assurer dans un premier temps son approvisionnement en carburant en attaquant en particulier les colonies néerlandaises au sud.

Pactes signés et guerres déclarées par l'Allemagne et le Japon
Date Pacte
25 novembre 1936 Pacte anti-komintern (Allemagne et Japon sont signataires)
11 mai au 16 septembre 1939 Bataille de Khalkhin Gol entre l'Union Soviétique et le Japon
23 août 1939 Pacte de neutralité entre l'Union Soviétique et l'Allemagne
27 septembre 1940 Pacte tripartite (Allemagne, Japon et Italie)
13 avril 1941 Pacte de neutralité entre l'Union Soviétique et le Japon
22 juin 1941 Entrée en guerre de l'Allemagne contre l'Union Soviétique
anti komintern pacte
Signature du pacte anti-komintern (alliance contre l'Internationale communiste) le 25 novembre 1936 par le japonais Mushanokōji Kintomo et l'allemand Joachim von Ribbentrop.
Une clause secrète du traité indiquait une assistance militaire et l'entrée en guerre du Japon ou de l'Allemagne en cas d'agression de l'Union Soviétique. La diplomatie allemande des années 1930 a balancé entre ses intérêts en Chine et au Japon, l'Allemagne nazie n'a ainsi renoncé à ses colonies du Pacifique et reconnu l'État fantoche du Mandchoukouo qu'en 1936 (soit six ans après sa création) lorsque la puissance militaire japonaise laissait démontrer que le Japon pouvait constituer un puissant et potentiel allié. La coopération militaire et industrielle entre l'Allemagne et la Chine nationaliste cédera donc la place à une intense coopération diplomatique et d'échange d'informations, voire de transfert de technologies, entre le Japon et l'Allemagne (l'Allemagne refusera cependant de livrer au Japon le moyen d'obtenir du carburant synthétique). Mais les conquêtes nazies s'accompagnent pour le Japon d'un embargo occidental (suite à l'effondrement de la France et la conquête japonaise de l'Indochine en 1940) sur de nombreuses matières premières (dont pétrole), obligeant le Japon à appliquer l'« option Sud » le plus rapidement possible et à s'emparer notamment des hydrocarbures des Indes néerlandaises (ce qui ne contrarie pas non plus les Allemands, pensant peut être à l'époque pouvoir vaincre seuls les Soviétiques et incitant même les Japonais à s'emparer de la colonie britannique de Singapour).
gueorgui joukov
Les officiers supérieurs soviétiques Grigori Shtern, Khorloogiin Choibalsan et le futur maréchal Gueorgui Joukov (à droite) durant la bataille de Khalkhin Gol en 1939.
chars sovietiques
Chars soviétiques BT-5 à Khalkhin Gol.
Les chars japonais souffriront de la comparaison avec les chars soviétiques. C'est une des principales raisons militaires qui incitera les Japonais à renoncer à l'« option Nord » au profit de l'« option Sud ».
hachi go
Plan d'invasion japonais « Hachi-Go » (option B) de la Sibérie soviétique de 1938.
Le plan (avec les options A et B) prévoyait la mobilisation de 50 divisions japonaises en 1943. Le plan A prévoyait une attaque vers le nord, le plan B prévoyait une attaque au Nord-Ouest vers le lac Baïkal ainsi qu'une attaque sur la ligne ferroviaire du Transsibérien. Les problèmes logistiques inhérents au plan B - pourtant très populaire -, l'enlisement des troupes japonaises en Chine, et surtout la défaite de Khalkhin Gol face aux Soviétiques en 1939, rendront rapidement le plan caduque.
yosuke matsuoka 1941
Le ministre des affaires étrangères japonais Matsuoka Yōsuke (ici avec le général allemand Wilhelm Keitel et le futur ambassadeur d'Allemagne au Japon Heinrich Stahmer) se rendra en Allemagne en mars 1941 (avant d'aller en URSS en avril 1941) mais les Allemands ne lui diront rien du plan d'invasion de l'Union Soviétique prévu trois mois plus tard. Les Japonais considéreront cela comme une nouvelle trahison, après celle de la signature du pacte de neutralité germano-soviétique en août 1939 alors que le Japon était quasiment en guerre contre l'URSS en Extrême-Orient, d'autant plus que l'Allemagne et le Japon avaient pourtant signé le pacte anti-komintern en 1936. Cependant, Matsuoka Yōsuke restait un grand partisan d'une attaque contre l'URSS après l'opération allemande « Barbarossa » en juin 1941 - malgré la très grande distance séparant les fronts allemand et japonais - mais il sera remplacé en juillet 1941 par l'amiral Toyoda Teijirō après la chute du gouvernement de Konoe Fumimaro. Entre temps, le Japon a envahi l'Indochine française en 1940 et les États-Unis (suivi par d'autres pays) ont établi un embargo pétrolier contre le Japon.
kantokuen
Plan d'invasion japonais « Kantokuen » ( 関東軍特別演習, « Kantogun Tokubetsu Enshu ») de la Sibérie soviétique datant de septembre 1941.
lignes chemins fer
Lignes de chemins de fer en Mandchourie et en Union Soviétique.
partition japon allemagne clowns italiens
Carte japonaise (avec ajout allemand et échange de territoires en hachurés) d'une partition possible entre l'Allemagne nazie (lebensraum), l'Italie fasciste (spazio vitale ) et le Japon impérial (sphère de co-prospérité).
guandong 1941
Manœuvres japonaises de l'armée du Guandong en 1941 près de la frontière avec l'Union Soviétique (« Kantogun Tokubetsu Enshu »).
Un des objectifs des manœuvres nippones est de maintenir la pression sur l'Union Soviétique afin de maintenir le plus de troupes soviétiques en Asie pour soulager le front de l'Allemagne (une attaque japonaise contre l'URSS n'étant plus d'actualité à la fin de l'année 1941).

Le début de la reconquête alliée en Asie permettra donc aux Soviétiques de ne plus craindre une offensive japonaise massive en Sibérie. Le transfert important de troupes fraîches spécialisées dans les combats d'hiver provenant de Sibérie permettra de conduire les contre offensives soviétiques victorieuses contre l'armée allemande en novembre 1942 à Stalingrad. Les troupes sibériennes avaient déjà servi à desserrer l'étau allemand au plus fort de la bataille de Moscou durant l'hiver 1941, après que des espions soviétiques au Japon aient assuré à Staline que les Japonais n'attaqueraient pas dans les prochains mois.

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Sous-marin japonais « I-8 » dans la base française de Brest en juin 1943 pour un échange d'informations avec les Allemands.
Le Japon et l'Allemagne utilisaient le Transsibérien pour communiquer jusqu'en 1941. Il privilégieront ensuite les sous-marins pour les échanges d'informations sensibles (missions « yanagi ») et de métaux rares avec parfois des points de rencontre dans l'Océan indien, en Inde ou à Madagascar.
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Équipage du sous-marin japonais « I-29 » qui effectuera deux missions secrètes de transfert d'informations avec l'Allemagne.
Lors de sa deuxième mission, il atteindra le port de Lorient le 11 mars 1944 avec plusieurs tonnes de matières premières (caoutchouc, tungstène, étain, zinc, quinine, opium, café) en provenance d'Asie. Le sous-marin retournera au Japon avec des machines Enigma, des composants radar, des moteurs de fusée et les plans des avions révolutionnaires Messerschmitt « Me 163 » et « Me 262 ». Il fera escale à Singapour mais sera coulé près des Philippines par les Alliés.
≈ L'incident du 26 février (二・二六事件, « Niniroku Jiken », 26 février 1936)

En politique intérieure japonaise et dans un climat insurrectionnel où certains cercles militaires - très présents dans l'armée impériale surtout - n'acceptent toujours pas l'humiliation du traité naval de Londres signé en 1930, un groupe d'officiers de la mouvance « Kōdō-ha » ou « faction impériale » (皇道派) va tenter un coup d'État le 26 février 1936. Les factieux s'empareront de Tōkyō et assassineront plusieurs officiels dont deux anciens Premiers ministres. 1 500 soldats rebelles, dont de nombreux conscrits, participeront aux évènements qui prendront fin trois jours plus tard par la désertion de la plupart des soldats. 19 meneurs du coup d'État seront exécutés après être passés en cour martiale et 40 autres personnes seront emprisonnées.

drapeau rebelles
Drapeau utilisé par les rebelles du « Kōdō-ha » lors de l'incident du 26 février (avec comme devise : « Révérer l'Empereur, détruire les traîtres »)

Le Kōdō-ha souhaitait un renversement de régime et une épuration parmi les conseillers de l'Empereur du Japon - jugés trop bureaucrates -, tout en prônant un ancrage à la culture japonaise ainsi qu'une supériorité des valeurs spirituelles sur les choses matérielles. Le mouvement militait pour une guerre contre l'Union Soviétique (option Nord). Le mouvement sortira décapité de la tentative de Coup d'État raté du 26 février 1936 mais son influence sur le rapport entre les pouvoirs militaire et civil sera malgré tout indéniable.

carte 26 fevrier
Carte des évènements du 26 février 1936.

Le courant « Tōseiha » - ou faction du contrôle (統制派) - au pouvoir, plus modéré que le courant « Kōdō-ha », a pu encore disposer à l'occasion d'importants relais dans l'armée, la marine et dans la famille impériale, les rebelles Kōdō-ha se rendront le 29 février 1936. Le Tōseiha quant à lui, influencé par les préceptes allemands de « guerre totale », encourageait une planification militaire, une modernisation technologique, la mécanisation de l'armée et une expansion militaire vers la Chine et l'Asie du Sud-Est (option Sud).

rebelles casernes
Les soldats rebelles retournent dans leurs casernes.
artillerie type 96
Artillerie de calibre 15 mmm de type 96.

Mais malgré l'échec du coup d'État, la position des militaires se renforce encore dans les institutions japonaises et au sein des gouvernements civils. Seuls des officiers d'active seront dorénavant nommés aux postes de ministre de la guerre et ministre de la marine (et non plus des officiers de réserve comme c'était le cas auparavant). Les deux ministres ont aussi désormais la capacité de faire tomber un gouvernement plus facilement.

memorial 26 fevrier
« Mémorial des 22 » à la mémoire des rebelles suicidés (2) ou exécutés (19 + Saburō Aizawa) après les évènements du 26 févier 1936 (une statue de la déesse bouddhiste Kannon se trouve dans les jardins du temple Azabu-Jūban à Tōkyō).

2/ La guerre sino-japonaise (1937-1945)

- Cette guerre est traitée jusqu'en 1945 -

empire japon
Possessions de l'empire du Japon entre 1870 et 1942.
fuminaro kokoe
Konoe Fumimaro (近衞 文麿, Konoe Fumimaro, 1891 - 1945) fut trois fois Premier ministre du Japon (4 juin 1937 - 5 janvier 1939, 22 juillet 1940 - 18 juillet 1941, 18 juillet 1941 - 18 octobre 1941). Partisan de l’expansionnisme nippon, il cède la place après son troisième mandat à Tōjō Hideki.
carte 1938
Le monde en 1938
carte japonaise 1938
Carte japonaise du monde en 1938.
jinmu
Affiche commémorative de 1940 célébrant le 2 600ème anniversaire de la fondation mythique de l'empire du Japon par l'Empereur Jinmu.
hakko ichiu jinmu
Billet japonais édité en 1944 illustrant le monument « Hakkō ichiu » à Miyazaki.
Le slogan « Hakkō ichiu » (八紘一宇, « huit cordes de la couronne, un toit », pouvant aussi s'interpréter comme « le monde entier sous un même toit ») a été popularisé par le discours du Premier ministre japonais Konoe Fumimaro le 8 janvier 1940, en se référant aux chroniques du « Nihon Shoki » et de l'Empereur Jinmu.
hakko ichiu jinmu
Monument « Hakkō ichiu » dans la ville de Miyazaki (rebaptisé depuis « tour de la paix »).

La guerre larvée entre la Chine et le Japon dure depuis plus de cinq ans déjà - sans déclaration de guerre officielle entre les deux pays toutefois -, mais l'incident du pont Marco Polo le 7 juillet 1937 est considéré pour beaucoup d'historiens comme le début officiel de la guerre entre la république de Chine et l'empire du Japon, voire le début de la Deuxième Guerre mondiale pour certains historiens (qui ne débuterait donc pas en Europe).

pont marco polo
Le pont Marco Polo situé près de Pékin.
susuya
Essai du croiseur lourd japonais « Suzuya » en 1935.
≈ L'incident du pont Marco Polo (盧溝橋事件, « Rokōkyō Jiken », 7-9 juillet 1937)

Les Japonais font déjà l'objet d'une réprobation internationale de la ligue des nations puisqu'ils en ont été exclus suite à l'occupation du Mandchoukouo. De plus, les Japonais disposent en Chine de troupes bien plus importantes (10 à 15 000 hommes) que ne le stipule la convention internationale du protocole de paix Boxer signée en 1901.

pekin
Pékin

Dans la nuit du 7 juillet 1937, des unités japonaises traversent la frontière chinoise pour mener des exercices près de la ville chinoise de Wanping, au sud-Ouest de Pékin. Des échanges de tirs ont lieu avec des soldats chinois. Le lendemain matin, des troupes chinoises attaquent les Japonais près du pont Marco Polo. C'est le début de la bataille de Pékin et de la Deuxième Guerre mondiale. Les autorités japonaise et chinoise (Nationalistes du Kuomintang) tentent de calmer la situation mais les Communistes chinois et certains commandants de l'armée japonaise sont plus belliqueux et agissent parfois de leur propre initiative.

showa
L'Empereur Shōwa du Japon inspectant un régiment en 1938.

a/ La bataille de Pékin (北支事変 « Hokushi jihen », juillet - août 1937)

Après s'être emparés de la ville chinoise de Wanping le 8 juillet 1937, 180 000 soldats japonais se dirigent vers Pékin où sont concentrés 50 000 soldats chinois. Le 25 juillet, des combats ont lieu à Langfang, le 26 juillet au pont Guanghuamen près de Pékin. La 20ème division japonaise, soutenue par l'aviation, attaque Pékin le 28 juillet 1937. Les Chinois résistent en différents points mais sont obligés d'évacuer la ville. Dans le même temps, les Japonais attaquent et s'emparent de la ville de Tianjin et du port de Tanggu. Le 4 août, les Japonais prennent possession de la cité impériale chinoise.

japonais cite interdite
Soldats japonais franchissant une des portes conduisant à la Cité interdite à Pékin.
japonais banzai
Soldats japonais à Pékin en 1937 saluant l'Empereur en criant trois fois « Banzaï ».
Cette salutation à l'Empereur (天皇陛下万歳, « Tennōheika Banzaï ! », « longue vie à sa majesté l'Empereur ») - inspirée de l'antique formule de salutation à l'empereur de Chine - était un cri de guerre des soldats japonais pendant la Deuxième Guerre mondiale.
≈ L'opération Chahar (チャハル作戦, « Chaharu Sakusen », août 1937)

L'armée japonaise du Guandong de Tōjō Hideki ainsi que la 1ère armée japonaise attaquent la ville chinoise de Nankou les 8 et 11 août 1937. Les Chinois contre-attaquent le 12 août mais les Japonais parviennent à s'emparer de la ville le 16 août 1937. Près de la Grande Muraille, les Japonais s'emparent aussi de la ville de Kalgan.

japonais cite interdite
Soldats chinois près de la Grande Muraille de Chine en 1937.
char 97 chi ha
Char japonais de type 97 « Chi-Ha » (九七式中戦車 チハ, « Kyūnana-shiki chū-sensha Chi-ha ») construit à 1 160 exemplaires.
char 97 kai
Char japonais de type 97 « Kai » construit à 930 exemplaires.

b/ La bataille de Shanghai (13 août - 26 novembre 1937)

C'est à Shanghai que va se dérouler une des batailles les plus importantes de la guerre sino-japonaise. Les Chinois souhaitent porter un coup d'arrêt à l'expansionnisme japonais en Chine et fixer le plus longtemps possible l'armée japonaise afin de délocaliser leur industrie vers l'intérieur du pays. Attaqués par des Japonais sur mer, dans les airs et sur terre et disposant d'un armement insuffisant, les Chinois vont faire preuve d'une résistance opiniâtre. 700 000 soldats chinois feront face à 300 000 japonais. La ville finira par tomber aux mains des Japonais mais la bataille atteindra moralement les Japonais, persuadés que la conquête de la Chine serait une formalité.

shanghai
Shanghai
≈ 1ère phase (13-22 août 1937) : combats urbains

Les Japonais commencent par franchir le pont Bazi dans le quartier Zhabei de Shanghai. Les Chinois contre-attaquent en tentant de s'emparer du quartier général fortifié japonais situé dans l'enclave japonaise. Les Chinois et les Japonais combattent près des concessions occidentales et veillent à ne pas empiéter sur les zones extraterritoriales étrangères de la ville. Les chars japonais permettront de dégager la zone japonaise de l'encerclement chinois le 16 août. Les Japonais, soutenus par la marine, mèneront un assaut amphibie avec les 3ème , 8ème et 11ème divisions au nord de la ville, rendant périlleux à terme le maintien des troupes nationalistes dans le centre-ville.

tchang kai chek
Le commandant en chef de l'armée nationale-révolutionnaire chinoise Tchang Kaï-chek
armee national revolutionaire
Drapeau de l'armée nationale-révolutionnaire chinoise.
Le drapeau inspirera le drapeau taïwanais des Nationalistes chinois qui se réfugieront sur l'île de Taïwan après leur défaite face aux Communistes chinois en 1949.
japonais sun yat sen
Drapeau aussi utilisé par les Nationaux-révolutionnaires de la 1ère république de Chine (1912-1949) avec Sun Yat-sen (1866-1925) élu comme président provisoire.
Les cinq bandes couleurs représentant les cinq principaux groupes ethniques peuplant le pays : les Hans en rouge, les Mandchous en jaune, les Mongols en bleu, les Huis en blanc et les Tibétains en noir (bien que les Tibétains aient proclamé leur indépendance dès 1913).
hotel catay
Bombardement aérien mené par les Chinois le 14 août 1937 près de l'hôtel Cathay.
≈ 2ème phase (23 août - 26 octobre 1937) : l'assaut japonais

Moins bien équipés et dépourvus d'artillerie notamment, les Chinois n'auront pas d'autre choix que de se replier vers la ville de Liuhe alors que les renforts japonais ne cessent d'arriver. Le 23 août, après un intense bombardement aérien et naval, les Japonais débarquent près des villes de Liuhe, Wusong, et Chuanshakou. Les Chinois subissent de lourdes pertes durant les bombardements japonais (des bataillons entiers se feront parfois complètement décimés) mais mènent cependant des contre-attaques pendant la nuit. La ville de Baoshan tombe le 6 septembre.

japonais shanghai
Débarquement amphibie japonais durant la bataille de Shanghai.
japonais shanghai
Forces spéciales navales japonaises (海軍特別陸戦隊, « Kaigun Tokubetsu Rikusentai ») dans les rues de Shanghai (avec une mitrailleuse de type 11).
enfant shanghai
La célèbre photo - intitulée « samedi sanglant » - de l'enfant dans une des stations de Shanghai durant le bombardement japonais du 28 août 1937.

Après la chute de Baoshan, l'armée chinoise se replie dans la ville de Luodian. Cette ville est considérée comme majeure au niveau stratégique et 300 000 soldats chinois sont concentrés dans la ville. Comme à leur habitude, après un intense barrage d'artillerie et des frappes de la marine impériale japonaise, 100 000 soldats japonais se lancent à l'assaut de la ville. Supérieurs en nombre, les Chinois ont été très affaiblis par les bombardements japonais et sont obligés de céder la ville à la fin du mois de septembre.

chinois luodian
Soldats chinois menant une charge près de la ville de Luodian.

L'armée japonaise lance une grande offensive le 1 octobre 1937 pour tenter de s'emparer de la ville de Dachang, nœud de communication important et verrou vers Shanghai. Les deux camps s'affrontent pendant près d'un mois mais les pertes chinoises sont terribles à cause de l'artillerie japonaise. Les Chinois abandonnent la ville aux Japonais le 25 octobre 1937.

chinois shanghai
Soldats chinois durant la bataille de Shanghai.
dachang
Soldats japonais du 18ème régiment d'infanterie durant la bataille de Dachang.
≈ 3ème phase (27 octobre - 26 novembre 1937) : la retraite chinoise

Les derniers éléments chinois quittent la ville de Shanghai en évitant de se faire encercler par les troupes japonaises. La situation est critique pour l'armée chinoise et le front menace de se rompre en faveur des Japonais. La ligne de défense « Wufu » est enfoncée le 19 novembre. Après avoir sécurisé la banlieue de Shanghai, les troupes japonaises planifient cette fois de s'emparer de la capitale de la république chinoise : Nankin.

japonais jinshanwei
Soldats japonais transportant du matériel vers la ville de Jinshanwei.

Disposant de près de 1,7 million de soldats, il ne demeurait en réalité que 100 000 soldats de l'armé nationaliste chinoise (entraînés par des conseillers allemands) pouvant lutter efficacement contre l'armée japonaise. Envoyés dès le début de la bataille de Shanghai, les pertes parmi ces troupes d'élite chinoises s'élèvent à 60%. Un tiers des officiers a également été tué durant la bataille. Tchang Kaï-chek œuvrera par la suite à reconstituer son armée et devra luter aussi contre les seigneurs de guerre chinois toujours plus indépendants dans leurs provinces respectives.

japonais sun yat sen
Soldats japonais avec une statue de Sun Yat-sen après la chute de Shanghai.

L'explication des pertes très élevées dans les rangs chinois s'expliquent aussi par le fait que Tchang Kaï-chek souhaite montrer aux Occidentaux qu'il ne s'agit pas seulement pour les Japonais d'une campagne coloniale sans résistance de la part des Chinois. L'ordre donné aux unités chinoises de tenir coûte que coûte leurs positions, parfois en dépit de la situation, doit convaincre les Occidentaux qu'une aide militaire est digne d'être envoyée afin de soutenir l'effort de guerre chinois. Les Japonais contrôlent désormais pratiquement toute le nord de la bordure Pacifique chinoise.

gare shanghai
Gare ferroviaire au nord de Shanghai à la fin de la bataille de Shanghai.
gare shanghai
Carte des environs de l'entrepôt Sihang (bleu foncé), dernier point de résistance chinois à Shanghai, entre le 26 octobre et le 1 novembre 1937.
Le 1er bataillon du 524ème régiment chinois s'illustrera en couvrant la retraite de l'armée chinoise. L'entrepôt est situé juste de l'autre côté du fleuve Huangpu et du quartier des concessions occidentales (vert), les Japonais ne pouvant ainsi pas utiliser leurs batteries navales pour bombarder l'entrepôt, de peur de dégrader encore un peu plus leurs relations. 376 soldats chinois finiront par quitter l'entrepôt en passant par la concession anglaise.
chinois pingxingguan
8ème armée communiste chinoise entrant dans la ville de Pingxingguan (elle s'emparera d'un convoi d'approvisionnement japonais, évènement qui servira à la propagande communiste).
Les Japonais continuent à progresser cependant dans le nord de la Chine après la bataille victorieuse de Taiyuan.
republique sovietique chinoise
Drapeau de la république soviétique chinoise (1931-1937).
longue marche
Carte de la « longue marche » des différentes poches communistes chinoises en 1934 jusqu'à la zone dans le nord du pays regroupant les forces communistes. Ayant frôlé l'annihilation, le communiste Mao Zedong s'alliera en 1937 aux Nationalistes chinois de Tchang Kaï-chek en prônant « le deuxième front uni » face aux Japonais, celui-ci durera jusqu'en 1945.
≈ La bataille de Nankin (1-13 décembre 1937)

Après la victoire japonaise lors de la bataille de Shanghai, le haut commandement japonais ne souhaite pas poursuivre l'offensive vers l'intérieur des terres. Mais certains commandants d'unités passent outre les consignes et souhaitent si possible en terminer avec la guerre en s'emparant de la capitale chinoise. Encore une fois mis devant le fait accompli, et largement soutenu par de nombreux officiers, la bataille de Nankin est bientôt engagée.

japonais nankin
Soldats japonais en route vers Nankin.

160 000 soldats japonais prennent d'assaut la ville où les défenseurs ont déjà été rudement mis à l'épreuve lors de la bataille précédente de Shanghai et où les défenses ont été construite à la hâte à l'intérieur de la ville. Possédant de nombreux chars, appuyés par l'artillerie et bénéficiant de la suprématie aérienne, les Japonais s'emparent de la ville en quelques jours seulement. Les Chinois ont cependant conscience que la ville ne peut pas être correctement défendue et n'engagent pas l'ensemble de leurs forces disponibles pour conserver la ville.

nankin
Nankin
zhonghua nankin
Les Japonais franchissent la porte sud « Zhonghua » à Nankin le 13 décembre 1937.
revue nankin
Le général japonais Iwane Matsui passe les troupes en revue après la prise de Nankin.
caricature tokyo
Caricature japonaise du Nationaliste chinois Tchang Kaï-chek dans les rues de Tōkyō après la prise de Nankin.
nagato revue
Le cuirassé « Nagato » (classe Nagato) et son équipage en 1937.
massacre nankin
Suite à la prise de Nankin, les soldats japonais se sont rendus coupables d'un massacre sur la population civile, à laquelle s'étaient mélangés des militaires fuyant les combats (les sources diffèrent de 40 000 à 300 000 personnes tuées durant ce massacre).
uss panay
La canonnière étasunienne USS « Panay », chargée d'évacuer des ressortissants étrangers, sera délibérément bombardée et coulée par l'armée japonaise. L'incident sera sans conséquence suite aux excuses du gouvernement japonais et à l’isolationnisme persistant de la population étasunienne.
≈ La bataille de Taierzhuang (24 mars - 7 avril 1938)

Cette bataille est la première victoire chinoise de la guerre et va être moralement importante pour les troupes chinoises. Souhaitant s'emparer de cette zone située le long du Grand Canal afin de prendre ensuite la ville de Wuhan, les Japonais souhaitent exploiter leur récente prise de nankin afin de conforter leurs positions et progresser vers l'intérieur du territoire chinois. Taierzhuang est situé au Sud-Est de la région de Shandong.

carte nationaliste
Carte des régions militaires de l'armée nationale-révolutionnaire chinoise en 1937.

