éternel Japon

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-- L'Empire du soleil levant --

icone siteLe shogunat Tokugawa (1600-1867)

Sommaire :


1/ Le siège d'Osaka (1614-1615)

Après la bataille de Sekigahara en 1600 remportée par l'armée de l'Est de Tokugawa Ieayasu, le clan Toyotomi est encore autorisé à conserver ses terres autour d'Osaka. Toyotomi Hideyori, le dernier fils vivant et successeur désigné de Toyotomi Hideyoshi, est désormais âgé de 22 ans en 1614 lorsque le clan décide de reconstruire le château d'Osaka et commence à rassembler de nombreux déjà perdu cette guerres sur ses terres.

mort toyotomi hideyori
Toyotomi Hideyori ((豊臣 秀頼, 1593-1615)

Le shōgun Tokugawa Ieayasu utilise ce prétexte pour en finir une fois pour toute avec le successeur de Toyotomi Hideyoshi et avec le clan Toyotomi afin de raffermir et pérenniser le régime shogunal. L'inscription de la cloche nouvellement rénovée du temple Hōkō-ji est aussi interprétée comme une insulte par les Tokugawa.

mort toyotomi hideyori
Cloche du temple Hōkō-ji à Kyōto.
La cloche rénovée par le clan Toyotomi comprend notamment l'inscription suivante : « Puisse l'État être pacifique et prospère ; à l'Est il salue la pâle lune, et dans l'Ouest fait ses adieux au soleil couchant. »

Deux campagnes militaires (大坂冬の陣, « Osaka Fuyu no Jin », campagne d'hiver ;大坂夏の陣, « Osaka Natsu no Jin », campagne d'été) seront lancées par Tokugawa Ieayasu contre le clan Toyotomi et d'anciens samouraïs ralliés, vaincus à la bataille de Sekigahara mais désireux de recouvrer leurs anciennes possessions.

combats campagne hiver
Arquebusiers durant les combats de la campagne d'hiver.

Les hostilités commencent en novembre 1614 par la prise d'un fort près de la rivière Kizugawa. Une semaine plus tard, le 16 novembre 1614 a lieu la bataille d'Imafuku. Les forces de l'armée de l'Est souhaitent s'emparer du village afin de sécuriser le ravitaillement en vue du siège du château d'Osaka. L'armée de l'Ouest menée par le clan Toyotomi résiste durant toute la journée mais est finalement battue par l'armée de l'Est shogunale.

bataille imafuku
Bataille d'Imafuku (16 novembre 1614).

Les batailles de Shigino, de Kizu-gawa et de Toda-Fukushim s’enchaînent et se soldent encore par des défaites pour le clan Toyotomi et l'armée de l'Ouest. Les forces de Tokugawa Ieayasu s'emparent ensuite d'une forteresse à Sanado-Maru et progressent encore un peu plus vers Osaka. Ces batailles mineures n'engagent que quelques milliers d'hommes à chaque fois.

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Bataille de Shigino (26 novembre 1614).
(tu ne maîtrises pas le japonais ? Moi non plus figure toi...).

La campagne d'été débute avec la bataille de Kashii en juin 1615. L'armée de l'Est fidèle au clan Toyotomi tente de soulager la pression à Osaka en lançant un raid sur le château de Wakayama d'Asano Nagaakira. Les 3 000 hommes de l'armée de l'Ouest sont commandés par Ōno Harunaga et font face à la garnison du château. Les 5 000 hommes de l'armée de l'Est sont commandés par Asano Nagaakira et affrontent victorieusement les assaillants à terrain découvert.

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Monument commémoratif sur l'emplacement de la bataille de Kashii en juin 1615.

Une très importante bataille a lieu près du château d'Osaka près du mont Tamateyama : la bataille de Dōmyōji. Le samouraï Gotō Mototsugu a comme mission de défendre le col donnant accès à la vallée. Gotō Mototsugu attendra en vain des renforts qui ne viendront jamais à cause du brouillard. Il mènera plusieurs charges contre l'armée assaillante et sera finalement tué après avoir été blessé par un tir d'arquebuse.

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Gotō Mototsugu (後藤 基次, 1565-1615).

Avec la mort de Gotō Mototsugu, l'armée de l'Ouest fidèle à Toyotomi Hideyori perd donc l'un de ses meilleurs généraux dans la journée du 3 juin 1615. L'accès au château d'Osaka est cette fois ouvert pour l'armée shogunale.

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Bataille de Dōmyōji (道明寺の戦い; Dōmyōji no tatakai) à Osaka.

L'armée de l'Ouest commandée cette fois par Akashi Takenori (明石 全登) va tenter d'abattre en vain une dernière carte aux pieds du château. Mais l'armée de Tokugawa Ieayasu est trois fois plus nombreuse, elle regroupe près de 150 000 hommes et s'avance vers le château en 4 colonnes.

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Le siège d'Osaka et la bataille entre les deux armées (image aggrandie haute résolution).
akashi takenori
Akashi Takenori (明石 全登, ou encore Akashi Morishige, 1566-1618).
Ce général samouraï chrétien ne se fera pas seppuku après la défaite, le suicide étant contraire aux préceptes du christianisme, il réussira à s'enfuir après la bataille.

Malgré de nombreuses erreurs tactiques de part et d'autre, l'armée de l'Ouest subira de lourdes pertes et ne pourra éviter la défaite. C'est au cours de cette bataille que périra aussi le samouraï Sanada Yukimura. Dans le château d'Osaka, Toyotomi Hideyori sera obligé de se faire seppuku. Le fils de Hideyori, Toyotomi Kunimatsu, âgé de 8 ans, est capturé et décapité à Kyōto. Le clan Toyotomi est démantelé et ne constitue désormais plus une menace pour les Tokugawa.

kawaraban
Un des plus anciens « kawaraban » (illustration peinte), vendu à l'époque d'Edo, il représente la chute du château d'Osaka.
mort toyotomi hideyori
Lieu présumé où Toyotomi Hideyori s'est donné la mort dans le château d'Osaka (une autre source historique indique que Toyotomi Hideyori a été la proie du château enflammé lors du siège).

Le célèbre Miyamoto Musashi, ayant déjà participé à la bataille de Sekigahara alors qu'il était âgé de 17 ans, aurait peut être aussi pris part au siège d'Osaka avec le clan Toyotomi, mais cela reste une supposition. Le samouraï participera aussi au siège du château de Hara en 1638 pour mâter la révolte des Chrétiens.

mort toyotomi hideyori
Miyamoto Musashi (宮本 武蔵, 1584–1645)
Escrimeur, calligraphe, peintre mais aussi philosophe, Miyamoto Musashi resta invaincu en combat singulier avec 61 victoires. Il pratiquera notamment une technique de combat particulière en utilisant ses deux sabres en même temps. Miyamoto Musashi est devenu une figure emblématique du Japon.

2/ La persécution des Chrétiens

L'arrivée des premiers missionnaires chrétiens catholiques a suivi de peu l'arrivée fortuite des premiers Européens en 1542 sur l'archipel : des commerçants portugais échoués sur l'île de Tanegashima. Les Japonais seront surtout intéressés par les armes européennes et le rôle d'intermédiaires commerçants de ces Européens entre la Chine et le Japon, notamment de la soie et de la porcelaine, alors que la Chine est interdite d'accès aux Japonais.

marchands soie
Marchands de soie portugais au japon.

Les daimyōs et même le pouvoir central ne font rien contre l'évangélisation du pays par les missionnaires chrétiens, ils l'encouragent même en partie car elle leur permet de lutter contre l'influence très importante de certaines communautés bouddhistes, notamment les temples de Nara ou encore les redoutables ikko-ikki. D'autant plus que les commerçants chrétiens sont plus enclins à mouiller dans les ports des daimyōs convertis, ces derniers bénéficiant plus facilement d'arquebuses européennes, de meilleure qualité que leurs copies japonaises.

kuroda yoshitaka
Toyotomi Hideyoshi et Kuroda Yoshitaka (黒田 孝高, 1546-1604).
Ce dernier se convertira au christianisme.

Cependant, l'unification du Japon avec Oda Nobunaga entraîne une méfiance accrue contre cette religion prosélyte qui a réussit à convertir des centaines de milliers de Japonais en quelques décennies, notamment grâce à l'action du missionnaire jésuite Saint François Xavier.

cathedrale saint francois xavier
La cathédrale Saint François Xavier au village-musée de Meiji-mura, près de Nagoya.
Le village rassemble près de 60 bâtiments historiques des ères Meiji (1867–1912), Taisho (1912–1926) et Shōwa (1926–1989).

Les Japonais privilégieront l'entretien de relations commerciales avec les Hollandais protestants, et Toyotomi Hideyoshi commencera à édicter des mesures contraignantes contre le catholicisme et les convertis catholiques (« Kirishitan », 吉利支丹, 切支丹, キリシタン) reconnaissant le Saint Père à Rome. Les Japonais soupçonnent aussi les Espagnols de convertir les Japonais pour ensuite envisager une conquête militaire de l'archipel comme en Amérique latine. L'« union ibérique » entre les couronnes espagnole et portugaise entre 1580 et 1640 sous la houlette des Habsbourg accentue aussi cette méfiance, auquel s'ajoute la concurrence entre les congrégations franciscaine et jésuite.

ukon takayama
Statue du daimyō japonais converti Takayama Ukon (高山右近, 1552-1615) ou Dom Justo Takayama, dans le Parc Kojo à Takaoka, préfecture de Toyama.