Malgré un soutien massif d'artillerie et appuyés par leur aviation, les Japonais feront face à une résistance remarquable des soldats chinois - notamment du 2ème groupe d'armée chinois -, essuyant de lourdes pertes mais parvenant à repousser victorieusement les assauts japonais. Les soldats chinois sont également soumis désormais à une discipline de fer qui a fait souvent défaut dans les batailles précédentes.

taierzhuang
Bataille de Taierzhuang
operation suicide
Soldat chinois s'apprêtant à commettre une opération suicide contre un tank japonais durant la bataille de Taierzhuang.
≈ La bataille de Wuhan (11 juin - 27 octobre 1938)

La bataille de Wuhan est une des plus importante bataille de la guerre. Elle engage près de 2 millions de soldats côté chinois (pour l'ensemble de la région des environs de Wuhan) - soutenus par des coopérants soviétiques - à 400 000 soldats japonais. Les Japonais passent dans le même temps à une économie de plus en plus tournée vers la guerre et souhaitent porter un coup fatal à la résistance chinoise afin de poursuivre l'expansion de l'empire vers le nord ou probablement vers le sud de l'Asie. 500 avions et une centaine de navires japonais viennent prêter main forme à l'offensive japonaise.

wuhan
Ville de Wuhan

Les Chinois n'hésiteront pas, afin de retarder l'offensive japonaise sur la ville, à détruire les digues du fleuve jaune, entraînant l'inondation de plusieurs villes et la mort de centaines de milliers de civils chinois. La prise de la ville de Wuhan le 26 octobre 1938 coûte finalement la vie à 30 000 Japonais. Des centaines de milliers de soldats chinois sont tués ou blessés. Il s'agit d'une victoire tactique japonaise mais l'armée japonaise sort épuisée de cette bataille et les Japonais ne mèneront plus d'offensive majeure sur le territoire chinois avant l'année 1944.

wuhan chinois
Soldats chinois lors de la bataille de Wuhan.

Il s'agit donc malgré tout d'une victoire stratégique chinoise. La bataille de Wanjialing notamment - dans les environs de Wuhan - permet aux Chinois de gagner du temps et d'évacuer avec succès la population civile et toutes les industries de Wuhan, nécessaires pour continuer la guerre, afin de les relocaliser dans la nouvelle capitale désignée : Chongquing.

wuhan japonais
Colonne japonaise avant l'assaut donné sur Wuhan.

Les Japonais progresseront difficilement à l'intérieur du territoire chinois après la prise de Wuhan. Ils se contenteront surtout de conserver leurs positions et tenteront de bloquer l'approvisionnement en matériel transitant par les ports du sud de la Chine, mais l'aide des Anglo-saxons continuera de transiter par l'Indochine française, puis plus tard par les Indes et la Birmanie. Les combats se durciront entre les deux armées chinoise et japonaise mais les Chinois ne reprendront cependant pas de terrain sur l'armée impériale.

empire japon
Avion soviétique « I-16 » aux couleurs de la république de Chine.
Avec l'entrée officielle en guerre du Japon contre la Chine en 1937 et l'attaque de l'Allemagne nazie sur L'URSS en 1941, les Soviétiques ont livré près de 500 chasseurs et 300 bombardiers aux Chinois. Des pilotes soviétiques se sont aussi engagés pour piloter ces appareils. Après la victoire sur l'Allemagne en 1945, l'aide soviétique sera à destination uniquement des seuls Communistes chinois
japonais canton
Débarquement japonais lors de l'opération Canton (octobre-décembre 1938)
canton casque colonial
Soldats japonais de la 18ème division d'infanterie à un point de passage dans la ville de Canton en 1938 (le soldat de gauche porte le casque de type 92 version coloniale).
japonais canton casque
Casque japonais de type 90.
arisaka
Évolution du fusil standard de l'armée impériale japonaise fabriqué de 1897 à 1961 : le fusil « Arisaka » (有坂銃, « Arisaka-jū »).
De haut en bas : de type 30, de type 38, carabine de type 38, de type 44, de type I, de type 99 (ancien modèle), de type 99 (nouveau modèle).
nambu
Pistolet « Nambu » de type 14 (inspiré du Luger Parabellum allemand mais beaucoup moins fiable).
territoires axe allies
Évolution des territoires de l'Axe et des Alliés pendant la Deuxième Guerre mondiale de 1939 à 1945 (cliquez sur la carte).
empire japon
Empire du Japon en 1939.
gunjin chokuyu
Soldats lisant le manuel impérial (軍人勅諭, « Gunjin Chokuyu ») en 1939, sorte de code d'honneur et de bonne conduite à respecter pour les militaires japonais.
japonais hainan
Invasion de l'île d'Hainan au large de l'Indochine française (février 1939).
japonais changsha
Soldats japonais durant la bataille de Changsha (17 septembre 1939 - 6 octobre 1939)
La première des quatre tentatives japonaises pour prendre la ville chinoise de Changsha s'inscrit après la signature du pacte de non-agression entre l'Allemagne et l'URSS, et surtout après la bataille japonaise de Khalkhin Gol perdue contre les Soviétiques. Les combats deviennent de plus en plus durs. L'armée chinoise fait jeu égal avec l'armée impériale japonaise avant de finalement perdre cette bataille.
bombardier ki51
Bombardier japonais en piqué Mitsubishi « Ki-51 » construit à 2 300 exemplaires.
ki49
Bombardier japonais Mitsubishi « Ki-21 » construit à 2 000 exemplaires.
bombardier l2d
Avion de transport japonais Mitsubishi « L2D ».

Le succès de la campagne d'hiver (1939-1940) menée par les Chinois, moins dans ses avancées territoriales que dans son impact psychologique négatif sur les troupes japonaises - le haut commandement japonais croyant incapable les Nationalistes chinois de mener de telles offensives -, amènera par la suite les Anglo-saxons à soutenir massivement la résistance chinoise. La Chine doit fixer et épuiser le gros des troupes japonaises sur le continent alors que la guerre semble de plus en plus inéluctable entre le Japon et les États-Unis.

affiche chars
Affiche de propagande japonaise pour les unités de chars en 1939.
occupation japonaise 1940
Occupation japonaise du territoire chinois en 1940.
affiche chars
Affiche de propagande japonaise diabolisant les Nationalistes chinois et vantant les territoires chinois « pacifiés » par les Japonais.
chinois suiyuan
Troupes chinoises sur la Grande Muraille durant la bataille de Suiyuan en 1940.
flying tigers
Volontaires étasuniens des escadrons « Flying Tigers » opérant en Chine entre avril 1941 et juillet 1942 (3 escadrilles de 30 avions chacune), le groupe « American Volunteer Group » (ou Flying Tigers) sera officiellement créé le 1 juillet 1941 (soit bien avant l'attaque japonaise sur la base de Pearl Harbor). Le groupe volera sous les couleurs de la république chinoise mais dépendra du commandement étasunien (le 11 mars 1941, la loi étasunienne « Lend-Lease Act » est votée, permettant au gouvernement d'exporter dans des pays alliés étrangers du matériel de guerre, la Chine recevra pour plus de 1,6 milliard de $ d'aides durant la guerre, l'URSS 10,9 milliards de $ et le Royaume-Uni 31,3 milliards de $). Les instructeurs étasuniens formeront des pilotes chinois à partir de 1938, soit trois ans déjà avant l'attaque japonaise sur Pearl Harbor.
laissez passer flying tigers
Laissez-passer chinois porté par les pilotes des « Flying Tigers ».
laissez passer flying tigers
Troupes japonaises avant l'assaut amphibie victorieux sur la ville chinoise de Yichang en mai 1940.
En 1940, la flotte japonaise se compose de 10 cuirassés, 10 porte-avions, 36 croiseurs, 113 destroyers et 63 sous-marins.
communistes
Soldats communistes chinois portant la bannière de la république de Chine lors de la bataille remportée contre les Japonais durant l'« offensive des cent régiments » (août-décembre 1940).
Les Nationalistes chinois reprocheront aux Communistes chinois de penser plus à étendre leur influence qu'à réellement lutter contre l'agresseur japonais. La coopération entre Nationalistes et Communistes prendra fin en 1941, notamment après l'incident de l'Anhui du Sud (7-13 janvier 1941).
japonais changsha
Soldats japonais durant la 2ème bataille de Changsha remportée par les Chinois (1941).
japonaise zhejiang
Soldats japonais utilisant un lance-grenade durant la campagne Zhejiang-Jiangxi (15 mai - 4 septembre 1942).
Les soldats portent un casque standard de type 92.

c/ La campagne Ichi-Go (一号作戦, « Ichi-gō Sakusen », 19 avril - 31 décembre 1944)

Cette campagne de grande ampleur, la plus importante menée pendant la Deuxième Guerre mondiale par le japon, est une série de batailles majeures entre l'armée impériale japonaise et l'armée nationale-révolutionnaire chinoise. La première phase consiste pour les Japonais à sécuriser la ligne de chemin de fer entre Pékin et Hankou. La deuxième phase consiste, avec deux armées japonaises (l'une venant de la ville de Hankou, l'autre de la ville de Canton) à prendre en tenaille la région de Hunan afin de détruire les aérodromes servant aux avions étasuniens à bombarder les forces japonaises. 17 divisions japonaises, 15 000 véhicules, 6 000 pièces d'artillerie et 800 tanks sont mis à contribution par le Soleil-levant.

ichi go
Déroulement de l'opération Ichi-Go.

L' opération « Kogo » menée initialement par les Japonais se traduit par la prise de la ville de Loyang et la prise de la région entre les villes de Kaifeng et Hankou en avril et mai 1944. Des régions conquises, ce sont surtout les villes qui sont les plus sûres, les campagnes environnantes seront par la suite soumises aux incursions de la guérilla chinoise.

ichi go
Forces mécanisées japonaises durant la campagne Ichi-Go.

La deuxième phase de la campagne (opération « Togo ») débute en juin et a comme objectifs les villes de Changsha, Hengyang, Guilin et Liuzhou. En décembre 1944, les Japonais sont aux portes de l'Indochine française (occupée par les Japonais depuis 1940). Les bombardiers étasuniens stopperont de fait pendant un temps leurs opérations de bombardement sur les infrastructures des villes chinoises occupées par les Japonais, ainsi que sur l'archipel japonais, mais les reprendront quelques mois plus tard après avoir été affectés sur les îles Mariannes.

changsha
Troupes chinoises pendant la bataille de Changsha.

Les Étasuniens feront pression sur le gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-chek pour que des renforts chinois soient dirigés vers le front birman. Des dissensions apparaîtront chez les Alliés, et les Américains tenteront même de prendre le commandement de toutes les forces alliées sur le territoire chinois en menaçant de ne plus assurer le ravitaillement des forces nationalistes. Les Communistes de Mao Zedong profiteront ultérieurement de la situation.

occupation japonaise
Occupation japonaise du territoire chinois et implantation des zones sous contrôle communiste en 1945.

Malgré les offensives japonaises en Chine et en Birmanie, les convois d’approvisionnement vers l'armée chinoise seront rétablis début 1945, alors que dans le même temps les Japonais, faute de carburant, se déplacent surtout à pied. Les offensives chinoises seront de plus en plus soutenues jusqu'à la capitulation du Japon en septembre 1945. La route d'approvisionnement en matériel via Burma (Birmanie ou Myanmar) sera complètement rétablie en janvier 1945 (les Japonais ont envahi Burma en 1942). La guerre sino-japonaise a fait finalement entre 3,5 et 10 millions de morts chinois (dont 1,3 million de soldats) et entre 450 000 et 700 000 morts parmi les soldats japonais.

731 ishii shiro
Le général japonais Ishii Shirō (1892-1959), responsable de l'unité 731 en Chine, suspectée d'être à l'origine d'expériences bactériologiques et chimiques sur la population civile chinoise. L'officier japonais ne sera pas poursuivi après la fin du conflit pour crimes de guerre par le tribunal de Tōkyō (équivalent du tribunal de Nuremberg). Il bénéficiera de l'immunité juridique grâce à la transmission exclusive du résultat de ses recherches et sa collaboration avec les États-Unis (équivalent japonais de l'opération « Paperclip » avec les Allemands). Les Soviétiques jugeront certains Japonais de l'unité 731 après les avoir fait prisonniers en Mandchourie, mais les États-Unis ne reconnaîtront pas les sentences et qualifieront les procès-verbaux de « propagande communiste ». Les Japonais auraient aussi fait des recherches bactériologiques et chimiques avec les unités japonaises 100 et 516.

3/ Les conquêtes continuent, l'option « expansion sud » (1941-1942)

a/ L'invasion japonaise de l'Indochine (仏印進駐 « Futsu-in shinchū », 22-26 septembre 1940)

invasion indochine
Invasion japonaise de l'Indochine (22-26 septembre 1940).

Après la défaite française lors de la bataille de France en mai 1940, le Japon voit l'opportunité d'envahir l'Indochine française. Le but est d'isoler encore un peu plus l'armée chinoise en coupant son approvisionnement provenant des Alliés. Après l'échec relatif de l'« option Nord » souhaitée principalement par l'armée impériale, c'est désormais l'« option Sud » préconisée par la marine impériale qui va être appliquée.

lang son 1940
Soldats japonais près de la ville indochinoise de Lang Son en septembre 1940.

Une requête en guise d'ultimatum est envoyée par le Japon le 19 juin au gouverneur Georges Catroux demandant aux Français de fermer les routes d'approvisionnement vers la Chine. Le 22 juin, une nouvelle demande japonaise impose l'ouverture du port chinois sous concession française de Guangzhouwan ainsi que la fermeture de la frontière entre l'Indochine et la Chine. Le 3 juillet, les Japonais demandent cette fois l'accès aux bases aériennes et l'autorisation de faire circuler des soldats japonais dans la colonie.

fusil 99
Fusil japonais de type 99 (1939-1945) produit à 3,5 millions d'exemplaires.
revue navale
Revue navale japonaise en 1940.

Des négociation sont entamées le 3 septembre 1940 entre les autorités japonaises et vichystes afin de laisser circuler les soldats japonais sur le territoire indochinois. Mais encore une fois, des militaires japonais agissent de leur propre initiative et traversent le 6 septembre la frontière entre la Chine occupée et l'Indochine. Malgré un nouvel accord devant entrer en vigueur, l'armée japonaise franchit la frontière le 22 septembre 1940 à Dong Dang.

dong dang 1940
5ème division japonaise à Dong Dang le 22 septembre 1940.

Les combats sont sporadiques, les Français étant incapable de s'opposer efficacement aux Japonais, et les Japonais ne souhaitant pas provoquer inutilement le courroux des Anglo-saxons. L'occupation japonaise n'est cependant pas immédiate (elle sera réellement effective seulement en 1945), le gouvernement de Vichy négocie et autorise la présence de 40 000 soldats japonais sur le sol indochinois. Les villes sont restituées aux Français et les prisonniers français sont relâchés. Les autorités japonaises s'excuseront et l'Empereur du Japon regrettera cet incident. Les Japonais, sous embargo pétrolier étasunien depuis juillet 1940 et les évènements en Indochine (les Britanniques et les Néerlandais feront de même, privant le Japon de 80% de son approvisionnement en pétrole), se rapprochent ainsi un peu plus des colonies néerlandaises riches en pétrole, désormais d'une importance stratégique vitale pour l'empire du Soleil-levant.

indochine 1941
Carte japonaise de l'Indochine française en 1941
indochine 1945
Troupes françaises en Indochine battant en retrait vers la frontière chinoise en 1945.
Ayant perdu la guerre en mars 1945, les Japonais brisent en mars 1945 les liens pouvant exister avec les forces françaises indochinoises collaborationnistes (qui étaient cependant en contact avec le général de Gaulle depuis la libération de Paris en 1944, et qui avaient également refusé de livrer aux Japonais des aviateurs étasuniens capturés) afin de mettre en place un régime fantoche acquis à leur cause pouvant ainsi retarder l'avancée alliée dans la région. Les Japonais créeront également le royaume du Kampouchéa (Cambodge) et le royaume de Luang Phrabang (Laos).
indochine 1945
Drapeau de l'empire du Viêt Nam (mars-septembre 1945).

En 1938, les Étasuniens décrétèrent un gel des crédits à destination du Japon, en 1939 les États-Unis mettent fin au traité commercial avec le Japon et décrètent un embargo concernant le secteur aéronautique. L'embargo sera étendu en 1940 pour le pétrole, le cuivre (93% du cuivre japonais vient des États-Unis), le fer et l'acier - alors que les États-Unis soutiennent déjà la résistance chinoise -. Le Royaume-Uni et les Pays-Bas emboîteront ensuite le pas aux États-Unis. Ces trois pays gèlent également les avoirs japonais dans leurs pays respectifs en juillet 1941.

grande asie
Membres de la « sphère de co-prospérité de la grande Asie de l'est » sous tutelle japonaise entre 1930 et 1945.
Le but officiel de l'organisation était de libérer les pays asiatiques de la tutelle coloniale occidentale. Un des buts est aussi de créer une propre zone d'échange entre les pays asiatiques, confrontés aux crises financières (« Shōwa »en 1927, Wall Street en 1929), à la fermeture des frontières depuis la crise de 1929, ainsi qu'au protectionnisme des zones Dollar et Sterling. Mais l'objectif de l'organisation est surtout de légitimer les conquêtes japonaises et de spolier les ressources nécessaires à l'empire du soleil-levant, en plaçant des gouvernements fantoches à la tête des pays conquis. La brutalité de l'occupation japonaise dans les territoires occupés n'aide en rien une éventuelle « fraternisation » entre les peuples asiatiques.
burma
Drapeau de Burma (1943–1945)
inde
Drapeau du gouvernement provisoire de l'Inde libre (1943–1945)
grande asie conference
Conférence de la Grande Asie du Sud-Est à Tōkyō en novembre 1943, réunissant de gauche à droite : Ba Maw (Burma), Zhang Jinghui (Chine), Wang Jingwei (Chine), Hideki Tojo (Japon), Wan Waithayakon (Thaïlande), José P. Laurel (Philippines) et Subhas Chandra Bose (Inde).
fanzine sphere
Extrait d'un fanzine japonais publié en 1943 après la conférence de la Grande Asie du Sud-Est.
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Extrait d'un fanzine japonais publié en 1943 après la conférence de la Grande Asie du Sud-Est.
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Extrait d'un fanzine japonais publié en 1943 après la conférence de la Grande Asie du Sud-Est.

Le Japon dispose désormais de deux ans de réserves en pétrole et a un besoin impératif de s'emparer de celui de la colonie néerlandaise des Indes Orientales (Indonésie). Les stratèges japonais considèrent aussi que la prise des Philippines est indispensable avant de conquérir les Indes néerlandaises, et qu'une frappe préventive contre la flotte du Pacifique étasunienne peut s'avérer décisive.

grades armee japon
Les grades de l'armée impériale japonaise (1941-1945).
ambassade japon berlin
Ambassade du Japon à Berlin célébrant la signature du pacte tripartite entre le Japon, l'Italie et l'Allemagne.

Le pacte tripartite signé le 27 septembre 1940 (Japon, Allemagne et Italie) ainsi que le pacte de neutralité signé le 13 avril 1941 entre le japon et l'Union Soviétique sont le prélude à l'attaque surprise sur la base étasunienne de Pearl Harbor. L'attaque de l'Allemagne nazie sur L'union Soviétique en juin 1941 (opération « Barbarossa ») aurait peut être voulu que le Japon bafoue le traité signé (afin de faire tomber l'URSS et opérer la jonction avec l'Allemagne) et attaque à son tour l'URSS, mais le besoin en pétrole prima sur ces considérations stratégiques (la Sibérie dispose aussi de quelques puits de pétrole mais la défaite de Khalkhin Gol est toujours dans les mémoires ; la route maritime du Pacifique selon les accords « Lend-Lease » entre l'Amérique et l'Union Soviétique vers le port de Vladivostok aurait pu être perturbée par les Japonais en cas d'agression, mais la route aérienne entre l'Alaska et la Sibérie - « Northwest Staging Route » et « ALSIB » - n'aurait de toute façon pas pu l'être).

japon
Drapeau du Japon impérial
allemagne
Drapeau de l'Allemagne nazie
italie
Drapeau de l'Italie fasciste
japon
Signature du pacte de neutralité (日ソ中立条約, « Nisso Chūritsu Jōyaku ») entre le Japon (Matsuoka Yōsuke) et l'Union Soviétique signé le 13 avril 1941 à Moscou.

b/ L'attaque japonaise sur Pearl Harbor (7 décembre 1941)

pearl harbor
Attaque japonaise sur Pearl Harbor (7 décembre 1941).

Les négociations entre les États-Unis et le Japon continuent durant l'année 1941, les Japonais souhaitent obtenir la fin de l'embargo pétrolier ainsi que la fin de l'aide étasunienne vers la Chine. Les Américains demandent en échange le retrait japonais du territoire chinois (cela ne concerne pas la Mandchourie), ce qui est inacceptable pour les Japonais, considérant qu'ils perdraient la face. Les Japonais se préparent donc à la guerre et souhaitent mener une frappe décisive sur la flotte étasunienne du Pacifique, qui a été déplacée de San Diego en Californie à l'archipel d'Hawaï. Les États-Unis savent eux-aussi que la guerre est inévitable mais ne souhaitent pas ouvrir délibérément les hostilités avec l'empire du Soleil-levant (le congrès et surtout la population étasunienne ne l'accepteraient pas).

pearl harbor
La base étasunienne de Pearl Harbor sur l'île d'Ohau à Hawaï.
drapeau usa
Drapeau des États-Unis d'Amérique.
beaupre usa
Pavillon de beaupré des États-Unis d'Amérique.
america first committee
Logo de l'organisation isolationniste étasunienne « America First Committee » regroupant 800 000 membres en 1941. L'organisation était contre l'entrée en guerre des États-Unis dans la Deuxième Guerre mondiale. L'organisation a été dissoute le 10 décembre 1941.

À l'instar de la bataille de Tsushima remportée contre la flotte russe en 1905, et plus récemment l'attaque aéronavale britannique victorieuse sur la base italienne de Tarente le 11 novembre 1940 (menée par des bombardiers munis de torpilles), les Japonais vont donc tenter de porter une attaque déterminante dans l'Océan Pacifique et inciter si possible le gouvernement américain à négocier avec le Japon (l'idée de bataille décisive a été aussi enseignée aux Japonais par les instructeurs allemands s'inspirant des théories de Carl von Clausewitz). L'objectif de l'attaque est surtout d'infliger suffisamment de dégâts aux Américains afin d'avoir le temps nécessaire pour s'emparer des Indes néerlandaises, de sécuriser l'approvisionnement en pétrole, mais aussi de couper la route birmane d'approvisionnement allié vers la Chine nationaliste.

conquetes japon pacifique
Carte du Pacifique et attaque de Pearl Harbor.
hideki tojo
Tōjō Hideki (東條 英機, 1884-1948), il fût Premier ministre du Japon du 18 octobre 1941 au 22 juillet 1944.
isoroku yamamoto
L'amiral japonais Yamamoto Isoroku (山本 五十六, 1884-1943) commandant-en-chef de la flotte combinée japonaise (constituée en partie par la flotte aéronavale « Kidō Butai »).
Ancien étudiant à Harvard et ancien attaché militaire à Washington, Yamamoto Isoroku connaissait le potentiel industriel du pays américain. Malgré ses réticences à engager une guerre sur deux fronts, ce brillant stratège a accepté de mener à bien l'attaque en utilisant les porte-avions et des bombardiers équipés de torpilles modifiées adaptées pour les eaux peu profondes de la rade de Pearl Harbor. Il mourra le 18 avril 1943 lors d'une attaque aérienne sur un bombardier le transportant lors de l' opération « vengeance » menée par les Alliés. Les renseignements étasuniens ont décrypté en partie les codes japonais et ont tendu une embuscade à l'amiral japonais alors qu'il revenait d'une inspection sur les îles Salomon.

Le 26 novembre 1941, la flotte japonaise quitte la baie d'Hittokapu. Elle est constituée de 6 porte-avions (« Akagi », « Kaga », « Sōryū », « Hiryū », « Shōkaku », et « Zuikaku » et 414 avions embarqués), 2 cuirassés, 3 croiseurs, 9 destroyers et 28 sous-marins. L'attaque sur l'archipel d'Hawaï se déroulera en plusieurs vagues de bombardement (première vague de 183 appareils, deuxième vague de 171) sur les navires de la base navale de Pearl Harbor et les aérodromes de l'île d'Oahu dans l'archipel d'Hawaï. L'attaque débute le 8 décembre 1941 à 7h48 heure locale.

carte japonaise hawai
Carte japonaise de l'archipel d'Hawaï et de la base de Pearl Harbor.
cartehawai
L'archipel d'Hawaï
trajet flotte japonaise enterprise
Trajet aller et retour de la flotte japonaise (en noir) en direction de Pearl Harbor.
Trajets des porte-avions étasuniens « Enterprise » (en rouge) et « Lexington » (en bleu).
akagi
Porte-avions (航空母艦, « Kōkūbokan ») japonais « Akagi », cuirassé à l'origine, il a été convertit en porte-avions pour satisfaire aux exigences du traité naval de Washington de 1922.
zero
Chasseur japonais « zéro » Mitsubishi A6M.
Ce célèbre chasseur japonais très maniable a surclassé les appareils occidentaux jusqu'en 1942. Il a ensuite eu à affronter des chasseurs de meilleure qualité qui ont notamment mis en exergue la fragilité de son réservoir de carburant face aux tirs ennemis.
pilotes japonais
Pilotes japonais sous une bannière « Hakkō ichiu ».
disque rouge
Disque rouge solaire présent sur les avions japonais.
zero
Chasseur « zéro » sur le porte-avions « Akagi ».
aichi d3a
Bombardier en piqué japonais « Aichi » D3A construit à 1 500 exemplaires.
pilotes kaga
Une partie des pilotes du porte-avions « Kaga » prennent la pose la veille de l’attaque sur la base navale américaine.
avions shokaku
À l’aube du 7 décembre, la première vague d’assaut s’apprête à décoller du porte-avions « Shōkaku ».
kitajima
Le lieutenant Kitajima Ichirō et son équipe à bord du porte-avions « Kaga » avant l'attaque sur Pearl Harbor.
aichi d3a
Décollage d'un avion sur un porte-avions japonais avant l'attaque sur Pearl Harbor.
cockpit zero
À l'intérieur du cockpit du chasseur japonais « zéro ».
ki21
Bombardier japonais Mitsubishi « Ki-21 »
attaque pearl harbor carte
L'attaque sur la base de Pearl Harbor.
vagues attaque pearl harbor
Les deux vagues d'attaque sur Pearl Harbor.
dispositif pearl harbor
Image du haut :
A : Base aéronavale Ford Island. B : Base aérienne Hickam. C : Base aérienne Bellows. D : Base aérienne Wheeler. E : Base aéronavale Kaneohe. F : Base aérienne du corps des Marines Ewa. R-1 : station radar Opana. R-2 : station radar Kawailoa. R-3 : station radar Kaaawa. G : Haleiwa. H : Kahuku. I : Wahiawa. J : Kaneohe. K : Honolulu. 0 : trajet prévu des B-17 us (en provenance du continent et qui seront identifiés par erreur à la place de la flotte japonaise). 1 : Premier groupe d'attaque. 1-1 : bombardiers moyens. 1–2 : bombardiers torpilleurs. 1–3 : bombardiers en piqué. 2 : Second groupe d'attaque. 2-1 : bombardiers moyens. 2-1F : Chasseurs. 2-2 : bombardiers en piqué.

Image du bas :
A : île Wake. B : îles Midway. C : île Johnston. D : archipel d'Hawaï. D-1 : Oahu. 1 : USS « Lexington ». 2 : USS « Enterprise ». 3 : Première flotte aérienne us.
localisation navires pearl harbor
Localisation des principaux navires étasuniens à Pearl Harbor.
west virginia
Photographie prise d'un appareil japonais pendant l'attaque sur Pearl Harbor
(au moment où l'USS « West Virginia » est touché par une torpille).
uss arizona
L'USS « Arizona » est frappé à mort (1 177 marins périront sur ce bâtiment).
uss west virginia tennessee
Les navires étasuniens USS « West Virginia » et USS « Tennessee ».
uss west virginia tennessee
Les navires étasuniens USS « Pennsylvania » (second plan), USS « Cassin » (premier plan à gauche) et USS « Downes » (premier plan à droite).
uss shaw
Explosion de l'USS « Shaw »

Les deux vagues d'attaque sur Pearl Harbor se déroulent dans un délai de deux heures. 2 400 Étasuniens sont tués et 1 200 autres sont blessés. 18 navires sont touchés dont 9 cuirassés (seuls 3 navires - dont 2 cuirassés - ne pourront pas être réparés). Au grand désarroi des Japonais, aucun des 3 porte-avions étasuniens n'était à Pearl Harbor durant l'attaque japonaise. 247 avions japonais sur 414 sont détruits ou endommagés. Une troisième vague d'attaque est tout de même envisagée mais elle est jugée trop risquée. Les dépôts en carburant et les ateliers de réparation américains, demeurés intacts, pourront ainsi remettre à flot les navires endommagés et rendre la base de Pearl Harbor rapidement opérationnelle.

discours infamie
Le président Roosevelt devant le Congrès lors de son « discours de l'infamie » du 8 décembre 1941. Le congrès étasunien déclarera la guerre au Japon une demi-heure après la fin du discours. Une polémique sur la connaissance préalable de l'attaque japonaise par Roosevelt et le renseignement étasunien a tout de même émergé peu après, sans qu'aucune preuve infaillible aille véritablement dans ce sens (compte tenu que les Étasuniens avaient déjà cassé en partie les codes japonais à cette époque, et qu'avec l'augmentation du trafic des communications suite aux conquêtes succédant à Pearl Harbor,ils s'en serviront pas la suite pour déjouer plusieurs attaques japonaises dans le Pacifique).
franklin Roosevelt signature
Franklin Roosevelt (1882-1945) signant la déclaration de guerre au Japon.

Dans les heures qui suivirent, le Royaume-Uni (et ses dominions et possessions : le Canada, l'Australie et l'Afrique du Sud notamment) entrèrent en guerre contre le Japon. L'Allemagne nazie et l'Italie fasciste déclarèrent la guerre aux États-Unis le 11 décembre 1941, soi quatre jours après l'attaque de Pearl Harbor (alors que les termes du pacte tripartite ne le stipulait pas expressément dans les conditions). En Décembre 1941, la marine japonaise dispose de 12 cuirassés, 15 porte-avions, 43 croiseurs, 169 destroyers et 195 sous-marins.

camps internement japonais usa
Carte des camps d'internements des Étasuniens d'origine japonaise durant la Deuxième Guerre mondiale après l'attaque sur Pearl Harbor. Les nouveaux camps seront principalement situés sur les territoires des réserves amérindiennes. L'ordre exécutif 9066 du 19 février 1942 entraînera l'internement de 110 000 Japonais et citoyens étasuniens d'origine japonaise. 40 ans plus tard, une loi étasunienne votée en 1988 dédommagera les internés survivants à hauteur de 20 000 $ chacun (1,6 milliard de $ au total).
caricature usa
Caricature étasunienne de Theodor Seuss en 1942 sur la 5ème colonne japonaise aux États-Unis. L'éviction de 95% des citoyens d'origine japonaise (un seul arrière-arrière grand parent japonais pouvait suffire à être considéré comme japonais) vers l’intérieur du pays, dont beaucoup de fermiers établis sur la côte ouest du pays, entraînera un afflux de travailleurs mexicains avec le « programme Bracero » signé le 4 août 1942 entre les États-Unis et le Mexique.
japonais 442
20 000 Étasuniens d'origine japonaise (dont la plupart de leurs familles étaient internées dans des camps aux États-Unis) serviront cependant dans l'armée étasunienne afin de prouver leur allégeance à leur pays d'adoption. Certains serviront notamment dans le 442ème régiment de combat - unité regroupant essentiellement des citoyens d'origine japonaise -, régiment qui servira sur le théâtre européen et qui deviendra le plus décoré de l'armée étasunienne (8 citations régimentaires présidentielles, 18 000 citations individuelles dont 21 « Medals of Honor » (dont 20 à titre posthume), 9 486 « Purple Hearts » et 4 000 « Bronze Star Medals »). En 2012, tous les anciens membres survivants du régiment ont reçu la légion d'honneur française avec le grade de chevalier pour leurs actes de bravoure durant la libération de la France en 1944, notamment lors de la participation active du 442ème au sauvetage du « bataillon perdu » (141ème bataillon d'infanterie étasunien) en octobre 1944 dans les Vosges françaises.

c/ L'expansion japonaise continue : Guam, Wake, Hong-Kong (décembre 1941)

guam wake hong kong
Guam, Wake et Hong-Kong

L'attaque de la base étasunienne de Pearl Harbor est suivie d'une offensive dans plusieurs lieux de l'océan Pacifique. Les Japonais attaquent simultanément plusieurs possessions britanniques et étasuniennes telles que Guam, l'île Wake, la Malaisie, les Philippines et le nord de l'île de Bornéo (occupée par les Anglais). Sur le continent, les Japonais lancent une offensive sur le territoire britannique de Hong Kong.

conquetes japonaises
Les conquêtes japonaises entre 1937 et 1942.
pacifique
Attaques japonaises en Asie du sud-Est et océan Pacifique après Pearl Harbor.
wildcat wake
Chasseurs étasuniens F4F-3 « Wildcat » détruits après l'attaque japonaise sur l'île de Wake.
Une 1ère attaque a lieu sur l'île le 8 décembre 1941, la 2ème attaque, décisive - renforcée par deux porte-avions revenant de Pearl Harbor (« Hiryū » et « Sōryū ») et 1 500 troupes de marines -, a lieu le 23 décembre 1941.
mariannes
L'île de Guam se trouve à l'extrémité sud de l'archipel des Mariannes, ancienne possession allemande occupée par le Japon depuis la Première Guerre mondiale. L'attaque commence le 8 décembre et s'achève le 10 décembre 1941 par la prise de l'île par les Japonais.
≈ La bataille de Hong Kong (8-25 décembre 1941)
drapeau britannique
« Union Jack » britannique
batterie britannique
Batterie britannique sur le mont Davis avec ses servants indiens.

30 000 Japonais participent à la conquête du territoire. La possession britannique est défendue par des unités canadiennes (2 000), indiennes (2 200), britanniques (3 600), chinoises (6 400) et quelques Français libres. 2 000 soldats alliés seront tués et 10 000 autres seront fait prisonniers.

japonais
Soldats japonais franchissant un pont.
you are fire banksters
Les banquiers occidentaux font leurs cartons comme de vulgaires employés de Lehman Brothers.

d/ La campagne des Philippines (8 décembre 1941 - 8 mai 1942)

campagne philippines
Campagne des Philippines (8 décembre 1941 - 8 mai 1942).

130 000 Japonais sont ensuite mobilisés pour s'emparer du territoire sous contrôle étasunien défendu par 150 000 hommes. L'objectif des Japonais est de priver les États-Unis de leur base opérationnelle en Asie du sud-Est, d'utiliser les Philippines pour préparer l'invasion des Indes néerlandaises, et de sécuriser les lignes de communication entre le Japon et les zones occupées d'Asie du Sud-Est.

invasion philippines
Invasion japonaise des Philippines
g4m
Bombardier japonais « G4M » construit à 2 400 exemplaires.
g3m2
Bombardiers japonais « G3M2 » construit à 1 000 exemplaires.
luzon
Invasion de l'île de Luzon.

L'armée impériale japonaise connaîtra une avance rapide au début de la campagne. Le haut commandement japonais décidera ensuite de relever ses meilleures unités (dont la 14ème armée), ralentissant de fait la progression et la fin de la campagne d'invasion de la péninsule. 25 000 défenseurs trouveront la mort, 21 000 seront blessés, 100 000 autres seront fait prisonniers. Les Japonais perdront quant à eux 4 000 hommes.

luzon sud
Invasion du sud de l'île de Luzon.
char 89
Chars japonais de type 89 se dirigeant vers Manille en janvier 1942.
luzon sud
Bataille dans la péninsule de Bataan sur l'île de Luzon en janvier 1942.
luzon batterie
Batterie côtière de type 7 de 30 cm qui sera prise par le 158ème régiment d'infanterie japonais à Luzon dans les Philippines.
chars 89
Char japonais de type 89.
bataan prisonniers
Prisonniers étasuniens et philippins après la bataille de Bataan.
capitulation philippines
Capitulation des forces étasuniennes sur l'île de Corregidor aux Philippines en mai 1942.
Des milliers de prisonniers seront contraints d'endurer la « marche de la mort de Bataan » durant laquelle beaucoup périront.
philippines propagande
Caricature japonaise demandant aux Américains « pour quoi ils se battaient » à Corregidor.
La propagande japonaise loue le culte des ancêtres, des traditions et les vertus combatives du peuple japonais, tout en se moquant des soldats alliés supposés être matérialistes et décadents.

e/ L'invasion de la Thaïlande (日本軍のタイ進駐, 8 décembre 1941)

thailande
L'invasion de la Thaïlande (8 décembre 1941).

Huit heures seulement après le franchissement de la frontière des premières troupes japonaises, un cessez-le-feu sera proclamé et la Thaïlande se joindra aux forces de l'Axe jusqu'à la fin de la guerre (les Japonais leur promettront de leur rendre les territoires perdus - provinces de Kayah et de Shan - lors du traité anglo-siamois de 1909). La Thaïlande avait déjà profité de la bataille de France pour s'emparer de son ancienne province perdue après le conflit franco-siamois de 1893. Le Japon occupe l'Indochine en décembre 1941 et peut aussi désormais utiliser les ports et les aérodromes thaïlandais pour frapper la Birmanie et les Indes néerlandaises.

invasion thailande
Invasion de la Thaïlande le 8 décembre 1941.
drapeau thailande
Drapeau de la Thaïlande

f/ La campagne de Malaisie (8 décembre 1941 - 15 février 1942)

drapeau thailande
Campagne de Malaisie (8 décembre 1941 - 15 février 1942).

Les Britanniques ont érigé Singapour en place forte et ont concentré d'importantes forces afin de la protéger. Les docks de Singapour (à Sembawang) ont aussi été aménagés afin de pouvoir accueillir et réparer les vaisseaux de la Royal Navy (en prévision d'une guerre éventuelle contre le Japon). Le port dispose aussi de batteries côtières de 230 et 380 mm (munies d'obus perforants contre les navires mais pas d'obus explosifs) et de batteries anti-aériennes. Les stratèges britanniques pensent pouvoir protéger ainsi le verrou singapourien (surnommé le « Gibraltar de l'Est ») avec leur flotte de guerre, afin par la suite de reconquérir Hong Kong, puis d'entamer un blocus maritime contre l'archipel nippon.

empire britannique 1921
L'empire britannique en 1921
singapour
Singapour
docks singapour
Navire de guerre britannique dans les docks de Singapour.
malaisie
Campagne de Malaisie
mitrailleuse 92
Mitrailleuse japonaise de type 92.
malaisie
Soldats japonais de la 5ème division d'infanterie durant la campagne de Malaisie (fusil automatique de type 96 en bas à droite).
fusil 99
Fusil automatique japonais de type 99.
malaisie johor bahru
Soldats japonais dans les rues de la ville de Johor Bahru.

70 000 soldats japonais sont mobilisés durant cette campagne. Ils font face à 140 000 soldats des Pays-Bas et surtout du Commonwealth (Royaume-Uni, Australie et Nouvelle-Zélande) - dont 67 000 Indiens -. La campagne japonaise commence le 8 décembre 1941 par un assaut amphibie sur la côte Nord-Est de la Malaisie, près de la ville de Kota Bharu. Les Japonais débarquent également en Thaïlande puis marchent en direction du territoire malais. Le territoire indochinois - avec l'accord des autorités vichystes - a servi à l'armée japonaise pour concentrer les troupes nécessaires à l'invasion. Les troupes japonaises expérimentées viennent rapidement à bout des défenseurs et traversent la jungle, réputée pourtant infranchissable, directement en direction de Singapour. Le 10 décembre 1941, un raid aérien coule les navires britanniques HMS « Prince de Galles » et HMS « Repulse », leur assurant ainsi, en plus de la suprématie aérienne, la suprématie navale pour quelques mois.

white ensign
« White Ensign » de la marine de guerre britannique.
hms repulse
HMS britannique « Repulse »
hms prince wales
HMS britannique « Prince de Galles »
evacuation prince wales
Evacuation du HMS « Prince de Galles ».

Les Britanniques ont largement sous estimé les capacités aériennes japonaises - pensant que ces derniers ne disposaient que d'appareils obsolètes - et ont fait l'erreur de penser que la ville de Singapour ne pouvait pas être prise depuis la jungle. La bataille de France perdue et l'occupation de l'Indochine par le Japon n'ont fait qu'accentuer l'impréparation britannique, qui a privilégié la guerre contre l'Allemagne au détriment du théâtre asiatique. Avant la chute de la France, les Britanniques comptaient aussi sur la flotte française pour neutraliser la flotte italienne dans la mer Méditerranée, désorganisant ainsi les plans de l'amirauté britannique en 1941. 130 000 soldats alliés seront faits prisonniers par les Japonais durant la campagne (40 000 soldats indiens - en majorité sikh - changeront de camp et combattront aux côtés des Japonais, 40 000 autres refuseront et resteront prisonniers de guerre, 11 000 mourront dans des camps d'internement).

reddition singapour
Le lieutenant-général britannique Arthur Percival allant négocier les termes de la reddition alliée - accompagné par le lieutenant-colonel japonais Sugita Ichiji -, après la bataille perdue de Singapour (8-15 février 1942). Le Premier ministre anglais Winston Churchill déclarera que la chute de Singapour représente « le pire désastre de l'histoire militaire anglaise » (non, il y a eu bien pire en fait Winston, surtout contre le royaume de France !).
reddition singapour
Signature de la capitulation britannique (le lieutenant-général Yamashita fait face au lieutenant-général Percival).
ashigara singapour
Le croiseur lourd japonais « Ashigara » dans les docks de Singapour en décembre 1942.

g/ La campagne du Bornéo britannique et des Indes néerlandaises (8 décembre - 9 mars 1942)

ashigara singapour
Campagne du Bornéo britannique et des Indes néerlandaises (8 décembre - 9 mars 1942).

Demeurés indépendants malgré la chute des Pays-Bas en 1940 face aux armées hitlériennes, les Japonais s'emparent de l'île de Bornéo fin 1941. Cette grande île riche en pétrole - ressource vitale désormais dans cette guerre mécanisée - est aussi au cœur de la nouvelle sphère d'influence japonaise, et le contrôle des voies de navigation est d'une importance stratégique majeure pour le Japon. Des aérodromes et des routes seront construits durant l'occupation (notamment par des prisonniers de guerre).

carte japonaise 1942
Carte japonaise du monde en 1942.
indes neerlandaises
Indes néerlandaises
frontieres borneo
Division frontalière de l'île de Bornéo entre Britanniques (au nord) et Néerlandais (au sud).
abdacom
Carte de l'éphémère commandement allié « ABDACOM » (American-British-Dutch-Australian Command) réunissant les États-Unis, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l'Australie en 1942 (l'objectif initial était de protéger d'abord le territoire malais d'une invasion japonaise afin de maintenir une domination occidentale dans l'Océan indien).
abdacom deculottee
Lord Archibald Wavell (vice-roi des Indes et commandant-en-chef de l'ABDACOM) et son monocle attendaient les Japonais de pied ferme, mais ils se sont pris une sévère déculottée...
parachutistes japonais
Troupes parachutistes japonaises avant la conquête de Bornéo.
japonais borneo
Troupes japonaises débarquant au nord de Bornéo à Labuan en janvier 1942.
palembang parachutistes
Parachutistes japonais sautant sur Palembang.
palembang
Parachutistes japonais durant la bataille de Palembang (un fusil de type 99 se trouve sur la gauche).
invasion indes neerlandaises
Invasion des Indes néerlandaises par les forces japonaises.
sous marin l65
Sous-marin japonais « I65 » (la guerre sous-marine japonaise dans l'Océan indien commence après l'invasion des Indes néerlandaises).
sous marin l56
Sous-marin japonais « I56 »
hokoku maru
Le croiseur auxiliaire japonais « Hōkoku Maru » (報國丸) utilisé dans la guerre de course et comme ravitailleur de sous-marins.
borneo 1943
Carte administrative japonaise de l'île réunifiée de Bornéo en 1943.

Après Bornéo, la conquête des Indes néerlandaises - riches en pétrole (4ème exportateur mondial à l'époque) et en caoutchouc notamment - commencera et durera quatre mois. Les Japonais mobilisent plus de 100 000 hommes afin de mener des assauts amphibies.

invasion indes neerlandaises
Invasion des Indes néerlandaises par les forces japonaises.
invasion java
Forces japonaises débarquant sur l’île de Java.
haguro
Le croiseur japonais « Haguro »
myoko
Le croiseur japonais « Myōkō »
exeter
Le croiseur lourd britannique HMS « Exeter » est coulé lors de la bataille de la mer de Java le 1 mars 1942.

80 000 Néerlandais seront maintenus dans des camps durant l'occupation japonaise (20% périront). 270 000 Indonésiens seront mobilisés et envoyés travailler dans les territoires asiatiques sous contrôle japonais (200 000 y trouveront la mort). Politiquement, les Japonais ont fait la promotion (toutefois très encadrée) du nationalisme indonésien, en particulier celui du futur président Sukarno.

java
Carte japonaise de l'île de Java.
darwin
Bombardement du port australien de Darwin le 19 février 1942 par l'aviation japonaise (explosion du MV « Neptuna » en arrière plan, le HMAS « Delorraine », au premier plan, parviendra à s’échapper). Les Japonais mèneront plusieurs dizaines d'attaques aériennes en Australie pendant le conflit.
front pacifique sud
Avancée japonaise dans le Pacifique sud. Après les Indes néerlandaises, les Japonais se sont emparées en mars 1942 du territoire de la Nouvelle-Guinée contrôlé par l'Australie. Après les défaites aux Philippines et à Singapour, le général étasunien Douglas MacArthur déplacera son quartier général à Melbourne en mars 1942. L'aide étasunienne continuera malgré la tentative de blocus japonais, et les Alliés australien et étasunien établiront une ligne de défense face à la menace japonaise. L'amirauté japonaise souhaitait envahir l'Australie mais l'armée impériale y était opposé.
macarthur curtin
Le général étasunien Douglas MacArthur et le Premier ministre australien John Curtin.
Après la chute de Singapour et la capture de milliers de soldats australiens, les Australiens bénéficieront d'un soutien massif des États-Unis.

h/ La campagne birmane (janvier - mai 1942)

campagne birmanie
campagne birmane (mai 1942 - juillet 1945).
drapeau birman
Drapeau de la province birmane des Indes britanniques entre 1939 et 1948.
carte indes
Carte des Indes britanniques en 1889.

Possession britannique depuis seulement la fin du 19ème siècle - et après trois guerres ayant opposé l'empire britannique à Burma -, le commandement britannique, déjà affairé en Europe et concentrant ses forces en Asie essentiellement aux Indes, estime que la Birmanie n'est pas défendable contre une invasion japonaise. De plus, comme en Malaisie, les forces présentes sous mal équipées et mal entraînées, contrairement aux forces japonaises déjà très expérimentées après des années de campagne. La Birmanie possède quelques puits de pétrole, des mines de cobalt et une importante production de riz. Mais l'une des raisons essentielles de l'attaque japonaise est de couper la « route birmane » d'approvisionnement allié à destination de la Chine. Le Japon souhaite aussi protéger les arrières du front malais et pouvoir aussi accentuer la menace sur les Indes britanniques.

route birmane
« Route birmane » utilisée par les Alliés pour approvisionner les forces nationalistes chinoises.
route birmane ledo
Segment « Ledo » (partant d'Inde) de la route birmane utilisée notamment par les Alliés après l'invasion japonaise de la Birmanie.
ledo
Point zéro du segment « Ledo » (rebaptisé « Stilwell road ») avec les différentes distances des villes traversées par la route birmane en Birmanie et en Chine. L'essentiel de l'approvisionnement vers la Chine se fera cependant par les airs (« The Hump ») en franchissant la chaîne de l'Himalaya mais avec des pertes importantes (cette route aérienne posera d'importantes difficultés techniques à surmonter compte tenu des capacités technologiques de l'aviation à ce moment du conflit, du manque de formation de pilotes compétents, de la faible prévision météorologique, sans compter les attaques des chasseurs japonais en 1942 et 1943), la route Ledo n'a été achevée qu'en janvier 1945 (et n'est plus d'une importance stratégique majeure à ce moment là compte tenu de la supériorité aérienne alliée dès 1944).
lignes communication allies
Lignes de communication alliées en Inde, Birmanie et Chine en 1942-1943. L'occupation du territoire indochinois par les Japonais et la signature du pacte de neutralité en avril 1941 entre le Japon et l'Union Soviétique, font que seule l'Inde et la Birmanie permettent désormais de ravitailler les forces nationalistes chinoises de Tchang Kaï-chek.
front birman
Front birman durant la campagne (Japonais et Thaïlandais face aux Britanniques, Indiens et Nationalistes chinois).
japonais birmanie
Soldats de la 15ème armée impériale japonaise à la frontière birmane (85 000 soldats japonais participeront à la campagne birmane).
Les 45 000 soldats de l'empire britannique et surtout les 95 000 Chinois envoyés en soutien subiront de très lourdes pertes.
birmanie
Conquête japonaise de la Birmanie en avril-mai 1942.
andaman
Soldats japonais sur les pages des îles Andaman dans le golfe du Bengale.
prostituees
Des femmes malaises et chinoises obligées de se prostituer par les Japonais.
Des milliers de femmes asiatiques seront utilisées comme « femmes de confort » (慰安婦) par l'armée japonaise pendant la Deuxième Guerre mondiale. Les estimations de leur nombre varient de 50 000 à 200 000.
ki 21
Bombardier lourd japonais Mitsubishi « Ki-21 » qui a notamment servi dans le bombardement de Rangoon durant la campagne.
mogami
Croiseur japonais « Mogami » (la classe « Mogami » est la cinquième et dernière classe de croiseurs construite par l'amirauté japonaise).
fubuki
Destroyer japonais « Fubuki »
hatsuyuki
Destroyer japonais « Hatsuyuki »
uranami
Destroyer japonais « Uranami »
es ist ein sabotage !
Installation pétrolière et équipement électrique sabotés à Yenanguang par les Britanniques avant leur retrait de Birmanie.
30 camarades
Les « 30 camarades » constituant l'embryon de la BIA (« armée indépendantiste de Burma » créée le 28 décembre 1941) puis de la BNA (armée nationale birmane) qui combattra aux côtés des Japonais. La population birmane, comme beaucoup de peuples en Asie, verra dans un premier temps les Japonais comme des « libérateurs » face à l'oppression des Occidentaux. Les Britanniques étaient accusés d'avoir sapé la société traditionnelle birmane et d'avoir assujetti son économie au seul profit de la couronne britannique. Des tensions entre la BIA et les Japonais commenceront pourtant à apparaître lorsque les Birmans souhaiteront accéder rapidement à l'indépendance du pays, pourtant promise par les Japonais. Les décisions arbitraires et brutales des Japonais, mais aussi l'enlisement militaire nippon en Asie, conduiront au ralliement de la population birmane au profit des Alliés. La BIA déclarera d'ailleurs la guerre au Japon en mars 1945.
japon 1942
Extension maximale de l'empire japonais en 1942.
ki49
Bombardier japonais Mitsubishi « Ki-49 ».

4/ La reconquête des Alliés (1943-1945)

a/ La campagne birmane (mai 1942 - juillet 1945)

- Cette campagne est traitée jusqu'en 1945 -

campagne birmanie
Campagne birmane (mai 1942 - juillet 1945).

La tentative de reconquête de la Birmanie par les Alliés se fait dans un climat où la saison des pluies fait que seule la moitié de l'année est propice aux offensives de grande envergure. Après voir conquis le port de Moulmein et la capitale Rangoon, les Japonais s'emparent de tout le sud du pays le 1 mai 1942. Malgré le renfort des Nationalistes chinois, les Britanniques ont dû faire face à l'hostilité de la population birmane et ont dû évacuer le territoire birman face à l'armée impériale, encore renforcée par des contingents japonais après la chute de Singapour.

chinois birmanie
Soldats de l'armée chinoise et du corps expéditionnaire chinois réunis en Inde. Ces forces chinoises ré-équipées et entraînées et sous commandement du lieutenant-général étasunien Joseph Stilwell seront à nouveau envoyées en mars 1944 sur le front birman allié (certaines unités avaient déjà participé à l'offensive alliée en mars-juin 1942 - 50 000 morts dans leurs rangs - mais avaient dû se replier en Inde).
sun li jen
Le commandant de l'armée chinoise en Inde Sun Li-Jen.

Occupés sur les théâtres européen et africain - mais aussi fragilisés à des désordres aux Indes avec le mouvement « quittez l'Inde » et une famine au Bengale -, les Britanniques et les Indiens mènent deux tentatives infructueuses sur le territoire birman fin 1942 / début 1943. Les soldats évoluent cependant sur un terrain très difficile. La première incursion, la plus importante numériquement, sera menée sans soutien d'artillerie et subira de lourdes pertes face aux Japonais dans la région d'Arakan. Les Britanniques ont lancé cette offensive afin de reprendre pied sur l’île stratégique d'Akyab possédant un port et un aérodrome, mais les troupes sont inexpérimentées et mal préparées. La deuxième incursion concerne des unités « Chindit » dans le nord de la Birmanie.

chindits lrpg
Unité spéciale « Chindit » (composée pour moitié des effectifs de commandos britanniques ainsi que des célèbres Gurkhas népalais pour l'autre moitié) opérant en Birmanie lors de leur incursion début 1943 pour mener des actions de sabotage dans le nord de la Birmanie. Ravitaillées par les airs, ces troupes ont mené des opérations en profondeur (« Long Range Penetration Groups ») sur le territoire occupé birman mais ont subi de lourdes pertes sans résultats significatifs. Les Britanniques se sont inspirés des incursions japonaises dans la jungle malaise ayant grandement surpris le commandement britannique lors de la chute de Singapour, mais ont envoyé à leur tour au feu des troupes valeureuses mais sans expérience et avec des objectifs irréalistes. Le combat dans la jungle sera cependant très étudié par les Anglo-saxons, et les forces Chindits seront à nouveau massivement utilisées à partir de 1944 pour soulager les offensives alliées (elles subiront encore de très lourdes pertes).
chindits
Emblème des Chindits (inspiré de la divinité « Chinthe », gardienne mythique que l'on trouve près des pagodes et temples birmans).