En 1587, Toyotomi Hideyoshi décide l'expulsion du pays des missionnaires catholiques. 26 Chrétiens - la plupart japonais - sont crucifiés à Nagasaki, 137 églises sont démolies et les missionnaires jésuites sont expulsés du Japon. Nagasaki est alors la plus grande ville chrétienne du Japon, comptant une dizaine d'églises et de nombreuses institutions catholiques.

martyrs chretiens nagasaki 1587
Les 26 martyrs chrétiens de Nagasaki exécutés en 1587.
On pense que 700 000 Japonais se sont convertis au christianisme en ce début de 17ème siècle.

Mais en Europe, l'Angleterre a détruit l'invincible armada espagnole en 1588, les Provinces-Unies se sont libérées du joug espagnol et vont bientôt commercer avec le Japon. En 1600 déjà, un navire hollandais piloté par l'Anglais William Adams arrive au Japon et fait un état des lieux différend de l'Europe en comparaison de celle décrite par les Catholiques espagnols et portugais.

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Réplique du « Liefde », navire hollandais de la compagnie néerlandaise des Indes orientales piloté par l'Anglais William Adams.

En 1622 a lieu le Grand martyre de Nagasaki avec l'exécution de 52 Chrétiens à Nagasaki. 22 sont brûlés vifs, les autres sont décapités. Tous seront béatifiés par le pape Pie IX en 1867, en compagnie des martyrs exécutés précédemment déjà à Nagasaki.

martyrs chretiens nagasaki 1622
Le « grand martyr de Nagasaki » de 1622 durant lequel 52 Chrétiens sont exécutés.

En 1637 a lieu la grande rébellion de Shimabara. Les populations souffrent économiquement à cause de la fermeture du pays imposé par le shogunat Tokugawa. Les daimyōs locaux de l'île de Kyūshū, convertis comme beaucoup de leurs sujets au christianisme, en plus de voir leurs revenus chuter considérablement à cause des restrictions commerciales dans ces provinces tournées vers la mer, sont déjà suspects aux yeux du pouvoir central puisqu'ils ont le statut de « tozamas », s'étant soumis aux Tokugawa seulement après la bataille de Sekigahara en 1600.

amakusa shiro
Amakusa Shiro (天草 四郎, 1621–1638), daimyō japonais converti au catholicisme et chef de la rébellion de Shimabara en 1637.

De nombreux rōnins viennent se joindre aux populations locales, excédées par la faiblesse de l'activité économique, les impôts mais aussi les persécutions religieuses contre les Chrétiens. Les rebelles, au nombre de plusieurs dizaines de milliers de personnes, s'emparent de la forteresse désaffectée de Hara et organisent leur défense.

siege forteresse hara
Siège de la forteresse de Hara avec des navires européens en renfort (tout en bas de l'illustration).

Les premiers assauts contre la forteresse s'avèrent être infructueux. L'envoyé du shōgun fera appel aux navires hollandais pour canonner la forteresse pendant plusieurs jours afin d'affaiblir les défenses. Un assaut est ensuite mené avec succès le 12 avril 1638. Les insurgés sont pratiquement tous tués et le château est rasé.

ruines forteresse hara
Ruines de la forteresse de Hara.

En 1639, l'accès au Japon est encore plus contraignant pour les étrangers. 57 membres de l'équipage d'un navire portugais sont ainsi passés au fil de l'épée en 1640. Seuls quelques membres capables de faire naviguer le navire sont autorisés à regagner le comptoir portugais de Macao en guise de messagers. Les Hollandais protestants bénéficient cependant encore de conditions commerciales privilégiées.

carraque portugaise
Caraque portugaise commerçant à Nagasaki dans la deuxième moitié du 16ème siècle.
Le commerce avec les Européens espagnols et portugais était appelé commerce « nanban » (avec les barbares du Sud). Lorsque les Anglais et les Hollandais viendront accoster sur l'archipel, les Japonais les qualifieront de « kōmōs » (紅毛, « poils rouges »).

En 1825 sera proclamé l'édit d'expulsion des étrangers (異国船無二念打払令 « Ikokusen Muninen Uchiharairei », « intransigeant avec les navires étrangers »). L'édit durera jusqu'en 1842. Cependant, les études hollandaises ou « rangaku » continueront d'être enseignées, parfois clandestinement. Les fiefs japonais du Sud-Ouest se doteront de défenses côtières contre les intrusions occidentales, et les fiefs de Saga et de Chōshū disposeront même en 1852 de hauts fourneaux artisanaux capable de produire des armes à feu.

sakuma shozan
Sakuma Shozan (佐久間象山, 1811 – 1864), cet érudit japonais ayant étudié les sciences occidentales (« rangaku ») était partisan d'acquérir et d'utiliser les technologies occidentales. C'est à lui que l'on doit la formule « éthique japonaise, technologie occidentale » (東洋道徳、西洋芸術). Il fut tué par un assassin partisan de l'Empereur.