En août 1943 les Alliés se réorganisent et confient à l'amiral Louis Mountbatten le commandement du SEAC (« South East Asia Command »). Les actions dans le nord de la Birmanie seront menées par le NCAC (« Northern Combat Area Comm »). La chaîne de commandement a également été clarifiée et le front européen dorénavant stabilisé permet de concentrer d'importantes forces sur le front asiatique (même si les Alliés préparent le débarquement en Normandie et continuent massivement d'approvisionner les Soviétiques via la Mer de Béring, les États-Unis produisant désormais les fournitures militaires en tout genre en quantité industrielle). Un des principaux objectifs des offensives alliées dans le nord de la Birmanie - à la demande des Étasuniens, mais laissant pourtant les Britanniques sceptiques -, est de sécuriser la région afin de construire la « route Ledo », permettant de suppléer l'ancienne « route birmane » d'approvisionnement vers la Chine.

campagne alliee birmanie
Carte de la campagne alliée entre octobre 1943 et mai 1944.
c46
Avion de transport Curtiss C-46 Commando mis en service en 1941.
c54
Avion de transport Douglas C-54 Skymaster mis en service en 1942, pouvant transporter 14 tonnes de fret, d'une autonomie de 3 350 km et volant jusqu'à 6 800 mètres d'altitude.
c47
Curtiss C-47 larguant des fournitures dans le nord de la Birmanie en 1944.
La supériorité aérienne alliée - permettant l'approvisionnement des troupes au sol mais aussi l'attaque au sol des convois de ravitaillement japonais -, est un des principaux facteurs expliquant les revers de la campagne japonaise en Birmanie à partir de 1944. La réorganisation des chemins de fer dans le Nord-Est de l'Inde va aussi considérablement aider à l'amélioration de l'approvisionnement des troupes au sol.


≈ L'opération japonaise U-Go (ウ号作戦, U Gō sakusen, mars-juin 1944)

De leur côté, les Japonais ont créé l'« armée de la région birmane » (緬甸方面軍, « Biruma hōmen gun ») en mars 1943 et disposent sur place des 15ème et 18ème armées. Malgré les obstacles du milieu marécageux et les difficultés de ravitaillement, les Japonais mobilisent 80 000 hommes et 6 divisions, puis mènent une grande offensive sur les forces alliées en Inde en mars 1944 pour tenter de couper définitivement le ravitaillement étasunien vers la Chine. Les Japonais se sont peut être aussi laissés influencer par les incursions des Chindits britanniques dans le nord de la Birmanie, alors que le terrain était considéré comme infranchissable par les Japonais eux-mêmes.

mutaguchi renya
Le lieutenant-général Mutaguchi Renya (牟田口 廉也, 1888–1966), commandant de la 15ème armée japonaise et grand partisan pour le lancement d'une offensive japonaise contre l'Inde, le commandement japonais approuvera finalement l'offensive même que de nombreux officiers de haut rang la désapprouvaient. Alors que des dizaines de milliers de soldats indiens fait prisonniers avaient rallié les puissances de l'Axe après la chute de Singapour, Mutaguchi fondait aussi de grands espoirs avec une attaque japonaise au cœur des Indes britanniques et un possible effondrement de l'autorité britannique - avec l'aide des Nationalistes indiens - dans le sous-continent. Les Japonais savent aussi que le temps joue contre eux et tentent une ultime opération coup-de-poing alors que la machine industrielle étasunienne tourne à plein régime.
caricature japonaise
Campagne U-Go sur les villes indiennes de Imphal et Kohima dans la vallée du Brahmapoutre.

Alors que les Britanniques ont à nouveau envoyé les Chindits opérer dans le nord de la Birmanie en mars 1944, les Japonais ne suspendent pas leur attaque en Inde le 8 mars 1944 et traversent la rivière Chindwin. Ils atteindront les portes des villes de Imphal et Kohima mais sans soutien d'artillerie et leurs voies de ravitaillement pratiquement coupées après quelques semaines de campagne, ils seront finalement repoussés par les troupes alliées sur place, ravitaillées par les airs et disposant désormais d'une supériorité aérienne. Les Japonais finiront par se replier aux prix de très lourdes pertes (50 000 morts), la plupart des soldats étant mort de faim, de maladie ou d'épuisement.

mitrailleuse japonaise
Mitrailleurs japonais
mitrailleuse japonaise
Mitrailleuse lourde japonaise de type 3 (1914-1945).
colline japonaise
Sommet de la « colline japonaise » - où des combats très durs se sont déroulés - à l'est de la ville indienne d'Imphal.
gurkhas inde
Troupes gurkhas et tanks Grant sur la route Kohima/Imphal.
caricature japonaise
Caricature japonaise à but de propagande dénonçant la manipulation de l'Inde par les Occidentaux et les Chinois. Deux brigades de l'Armée nationale indienne (INA) du nationaliste indien Rash Behari Bose (Subhas Chandra Bose lui succédera par la suite avec son fameux slogan « Donnez moi du sang, je vous donnerai la liberté ») devaient initialement participer à l'opération « U-Go » pour faire de la reconnaissance et de la propagande en territoire indien.
caricature japonaise
Caricature japonaise montrant l’éléphant indien se libérant de ses chaînes et s'emparant de John Bull (personnifiant le Royaume-Uni).
sphere influence japon allemagne
Extensions maximales des sphères d'influence de l'Allemagne et du Japon pendant la Deuxième Guerre mondiale, ainsi qu'une hypothétique jonction entre les deux alliés aux Indes.
hawker Hurricane
Hawker Hurricane étasunien attaquant les Japonais sur la route Tiddim en 1944.
jeep tiddim
Jeep de transport alliée essayant d'avancer sur la route Tiddim pendant la saison des pluies.


Les alliés reprennent l'initiative en 1944 grâce désormais à leur supériorité aérienne sur l'aviation japonaise et l'importante concentrations d'hommes et de matériel sur le front birman. Déjà durement éprouvés après leur offensive U-Go et la retraite désorganisée qui s'en est suivi, les Japonais n'ont maintenant plus l'initiative des opérations en Birmanie. Les Britanniques et les Indiens attaquent à l'Ouest, les troupes chinoises sous commandement étasunien attaquent au Nord-Ouest, tandis que les Nationalistes chinois attaquent au Nord-Est du front. Les avions-cargos alliés transportent hommes et matériels toujours plus près des troupes japonaises acculés et parfois sacrifiées par leur commandement à partir de juin 1944.

stilwell
Opérations des forces du lieutenant-général Joseph Stilwell entre janvier et avril 1944. Les Nationalistes chinois de Tchang Kaï-chek enverront 3 divisions supplémentaires pour soutenir l'offensive de Stilwell dans le Nord de la Birmanie.
stilwell
Au Nord-Est de la Birmanie cette fois, les Chinois engageront 70 000 hommes et 12 divisions en mai 1944 pour prendre en tenaille la 56ème division japonaise, les forces japonaises étant obligée de combattre dorénavant sur deux fronts. La prise de la ville stratégique de Myitkyina et de son aéroport marque un tournant décisif pour la suite du conflit.
campagne alliee birmanie
Carte de la campagne alliée entre juin 1944 et mai 1944.
sulfateuse en position
Soldats britanniques vérifiant des herbes hautes, couverts par des mitrailleurs indiens.
radio sikh
Radio sikh avec des officiers britanniques écoutant un rapport sur les positions japonaises.
chindits
La 28ème armée japonaise et ses éléphants.
Cette armée a été spécialement créée par l'État-major japonais pour évoluer sur le théâtre birman. Elle a notamment participé à la défense de la province d'Arakan en 1944. Cette armée sera pratiquement décimée en juillet 1945.
route burma
La reprise par les Alliés de la « route Burma » entre octobre 1944 et janvier 1945.

Manquant d'approvisionnement et épuisés, les Japonais sont obligés de battre en retraite à la fin de l'année 1944 devant les offensives alliées qui se succèdent, et de se réorganiser sur des positions défensives au Sud de la Birmanie. Les Japonais finissent par abandonner l'île d'Akyab le 31 décembre 1944. Les Japonais doivent aussi faire face désormais à l'hostilité de la population birmane qui sait que le cours de la guerre est maintenant renversé (l'armée nationale birmane a aussi changé de camp entre-temps). Les Alliés parviendront à s'emparer de Rangoon et de son port le 1 mai 1945, un jour avant le début de la saison des pluies. La fin de la campagne se terminera pour les Japonais par le désastre de la bataille de Sittang Bend où 14 000 soldats seront tués après une tentative - dont les Alliés connaissaient les plans - pour traverser la rivière Sittang.

bombardement asie
Cibles des bombardiers étasuniens B-29 basés en Inde en 1944 et 1945.
bombardement rangoon
Bombardement allié de Rangoon par des B-29 le 22 mars 1945.
campagne alliee birmanie
Carte de la campagne alliée entre avril et mai 1945.
gurkhas
Parachutistes gurkhas vérifiant leur équipement avant leur opération aéroportée au « point éléphant » sur la ville de Rangoon le 1 mai 1945 afin de neutraliser des batteries côtières japonaises.
propagande rosbeef
Affiche de propagande britannique
spitfire
Un Spitfire britannique Mark VII en train d'être approvisionné durant la bataille de Sittang et en pleine saison des pluies.
parachutistes japonais
Soldat allié en 1945 dans une rue de Rangoon (Birmanie) remplies de billets japonais émis durant l'occupation.
Si tôt les pays occupés, les Japonais s'emparaient des réserves d'or et confisquaient les pièces de monnaies, puis émettaient des billets en quantité illimitée (surnommés « monnaie Mickey Mouse » par les Philippins ou « monnaie banana » à Bornéo), entraînant dépréciation monétaire et hyperinflation, ne bénéficiant uniquement à l'industrie japonaise et à son économie de guerre. Les Alliés émettront pendant la guerre leurs propres billets à destination des pays sous occupation, afin de tenter de déstabiliser l'économie japonaise en Asie.
monnaie banana
Billets « banana » de l'île de Bornéo.
Ces billets de substitution (大東亜戦争軍票, « Dai Tō-A Sensō gunpyō », « billets militaires de guerre de l'Asie orientale du Sud ») ne seront évidement plus valables après 1945.
monnaie philippines
Billet japonais aux Philippines
monnaie malaisie
Billet japonais en Malaisie
yen militaire
Yen militaire utilisé par les troupes d'occupation japonaises.
Le yen militaire n'était pas échangeable contre un yen classique ni contre de l'or, le yen militaire japonais se substituait également aux monnaies locales dans certains territoires occupés par les Japonais.
prisonniers japonais
Soldats japonais faits prisonniers par les Britanniques.
gurkhas prisonniers japonais
Soldat gurkha gardant des prisonniers japonais en septembre 1945 avant leur acheminement vers un camp de prisonniers.

b/ La campagne des îles Salomon (janvier 1942 - août 1945)

- Cette campagne est traitée jusqu'en 1945 -

campagne salomon
Campagne des îles Salomon (janvier 1942 - août 1945).

Parvenus à envahir les territoires souhaités après l'attaque sur Pearl Harbor, les Japonais souhaitent désormais conduire une nouvelle vague d'assaut dans le Sud du Pacifique avec comme objectif de conforter leurs positions, d'établir un périmètre de sécurité, et de contrecarrer la liaison maritime entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande d'une part et les États-Unis de l'autre. Les Japonais envahissent donc les territoires australiens (sous contrôle britannique) de Nouvelle-Guinée et des îles Salomon durant les six premiers mois de l'année 1942. En avril, les Japonais construisent des aérodromes sur les îles de Buka et de Bougainville

empire britannique
L'empire britannique avant la Deuxième Guerre mondiale.
salomon
Carte de la Nouvelle-Guinée (Ouest), des îles Salomon (Est) et de l'avance alliée en 1943.
moresby
Officiers australiens en garnison au port de Moresby en Nouvelle-Guinée.
Ce port guinéen sous mandat australien était l'un des objectifs de l'opération japonaise « Mo ». Cette opération consistait dans la prise de la Nouvelle-Guinée et de quelques îles afin de sécuriser les prises essentielles des ports de Moresby et de Tulagi pour la suite des opérations dans la région.
nishizawa hiroyoshi
L'as de l'aviation japonaise Nishizawa Hiroyoshi (1920-1944) survole les îles Salomon en 1943 aux commandes de son « zéro » Mitsubishi A6M3.
nishizawa hiroyoshi
Nishizawa Hiroyoshi (1920-1944) surnommé « le diable de Rabaul », il comptera 58 victoires à son actif.

Mis en danger par les prises des ports et la construction d'aérodromes par les Japonais, les alliés ripostent en décidant de débarquer sur l'île de Guadalcanal afin de défendre leurs voies de communication et de ravitaillement. C'est le début d'une campagne militaire très dure où les combats maritimes et aériens dans la zone Pacifique vont être intenses, et où les combats terrestres vont durer jusqu'à la fin de la Deuxième Guerre mondiale - avec une défense forcenée et jusqu'au-boutiste des îles par les Japonais. Les Alliés vont s'emparer des îles qu'ils estiment essentielles et contourner le reste des positions japonaises.

tokyo cactus express
Stratégie du « saut de puce » (« Leapfrogging ») employée par les Alliés contre le Japon à partir de 1943, cette stratégie a l'avantage de prendre par surprise les défenseurs japonais et de neutraliser toutes les garnisons japonaises environnantes en les contournant afin de se concentrer sur les îles stratégiques à conquérir (avec comme objectifs principaux les îles de Tulagi, de Nouvelle-Guinée et des Philippines) dans le Pacifique. Depuis la guerre entre l'Espagne et les États-Unis de 1898, les Américains avaient de nombreux intérêts à défendre dans le Pacifique - dont les Philippines et Hawaï - et voyaient déjà le Japon comme une possible menace. Le commandement américain avait déjà commandé des plans de conquête territoriale du Japon depuis plusieurs décennies (« War Plan Orange » puis « Rainbow 5 »). La supériorité aérienne alliée et la guerre sous-marine vont être les deux fers de lance de cette stratégie.
tokyo cactus express
Face à la supériorité aérienne alliée qui se met en place à partir du milieu de l'année 1942, la marine impériale japonaise va mettre en place un convoyage nocturne d'hommes et de matériel afin d'approvisionner les positions japonaises en Nouvelle-Guinée et dans les îles Salomon. Cette route sera appelée « Tokyo Express » ou « Cactus Express » (nom de code allié pour Guadalcanal) par les Alliés.
nouvelle georgie
Soldat étasunien du 25ème d'infanterie durant la campagne de Nouvelle-Géorgie (20 juin - 7 octobre 1943).
moresby rabaul tulagi
Carte des îles Salomon et de la Nouvelle-Géorgie (avec Moresby en Nouvelle-Guinée au Sud-Ouest, Rabaul en Nouvelle-Bretagne au Nord, et Tulagi au Sud-Est).
kula helena saint louis
Les navires étasuniens USS « Helena » et USS « Saint Louis » en action durant la bataille du golfe de Kula le 6 juillet 1943.
jintsu nicholas
Deux marins japonais du croiseur léger « Jintsū » secourus par l'USS « Nicholas » après la bataille de Kolombangara le 13 juillet 1943. La marine étasunienne perfectionnera ses techniques de combat naval, en ouvrant par exemple le feu uniquement après que ses torpilles déjà lancées aient touché au but les navires japonais.
hagikaze kawakaze arashi
Le destroyer (駆逐艦, « Kuchikukan ») japonais « Hagikaze » coulé le 7 août 1943 lors de la bataille du golfe de Vella. Les destroyers japonais « Arashi » et « Kawakaze » seront aussi coulés.


≈ La campagne de Guadalcanal (7 août 1942 - 9 février 1943)
offensives us pacifique
Offensives étasuniennes dans l'océan Pacifique et île de Gudalcanal (bleu).

La campagne de Guadalcanal est la première offensive alliée d'envergure dans le Pacifique. Les Japonais construisent un aérodrome sur Guadalcanal (« Lunga Point ») afin de perturber les liaisons maritimes entre les États-Unis et l'Australie et en prévision des invasions des îles Fidji, de Samoa et de Nouvelle-Calédonie. La reconquête alliée de Guadalcanal est la première étape menant à Rabaul, aux Philippines puis à l'archipel nippon. Les victoires stratégiques des batailles de Corail (mai 1942) et de Midway (juin 1942) permettent aux Alliés de reprendre la main et de passer à l'offensive.

salomon
Les îles Salomon
guadalcanal
Batailles de Guadalcanal
marines us
Emblème du corps des Marines étasuniens.

15 000 Marines américains débarquent le 7 août 1942 sur les îles de Guadalcanal (11 000), Tulagi et Florida, occupées depuis mai 1942 par les Japonais. La conquête de Tulagi, bénéficiant d'un excellent port naturel, permettra aux Alliés d'installer une importante base navale et de ravitaillement pour la suite des opérations dans le Pacifique.

marines us guadalcanal
Marines étasuniens sur les plages de Guadalcanal le 7 août 1942.
Les combats les plus durs se dérouleront cependant sur les îles de Tulagi et de Gavutu. Les garnisons japonaises d'un total de 800 hommes seront décimées en luttant pratiquement jusqu'au dernier homme.
kure tulagi
Officiers et sous-officiers japonais du 3ème corp spécial d'infanterie de marine de Kure en garnison à Tulagi. Tous seront tués durant la bataille de Tulagi-Gavutu.
mikawa guadalcanal
Trajet de la flotte de soutien envoyée par l'amiral japonais Mikawa Gunichi partie de Rabaul et Kavieng en direction de Guadalcanal.
3 croiseurs lourds étasuniens seront coulés durant la bataille de l'île de Savo (第一次ソロモン海戦, « Dai-ichi-ji Soromon Kaisen ») les 8 et 9 août 1943. Malgré ce succès tactique japonais, l'amiral japonais n'a pas poursuivi l'attaque suffisamment longtemps et a laisé les Alliés s'emparer et se renforcer grâce à leurs navires de transport à Guadalcanal. Les Japonais mèneront d'autres attaques par la suite sur l'île de Guadalcanal mais auront cette fois en face d'eux des Alliés bien retranchés et préparés.
mikawa guadalcanal
Inconscients du nombre de Marines présents à Guadalcanal, les 900 soldats japonais du colonel Ichiki Kiyonao attaquent pour tenter de reprendre les positions étasuniennes à 1 contre 10 le 21 août 1942 durant la bataille de Tenaru. Cette avant-garde japonaise sera pratiquement décimée (128 survivants sur 917 hommes).
uss enterprise salomon
L'USS « Enterprise » est attaqué durant la bataille des Salomon orientales (« Operation Ka », カ号作戦) le 24 août 1942.
henderson guadalcanal
L'aérodrome Henderson à guadalcanal le 7 août 1942.
D'août à décembre 1942, l'aérodrome en construction par les Japonais puis capturé par les Étasuniens, sera l'objet de bombardements aériens par les Japonais. La marine impériale japonais a également attaqué l'aérodrome durant la nuit du 13 au 14 octobre 1942. L'ensemble des forces aériennes alliées à Guadalcanal seront désignées comme la « Cactus Air Force ». L'aérodrome allié, malgré les bombardements japonais, servira de base aérienne durant toute la campagne de Guadalcanal.
tainan
Pilotes japonais du groupe « Tainan » (台南海軍航空隊, « Tainan Kaigun Kōkūtai »), le meilleur groupe de chasse de l'aviation japonaise et comprenant plusieurs as (Nishizawa Hiroyoshi, Sakai Saburō, Sasai Junichi, Handa Watari, Shimakawa Masaaki, Ōta Toshio). Les attaques aériennes japonaises étant menées depuis la base de Rabaul à plusieurs centaines de kilomètres de distance, les Japonais ne parviendront pas à contester la supériorité aérienne alliée.
tainan
Sous-marin japonais de type I-400 (le plus grand de la Deuxième Guerre mondiale) pouvant embarquer trois hydravions.
guadalcanal aoba
Soldats japonais du régiment « Aoba » sur l'île de Guadalcanal en septembre 1942, ils ne combattront pas lors de la bataille de la crête d'Edson entre le 12 et 14 septembre 1942 où 830 Japonais trouveront la mort après avoir failli l'emporter.
Des soldats japonais seront acheminés de nuit à Guadalcanal pendant de nombreux mois en utilisant la « Tokyo Express » (à laquelle répondra la « Cactus Air Force » alliée). L'incapacité pour les Japonais de transporter notamment de l'artillerie lourde les empêchera de reprendre l'île. Ce point de fixation allié va user les Japonais qui vont perdre de plus en plus d'hommes et de matériel pour des résultats de moins en moins significatifs. De leur côté les Marines reçoivent en renfort 4 000 hommes le 18 septembre 1942.
wasp
Le porte-avions étasunien « Wasp » touché le 15 septembre 1942 par une torpille lancée par le sous-marin japonais « I-19 ». Il coulera plus tard dans la journée.
matanikau
Patrouilles de Marines étasuniens franchissant la rivière Matanikau en septembre 1942 (des engagements contre les Japonais - au cours desquels 700 Japonais mourront - auront lieu près de la rivière en septembre et octobre 1942, notamment près du village de Kokumbona où se sont établis les Japonais en prévision d'attaques futures sur l'aérodrome rebaptisé « Henderson Field » et le bastion fortifié des Marines américains du « périmètre Lunga »).
haruna
Le cuirassé (戦艦, « Senkan ») japonais « Haruna » dépêché de la base de Truk par l'amirauté japonaise à Guadalcanal afin de protéger les convois en préparation de l'attaque sur l'aérodrome « Henderson Field » prévue le 23 octobre 1942. Après une attaque surprise sur l'aérodrome le 14 octobre 1942, le cuirassé regagnera Truk, seuls les porte-avions japonais seront engagés pour soutenir l'offensive terrestre sur Guadalcanal.
maya
Le croiseur lourd japonais « Maya » participera à l'opération « Ka » durant la bataille de Guadalcanal.
aoba
Le croiseur japonais « Aoba » après la bataille du cap Espérance les 11 et 12 octobre 1942.
oyodo
Le croiseur léger japonais « Ōyodo ».
henderson field
Carte de la bataille de Henderson Field ayant eu lieu entre le 23 et le 26 octobre 1942.
Estimant qu'une attaque sur la côte serait trop difficile, l'État-major japonais décide d'attaquer principalement par le sud depuis la jungle. 20 000 soldats japonais sont engagés dans cette bataille qui se soldera finalement par un échec (2 000 Japonais seront tués pour 80 Marines).
dauntless
Avion de reconnaissance et bombardier étasunien Douglas SBD Dauntless.
shokaku santa cruz
Avions japonais sur le porte-avions « Shōkaku » le matin du 26 octobre 1942.
hornet santa cruz
Le porte-avions USS « Hornet » est touché et immobilisé par une torpille japonaise le 26 octobre 1942 lors de la bataille des îles Santa Cruz (25-27 octobre 1942) au large de l'aérodrome de Guadalcanal, le navire sera finalement coulé dans la journée.
Cette bataille cruciale entre porte-avions tourne tactiquement à l'avantage des Japonais, mais les navires japonais endommagés devront être réparés et manqueront dans les prochaines semaines décisives de la campagne de Guadalcanal - sans compter les lourdes pertes de l'aviation (2/3 des aviateurs expérimentés ayant participé à l'attaque sur Pearl Harbor ont été tués durant la bataille de Santa Cruz) et du personnel sur les porte-avions japonais (pratiquement irremplaçable dû au manque de formation dans l'archipel nippon). À long terme et face à l'industrie étasunienne poussée à plein régime, le désavantage stratégique contre les États-Unis ne va aller qu'en s'accentuant
ratio production industrielle
Ratio entre la production industrielle des Alliés et celle de l'Axe entre 1938 et 1945 (à titre d'exemple, les États-Unis produisirent 10 000 avions en 1943 alors que les Japonais en fabriquèrent 70 000 durant toute la guerre, les États-Unis disposent également de 100 porte-avions à la fin de la guerre alors que le Japon n'en fabriqua que 25 durant l'ensemble du conflit).
marines matanikau
Suite à la victoire de la bataille d'Henderson Field, les marines reprennent l'offensive en novembre 1942 en traversant la rivière Matanikau afin de capturer le village de Kokumbona où se situe le quartier général de la 17ème armée japonaise. Les Étasuniens avanceront tout près du village mais rebrousseront chemin ayant eu connaissance de l'arrivée imminente d'importants renforts japonais.
b-17
Bombardier lourd étasunien Boeing B-17 « Flying Fortress ».
bataille navale guadalcanal
Le croiseur lourd japonais « Takao » et le cuirassé « Kirishima » photographiés depuis le croiseur lourd « Atago ».
Ces navires partis de Truk participeront à la bataille navale décisive de Guadalcanal (第三次ソロモン海戦, Dai-san-ji Soromon Kaisen, 12-15 novembre 1942) - nouvelle tentative pour acheminer 7 000 soldats japonais de la base de Rabaul afin de s'emparer de l'aérodrome de Guadalcanal - et qui soldera par une défaite japonaise et la destruction de deux cuirassés, 1 croiseur lourd, 3 destroyers et 11 navires de transport. Les Américains perdront 2 croiseurs et 7 destroyers et deux amiraux étasuniens perdront la vie durant l'un des deux engagements de la guerre du Pacifique opposant directement des cuirassés.
atago
Le croiseur lourd japonais « Atago » en 1939.
kinugasa
Le croiseur lourd japonais « Kinugasa » (il sera coulé le 14 novembre 1942).
nakajima ki43
Chasseur japonais Nakajima « Ki-43 »
nakajima ki44
Chasseur japonais Nakajima « Ki-44 »
De meilleur facture que son prédécesseur le « Ki-43 », ce chasseur construit à partir de 1942 pouvait rivaliser avec les appareils alliés. Le manque de programme japonais pour la formation de pilotes ne permettra pas d'exploiter efficacement les qualités de l'avion.
ki48
Bombardier japonais Kawasaki « Ki-48 »
bataille navale guadalcanal
Un sous-marin miniature (de plus en plus en plus utilisé afin d'éviter les bombardements aériens alliés, pour ravitailler de nuit les troupes japonaises dans une situation désespérée sur l'île de Guadalcanal) et un navire de transport japonais échoués sur l'île de Guadalcanal après la bataille.
Il s'agit du dernier effort conséquent japonais pour reprendre l'île de Guadalcanal aux Alliés. Les Japonais évacueront leurs forces de Guadalcanal (à la demande de la marine et avec l'accord de l'Empereur mais contre l'avis de l'armée) avec l'opération « Ke » (ケ号作戦, « Ke-gō Sakusen ») début 1943 et délimiteront un nouveau périmètre de défense en Nouvelle-Géorgie.
sous marin equipage
Équipage d'un sous-marin miniature
mineapolis tassafaronga
L'USS « Mineapolis » à Tulagi endommagé par une torpille japonaise durant la bataille de Tassafaronga le 30 novembre 1942.
torpille 93
Torpille japonaise de type 93 (九三式魚雷) pouvant transporter une charge explosive de 500 kg.
La meilleure torpille au début de la Deuxième Guerre mondiale, elle utilisait de l'oxygène à la place de l'air comprimé et n'utilisait pas d'azote, amoindrissant ainsi la visibilité de son sillage).
torpille 95
Torpille japonaise de type 95, sur le modèle de la torpille type 93.
Les torpilles japonaises avaient une autonomie trois fois supérieures aux torpilles utilisées par les Alliés.
chicago glou glou
L'USS « Chicago » coulé le 30 janvier 1943 lors de la bataille de l'île Rennell pendant le succès japonais de l'opération « Ke » (14 janvier - 7 février 1943) et l'évacuation des 20 000 troupes japonaises de Guadalcanal (sur 36 000 envoyées sur l'île) dont 12 000 seulement en capacité de se battre. L'état physique de beaucoup de Japonais évacués était particulièrement dégradé (600 d'entre eux mourront peu après l'évacuation avant même d'avoir atteint Rabaul).
m116
Obusier étasunien Howitzer M116 de 75 mm.
m101A1
Obusier étasunien Howitzer M101A1 de 105 mm.
M114
Obusier étasunien Howitzer M114 de 155 mm.

La campagne de Guadalcanal aura coûté la vie à 19 000 Japonais (dont 8 500 morts au combat) et à 7 000 Étasuniens. Guadalcanal et Tulagi serviront de bases alliées pour la campagne des îles Salomon. Les Japonais seront constamment sur la défensive après la campagne de Guadalcanal et ce sont dorénavant les Alliés qui auront l'initiative jusqu'à la capitulation japonaise en 1945.



shigure Samidare
Les destroyers japonais « Shigure » et « Samidare » peu avant leur engagement victorieux lors de la bataille de Vella Lavella du 6 octobre 1943 et l'évacuation de la garnison de 600 hommes de l'île de Vella Lavella. Cette bataille marque la fin de la campagne des Salomon, les Alliés auront perdu 6 navires, les Japonais, 17.
moresby rabaul tulagi
Carte des îles Salomon et de la Nouvelle-Géorgie (avec Moresby en Nouvelle-Guinée au Sud-Ouest, Rabaul en Nouvelle-Bretagne au Nord, et Tulagi au Sud-Est).
haguro
Le croiseur lourd japonais « Haguro » subissant le feu de l'aviation alliée le 2 novembre 1943 durant le bombardement du port stratégique de Rabaul (2-11 novembre 1943) sur l’île de Nouvelle-Bretagne en Nouvelle-Guinée. Le succès allié sera total avec 6 croiseurs lourds japonais gravement endommagés. Le croiseur « Haguro » sera plus tard coulé lors de la bataille du détroit de Malacca le 15 mai 1945.
chikuma
Le croiseur japonais « Chikuma » subissant le feu de l'aviation alliée le 5 novembre 1943 durant le bombardement du port stratégique de Rabaul (2-11 novembre 1943) sur l’île de Nouvelle-Bretagne en Nouvelle-Guinée. Le succès allié sera total avec 6 croiseurs lourds japonais endommagés dont 4 gravement. Capturé en février 1942 par les Japonais, ce port en eaux profondes disposant aussi de 6 aérodromes était une pièce essentielle du dispositif japonais. La capture des îles environnants Rabaul par les Alliés et leur maîtrise des airs permettent de neutraliser Rabaul (« Operation Cartwheel »), place forte japonaise encore très bien protégée et défendue par 110 000 soldats. L'aviation japonaise perdra encore des dizaines d'appareils les mois suivants et subira de lourdes pertes dans une tentative pour se replier vers les îles Truk. La base de Rabaul sera régulièrement bombardée mais ne rendra les armes qu'en août 1945 avec la capitulation du Japon.
p38
Chasseur étasunien Lockheed P-38 Lightning.
b24
Bombardier moyen étasunien Consolidated B-24 Liberator.
baie augusta
Durant la bataille de la baie d'Augusta.
conference quebec libre
Le Premier ministre canadien King, le président étasunien Roosevelt et le Premier ministre britannique Churchill à la conférence de Québec le 18 août 1943 (de gauche à droite).
C'est lors de cette conférence inter-alliée qu'a été décidé de contourner la place japonaise lourdement fortifiée de Rabaul. La grande stratégie alliée imposant d'ailleurs de simplement neutraliser les armées japonaises afin se concentrer d'abord sur le front européen et la défaite de l'Allemagne.
charles ausburne
Le navire étasunien USS « Charles Ausburne » qui participera à la bataille du cap Saint Georges le 25 novembre 1943 durant laquelle trois destroyers japonais seront coulés. L'utilisation de radars (radar SG notamment) de plus en plus élaborés deviendra déterminante dans la nouvelle maîtrise des mers (en surface mais aussi sous-marine avec le sonar) et des airs par les Alliés.
charles ausburne
Sonar embarqué sur le navire britannique HMS Anthony.
L'utilisation du sonar sera surtout effectuée par les Alliés durant la bataille de l’Atlantique contre les sous-marins allemands.

c/ La campagne de Nouvelle-Guinée (janvier 1942 - août 1945)

- Cette campagne est traitée jusqu'en 1945 -

nouvelle guinee
campagne de Nouvelle-Guinée (janvier 1942 - août 1945).

Se déroulant en même temps que la campagne des îles Salomon, la campagne de Nouvelle-Guinée a d'abord comme objectif d'empêcher les japonais de s'emparer du port de Moresby, puis de s'emparer entièrement de l’île de Papouasie Nouvelle-Guinée (mandat australien de Papouasie au Sud-Est le 23 janvier, Nouvelle-Guinée le 8 mars au Nord-Est de l'île sous mandat britannique depuis 1918, Ouest de l’île de Nouvelle-Guinée appartenant aux Indes néerlandaises à partir du 30 mars 1942) avant ensuite de reprendre les Philippines (comme l'a promis le commandant en chef des troupes alliées le général MacArthur). 130 000 soldats japonais sous blocus allié trouveront la mort, essentiellement à cause de malnutrition et de maladie.

nouvelle guinee
Île de Nouvelle Guinée (à l'Ouest), archipel Bismarck (au Nord) et partie Nord des îles Salomon (à l'Est).
nouvelle guinee moresby
Extension maximale de l'empire japonais en 1943 (l'île de Papouasie Nouvelle-Guinée ne sera jamais totalement conquise par les Japonais, le port stratégique de Moresby demeurera également une poche alliée inoccupée par les forces japonaises durant toute la guerre).
nouvelle guinee
Drapeau du territoire sous mandat australien de Nouvelle-Guinée (1918-1975, Nord-Est de l’île de Nouvelle-Guinée et archipel Bismarck).
nouvelle guinee papouasie
Drapeau du territoire australien de Papouasie (1883-1975, Sud-Est de l’île de Nouvelle-Guinée).
truk rabaul
Flotte japonaise basée à Truk (îles Caroline) et s'apprêtant à participer à l'invasion de Rabaul en janvier 1942 sur l'île de Nouvelle-Bretagne. La petite garnison australienne se rendra quelques semaines plus tard après s'être échappée de la base vers l'intérieur de l'île. Rabaul dispose d'une rade naturelle propice à l'accueil d'une flotte de guerre, les Japonais construiront plusieurs aérodromes, faisant de Rabaul leur plus importante place forte militaire dans la région.
truk lae salamaua
Douglas TBD-1 Devastator du porte-avions USS « Yorktown » se préparant à attaquer les Japonais partie à l'assaut de Lae-Salamaua en Nouvelle-Guinée en mars 1942. 3 navires de transport japonais seront détruits. Côté japonais, la surprise sera de mise, les Japonais ne pensant pas que les Étasuniens engageraient des porte-avions dans la région. Les Japonais seront contraints eux-aussi d'utiliser leurs porte-avions, ce qui aura des conséquences stratégiques directes lors de la bataille de la mer de Corail - et surtout plus tard, lors de la bataille de Midway -.
lae salamaua
Le croiseur lourd japonais « Furutaka » qui a notamment participé à la conquête de Lae-Salamaua, base avancée nécessaire aux Japonais avant de tenter de s'emparer de port Moresby et d'établir un périmètre de sécurité autour de leur empire et des ressources exploitées.


≈ La bataille de la mer de Corail (4-8 mai 1942)
conquetes japon pacifique corail
Carte du Pacifique, conquêtes japonaises en 1942 et bataille de la mer de Corail.

La marine de guerre impériale envoie deux porte-avions afin d'assurer la maîtrise des airs durant la prise de Moresby, essentiel pour menacer directement les intérêts alliés dans la région. L'objectif de la marine du Japon étant d'essayer par la suite d'annihiler définitivement la flotte étasunienne lors d'une bataille décisive dans le Pacifique. Afin donc de mener à bien la prise du port stratégique de Moresby dans le Pacifique Sud, une flotte de 60 navires est dépêchée sur place par l'amirauté nippone - dont les deux porte-avions « Shōkaku » et « Zuikaku », le porte-avions léger « Shōhō », 9 croiseurs et 15 destroyers - (cette force d'invasion comprend aussi 250 avions).

front pacifique sud
Avancée japonaise dans le Pacifique Sud et plan d'invasion de l'opération « FS » devant se dérouler en juillet 1942 (Fidji, Samoa et Nouvelle-Calédonie). La bataille de la mer de Corail ajournera l'opération, la bataille de Midway la suspendra définitivement.
mer corail
La mer de Corail
corail bataille
Bataille de la mer de Corail.
L'objectif était d'isoler l'Australie et la Nouvelle-Zélande des États-Unis d'Amérique.
corail bataille
Bataille de la mer de Corail.

Les codes de cryptographie japonais ayant été brisés, l'effet de surprise ne joue plus comme à Pearl Harbor, et les Étasuniens envoient deux porte-avions sur zone : l'USS « Lexington » et l'USS « Yorktown ». Il s'agit de la première confrontation de l'histoire entre porte-avions ennemis. Les Japonais s'emparent de Tulagi sur les îles Salomon mais subissent une attaque aérienne étasunienne et perdent une partie de leurs navires de soutien. Les deux flottes envoient ensuite des avions de reconnaissance pour se localiser mais seul le « Shōhō » japonais est identifié et coulé par les Américains le 7 mai 1942. De leur côté, les Japonais coulent un destroyer étasunien.

tulagi
Le port de Tulagi (au Sud-Est de la carte).
tulagi
Le port de Tulagi sur l'île Floride (îles Salomon), au nord de l'île de Guadalcanal.
F4F wildcat
Chasseur étasunien F4F Wildcat
Ce chasseur étasunien était moins manœuvrable que le zéro japonais. La tactique alliée employée était d'éviter à tout prix le combat (le chasseur tirait au but puis s'enfuyait afin de se regrouper, avant d'entamer ensuite une nouvelle attaque). Les « Flying Tigers » ont les premiers expérimenté cette tactique contre les chasseurs japonais en Chine. Les pilotes japonais les traitaient de couards mais les Américains s'en amusaient et en ont même fait une chanson.
F6F hellcat
Chasseur étasunien F6F Hellcat.
Surnommé « le grand frère du wildcat » et mis en service en 1943, il s'agit du premier avion étasunien parvenant à concurrencer le zéro japonais. Les Américains ont lancé de nombreux projets d'études militaires bien avant Pearl Harbor, puisque le risque de guerre contre l'Allemagne et le Japon couvait déjà depuis de nombreuses années, que des commandes étaient passées par les Alliés, et que les États-Unis étaient déjà en situation de guerre larvée contre le Japon depuis 1937 (Claire Lee Chennault et les « Flying Tigers »).
shoho
Le porte-avions japonais « Shōhō » est touché le 7 mai 1942.
neosho
Le ravitailleur USS « Neosho » en feu.

Le 8 mai, les deux flottes se sont identifiées et envoient chacune des escadrilles sur la marine ennemie. 70 avions japonais s'envolent et réussissent à couler l'USS « Lexington » et à endommager l'USS « Yorktown » (qui sera réparé et qui participera cependant à la future bataille de Midway). Côté japonais, le « Shōkaku » et le « Zuikaku » sont touchés et le plan d'invasion du port de Moresby ne peut plus être d'actualité. En dépit d'une victoire tactique japonaise, les conséquences de la bataille seront désastreuses pour les Japonais puisque Moresby reste aux mains des Alliés et que les trois porte-avions japonais engagés ne pourront pas être utilisés quelques semaines plus tard lors de la bataille décisive de Midway.

nouvelle guinee moresby
Le port de Moresby en Nouvelle Guinée.
ki67
Bombardier japonais Mitsubishi « Ki-67 » construit à 700 exemplaires.
shokaku
Le porte-avions « Shōkaku » le 8 mai 1942.
B5N
Bombardier-torpilleur Nakajima « B5N » construit à 1 150 exemplaires.
lexington steele
Le porte-avions USS « Lexington » le 8 mai 1942.
caricature japonaise
Caricature japonaise de propagande après la bataille de la mer de Corail.


nouvelle guinee
« Marche Kokoda » entre Gao et Moresby (juillet - novembre 1942) depuis les villes de Gona et Buna et en direction de Moresby à travers les monts du « Owen Stanley Range » sur l'île de Nouvelle-Guinée, puis retraite japonaise à partir de septembre 1942 - alors qu'elles n'étaient plus qu'à 32 km de Moresby - suite au manque de ravitaillement, à la défaite de Mine Bay en Nouvelle-Guinée et à l'enlisement des troupes japonaises à Guadalcanal.
kokoda marche
Avancée japonaise le long de la « marche Kokoda » (juillet-novembre 1942).
kokoda marche
Contre-attaque des Australiens (rouge).
kokoda marche prisonnier
Soldat japonais capturé par les Australiens à Menari lors de la retraite japonaise de la marche « Kokoda ».
troupes marine buna gona
Troupes de marine japonaises (海軍特別陸戦隊, « Kaigun Tokubetsu Rikusentai ») utilisant des mortiers de 97 durant l'invasion japonaise de Buna-Gona (21-27 juillet 1942).
Les Anglo-saxons livreront là la plus dure bataille de la campagne et seront impressionnés par la résistance et la combativité fanatique des forces japonaises pourtant privées de ravitaillement. Les officiers japonais (mêmes les plus hauts gradés) combattaient « à la grecque » et étaient souvent les premiers à mener la charge sabre au clair - parfois portant eux-mêmes les couleurs du régiment -, ou à la baïonnette pour les soldats, voire à la grenade en cas de manque de munitions (la situation se produira surtout à mesure que les Alliés se rapprocheront de l'archipel du Japon). Cet état d'esprit des Japonais peut en parti expliquer le peu de cas que les Japonais faisaient de leurs prisonniers capturés, parfois sommairement exécutés sur place.
ayatosan maru
Navire de transport japonais « Ayatosan Maru » coulé le 22 juillet 1942 par les Alliés lors de l'attaque sur les villages de Buna et Gona.
gona kokoda
Photo prise de Gona - point de départ de la route kokoda - prise le 29 septembre 1942 par un avion de reconnaissance allié. La marche Kokoda a été planifiée suite au revers japonais de la bataille de la mer de Corail et la supériorité aérienne manifeste des Alliés.
cargo moresby
Cargo allié déchargeant sa cargaison le long d'une jetée du port de Moresby en août 1942.
barge milne
Barge de débarquement japonaise utilisée lors de la bataille de la baie Milne (août-septembre 1942). Une erreur du renseignement japonais a fait que 2 000 Japonais ont débarqué sur une position tenue par 8 000 Australiens. Les Japonais ont failli l'emporter sur le terrain mais l'aviation a encore fait pencher la balance côté allié. Cette victoire alliée a redonné de l'espoir aux soldats et a mis fin à la prétendue invincibilité des soldats japonais sur le champ de bataille dans l'esprit des Alliés.
batterie milne
Batterie anti-aérienne australienne « Bofors » de 40 mm dans la baie Milne.
char 95
Char léger japonais de type 95 enlisé et abandonné sur la baie Milne.
beaufighter buna gona
Bristol Beaufighter Mk X allié utilisé durant la bataille de Buna-Gona (16 novembre 1942 - 22 janvier 1943).
B26
Martin B-26 Marauder étasunien utilisé durant la campagne de Nouvelle-Guinée.
buna gona
Situation de Buna et Gona dans la région.
Malgré les craintes des Australiens, une invasion du territoire australien n'a jamais été envisagé sérieusement par l'État-major japonais compte tenu des campagnes en cours sur le continent asiatique. L'objectif des Japonais était surtout de perturber le trafic maritime entre l'Australie et les États-Unis.
papous babtous yabon
Guerriers papous s'apprêtant à bouffer du babtou capturé dans la jungle.
(erreur d’interprétation, le stagiaire Samuel s'est mangé une baffe : il s'agit en fait de porteurs papous transportant des blessés étasuniens évacués du front lors de la bataille de Buna-Gona, 3 000 porteurs papous seront utilisés durant la bataille).
bismarck
Navire de transport japonais attaqué lors de la bataille de la mer de Bismarck (2-4 mars 1943). Le haut commandement décide en décembre 1942 de transférer 7 000 hommes de la base de Rabaul vers Lae en Nouvelle-Guinée. Le convoyage virera au désastre pour les Japonais dont les messages codés ont été encore interceptés et décodés. Utilisant de nouvelles techniques de bombardement à basse altitude (« Skip bombing » et « anti-shipping ») mais aussi des attaques depuis plusieurs directions à différentes altitudes, les Alliés coulent les 8 navires de transport et les 4 destroyers les accompagnant les 2 et 3 mars 1943 (1 200 soldats seulement rallieront Lae). La supériorité aérienne alliée sera telle à partir de juin 1942 que le haut commandement japonais se satisfera de perdre jusqu'à 50% des effectifs lors des opérations de ravitaillement ou de convoyage.
bismarck
Mouvements des navires japonais durant la bataille de Bismarck.
i go
Yamamoto Isoroku (à gauche) et Jinichi Kusaka (au milieu à droite) supervisant l'opération « I-Go » (い号作戦, « I-Go sakusen »).
En réponse au désastre de la mer de Bismarck, les Japonais tenteront de mener une série de contre-attaques durant cette l'opération mais sans réels succès significatifs. La meilleure qualité et le plus grand nombre d'appareils engagés font que le chasseur japonais zéro est désormais surclassé par les Alliés en combat aérien.
P39
Chasseur Bell P-39 Airacobra étasunien sur l'aérodrome Hamilton en Californie.
B24
Bombardier allié B-24 Liberator lors de la bataille de Salamaua–Lae (22 avril-16 septembre 1943) sur l'île de Nouvelle-Guinée.
sb2c
Bombardier en piqué Curtiss SB2C Helldiver produit pour la marine étasunienne.
usine B-29
Usine Ford de Willow Run produisant des B-29. Le B-29 est bien protégé, dispose d'une autonomie de 6 000 km et peut voler à 9 000 mètres d'altitude (hors de portée des chasseurs japonais). Les capacités destructrices du bombardier causeront des ravages sur les villes japonaises à la fin du conflit.
L’impressionnante production industrielle étasunienne, le soutien logistique massif, et l'innovation technologique poussée (la coopération entre le Royaume-Uni et les États-Unis sera très active et un transfert massif de technologies était même envisagé, sans compter les aides en matériel de guerre) auront des effets ravageurs sur les armées japonaises dès l'été 1942, soit seulement six mois après Pearl Harbor.
mgnetron
Magnétron à cavité magnétique, exemple de La coopération entre le Royaume-Uni et les États-Unis.
La « Mission Tizard » entre les deux pays travaillait sur le radar, le moteur à réaction, les explosifs de proximité ou encore la bombe nucléaire suite à la possibilité d'invasion des îles britanniques par Hitler à partir de 1940, sans compter les aides en matériel de guerre « Lend-Lease » dont les Britanniques bénéficieront à hauteur de 31 milliards de $ (soit pratiquement les 2/3 des aides totales accordées par les États-Unis pendant le conflit à des pays étrangers).
lae
Débarquement de troupes australiennes à Lae en septembre 1943 alors que le gros de la garnison japonaise s'est déjà repliée vers le Nord de l'île de Nouvelle-Guinée.
matilda
Char « Matilda » faisant feu sur une position japonaise dans la péninsule Huon.
La supériorité aérienne alliée permet - en plus des bombardements sur les positions japonaises - de convoyer vers le front des tanks et de l'artillerie lourde.
shaggy ridge
Soldats australiens occupant l'éperon rocheux « Shaggy Ridge » le 23 janvier 1944 après un intense bombardement aérien au préalable sur les positions japonaises.
operations nouvelle guinee
Principales opérations sur les îles de Nouvelle-Guinée et de Nouvelle-Bretagne entre janvier 1943 et janvier 1944. Les Alliés construiront deux aérodromes sur la côte Est de l'île et agrandiront le port de Nadzab pour mener à bien leurs opérations dans le Pacifique.
nouvelle bretagne
Disposition des forces japonaises en Nouvelle-Bretagne (archipel Bismarck) en novembre 1943.
Les Japonais se sont emparés de Rabaul afin d'empêcher les Alliés d'attaquer leur base de Truk en Micronésie (occupée depuis 1922 et la fin du mandat allemand sur les îles Caroline). Rabaul deviendra à son tour une très importante base navale disposant également de nombreux aérodromes aux alentours. Les 100 000 Japonais basés en Nouvelle-Bretagne seront soumis à un intense bombardement pendant les 30 derniers mois de la guerre et la ligne de ravitaillement sera inexistante. Les Alliés préféreront neutraliser Rabaul plutôt que d'engager une attaque au sol contre les positions fortifiées japonaises (« Operation Cartwheel »), tout en menant cependant des assauts amphibies à l'Ouest de l'île.
operation cartwheel
Opération Cartwheel entre juin 1943 et Avril 1944.
gloucester nouvelle bretagne
Soutien d'artillerie de l'USS « Phoenix » avant l'assaut amphibie dans le cap Gloucester en Nouvelle-Bretagne.
gloucester nouvelle bretagne
Marines étasuniens faisant face à une contre-attaque japonaise après avoir mené un assaut amphibie sur les rives du cap Gloucester sur l’île de Nouvelle-Bretagne lors de l'opération « Dexterity » (décembre 1943 - avril 1944).
arawe nouvelle bretagne
Soldats étasuniens débarquant à Arawe en Nouvelle-Bretagne.
papous in the hood
Soldats du 1er bataillon d'infanterie de Nouvelle-Guinée près de la baie Jacquinot en novembre 1944.
P40
Chasseur étasunien Curtiss P-40 Warhawk.
P47
Chasseur étasunien Republic P-47 Thunderbolt.
P51
Chasseur étasunien North American P-51 Mustang.
dock amiraute
Dock flottant n°4 construit en 1945 près des îles de l'amirauté.
Un gigantesque système d'approvisionnement en eau sera construit sur ces îles. Les îles serviront aussi de base navale et aérienne pour les Alliés. L'occupation des îles de l'amirauté en mai 1944 est un des derniers objectifs de l'opération « Cartwheel » permettant de neutraliser la base japonaise de Rabaul.
take ichi
Attaque par des sous-marins Alliés du convoi « Take Ichi » lors du transfert des 32ème et 35ème divisions japonaises de Chine vers les Philippines et la Nouvelle-Guinée entre le 17 avril et le 5 mai 1944. Les Japonais suspecteront une fuite accidentelle d'un officier japonais à Manille pour expliquer l'attaque alliée et ne modifieront toujours pas leurs codes pourtant décryptés par les Alliés. Le succès allié fera que l'État-major japonais réduira le périmètre exclusif de sécurité autour de l'archipel nippon à seulement 970 km.
jack
Sous-marin étasunien USS « Jack ».
hollandia
Barges de débarquement approchant de la baie de Tanahmerah (près de Hollandia).
hollandia
Aérodrome japonais d'Hollandia attaqué (Nord de l'île de Nouvelle-Guinée, côté hollandais - aujourd'hui Jayapura). Une importante base administrative et de logistique de 11 000 hommes sera attaqué par surprise avec succès par les Alliés en avril 1944.
aitape
Troupes alliées débarquant à Aitape.
P61
Northrop P-61 green airborne étasunien.
Cet appareil entré en service en 1944 était conçu pour voler pendant la nuit.
biak
Soldat étasunien sur la plage de Biak, une île stratégique dans la baie de Geelving dans le Nord-Ouest de l'île de Nouvelle-Guinée.
La garnison japonaise de 11 000 hommes a défendu l'île en utilisant une nouvelle tactique de combat : elle a ouvert le feu seulement après que les soldats ennemis soient très proches de leurs propres lignes, afin que ces derniers ne puissent pas utiliser avantageusement leur artillerie et leur aviation. Cette nouvelle méthode de combat oblige les soldats alliés à combattre pratiquement au corps à corps contre les Japonais. Pour donner de l'allant à ses hommes, le colonel Kuzume Naoyuki commandant la garnison fait brûler les couleurs régimentaire, signifiant à ses soldats qu'il s'agit de leur dernier combat. Il se fait ensuite seppuku pour montrer qu'il ne craint pas la mort.
biak
Opération alliée sur l'île de Biak dans les Indes néerlandaises (27 mai - 17 août 1944).
noemfoor
Parachutistes alliés durant la bataille de Noemfoor (2 juillet - 31 août 1944).
m4 noemfoor
Débarquement de chars M4 Sherman pendant la bataille de Noemfoor (Indes néerlandaises).
leonard siffleet
Le soldat des forces spéciales australiennes Leonard Siffleet est décapité par les Japonais à Aitape en 1943.
sniper driniumor
Soldat étasunien pointant son arme vers une cache de sniper durant la bataille de la rivière Driniumor près d'Aitape (10 juillet - 25 août 1944) dans les Indes néerlandaises.
sabang
Aérodrome japonais de Sabang dans les Indes néerlandaises bombardé par les Alliés le 19 avril 1944.
sabang
Soldats australiens débarquant sur l'île de Labuan (près de Bornéo) le 10 juin 1945 durant la campagne de Bornéo (1 mai - 15 août 1945).
nakajima ki61
Chasseur japonais Kawasaki « Ki-61 » inspiré des avions allemands Messerschmitt Bf 109 et Heinkel He 100.
morotai
Infanterie débarquant sur l'île de Morotai (57 000 alliés ont débarqué lors de l'assaut initial - à 100 contre 1 et avec un très important soutien naval et aérien). L'île occupe une position stratégique entre les Indes néerlandaises et les Philippines, prochain objectif des Alliés dans la région. Elle concentrera ensuite de nombreux aérodromes alliés et deviendra un centre logistique important.
morotai
Position de l'île de Morotai
morotai
Positions japonaises et mouvements alliés durant les premières semaines de bataille de Morotai (15 septembre - 4 octobre 1944).
morotai
Renforcements japonais entre septembre et novembre 1944 (ces troupes japonaises provenant de Halmahera ne parviendront pas à mener des attaques significatives, elles se réfugieront ensuite vers l'intérieur de l'île).
TBF1
Bombardiers de la marine étasunienne Grumman TBF-1 Avengers.
liberty ship
L'île de Morotai servira en autre par la suite à construire les fameux « Liberty ship » (cargos construits en très grand nombre pendant le conflit afin d'acheminer du matériel de guerre).
aitape wewak
Débarquement amphibie de la « Farida Force » lors de la campagne de Aitape–Wewak (novembre 1944 – août 1945).


≈ La bataille de Midway (4-7 juin 1942)
conquetes japon pacifique midway
Carte du Pacifique, conquêtes japonaises en 1942 et bataille de Midway.
midway pacifique
Bataille de Midway
propagande us
Affiche de propagande étasunienne dénonçant l'attaque japonaise à Pearl Harbor.

La bataille de Midway se déroule seulement un mois après la bataille de la mer de Corail, au cours de laquelle l'amirauté japonaise a dépêché 2 porte-avions pour aider l'armée japonaise à s'emparer de Moresby. Les Japonais souhaitent désormais porter un coup décisif à la flotte étasunienne du Pacifique - selon la doctrine « Kantai Kessen » (艦隊決戦, « bataille navale décisive ») - et obliger les États-Unis à négocier un traité de paix.

revue japon flotte
Revue navale de la flotte combinée japonaise.
À partir des années 1930, les théoriciens des marines de guerre prennent conscience de l'importance de l'aéronavale et de la prééminence nouvelle des porte-avions sur les cuirassés, les avions embarqués permettant d'infliger des dégâts considérables sur des distances très importantes (sans compter la guerre sous-marine alliée qui fragilise elle-aussi l'ancienne suprématie des cuirassés dans le combat naval, d'autant plus que les Japonais ne disposent pas d'aussi bons radars que les Alliés à partir de 1942). Le débat « gros canons » contre « maîtrise aérienne » a cependant lieu mais la destruction des porte-avions étasuniens devient une priorité pour l'amirauté japonaise.
yamato
La flotte impériale japonaise dans l'Océan indien en mars 1942 durant l'« Operation C » (de gauche à droite : les porte-avions « Akagi », « Sōryū », « Hiryū », et les croiseurs « Hiei », « Kirishima », « Haruna » et « Kongō ». Photographie prise depuis le croiseur « Zuikaku »). La flotte japonaise détruira les croiseurs lourds britanniques HMS « Dorsetshire » et HMS « Cornwall », deux destroyers et un porte-avions léger, dans cette opération de 10 jours visant à perturber les lignes de communication, voire à détruire la flotte britannique de l'Est dans l'Océan indien.
kirishima
Le cuirassé « Kongō » en 1927.
kirishima
Le croiseur « Kirishima » dans la baie de Tsukumo en 1937.
kirishima
Le cuirassé « Mutsu » avec sa pagode (rajoutée dans les années 1930) munie d'appareils de mesures et de contrôle de tir. Le cuirassé ne participera pas directement à la bataille de Midway et sombrera en 1943 suite à une explosion interne.
yamato
Le cuirassé « Yamato » (大和, « grande harmonie », le plus grand et plus puissant navire de guerre jamais construit) dans les docks de l'arsenal de Kure en 1941 (avec au premier plan une de ses 3 batteries triples de 460 mmm - les plus grandes jamais fabriquées - tirant des obus de 1,4 tonne à 42 km de distance).
La théorie de la bataille décisive du « Kantai Kessen » s'appuie sur les écrits de l'officier étasunien Alfred Thayer Mahan qui ont influencés les doctrines maritimes à la fin du 19ème siècle. Ces travaux prennent pour exemple l'enrichissement colonial britannique reposant sur sa flotte commerciale et sur sa flotte de guerre, la royal navy.
yamato musachi
Les cuirassés japonais « Yamato » et « Musachi » à Truk (les deux navires sont des « navires-jumeaux » de même conception et de classe yamato).
Le gigantisme des cuirassés a été poussé dans ses limites extrêmes avec ces deux navires (73 000 tonnes et 263 mètres de longueur) construits dans le plus grand secret en 1937, après donc le retrait du Japon de la ligue des nations en 1934, et la dénonciation du traité naval de Londres de 1936 par le Japon. Il s'agit aussi pour le Japon de tenter de compenser le désavantage numérique de la flotte impériale par rapport aux flottes alliées par des vaisseaux capable d'engager et de détruire plusieurs vaisseaux ennemis à la fois. Mais les Japonais savent que le temps joue contre eux en 1942 et qu'ils n'ont que quelques mois pour tenter d'asséner un coup fatal aux États-Unis (6 mois après l'attaque sur Pearl Harbor où aucun porte-avions étasunien n'était à quai).
musashi
Le cuirassé japonais « Musashi » configuration 1942.
musachi
Le cuirassé japonais « Yamato » configuration 1945.
musashi pont
Le pont du cuirassé « Musashi ».
Les trois tourelles triples étaient dirigées par un système de conduite de tir constitué de télé-pointeurs, de télémètres et de calculateurs très efficaces à l'époque (les Japonais sont passés ainsi maîtres dans le combat nocturne). Ils disposent de la meilleure torpille (type 93), et d'équipages bien entraînés au début du conflit contre les États-Unis. Les Alliés bénéficieront cependant de radars de plus en plus perfectionnés et auront le grand avantage d'avoir cassé les derniers codes japonais de cryptage de leurs communications dès 1941 (permettant aux Alliés de déchiffrer 20% des messages du dernier système de codage japonais - JN25 - établi en 1941, mais ce nombre restant encore insuffisant pour prévoir les prochaines attaques d'envergure compte tenu du faible trafic radio et du nombre de messages japonais envoyés. Le trafic augmentera fortement à partir de 1942 et l'expansion dans le Pacifique de l'empire du japon, ce qui aidera les Alliés à obtenir de plus en plus d'informations, les Japonais faisant en plus l'erreur de ne pas changer de système de cryptage avant 1944).
yamato dca
Les systèmes de codage japonais utilisaient une machine cipher « JADE » (nom de code donné par les Alliés, la machine cipher « CORAL » était aussi utilisée par les japonais). De nombreuses machines cipher étaient utilisées pendant la Deuxième Guerre mondiale, tant par l'Axe que par les Alliés (Enigma, T-52, Sigaba, Typex, M-209, etc.).
yamato dca
Batteries anti-aériennes du « Yamato » de 127 mm (24) et 25 mm (162), celles-ci ont remplacées les batteries secondaires sur les côtés du bâtiment, en pré-figuration de l'importance des flottes aériennes embarquées et de la nouvelle conception aéronavale qui prévaut désormais (ce modèle du Yamato est reproduit au musée Yamato de Kure inauguré en 2005).
yamato
Le chrysanthème impérial figurant à l'avant de la proue du cuirassé « Yamato ».
La région du Yamato regroupait l'une des premières capitales impériales du Japon, et par extension spécifiait aussi un des anciens noms du japon puisqu'il signifiait « origine du soleil » ou « Nihon » avant l'introduction des kanjis d'inspiration chinoise dans l'Archipel. La fin tragique du cuirassé « Yamato » et son suicide symbolique prévisible avant la bataille du golfe de Leyte en 1945 peut ainsi être interprété comme une métaphore de la fin de l'empire du Grand Japon et de son épopée coloniale.
mikasa
Chrysanthème impérial figurant à l'avant de la proue du cuirassé « Mikasa » mouillant à Yokosuka en 2010.
mikasa
Cuirassé « Mikasa » mouillant à Yokosuka en 2010.

Sans pouvoir remplacer les porte-avions absents pour cause de réparation suite la bataille de mer de Corail dans laquelle ils avaient été imprudemment engagés, les Japonais engagent des porte-avions qui sont sur la brèche depuis 1941 et qui ne disposent pas de leur flotte complète d'aéronefs embarqués (le programme japonais de renouvellement des équipe de maintenance est déficient et certains bombardiers ne sont même plus fabriqués). Les Américains ont considérablement renforcé leur flotte de guerre ainsi que leur flotte aérienne, et se préparent à contre-attaquer l'offensive japonaise prévue sur Midway grâce à leurs informations.

midway atoll
L'atoll de Midway le 24 novembre 1942.
L'atoll ne représente pas un intérêt stratégique particulier mais l'amiral Yamamoto souhaite attaquer la base de Midway afin d'attirer la flotte étasunienne basée à Pearl Harbor, puis la détruire dans un combat frontal et décisif avec les cuirassés, avant de mener un assaut amphibie final sur l'atoll. Les Japonais ont également prévu l'invasion des îles Aléoutiennes dans une tentative de diversion, mais aussi afin de contenter l'armée japonaise qui a accepté le plan d'attaque sur Midway fomenté par l'amirauté impériale (deux porte-avions japonais mobilisés aux Aléoutiennes feront donc défaut à Midway).
yorktown
L'USS « Yorktown », que les Japonais pensaient avoir coulé lors de la bataille de la mer de Corail trois semaines auparavant, sera réparé en trois jours à Pearl Harbor afin d'être opérationnel à temps pour la confrontation de Midway. Le porte-avions américain sera toutefois coulé le 7 juin 1942 après une attaque du sous-marin japonais « I-168 ».
devastator midway
Avions Douglas TBD-1 Devastator de l'USS « Enterprise » se préparant à s'élancer lors de la bataille de Midway.
Cette escadrille de bombardiers partira attaquer la première les porte-avions japonais et ne bénéficiera pas d'escorte de chasseurs, elle sera anéantie par les zéros japonais. Le Devastator, entré en service en 1937, ne sera plus jamais utilisé par l'aviation étasunienne après la bataille de Midway. Le sacrifice de l'escadrille ne sera cependant pas inutile, les Japonais ayant retardé le lancement de leurs propres bombardiers, et les chasseurs zéros étant contraint d'aller se ravitailler, alors que des escadrilles alliées vont pouvoir continuer à attaquer les porte-avions japonais.
F2A
Chasseur étasunien Brewster F2A Buffalo.
SB2U
Bombardier en piqué étasunien Vought SB2U Vindicator.
nautilus
Le sous-marin étasunien USS « Nautilus ».

L'amiral japonais Yamamoto Isoroku dispose de 4 porte-avions (« Akagi », « Kaga », « Sōryū » et « Hiryū »), 2 cuirassés, 4 croiseurs lourds, 12 destroyers et 260 avions. L'amiral étasunien Chester W. Nimitz commande quant à lui 3 porte-avions (« Enterprise », « Hornet » et « Yorktown »), 7 croiseurs lourds, 15 destroyers, 16 sous-marins et 360 avions. Prévenu depuis plusieurs semaines par les renseignements, les Alliés connaissent le lieu mais aussi la date approximative de l'attaque japonaise, ils envoient ainsi rapidement et en maillage serré des avions de reconnaissance afin de localiser le plus rapidement possible la flotte japonaise. Les porte-avions de la flotte impériale japonaise sont ainsi identifiés à 900 km au Sud-Ouest de Midway dès le 3 juin 1942. Pour ne pas arranger les choses pour les assaillants, les porte-avions américains font leur jonction avant la bataille alors que la flotte japonaise, ne se doutant de rien, arrive en plusieurs groupes successifs (porte-avions en avant-garde et cuirassés en retrait).

kaga
Porte-avions japonais « Kaga », tout comme le porte-avions japonais « Akagi », cuirassé à l'origine, il a été convertit en porte-avions pour satisfaire aux exigences du traité naval de Washington de 1922.
B17
Bombardier étasunien Boeing B-17 Flying Fortress.

Une première vague de 9 bombardiers B-17 étasuniens part ainsi à la rencontre de la flotte japonaise et frappe à 15h30 des navires de soutien japonais, coulant le navire « Akebono Maru ». Le 4 juin à 4h30, une première vague de 108 avions japonais décolle à son tour vers Midway afin de détruire les pistes des aérodromes et les avions américains. L'attaque japonaise sur Midway subit de lourdes pertes (54 avions sont détruits ou endommagés).

bataille midway
Déroulement de la bataille de Midway.
soryu
Porte-avions japonais « Sōryū ».
akagi
Pont du porte-avions japonais « Akagi ».

Suite à l'échec de la première attaque japonaise ayant manqué ses objectifs, une seconde vague d'avions japonais s'apprête à attaquer à nouveau Midway avec des bombes incendiaires. Mais un avion de reconnaissance japonais ayant localisé la flotte étasunienne entre-temps à seulement 400 km de distance, l'amiral Nagumo Chūichi décide de réarmer ses bombardiers avec des torpilles. Les conséquences vont être désastreuses puisque peu de temps après, une deuxième vague d'avions étasuniens frappe la flotte japonaise de porte-avions dont les hangars sont remplis de bombes, de torpilles et de carburant. Les dégâts sont considérables et 3 porte-avions japonais sont incendiés et inutilisables (« Akagi », « Kaga » et « Sōryū »), ils seront ensuite sabordés par leurs équipages.

akagi
Le porte-avions japonais « Akagi » (en bas à droite, avec peut être le destroyer « Nowaki » à gauche) tentant d'échapper au bombardement étasunien pendant la bataille de Midway.
soryu
Le porte-avions japonais « Sōryū » tournant en rond pendant la bataille de Midway.

Le porte-avions japonais « Hiryū » est aussi sabordé plus tard dans la journée. Le bilan pour les Japonais est terrible, ils ont perdu 4 porte-avions, un croiseur lourd et 3 000 hommes et 250 avions (dont de nombreux pilotes et équipes de maintenance ou de mécaniciens expérimentés, pratiquement irremplaçables). Ces pertes seront irrémédiables pour l'empire du Japon, désormais acculé et perdant définitivement l'initiative dans l'océan Pacifique, face à son adversaire américain produisant toujours plus, en quantité comme en qualité. La bataille de Midway incite les Alliés à débarquer sur l'île de Guadalcanal et à user les forces japonaises dans une guerre d'attrition dans les îles Salomon puis en Nouvelle-Guinée. La bataille de Midway a mis en exergue l'importance nouvelle de la supériorité aérienne, les Alliés la conserveront jusqu'à la fin de la guerre.

hiryu
Porte-avions japonais « Hiryū »
hiryu
Le Porte-avions japonais « Hiryū » tentant d'échapper au bombardement aérien des B-17 le 4 juin 1942. Le dernier porte-avions japonais mènera malgré tout deux attaques vers la flotte étasunienne (24 avions puis 16 avions).
hiryu
Le porte-avions japonais « Hiryū » abandonné et encore à flot malgré le sabordage du navire par son équipage, il sera coulé le 5 juin 1942 à 5 heure.
Face à la perte de leurs porte-avions, les Japonais renoncent à engager leurs cuirassés et à mener un assaut amphibie sur Midway, Yamamoto ordonne à la flotte de se replier vers l'ouest. De leur côté, les Américains manquent de carburant et leurs escadrilles ayant subi de lourdes pertes, une poursuite contre la flotte japonaise n'est pas envisageable.
mikuma
Le croiseur lourd japonais « Mikuma » peu avant son naufrage.
hiryu ballard
Survivants japonais rescapés du naufrage du « Hiryū » secourus par l'USS « Ballard ».


≈ La campagne de Bougainville (novembre 1943 - août 1945)

Les Japonais ont envahi Bougainville en mars 1942 et ont construit un port à Tonolei près de Buin (au Sud de l'île), cette base navale servant à protéger leur principale base dans la région : Rabaul. Les Alliés souhaitent occuper une partie de l'île de Bougainville afin de pouvoir plus efficacement neutraliser la base japonaise de Rabaul. La baie d'Augusta servira aussi au mouillage de la flotte alliée pour la campagne des îles Salomon.

bougainville
Bougainville
bougainville
Carte de l'île de Bougainville.
bougainville
Le croiseur japonais « Sendai » est coulé lors de la bataille de la baie de l'Impératrice-Augusta (1-2 novembre 1943).
Ayant eu connaissance des mouvements alliés, les Japonais dépêcheront une flotte sur place mais subiront une importante défaite malgré seulement deux vaisseaux coulés, puisque de nombreux vaisseaux seront contraints d'être réparés et que les Alliés pourront menacer directement Rabaul par la suite (4 croiseurs lourds mouillant à Rabaul seront endommagés le 5 novembre 1943 et contraints d'être réparés à Truk). La prépondérance navale et aérienne des Alliés est maintenant incontestée dans le Pacifique.
bougainville torokina
Entre le 1 et le 3 novembre 1943, 14 000 Marines débarquent au cap Torokina à l'Ouest de l'île de Bougainville (les Japonais disposent sur place d'une faible garnison de combattants même si 60 000 Japonais sont sur l'île).
f4u
Chasseur Vought F4U Corsair étasunien.
koromokina
Marines durant la bataille du lagon Koromokina (7-8 novembre 1943).
Les Japonais ont tardé à tenter de reprendre la tête de pont alliée pensant qu'il s'agissait d'une diversion et qu'une attaque de grande ampleur se préparait à Buka, au nord de l'île de Bougainville.
koromokina
Opérations japonaises pour tenter de reprendre la tête de pont étasunienne transformée en base avancée au cap Torokina (novembre 1943 - mars 1944)
piva
Marines utilisant un lance-flamme durant la bataille du carrefour de la Piva (18-25 novembre 1943) durant laquelle le 23ème régiment d'infanterie japonais sera complètement annihilé.
koiari
Marines du 1er bataillon parachutiste sur la plage de Koiari le 29 novembre 1943. Le détachement, cloué sur la page et rencontrant une forte opposition des Japonais, sera finalement évacué dans la soirée. Le site n'avait pas fait l'objet d'une préparation d'artillerie et d'un appui naval comme il était d'usage habituellement avant une attaque. Il s'agit d'un des derniers engagement des Marines sur l'île de Bougainville avant de passer le relais et d'aller vers d'autres fronts (ils seront remplacés par le 14ème corps de l'armée étasunienne, puis par des Australiens). L'île de Bougainville ne sera libérée qu'après la capitulation japonaise en septembre 1945, les forces australiennes se contentant d'isoler les différentes garnisons japonaises jusqu'à cette date.
torokina
Chasseurs et bombardiers alliés sur la base de Torokina en décembre 1943. Le périmètre de la base étasunienne bien fortifiée (tranchées, barbelés, mines) s'est considérablement agrandi et rassemble désormais 60 000 hommes, des mitrailleuses, des aérodromes (qui serviront à affaiblir la base japonaise de Rabaul), et de l'artillerie.
rabaul
Opération aérienne alliée dans le port de Rabaul fin 1943.
En mars 1944, la base japonaise s'est vidée de sa flotte de guerre qui s'est réfugiée à Truk et ses aérodromes ne constituent désormais plus une menace pour les Alliés.
front 1943
Situation du front en Asie et dans le Pacifique le 1 juillet 1943.
bases japonaises
Les bases japonaises dans l'Océan Pacifique en 1943.
torokina
Soldats du 24ème régiment d'infanterie étasunien en mars 1944.
Contrairement à ce que l'on pense, des soldats noirs étasuniens ont été engagés dans toutes les guerres des États-Unis depuis la fin du 19ème siècle, mais ces soldats étaient traités comme des soldats de seconde catégorie compte tenu de la ségrégation raciale en vigueur dans le pays jusque dans les années 1960.
torokina
Obusier Howitzer de 75 mm.
Entre 12 000 et 15 000 Japonais mèneront une importante contre-attaque contre la base alliée à Torokina entre le 8 et 25 mars 1944. Celle-ci se soldera par un échec avec 3 500 soldats nippons morts et 5 500 blessés. L'artillerie, la marine et l'aviation alliée ont été comme d'habitude mis à contribution pour enrayer l'offensive japonaise.
m1
Obusier de 155 mm M1
m1
Canon anti-aérien et anti-char de 90 mm M1/M2/M3.
attaque torokina
Plan d'attaque japonais de la base de Torokina en mars 1944.
bougainville sherman
Soldats du 129ème régiment d'infanterie étasunien avançant derrière un char Sherman M4.

La campagne de Bougainville coûtera la vie à 20 000 Japonais (dont la moitié de maladie) et 1 200 Alliés (700 Étasuniens et 500 Australiens).



d/ La campagne des îles Gilbert et Marshall (novembre 1943 - février 1944)

campagne gilbert marshall
Campagne des îles Gilbert et Marshall (novembre 1943 - février 1944).

Les Japonais occupèrent les îles Marshall trois jours seulement après l'attaque sur Pearl Harbor. Les îles Gilbert faisant partie quant à elle du mandat du Sud-Pacifique japonais depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Alors que MacArthur commande les opérations alliées depuis le Sud-Est, l'amiral Nimitz commande la campagne alliée de reconquête depuis l'Est du Pacifique, avec comme prémisse la campagne des îles Gilbert et Marshall. 35 000 soldats étasuniens, 17 porte-avions, 12 croiseurs et 66 destroyers seront mobilisés. 21 000 Japonais seront tués dans cette campagne pour seulement 375 prisonniers. Les Alliés pratiqueront la stratégie du saut-de-puce en s'emparant de certaines îles stratégiques et en contournant les autres garnisons japonaises (ils perdront 5 000 hommes dans la campagne).

raid gilbert marshall
Un bombardier en piqué SBD-2 Dauntless se prépara à décoller du porte-avions étasunien USS « Enterprise » le 1 février 1942 durant le bombardement des îles Marshall et Gilbert. La marine participera aussi au bombardement des îles.
operation makin
Marines étasuniens sur l'USS « Nautilus » de retour à Hawaï après l'opération sur l'île Makin (aujourd'hui Butaritari) les 17 et 18 août 1942.
tarawa
Bataille de Tarawa (20-23 novembre 1943) dans les îles Gilbert.
4 700 Japonais et 1 700 Étasuniens trouveront la mort durant cette courte mais très meurtrière bataille. Seulement 17 soldats japonais seront faits prisonniers.
tarawa ha go
Char japonais de type 95 « Ha-Gō » (九五式軽戦車 ハ号, « kyūgo-shiki kei-sensha Ha-Gō »).
lvt tarawa
LVT (« Landing Vehicle Tracked ») ou « Alligator » allié détruit sur les pages de l'atoll de Tarawa.
makin
Débarquement amphibie pendant la bataille de Makin (20-23 novembre 1943) dans les îles Gilbert.
l175 glou glou liscome bay
Le sous-marin japonais « I-175 » qui a coulé l'USS « Liscome Bay » entraînant la mort de 644 hommes.
kwajalein
Soldats de la 7ème division d'infanterie attaquant un blockhaus durant la bataille de Kwajalein (31 janvier - 3 février 1944) sur les îles Marshall (3 500 Japonais morts pour 87 capturés).
hailstone
Navire japonais brûlant près du lagon de Truk (importante base navale et aérienne japonaise) durant l'opération « Hailstone » (17-18 février 1944).
Les Étasuniens engageront 9 porte-avions, 7 cuirassés, 10 croiseurs, 28 destroyers, 10 sous-marins et 560 avions durant cette opération. Les Japonais perdront 6 destroyers, 250 avions et 4 500 hommes.
approvisionnement japon
Routes d'approvisionnement alliées vers l'Inde et la Chine et offensives alliées dans le Pacifique (1941-1945).
La prise de la base de Truk (îles Carolines) et la destruction de l'important dépôt de carburant par les Alliés, ainsi que la destruction de nombreux bateaux de transport, vont mettre à mal l'approvisionnement de l'archipel japonais. La supériorité aérienne et la maîtrise des mers des Alliés vont progressivement couper les routes de ravitaillement japonaises et anémier son effort de guerre.
eniwetok
Débarquement amphibie durant la bataille d'Eniwetok (17-23 février 1944) sur les îles Marshall.
d4y
Bombardier japonais Yokosuka « D4Y »

e/ La campagne des îles Mariannes et Palaos (15 juin 1944 - 27 novembre 1944)

mariannes palaos
Les îles Mariannes et Palaos.

Avec toujours comme objectif la reprise des Philippines, l'amiral Nimitz entame le conquête des îles Mariannes et Palaos. Les Japonais considèrent ces îles comme faisant partie de leur périmètre de sécurité exclusif à protéger à tout prix. Les îles sont donc bien défendues et la campagne terrestre alliée, toujours soutenue par la marine et l'aviation, va être encore l'objet d'intenses combats. 29 000 Japonais sont morts dans la campagne, dont 5 000 suicidés. Le général en chef Tōjō Hideki, estimant que la guerre est perdue après la perte de Saipan, décidera de démissionner le 18 juillet 1944.

mariannes palaos
300 barges de débarquement (LVT) et 8 000 Marines s'approchent des rives de l'île de Saipan, soutenues par les croiseurs USS « Birmingham » et USS « Indianapolis » lors de la bataille de Saipan (15 juin - 9 juillet 1944).
mariannes saipan
Île de Saipan dans les Mariannes.
mariannes palaos
Sur les plages de Saipan le 15 juin à 13 heures. Cette bataille verra la plus grande « charge Banzaï » de la guerre avec 4 000 hommes Japonais fondant sur les positions américaines et annihilant pratiquement le 105ème régiment d'infanterie étasunien. De nombreux civils de l'île ont aussi été encouragés par les autorités japonaises à participer à la charge ou alors à se suicider.
charge banzai saigo takamori
Bataille de Shiroyama (24 septembre 1877).
La charge finale du « dernier samouraï » Saigō Takamori face aux forces impériales a imprégné l'imaginaire japonais de l'ère Meiji. Les militaires ont glorifié le bushido et insufflé à la population le sacrifice parfois nécessaire pour la patrie et l'Empereur. Les charges Banzaï (en référence à la salutation adressée à l'Empereur : « Tenno Heika Banzaï », 天皇陛下万歳 ou 萬歲, « longue vie à l'Empereur ») ont été pratiquées durant la guerre russo-japonaise et durant les guerres sino-japonaise avec un relatif succès. Elles s'avéreront cependant souvent inefficaces et inutiles face à la puissance de feu des Alliés durant la Deuxième Guerre mondiale dans le Pacifique.
mariannes palaos b29
L'aéroport « Isely Field » de Saipan deviendra une importante base de bombardiers B-29 permettant de cibler directement les villes japonaises jusqu'à la fin du conflit.

En réponse aux mouvements de la flotte adverse et à l'attaque étasunienne sur l'île de Saipan, le Japon envoie 9 porte-avions (dont 5 légers), 13 croiseurs, 31 destroyers, 24 sous-marins et 750 avions pour s'opposer à la force d'invasion américaine et tenter un ultime sursaut pour renverser le cours de la guerre. Les différentes « Task Force » étasuniennes comprennent un total de 15 porte-avions, 7 cuirassés, 21 croiseurs, 68 destroyers, 28 sous-marins et 900 avions. La confrontation de la bataille de la mer des Philippines va pourtant tourner au désastre pour l'aviation japonaise (600 appareils détruits dont 430 appartenant aux porte-avions). Le Japon va perdre également 3 porte-avions (« Taihō », « Shōkaku » et « Hiyō ») et ne parviendra plus à reconstituer sa flotte aérienne embarquée qu'il avait patiemment reconstitué depuis un an. Les avancées technologiques étasuniennes et la capacité de production bien supérieure des Américains aggravent encore la situation du Japon après cette bataille.

mer philippines
Bataille de la mer des Philippines.
mer philippines zuikaku
Attaque de l'aviation alliée sur des navires japonais (le porte-avions « Zuikaku » est au centre) pendant la bataille de la mer des Philippines (19-20 juin 1944).
mer philippines taiho
Le porte-avions japonais « Taihō » sera coulé durant la bataille.

La bataille de Guam (21 juillet - 10 août 1944) a vu s'opposer 60 000 Étasuniens à 18 000 Japonais. Toute la garnison japonaise sera tuée à l'exception de 485 prisonniers. 5 aérodromes alliés seront plus tard construits sur l'île. Une résistance sporadique japonaise demeurera sur l'île pendant des années.

guam
Île de Guam dans les îles Mariannes.
guam
Bataille de Guam (21 juillet - 10 août 1944).
guam canon
Canon japonais anti-aérien de 120mm de type 10.
guam canon
Canon japonais anti-aérien de 25mm de type 96.
guam
Marines étasuniens sur les plages de Guam.
guam soldat japonais
Le sergent Yokoi Shoichi de l'armée impériale japonaise sera découvert par des chasseurs en 1972 après avoir vécu seul pendant 28 ans sur l'île de Guam.
tinian
Avion japonais endommagé après la bataille de Tinian (24 juillet - 1 août 1944) sur les îles Mariannes.
La garnison japonaise de 8 000 sera mise hors de combat et 250 Japonais seront faits prisonniers. L'île de Tinian deviendra elle aussi une importante base aérienne étasunienne. Le dernier soldat japonais, Susumu Murata, sera capturé en 1953.
saipan isley
Attaque japonaise sur l'aérodrome d'Isley sur l'île de Saipan.
Les Japonais lanceront des attaques aériennes sur les îles Mariannes entre novembre 1944 et janvier 1945 contre les bases alliées abritant les B-29 bombardant le japon.
tinian
Base aérienne « Northfield » sur l'île de Tinian en 1945.
peleliu
Bataille de Peleliu (15 septembre 1944 – 27 novembre 1944).
L'habituelle campagne de bombardement allié a commencé le 12 septembre. Les Japonais utiliseront une tactique différente, ils abandonneront les plages et les charges Banzaï afin de se retrancher à l'intérieur de l'île dans les positions surélevées, attendant le dernier moment pour faire feu afin de ne pas s'exposer inutilement aux tirs de l'artillerie de la marine et aux bombardements aériens. Les soldats alliés utiliseront 15 millions de cartouches, 120 000 grenades et 150 000 obus de mortiers dans la bataille.
peleliu
Un avion « F4U Corsair » étasunien largue du napalm sur une position japonaise durant la bataille de Peleliu. La garnison japonaise de 10 700 hommes sera annihilée et seuls 202 Japonais seront capturés. Les Étasuniens perdront 2 300 hommes.
anguar
Bataille d'Anguar (17 septembre - 22 octobre 1944).
La garnison japonaise de 1 400 hommes sera anéantie, 50 hommes seulement seront capturés.
ulithi mississinewa kaiten
L'USS « Mississinewa » est coulé à Ulithi après une attaque d'un kaiten japonais.
ulithi randolph
Le pont du porte-avions USS « Randolph » est réparé à Ulithi après une attaque d'un kamikaze japonais.
ulithi
L'atoll d'Ulithi deviendra une importante base navale étasunienne en 1945.
ulithi
Des navires étasuniens sont ancrés près de l'atoll d'Ulithi en mars 1945.
ulithi iowa
L'USS « Iowa » dans les docks flottant d'Ulithi.

f/ La campagne des Philippines (17 octobre 1944 - 2 septembre 1945)

philippines
Campagne des Philippines (17 octobre 1944 - 2 septembre 1945).

La campagne des Philippines n'était pas nécessaire au niveau stratégique mais importante symboliquement, en particulier pour MacArthur - chef des forces alliées dans le Pacifique Sud - qui avait dû fuir en 1942 devant l'invasion japonaise et qui s'était promis de revenir aux Philippines. La campagne des Philippines permet cependant aux Alliés de couper les routes d'approvisionnement japonaises en les privant de caoutchouc et surtout du pétrole des Indes néerlandaises. Les Japonais perdront des centaines de milliers d'hommes et verront leur flotte de guerre considérablement diminuée. Ils en seront réduits à tenter des opérations suicides (« kamikazes », 神風, « vent divin ») pour tenter de mettre en échec la force d'invasion alliée. Les combats dureront jusqu'à la capitulation japonaise. La bataille de Surigao est la dernière bataille entre cuirassés, et la dernière bataille où une flotte « barrera le T » avec son adversaire.

hyuga
Navire japonais hybride cuirassé/porte-avions « Hyūga » ayant participé à la bataille de Leyte.
chokai
Croiseur japonais « Chōkai » ayant participé à la bataille de Leyte.
leyte
Forces amphibies alliées avant la bataille de Leyte (17 octobre 1944 - 26 décembre 1944) dans les îles Visayas.
200 000 Étasuniens, soutenus par la marine et l'aviation, feront face aux 420 000 soldats japonais sur l'île de Leyte (la plupart des forces japonaises mourra de maladie et de famine).
leyte
Bataille de Leyte (17 octobre 1944 - 26 décembre 1944) dans les îles Visayas.
leyte
Situation entre le 7 novembre et le 21 décembre 1944 lors de la bataille de Leyte.
visayas
Soldats alliés sur la plage de Talisa lors de la bataille des Visayas (18 mars 1945 - 30 juillet 1945).
14 300 Japonais seront tués.
spadefish
Le sous-marin étasunien USS « Spadefish » ayant participé à l'attaque victorieuse en mer de Chine les 18 et 19 août 1944 contre le convoi japonais « Hi-71 » chargé de renforcer les forces japonaises aux Philippines. L'USS « Spadefish » s'illustrera également lors de l'attaque contre le convoi japonais « Hi-81 » en mer de Chine.
hancock formose
Membres d'équipage de l'USS « Hancock » chargeant des roquettes sur des avions se préparant à frapper l'île de Formose (Taïwan) durant la bataille aérienne de Formose (12-16 octobre 1944). Les Japonais perdront des centaines d'appareils durant la bataille.
formose lexington
F6F Hellcat s'apprêtant à décoller du porte-avions USS « Lexington » durant la bataille aérienne de Formose.
canberra houston
Les navires étasuniens USS « Canberra » et USS « Houston » remorqués après avoir été atteints par des torpilles japonaises durant la bataille de Formose.
nagato
Batteries anti-aériennes montées sur le cuirassé japonais « Nagato ».

La bataille navale du golfe de Leyte les 23 et 26 octobre 1944 est la plus grande bataille navale de la Deuxième Guerre mondiale, et peut être de toute l'histoire militaire. Elle a opposée la flotte impériale japonaise (6 porte-avions, 7 cuirassés, 20 croiseurs, 35 destroyers et plus de 300 avions) aux forces alliées étasunienne et australienne (34 porte-avions, 12 cuirassés, 24 croiseurs, 166 destroyers et 1 500 avions) au large du golfe de Leyte. Il s'agit d'une tentative japonaise désespérée d'enrayer l'avancée alliée inéluctable vers l'archipel nippon. Les Japonais mobiliseront toute leur marine de guerre et essuieront une défaite majeure avec la perte de 4 porte-avions (dont 3 légers), 3 cuirassés, 10 croiseurs, 9 destroyers et 300 avions. Les Alliés perdront 6 navires et 200 avions. La flotte japonaise - faute de carburant - sera par la suite contrainte de rester dans les ports japonais.

leyte golfe princeton
Explosion de l'USS « Princeton » lors de la bataille du golfe de Leyte.
leyte golfe yamato
Le croiseur lourd japonais « Yamato » - fleuron de la marine impériale - est touché par une bombe lors de la bataille du golfe de Leyte dans la mer de Sibuyan.
leyte golfe musahi
Le croiseur lourd japonais « Musashi » participera aussi à la bataille du golfe de Leyte.
Il sera coulé le 24 octobre 1944.
leyte golfe
La bataille du golfe de Leyte se déroulera en 4 batailles successives : la bataille de la mer de Sibuyan (1) le 24 octobre, la bataille du détroit de Surigao (2) le 25 octobre, la bataille du cap Engaño (3) les 25 et 26 octobre, et enfin la bataille au large de Samar (4) le 25 octobre 1944.
leyte golfe pt
Bateaux rapides « PT » étasuniens lanceurs de torpilles. Ce type de bateau se distinguera notamment pendant la bataille du détroit de Surigao
mk37
Le système de contrôle de tir étasunien très performant « MK-37 » qui équipera la plupart des cuirassés, destroyers et porte-avions de la flotte américaine à la fin du conflit.
leyte golfe zuikaku
Le porte-avions japonais « Zuikaku » (à gauche) et probablement le porte-avions léger « Zuihō » (à droite) sous le feu ennemi pendant la bataille du cap Engaño (bataille du golfe de Leyte) les 25 et 26 octobre 1944.
leyte golfe saint lo
Le porte-avions étasunien USS « Saint Lo » (dont le nom a été attribué 15 jours avant en souvenir de la bataille de Saint Lô en juillet 1944) est touché par un kamikaze. Une forte explosion entraînera ensuite le navire par le fond le 25 octobre 1944.
leyte golfe zuikaku
Le porte-avions japonais « Zuihō » pendant la bataille du cap Engaño, il sera coulé par les Alliés.
leyte golfe zuikaku
L'équipage du porte-avions japonais « Zuikaku » - dernier porte-avions rescapé de l'attaque de Pearl Harbor - salue le drapeau avant de disparaître dans les flots pendant la bataille du cap Engaño.
leyte golfe chikuma
Le croiseur japonais « Chikuma » manœuvre pendant la bataille de Samar. Il sera coulé le 25 octobre 1944.
C'est pendant la bataille de Samar que des porte-avions et des destroyers étasuniens couleront indirectement 3 cuirassés japonais (les cuirassés japonais, trop endommagés, seront sabordés ou coulés par des navires japonais).
leyte golfe kumano
Le croiseur japonais « Kumano » pendant la bataille de Samar.
homma
Le lieutenant-général japonais Homma Masaharu commandant la 14ème armée japonaise - responsable de la défense de l'île de Luzon - dans le golfe de Lingayen en 1942.
lingayen luzon
Les cuirassés étasuniens « Pennsylvania » et « Colorado » précédant trois croiseurs lourds, se préparant à effectuer un bombardement dans le golfe de Lingayen près de l'île de Luzon avant l'assaut amphibie du 9 janvier 1945.
lingayen luzon
Les premières vagues d'assaut se dirigent vers les plages de Luzon le 9 janvier 1945.
corregidor
Parachutistes du 503ème régiment d'infanterie étasunien sautant sur l’île-forteresse de Corregidor le 16 février 1945 après un bombardement massif de la marine et de l'aviation alliées.
La garnison japonaise composée de fusiliers marins d'élite était constitué de 6 700 hommes : 6 600 seront tués, 50 seront blessés, 50 seront faits prisonniers (dont 20 en 1946).
manille
Habitants de la ville de Manille tentant de fuir les faubourgs incendiés de Manille en février 1945.
manille
Vue aérienne de la capitale des Philippines en mai 1945.
n1k
Chasseur de la marine impériale japonaise Kawanishi « N1K ».
hong kong
Navires japonais à Hong-Kong sous le feu des bombardiers pendant l'attaque aérienne dans le Sud de la Chine ou « Operation Gratitude » (10-20 janvier 1945) menée par la 3ème flotte étasunienne.
Les Japonais perdront là encore des centaines d'appareils durant les combats aériens. De nombreux navires ravitailleurs seront aussi coulé durant cette opération alliée, coupant presque définitivement la route stratégique d'approvisionnement entre les Indes néerlandaises et le Japon.
ulithi
Une partie de la 3ème flotte étasunienne mouillant dans l'atoll d'Ulithi (îles Mariannes) en décembre 1944.
mer chine
Trajet de la 3ème flotte étasunienne dans le sud de la mer de Chine entre les 9 et 21 janvier 1945.
mer chine
Les porte-avions « Hornet » et « Independence » de la 3ème flotte étasunienne le 26 janvier 1945.
front pacifique 1945
Situation du front en Asie et dans le Pacifique le 15 janvier 1945.

Devant l'implacable avancée alliée et la guerre pratiquement perdue, l'État-major japonais est résolu à infliger le plus de pertes possibles à l'ennemi en organisant des opérations suicides dans les airs, sur mer ou dans les mers. Les Japonais infligeront des dégâts considérables aux navires étasuniens mais ne feront que retarder l'échéance finale. Les missions kamikazes seront surtout conduites à partir d'appareils conventionnels mais quelques modèles seront crées spécifiquement pour ces opérations.

kamikaze chiran
Jeunes filles de l'école de Chiran saluant avec des branches de cerisier en fleur le départ d'un pilote kamikaze de la base de Chiran, d'où sont partis des centaines de pilotes kamikazes à la fin du conflit (439 sur 1 036).
La présence de la fleur de cerisier s'explique par sa place particulière dans la culture japonaise célébrant la beauté éphémère et symbolisant la métaphore des soldats morts au combat pour l'Empereur et la nation.
billet fuji cerisier
Billet japonais représentant le mont Fuji et des cerisiers en fleurs.
billet yasukuni
Billet japonais représentant le sanctuaire shinto de Yasukuni (靖国神社).
Le sanctuaire de Yasukuni a été construit à l'origine en 1869 pour les soldats tombés pour l'Empereur lors de la guerre de Boshin. Les âmes de plus de deux millions de soldats japonais morts de 1868 à 1951 y sont déifiées.
billet yasukuni
Premier torii du sanctuaire shintō de Yasukuni (靖国神社).
billet yasukuni
Second torii du sanctuaire shintō de Yasukuni (靖国神社).
kamikaze shinbu
Pilotes du 72ème escadron de Shinbu âgés de 17 à 19 ans avant leur opération kamikaze le 26 mai 1945 (Takahashi Kaname, Mineyoshimi Takahashi, Chida Takemasha, Araki Yukio et Hayakama Tsutomu)
kamikaze bunker hill
L'USS « Bunker Hill » est frappé par un kamikaze le 11 mai 1945 causant la mort de 389 membres de l'équipage.
nakajima b6n
Bombardier-torpilleur standard Nakajima « B6N » utilisé par les porte-avions japonais à partir de 1943.
nakajima b6n
Operation Kita (北号作戦, « Hoku-gō sakusen ») menée par la marine impériale japonaise entre le 10 et le 20 février 1945, consistant à rapatrier 6 navires de guerre depuis Singapour. Les vaisseaux japonais ont pu regagner le Japon sans se faire intercepter par l'aviation ou la marine alliés.
ise
Le cuirassé-porte-avions japonais « Ise » qui participera notamment à l'opération « Kita ».
ugaki matome kamikaze
Le contre-amiral Ugaki Matome (1890-1945) posant devant son appareil avant sa mission kamikaze le 15 août 1945.
Ayant entendu plus tôt dans la journée l'annonce de l'Empereur du Japon annonçant la capitulation du pays, l'officier supérieur note dans ses mémoires qu'il n'a pas reçu d'ordre officiel écrit et qu'il s'estime responsable de ne pas avoir pu stopper l'avance alliée. Il enlève les distinctions et décorations de son uniforme, effectue une brève cérémonie avec l'amiral Yamamoto durant laquelle il reçoit un tantō (épée courte), et part ensuite en mission suicide.
kaiten
Torpille japonaise « Kaiten » (回天) pilotée manuellement (musée de la guerre Yasukuni à Tōkyō).
Le modèle de type 1 (le seul qui ait été utilisé) utilisait une torpille japonaise de type 93.
kaiten sous marin
Torpilles « Kaiten » à bord d'un sous-marin japonais « I-47 » du groupe Tembu le 20 avril 1945.
kaiten destroyer
Torpille « Kaiten » larguée par le croiseur japonais « Kitakami ».
kaiten destroyer
Sous-marin japonais « l-363 » du groupe Tamon transportant des Kaitens en août 1945.
kaiten destroyer
Le mini sous-marin de classe « Kairyū » a aussi été conçu pour effectuer des missions suicides contre les forces d'invasion alliées mais il en est resté seulement à l'état de projet.
koryu kure
Mini sous-marins japonais « Kairyū » à l'arsenal de Kure le 19 octobre 1945.
nakajima ki115
Avion japonais Nakajima « Ki-115 » spécialement conçu pour les opérations kamikazes à la fin de la Deuxième Guerre mondiale (aucun ne participera à des missions).
nakajima b6n
Fusée japonaise Kugisho MXY-7 « Ohka » modèle 22 (櫻花, « Ōka »).
Transportée d'abord par avion puis pilotée par un homme, elle sera utilisée dans les missions kamikaze à la fin du conflit (le modèle 22 n'a cependant jamais été opérationnel).
shinyo
Le projet du bateau kamikaze « Shin'yō » sera développé par la marine impériale mais n'aboutira finalement pas.
Les Japonais ont aussi abandonné le projet d'utiliser des hommes-scaphandres munis de charges explosives (« Fukuryū »).
onoda hiro
Le lieutenant japonais Onoda Hirō donnant son sabre au président philippin Ferdinand Marcos le 11 mars 1974 après avoir passé trente ans dans la jungle de l'île de Lubang dans les Philippines.
Onoda Hirō, un des derniers soldat japonais à se rendre (残留日本兵), n'acceptera de déposer les armes que sur ordre d'un officier supérieur. D'abord retrouvé dans la jungle par un étudiant japonais, les autorités japonaises dépêcheront le major Taniguchi Yoshimi aux Philippines pour convaincre Onoda Hirō de se rendre.
sabre shin gunto kyu
Sabres guntō (軍刀) : « shin guntō » (en haut, avec son fourreau, 1935-1945) et « kyū guntō » (en bas, 1875-1934).
Ce type de sabre a été construit depuis l'ère Meiji et la disparition de la classe sociale des samouraïs. Il était réservé à la police ainsi qu'aux officiers de l'armée et de la marine impériale japonaise.
sabre showato
Officiers japonais rendant leurs sabres en Malaisie en 1945 après la capitulation du Japon.Ces sabres standards appelés « shōwatō » étaient d'une qualité bien inférieure aux habituels sabres traditionnels japonais.
Après la capitulation japonaise en 1945, le général MacArthur ordonna initialement la destruction de tous les sabres japonais. Conscient que les sabres avaient une portée symbolique considérable pour les Japonais, la majeure partie des sabres (militaires mais aussi de collection) furent finalement confisqués et rapatriés dans les pays alliés. Les Japonais purent sauver une partie de leur patrimoine en enterrant les sabres afin de les soustraire aux réquisitions forcées qui prirent fin uniquement dans les années 1950.

g/ La campagne du Japon (juin 1944 - août 1945)

campagne japon
Campagne du Japon (juin 1944 - août 1945).

Les bombardements aériens commencent avec le raid de Doolittle le 18 avril 1942. Les bombardements stratégiques débutent en juin 1944 et s'intensifient à partir de novembre 1944 et la prise par les Alliés des îles Mariannes. Ils durent jusqu'à la fin du conflit et la reddition du japon en septembre 1945. Le gouvernement japonais a fait évacuer des millions de civils des villes vers les campagnes après la perte des îles Mariannes (de nombreux civils partiront aussi d'eux-mêmes, le total est estimé à 8,5 millions). Des classes entières d'enfants ont aussi été évacuées vers l'intérieur des terres après le bombardement de Tōkyō en mars 1945.

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Bombardier étasunien North American B-25 Mitchell.
Des bombardements sur le Japon ont déjà été effectués à partir de la Chine avec l'escadrille des « Flying Tigers » du Colonel Claire Lee Chennault en juillet 1942, mais sans réel succès.
b25 doolittle
Les 16 bombardiers North American B-25 Mitchell sur le pont de l'USS « Hornet » avant le raid de Doolittle sur le Japon le 18 avril 1942.
Les bombardiers ciblent Tōkyō, Yokohama, Yokosuka, Nagoya et Kobe, faisant 80 morts. Les bombardiers devaient ensuite rejoindre la Chine mais la plupart se sont écrasés. Malgré son échec relatif, le raid Doolittle a obligé les Japonais à mobiliser des forces aériennes supplémentaires pour protéger l'archipel.
doolittle pilote
Pilote ayant participé au raid Doolittle capturé par les Japonais et aux mains de la Kenpeitai (police militaire).
abris japon
Abri anti-aérien au japon.
fu-go
Ballon incendiaire japonais Fu-Go (ふ号).
Les Japonais ont tenté d'utiliser les courants atmosphériques du jet stream pour envoyer des ballons incendiaires vers les États-Unis. Un baromètre permettait de larguer des lests en activant une charge électrique lorsque l'altitude était trop basse ; inversement, si l'altitude était top importante, de l'hydrogène était évacuée par une valve.
fu-go made in japan
Central du ballon incendiaire japonais Fu-Go.
9 300 ballons ont été envoyés, causant 6 morts aux États-Unis (une famille un peu trop curieuse qui faisait un pic-nic dans l'Oregon). La presse américaine n'a pas parlé de ces ballons afin d'éviter toute panique dans la population.
aleoutiennes
Les Alliés reprennent en août 1943 les îles Aléoutiennes capturées par les Japonais en octobre 1942 (îles d'Attu et de Kiska). La reconquête de ces îles après un an de campagne va permettre aux Américains de bombarder les îles Kouriles japonaises. Une ultime charge « Banzaï » sera menée par le colonel Yamasaki Yasuyo et sa garnison sur l'île d'Attu le 29 mai 1943 (2 350 soldats japonais seront tués et 29 seulement seront faits prisonniers).
aleoutiennes
Les îles Aléoutiennes
Les Alliés ne considéraient pas que la capture des deux îles par les japonais en octobre 1942 mettaient directement en danger la voie aérienne stratégique établie entre l'Alaska et la Sibérie et l'acheminement de matériel de guerre américain en tout genre à destination de l'Union Soviétique. Les Américains surveillaient cependant la zone et ont attaqué le 27 mars 1943 un convoi qui tentait de ravitailler les garnisons japonaises (bataille des îles Komandorski).
lend lease memorial
Mémorial à Fairbanks en Alaska en souvenir de la route stratégique aérienne du Nord-Ouest entre l'Amérique du Nord et l'Union Soviétique entre 1942 et 1945.
akuta zero
Chasseur zéro découvert sur l’île d'Akuta.
Il sera étudié par l'armée étasunienne afin de perfectionner les tactiques alliés contre le célèbre chasseur japonais (léger, maniable et endurant mais aussi très fragile car dépourvu de protection au niveau du fuselage et surtout du réservoir d'essence).
cold bay
Frégate étasunienne USS « Hoquiam » en juin 1944, transférée à l'Union Soviétique dans la base de Cold Bay en Alaska le 16 août 1945. Il deviendra le navire soviétique « EK-13 ».
Le projet secret « Hula » entre les États-Unis et l'Union Soviétique consistait dans le transfert de navires et de sous-marins ainsi que la formation du personnel naviguant, afin de préparer l'invasion terrestre du Japon par l'URSS. 149 navires seront finalement transférés et 12 000 Soviétiques seront formés entre le 16 avril 1945 et le 4 septembre 1945. Les navires serviront à l'invasion des îles Sakhaline et Kouriles mais n'auraient cependant pas été suffisants pour envahir les grandes îles japonaises - la conférence de Yalta ne leur en donnait d'ailleurs pas l'autorisation.
etat major inter allie
L'État-major inter-allié (« Combined Chiefs of Staff ») - ici réuni lors de la conférence de Québec en août 1943 - s'occupe de la grande stratégie et décide notamment de planifier le bombardement systématique du Japon. Il inspirera la création de l'OTAN quelques années plus tard.
caire
C'est lors de la conférence sexpartite au Caire en novembre 1943 que les Alliés promettent au leader chinois l'envoi de bombardiers B-29 en Chine pour bombarder le Japon (de gauche à droite sur la photo : le chef nationaliste chinois Tchang Kaï-chek, le président étasunien Roosevelt et le Premier ministre anglais Winston Churchill).
chengdu
C'est avec l'opération « Matterhorn » que les Alliés commencent à bombarder le Japon avec des B-29 à partir de 1944 depuis la base chinoise de Chengdu. Trop éloignés de leurs cibles, des dizaines de bombardiers alliés seront abattus sans obtenir de réels succès. L'acheminement des appareils, des équipes de maintenance et du carburant était également très compliqué au niveau logistique. Les bombardiers seront acheminés vers les îles Mariannes en 1944 afin de frapper plus efficacement l'archipel.
b-29 tokyo
Après un premier bombardement le 25 février 1945 par 174 B-29, la ville de Tōkyō subit un nouveau bombardement massif durant la nuit du 9 au 10 mars 1945 (Operation « Meetinghouse ») par 346 B-29 étasuniens déversant 1 500 tonnes de bombes incendiaires. On estime que 100 000 personnes sont mortes suite au raid aérien (les autorités japonaises et étasuniennes n'ayant pas intérêt à surestimer les pertes, le nombre est peut être deux fois plus élevé), 1 000 000 de personnes ont été blessées et un autre million de personnes étaient sans-abris. Suite au bombardement, le plus meurtrier de la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement japonais enverra la plupart des enfants se réfugier à la campagne.
b-29 tokyo
Vue des dégâts causés sur la ville de Tōkyō le 10 mars 1945 depuis un avion de reconnaissance allié, tout l'Ouest de la ville sera endommagé par les flammes, un quart des bâtiments de la ville sera détruit.
kure
Attaque étasunienne sur deux porte-avions japonais dans la base navale de Kure le 19 mars 1945.
yamato kure
Le cuirassé lourd « Yamato », fleuron de la marine impériale japonaise, est aussi attaqué dans la base navale de Kure le 19 mars 1945. Aucun navire japonais ne sera finalement coulé durant l'attaque.
franklin
Les Japonais attaqueront le 19 mars 1945 le porte-avions USS « Franklin » en représailles de l'attaque sur Kure.
b-29 yokohama
Bombardiers B-29 larguant des bombes incendiaires sur la ville de Yokohama en mai 1945.
b-29 tokyo
La ville de Tōkyō sera à nouveau dévastée le 26 mai 1945.
b-29 osaka
Bombardement de la ville d'Ōsaka le 1 juin 1945.
Les 6 plus grandes villes japonaises (Tōkyō, Ōsaka, Nagoya, Yokohama, Kobe et Kawasaki) ont été durement bombardées pat l'aviation alliée à la fin de la guerre. Les destructions urbaines concernant les seules villes de Tōkyō, Ōsaka et Nagoya ont été plus importantes que toutes les destructions urbaines en Allemagne pendant la Deuxième Guerre mondiale.
b-29 yokohama
Bombardement de la ville de Kobe le 4 juin 1945.
b-29 shizuoka
Ville de Shizuoka le 19 juin 1945 (67 villes japonaises ont été prises pour cible par l'aviation alliée en 1944 et 1945).
kamaishi
Des navires étasuniens approchent des côtes japonaises pour bombarder la ville de Kamaishi le 14 juillet 1945.
b-29 sendai
Ville de Sendai le 19 juillet 1945.
kure
Deuxième Bombardement sur Kure du 24 au 28 juillet 1945.
Les Japonais perdront notamment un porte-avions, 3 cuirassés et 5 croiseurs.
kure tone
Cuirassé japonais « Tone » coulé dans la base de Kure.
kure
Le cuirassé « Haruna » photographié en octobre 1945 dans la base de Kure.
b-29 toyama
Bombardement allié sur la ville de Toyama le 1 août 1945.
836 bombardiers B-29 cibleront en particulier les villes de Hachiōji, Mito, Nagaoka et Toyama ce jour-là. Les villes japonaises de Imabari, Maebashi, Nishinomiya et Saga seront également massivement ciblées le 5 août 1945. Les bases aériennes étasuniennes dans les îles Mariannes regroupent désormais des centaines de bombardiers B-29 pouvant frapper l'archipel.
b-29 mines
Un B-29 étasunien largue des charges anti-sous-marines afin de bloquer le trafic maritime japonais.
L' opération « Starvation » permettra de couler ou d'endommager 670 navires japonais. Le tonnage de la flotte marchande japonaise déclinera de 5,2 millions de tonnes en 1941 à 1,5 million en mars 1945.
mark dianthus
Grenade anti-sous-marine « Mark VII » chargée sur le HMS « Dianthus ».


≈ La campagne dans les îles Ryūkyū et Ogasawara (19 février - 21 juin 1945)
campagne ryuku ogasawara
Campagne des îles Ryūkyū et Ogasawara.

La dernière campagne terrestre s'effectue aux abords de l'archipel nippon et compte deux batailles terrestres majeures et sanglantes : celle d'Iwo Jima et celle d'Okinawa. Le Japon lancera également une mission suicide navale finale : l'opération « Ten-Gō » (pourtant très contestée par de nombreux officiers de marine). L'invasion terrestre de l'archipel sera ajournée suite à la reddition du Japon le 15 août 1945. Les Japonais perdront dans cette campagne 120 000 hommes et 3 000 avions (dont beaucoup de kamikazes) mais infligeront des pertes sévères aux Étasuniens : 6 800 morts, 19 200 blessés, 79 navires et 770 avions. Les importantes pertes humaines américaines dans ces deux batailles conduiront l'État-major étasunien à se demander si l'invasion des îles principales du Japon est vraiment nécessaire.

iwo jima
Île d'Iwo Jima

La bataille d'Iwo Jima (19 février - 26 mars 1945) est une des dernières batailles de la guerre et la garnison japonaise fait là encore preuve d'une défense acharnée : seuls 200 hommes seront faits prisonniers sur les 18 000 hommes, les autres seront tous tués ou suicidés.

iwo jima liberator
Bombardiers étasuniens B-24 « Liberator » au-dessus de l'île d'Iwo Jima le 15 décembre 1944 (les bombardements aériens alliés commenceront à partir de juin 1944 alors que la population civile a été évacuée par les autorités japonaises en juillet 1944).
iwo jima suribachi
Le cône volcanique culminant à 166 m d'altitude du mont Suribachi dominant le sud de l'île d'Iwo Jima.
plan iwo jima
Premier plan d'invasion étasunien de l'île d'Iwo Jima.
plan iwo jima
Croquis de la colline 362-A dans le nord de l'île réalisé par le 31ème bataillon de construction navale étasunien.
Un important système défensif de bunkers enterrés avait été établi sur l'île en prévision de l'invasion alliée, avec notamment un système de caves et de tunnels long de 18 km. Le général Kuribayashi Tadamichi prépare une défense en profondeur et enterrée, plus difficile à détruire par l'aviation et l'artillerie, contrairement à la doctrine japonaise habituelle qui concentrait la défense sur les plages. Les charges Banzaï nocturnes japonaises ne seront pas non plus de mises au début de la bataille, ce qui n'empêchera pas pour autant les Japonais de s'infiltrer de nuit dans les lignes ennemies pour tenter de semer le chaos.
iwo jima assaut
Assaut amphibie mené par les Marines étasuniens à bord de LVT (Landing Vehicle Tracked) sur les plages d'Iwo Jima. Les Japonais feront feu avec leur artillerie au dernier moment afin de ne pas s'exposer trop tôt à l'artillerie de marine et aux bombardements aériens.
iwo jima assaut
Assaut amphibie mené par les Marines. Une première vague d'assaut de 30 000 Marines débarquera le 19 février 1945. Une deuxième vague d'assaut de 40 000 Marines lui succédera.
iwo jima assaut
Soldats du 1er bataillon du 23ème régiment de Marines cloués sur les plages noires et volcaniques d'Iwo Jima (avec le mont Suribachi à droite).
iwo jima lance flamme
Soldat utilisant un lance-flamme « M2 flamethrower » à Iwo Jima.
iwo jima m4a3
Char Sherman M4A3 lance-flamme en action à Iwo Jima.
iwo jima marines
Marines du 43ème régiment d'infanterie étasunien.
iwo jima manger
Approvisionnement étasunien déposé sur les plages d'Iwo Jima.
iwo jima code talker
« Code Talkers » commanches d'une compagnie de communication.
Des centaines de « Code Talkers » amérindiens, utilisant leurs dialectes ancestraux, ont été utilisés pendant la guerre du Pacifique afin de transmettre les messages entre le commandement allié et les unités.
iwo jima artillerie
Pièce d'artillerie japonaise de 120 mm après la bataille d'Iwo Jima.


La bataille d'Okinawa (1 avril - 22 juin 1945) est la dernière grande bataille de la guerre du Pacifique entre les Japonais et les Étasuniens. Elle oppose 80 000 soldats japonais à 180 000 soldats alliés. Seuls 7 000 Japonais seront faits prisonniers (des dizaines de milliers de civils seront aussi tués). Une intense campagne de bombardement (marine et aviation) prépare d'abord le plus grand assaut amphibie de la guerre mené par des dizaines de milliers de Marines. La prise d'Okinawa servira de base pour l'invasion planifiée des îles principales de l'archipel nippon.

okinawa
Île d'Okinawa
okinawa operations us
Opérations étasuniennes sur l'île d'Okinawa.
okinawa oficiers
Les officiers supérieurs de la 32ème armée japonaise à Okinawa dont les généraux Ushijima Mitsuru et Chō Isamu qui seront tués en juin 1945.
okinawa marines
Les Marines étasuniens débarquent le 1 mai 1945 sur les plages d'Okinawa afin de renforcer la tête de pont établie par les soldats du 77ème d'infanterie.
okinawa for for formidable
Le porte-avions britannique HMS « Formidable » est frappé le 4 mai 1945 par un kamikaze japonais.
giretsu okinawa
Le capitaine Okuyama Michiro et ses commandos parachutistes « Giretsu » (義烈空挺隊, « Giretsu Kūteitai ») qui participeront à une mission suicide sur l'île d'Okinawa.
giretsu okinawa
Fusil automatique de type 100 (一〇〇式機関短銃, « Hyaku-shiki kikan-tanjū ») utilisé par les parachutistes japonais.
okinawa yamato
Le cuirassé japonais « Yamato » sous le feu des Alliés durant l'opération « Ten-gō » (天号作戦, « Ten-gō Sakusen »).
Manquant de carburant et cloués dans les ports japonais, l'opération « Ten-gō » consiste à sacrifier une dizaine de bâtiments de la marine impériale dans une dernière mission suicide contre la flotte alliée à Okinawa. La flotte japonaise sera cependant attaquée avant d'avoir atteint l'île. Le navire amiral « Yamato » devait s'échouer sur les rives d'Okinawa et se servir de ses batteries jusqu'à sa destruction.
okinawa yahagi
Le croiseur japonais « Yahagi » participera aussi à l'opération « Ten-gō ».
okinawa yahagi
Le croiseur « Yahagi » est le premier à sombrer le 7 avril 1945 à 14h 05.
La flotte japonaise a été d'abord repérée par les sous-marins étasuniens « Threadfin » et « Hackleback » le 6 avril 1945 à 16 heures. 400 avions décollent le lendemain des porte-avions étasuniens et frappent les navires japonais avec leurs bombes et torpilles.
okinawa yamato
Le cuirassé japonais « Yamato » explose à 14h23 (l'explosion s'entendra jusqu'à 200 km de distance).
L'amiral Itō Seiichi donnera l'ordre d'évacuation à 14 h 05 mais il refusera d'abandonner le navire. Seuls 4 navires japonais parviendront à regagner les côtes japonaises. Seulement une dizaine d'avions alliés sera abattu durant l'opération.
bunker hill
Le porte-avions étasunien USS « Bunker Hill » est frappé par deux avions kamikazes en moins de 30 secondes le 11 mai 1945.
Des centaines de kamikazes japonais (1 800) se lanceront sur la flotte alliée pendant la bataille d'Okinawa (« operation Kikusui », 菊水作戦, « Kikusui sakusen ») et couleront 36 navires alliés.
marines okinawa
Des Marines du 1er régiment de marines sur le pont Wana à Okinawa le 18 mai 1945.


h/ La guerre soviéto-japonaise (9 août - 2 septembre 1945)

≈ L'invasion soviétique de la Mandchourie (9-20 août 1945)
mandchourie
Invasion éclair de l'Union soviétique en Mandchourie en août 1945.

Comme convenu avec les Alliés lors des conférences internationales de Téhéran et de Yalta, Staline envahit la Mandchourie, occupée par le Japon depuis plus de 10 ans, le 9 août 1945, soit trois mois après la capitulation du 3ème Reich allemand le 8 mai 1945. Précédemment, l'URSS n'avait déjà pas renouvelé le 5 avril 1945 - comme il était d'usage de le faire chaque année, mais promettent de le renouveler prochainement - le traité de neutralité soviéto-japonais signé en avril 1941. L'Union soviétique a ainsi évité de mener une guerre sur deux fronts tout en lorgnant désormais sur d'éventuels gains territoriaux en Asie (avec comme objectif numéro un celui de s'emparer du Sud de l'île de Sakhaline afin de pouvoir déployer la flotte du Pacifique en passant par le détroit de la Pérouse - passage Sōya en japonais - à l'abri donc des glaces hivernales).

mandchourie
Détroit de la Pérouse (rouge) et étendue maximale des glaces sur les mers au mois de février (turquoise).

D'avril à août 1945, soit de la non reconduction du pacte de neutralité à la déclaration de guerre de l'URSS, les Soviétiques ont tout fait pour amadouer les Japonais, tout en continuant de préparer l'invasion prochaine de la Mandchourie. Les Japonais ont ainsi espéré voir les Soviétiques jouer un rôle de médiateur entre le Japon et les États-Unis, proposant des gains territoriaux aux Soviétiques en Asie en échange d'une paix négociée à la place d'une capitulation sans condition japonaise.

mandchourie
Mouvement « en pince » de l'invasion de l'Union soviétique en Mandchourie.
90 divisions soviétiques fondent sur la Mandchourie face à des divisions japonaises privées de carburant et qui n'ont plus rien à voir avec la puissante armée du Guandong dix ans auparavant. Beaucoup de soldats japonais sont de simples conscrits ou d'anciens militaires, les meilleures unités et tout le matériel lourd ayant été envoyés dans le Pacifique à partir de 1943 (les 14ème et 29ème divisions japonaises seront notamment détruites lors des attaques alliées à Guam et à Palau, de nombreuses autres divisions de l'ancienne armée du Guandong seront aussi envoyées dans le Pacifique en 1944 et 1945). La marine japonaise est également inexistante - préférant se concentrer dans la défense de l'archipel -, les chars sont des vieux modèles, et très peu d'avions japonais contesteront la supériorité aérienne soviétique. Certains secteurs seront cependant âprement défendus par les Japonais.

En outre, l'invasion soviétique du 9 août 1945 a pris par surprise les Japonais - qui ne s'attendaient pas à offensive avant septembre - et a été probablement un facteur important menant à la capitulation du Japon (mieux valait-il peut être accepter la capitulation face aux Anglo-saxons, qui au moins garantissaient la souveraineté japonaise sur les quatre grandes îles du Japon, que de voir les Soviétiques tenter de s'emparer de l'île d'Hokkaidō ?). L'Empereur du Japon déclare le 15 août 1945 accepter les conditions demandées par les Alliés lors de la conférence de Postdam (les commandants japonais déposeront les armes de juillet à octobre 1945 selon les régions). 20 000 soldats japonais et 12 000 soldats soviétiques succomberont.

sovietiques coree
Les Soviétiques débarqueront aussi dans le nord de la Corée en août 1945 lors de l'opération « Seishin » (13-17 août 1945).

Des centaines de milliers de soldats se constitueront prisonniers (60 000 à 350 000 japonais y laisseront la vie) et les derniers internés japonais seront rapatriés en 1956.

drapeau sovietique
Drapeau de l'Union soviétique (1922-1991).
drapeau marine sovietique
Drapeau de la marine soviétique (1935-1991).


≈ L'invasion soviétique des îles Sakhaline (樺太の戦い, 11-25 août 1945) et Kouriles (18 août - 1 septembre 1945)
sakhaline
Invasion soviétique de l'île de Sakhaline (11-25 août 1945).
kouriles
Invasion soviétique des îles Kouriles (18 août - 1 septembre 1945).


front pacifique 1945
Situation du front en Asie et dans le Pacifique le 1 août 1945.
hien tokyo
Kawasaki Ki-61 « Hien » chargé de la défense de Tōkyō en 1945.

Les bombardements atomiques sur les villes de Hiroshima (6 août 1945) et Nagasaki (9 août 1945) ont probablement obligé les autorités à accepter la capitulation sans condition du japon le 14 août 1945. Les bombardements alliés ont causé la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes (entre 400 000 et 900 000), 1,3 million de blessés, 2,5 millions de maisons détruites et 8,5 millions de sans-abris.

trajets bombardements atomiques
Trajets des deux bombardiers ayant largué les bombes atomiques sur les villes japonaises de Nagasaki (140 000 morts) et Hiroshima (90 000 morts). Ces deux villes font partie d'une série de villes (Kokura, Hiroshima, Nagasaki, Niigata, Kyōto) ayant été épargnée de la campagne de bombardement aérien afin d'étudier les conséquences d'une éventuelle bombe atomique larguée.
nagasaki
Vue de Nagasaki après le bombardement nucléaire sur la ville le 6 août 1945 (Nagasaki a remplacé la ville impériale de Kyōto dans la liste initiale des 5 villes susceptibles d'être bombardées atomiquement).
hiroshima
Champignon créé par le largage d'une deuxième bombe atomique sur la ville de Nagasaki le 9 août 1945.
Les États-Unis justifièrent l'utilisation des bombes atomiques par la volonté de choquer la population et d'obliger les autorités japonaises à accepter la capitulation sans condition, mais aussi afin de ne pas engager les troupes étasuniennes dans des combats meurtriers sur le sol japonais, compte tenu de la résistance acharnée de l'armée impériale à Guadalcanal, Iwo Jima, ou encore Okinawa (des études menées par l'armée américaine conclurent que la campagne du Japon pourrait entraîner la mort de 200 000 soldats étasuniens et de 15 à 20 millions de Japonais). Cependant, certaines études montrèrent également l'efficacité du blocus en cours sur le Japon et l'impossibilité pour les autorités japonaises de voir se prolonger indéfiniment les bombardements de la marine et de l'aviation alliée sur le territoire japonais. D'autres justifications moins louables peuvent aussi être avancées pour l'utilisation de la bombe atomique : impressionner l'Union Soviétique et négocier en position de force sur les théâtres européen et asiatique, rapatrier au plus vite les soldats étasuniens afin de ne pas prolonger une guerre dont le peuple américain commence à se lasser, étudier les effets de la bombe atomique sur la population japonaise, etc. On peut aussi s'interroger sur la nécessité pour les Alliés de réclamer une capitulation « sans condition » du Japon (sous peine de « destruction totale » comme il l'était stipulé dans la déclaration de Postdam) alors que les Japonais auraient probablement déjà accepté une paix plus honorable, comme une armistice par exemple. Autre remarque : les Américains n'ont espacé les deux attaques nucléaires que de trois jours seulement, alors que les conséquences de la première attaque n'avaient pas été encore complètement identifiées par les Japonais. Dernière remarque, Staline avait promis en octobre 1944 à l'ambassadeur étasunien Averell Harriman, et à nouveau à Roosevelt lors de la conférence de Yalta en février 1945, que l'Union Soviétique entrerait en guerre contre le japon trois mois après la fin de la guerre contre l'Allemagne (voir aussi le « projet Hula » et le transfert de navires étasuniens à destination de l'Union Soviétique dans la base de Cold Bay afin de préparer l'invasion du territoire nippon), chose qui a été scrupuleusement respectée (9 mai 1945 : capitulation de l'Allemagne, 9 août 1945 : entrée en guerre de l'URSS contre le Japon), dans ces conditions, pourquoi les Étasuniens n'ont pas attendu cette date avant de larguer deux bombes atomiques sur le japon ?

Le Premier ministre Suzuki Kantarō déclarera que les autorités japonaises ont été contraintes à entamer des négociations avec les Alliés suite à l'addition de plusieurs facteurs : les bombardements aériens des B-29, la déclaration de Postdam du 26 juillet 1945 (qui spécifiait que la destruction du Japon serait complète si la capitulation japonaise n'était pas proclamée) et les deux bombes atomiques larguées sur Nagasaki et Hiroshima. La déclaration de guerre au Japon le 8 août 1945 et l'invasion de la Mandchourie par l'Union Soviétique (alors que les Japonais les avaient sollicités comme médiateurs entre le Japon et les États-Unis) a aussi peut être contraint les Japonais à négocier avec les Américains avant que les Soviétiques n'envahissent les îles de Sakhaline et d'Hokkaidō.

postdam
Conférence de Postdam le 28 juillet 1945.
La déclaration ne précise pas le rôle futur de l'Empereur du Japon mais stipule que « doivent être éliminés pour toujours tous les ceux qui ont détenu de l'autorité et l'influence, et qui ont conduit le Japon dans cette conquête mondiale ». La déclaration de Postdam appelle aussi à une capitulation sans condition ainsi qu'à un territoire japonais confiné aux seules quatre grandes îles du Japon (Hokkaidō, Honshū, Kyūshū et Shikoku) auquel pourra être ajouté « quelques îles » à déterminer. L’ambiguïté du texte permet aux Alliés d'agir pratiquement à leur guise pendant l'occupation de l'archipel.
dawnfall
« Opération Dawnfall » et invasion de l'archipel prévue par les Alliés en cas de refus japonais de capituler inconditionnellement. 5 millions d'hommes, 42 porte-avions, 24 cuirassés et 400 destroyers alliés auraient été mobilisés pour mener cette dernière campagne militaire.
nakajima kikka
Avion à réaction japonais Nakajima « Kikka » (中島 橘花, « fleur d'oranger ») construit à une dizaine d'exemplaires à la fin du conflit, œuvre de l'échange d'informations avec les Allemands et s'inspirant du Messerschmitt « Me 262 ».
nakajima kikka
Moteur « Ne-20 » de l'avion à réaction d'un prototype Nakajima « Kikka ».
mitsubishi j8m
Avion d'interception japonais Mitsubishi « J8M » Shūsui (三菱 J8M 秋水, « eau d'automne ») s'inspirant du modèle allemand Messerschmitt « Me 163 ».
sagami
Kokutai (国体, « Système de gouvernement/souveraineté »).
Le Japon accepte la capitulation sans condition selon les termes stipulés par la déclaration de Postdam. L'Empereur demeure à la tête de l'État mais perd son statut de divinité dans la nouvelle Constitution du Japon imposée par MacArthur en 1947, en échange de quoi, l'Empereur n'est pas poursuivi pénalement pour son éventuel rôle dans la conduite de la guerre par le Japon.

Après une tentative avortée de Coup-d'État les 14 et 15 août 1945 (« incident Kyūjō », 宮城事件, « Kyūjō Jike ») menée par le major Hatanaka Kenji refusant la capitulation et ayant tenté de s'emparer des enregistrements sonores annonçant la capitulation, la déclaration de l'Empereur Shōwa est finalement diffusée à la radio le 15 août 1945 (玉音放送, « Gyokuon-hōsō », littéralement « Voix radiodiffusée du Joyau ») annonçant la fin de la guerre (大東亜戦争終結ノ詔書, « Daitōa-sensō-shūketsu-no-shōsho ») :





« À Nos bons et loyaux sujets,



Après avoir mûrement réfléchi aux tendances générales prévalant dans le monde et aux conditions actuelles de Notre Empire, Nous avons décidé de régler, par une mesure exceptionnelle, la situation en cours.



Nous avons ordonné à Notre Gouvernement de faire savoir aux Gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Chine et de l'Union soviétique, que Notre Empire accepte les termes de leur Déclaration commune.



Nous efforcer d'établir la prospérité et le bonheur de toutes les nations, ainsi que la sécurité et le bien-être de Nos sujets, telle est l'obligation qui Nous a été solennellement transmise par Nos Ancêtres Impériaux et que Nous portons dans Notre Cœur. C'est d'ailleurs du fait de Notre sincère volonté d'assurer la sauvegarde du Japon et la stabilité du Sud-Est asiatique que Nous avons déclaré la guerre à l'Amérique et au Royaume-Uni, car la pensée d'empiéter sur la souveraineté d'autres nations ou de chercher à agrandir notre territoire était bien éloignée de Nous. Mais voici maintenant près de quatre années que le conflit se prolonge. Bien que chacun ait fourni ses meilleurs efforts – en dépit des vaillants combats menés par Nos forces militaires et navales, de la diligence et de l'assiduité de Nos serviteurs et dévouement de Nos cent millions de sujets – la guerre a suivi son cours, mais pas nécessairement à l'avantage du Japon, tandis que les tendances générales prévalant dans le monde se sont toutes retournées contre ses intérêts. En outre, l'ennemi a mis en œuvre une bombe nouvelle d'une extrême cruauté, dont la capacité de destruction est incalculable et décime bien des vies innocentes. Si Nous continuions à combattre, cela entraînerait non seulement l'effondrement et l'anéantissement de la nation japonaise, mais encore l'extinction complète de la civilisation humaine. Cela étant, comment pouvons-Nous sauver les multitudes de Nos sujets ? Comment expier Nous-mêmes devant les esprits de Nos Ancêtres Impériaux ? C'est la raison pour laquelle Nous avons donné l'ordre d'accepter les termes de la Déclaration commune des Puissances.



Nous ne pouvons qu'exprimer le sentiment de notre plus profond regret à Nos Alliés du Sud-Est asiatique qui ont, sans faillir, coopéré avec Notre Empire pour obtenir l'émancipation des contrées orientales. La pensée des officiers et soldats, ainsi que de tous les autres, tombés au champ d'honneur, de ceux qui ont péri à leur poste, de ceux qui ont trépassé avant l'heure et de toutes leurs familles endeuillées, Nous serre le cœur nuit et jour. Le bien-être des blessés et des victimes de la guerre, et de tous ceux qui ont perdu leur foyer et leurs moyens d'existence, est l'objet de Notre plus vive sollicitude. Les maux et les douleurs auxquels Notre nation sera soumise à l'avenir vont certainement être immenses. Nous sommes pleinement conscient des sentiments les plus profonds de vous tous, Nos sujets.



Cependant, c'est en conformité avec les décrets du temps et du sort que Nous avons résolu d'ouvrir la voie à une ère de paix grandiose pour toutes les générations à venir en endurant ce qui ne saurait être enduré et en supportant l'insupportable. Ayant pu sauvegarder et maintenir la structure de l'État impérial, Nous sommes toujours avec vous, Nos bons et loyaux sujets, Nous fiant à votre sincérité et à votre intégrité. Gardez-vous très rigoureusement de tout éclat d'émotion susceptible d'engendrer d'inutiles complications ; de toute querelle et lutte fratricides qui pourraient créer des désordres, vous entraîner hors du droit chemin et vous faire perdre la confiance du monde. Que la nation entière se perpétue comme une seule famille, de génération en génération, toujours ferme dans sa foi en la pérennité de son sol divin, gardant toujours présents à l'esprit le lourd fardeau de ses responsabilités et la pensée du long chemin qu'il lui reste à parcourir. Utilisez vos forces pour les consacrer à construire l'avenir. Cultivez les chemins de la droiture ; nourrissez la noblesse d'esprit ; et travaillez avec résolution, de façon à pouvoir rehausser la gloire immanente de l'État impérial et vous maintenir à la pointe du progrès dans le monde. »





declaration empereur
Transcription de la déclaration de l'Empereur du 14 août 1945 (et diffusée le 15 août 1945) sur une page unique avec le sceau du Japon (rouge), complétée de la signature de l'Empereur et du chrysanthème du sceau impérial (jaune).
prisonniers japonais empereur
Des prisonniers japonais sur l'île de Guam écoutent religieusement la déclaration radiophonique de l'Empereur du Japon du 15 août 1945. Le 15 août est désormais célébré au japon comme étant « le jour de la commémoration de la fin de la guerre » (終戦記念日, « Shūsen-kinenbi »).
sagami
Navires alliés dans la baie de Sagami le 28 août 1945 (dont USS « Missouri », USS « Colorado », HMS « duc d'York » et HMS « roi George V »).

La Deuxième Guerre mondiale dans le Pacifique aura coûté la vie à 4 millions de soldats alliés (Chinois pour l'essentiel) et 2,5 millions de soldats japonais, ainsi qu'à 27 millions de civils (dont 7 à 16 millions de Chinois et 1 million de Japonais).

missouri capitulation
Les représentants de l'empire du Japon à bord de l'USS « Missouri » le 2 septembre 1945 dans la baie de Tōkyō avant la signature de la capitulation (Shigemitsu Mamoru, Umezu Yoshijirō, Nagai Yatsuji, Okazaki Katsuo, Tomioka Tadatoshi, Kase Toshikazu, Miyakazi Suichi, Yokoyama Ichiro, Ota Saburo, Shiba Katsuo et Sugita Kaziyi).
tokyo allies
Navires et avions alliés dans la baie de Tōkyō le 2 septembre 1945 après la capitulation signée par le Japon.
missouri capitulation
Douglas MacArthur et les représentants des principaux pays alliés à bord de l'USS « Missouri ».
Ultime humiliation et symbolisant parfaitement la situation, à gauche se trouve le drapeau étasunien de l'USS « Powhatan » du commodore Matthew Perry qui avait forcé l'interdiction aux navires étrangers de se rendre à Edo en 1853, et conduit le Japon à accepter peu de temps après les traités inégaux commerciaux imposés par les Occidentaux (Douglas MacArthur était d'ailleurs un cousin de Matthew Perry).
prisonniers japonais siberie
Prisonniers japonais rentrant de captivité en Union Soviétique et débarquant dans le port japonais de Maizuru en 1946.