3/ La fin du shogunat et la guerre de Boshin

L'arrivée des bateaux noirs du commodore étasunien Perry en 1853 puis 1854 mettent définitivement fin à la politique isolationniste du shogunat Tokugawa et portent un coup terrible au prestige du régime. L'expédition étasunienne contraint en effet le Japon à ouvrir des ports et à entretenir des relations commerciales avec les États-Unis - qui ont acquis tout le Sud-Ouest de leur territoire après une guerre illégale remportée contre le Mexique en 1846.

forces japonaises et etasuniennes
Illustration japonaise d'un « bateau noir » de l'expédition Perry.
(la couleur noire symbolisait la couleur de certains vaisseaux munis de roues à aube et peints à la peinture à l'huile de couleur noire, mais également la fumée noire crachée par les cheminées des navires à vapeur).

Les Américains disposent désormais d'une importante façade sur le Pacifique et sont intéressés par le commerce de la baleine ainsi que par les ports japonais, permettant aux navires étasuniens commerçant avec la Chine de faire escale et de se ravitailler avant de traverser l'océan Pacifique.

L'Empereur, auquel le shogunat avait demandé son avis, s'opposera catégoriquement aux traités avec les Occidentaux. Les contestataires des traités trouveront ainsi un point de cristallisation autour duquel les forces anti-shogunales vont pouvoir se rassembler.

forces japonaises et etasuniennes
Forces japonaises et étasuniennes lors de la deuxième expédition du commodore Perry en 1854.

L'opposition se rassemble derrière le slogan xénophobe « jō-i » (expulser les barbares). Mais elle est très vite débordée par des opposants issus des fiefs du Sud-Ouest qui déclarent ouvertement vouloir « faire tomber le bakufu » (tōbaku). Bientôt c'est cette fois le mot d'ordre « vénérons l'Empereur » (sonnō) qui se prononcera pour le rétablissement de l'Empereur comme figure de proue du futur régime.

Le shogunat est aussi fortement contesté dans sa structure même, on lui reproche, en particulier la classe des marchands, d'être un appareil bureaucratique sclérosé incapable de se réformer et désormais incapable d'assurer la sécurité publique face aux émeutes de plus en plus fréquentes. Les puissants fiefs tozamas du Sud-Ouest de l’archipel (Satsuma, Chōshū et Tosa) mènent la révolte, souhaitant abattre le shogunat pour faire du commerce et moderniser le Japon.

rencontre shogun perry
Rencontre entre le shōgun Tokugawa Iesada et le commodore Perry (qui a quand même daigné se déchausser).
carte japon 1854
Carte du Japon en 1864.

L'autorité du shogunat est toujours plus mise à mal par les concessions commerciales permanentes accordées aux Occidentaux (la convention de Kanagawa est signée en 1854 entre les États-Unis et le Japon, de nombreux autres traités suivront). Ces derniers disposent par la suite de concessions extraterritoriales, de ports servant à abriter des navires de guerre, d'un droit de regard sur les taxes des produits importés dans l'archipel, mais aussi sur le cours de l'or. La population japonaise est de plus en plus paupérisée et les révoltes deviennent fréquentes.

forces japonaises et etasuniennes
Carte du port-franc de Yokohama en 1859.
Yokohama supplantera Nagasaki et concentrera rapidement les deux tiers du commerce extérieur du pays.

Le « bakumatsu » (幕末, bakumatsu, « fin de gouvernement ») est le nom de la période spécifique correspondant à la fin du shogunat Tokugawa. Cette période trouble voit les nationalistes pro-impériaux ou « ishin shishi » (維新志士) s'opposer aux forces shogunales. D'autres factions et clans profitèrent de la confusion ambiante pour accroître leur pouvoir, notamment les revanchards daimyōs tozamas (déchus depuis la bataille de Sekigahara perdue par l'armée de l'Ouest, d'abord conservateurs et anti-modernistes, ils se rallieront ensuite à une politique d'ouverture autour de l'Empereur) et les anti-occidentaux apparus après les traités inégaux signés (dont le mot d'ordre est « sonnō jōi » : « révérer l'Empereur, expulser les barbares »).

incident sakuradamon
Le samouraï Arimura Jisaemon assassinant Ii Naosuke.
L'incident de Sakuradamon en 1860 vit 17 rōnins et samouraïs du domaine de Mito assassiner Ii Naosuke, tairō (大老, « grand ancien ») du shogunat ayant signé le traité de Harris entre le Japon et les États-Unis, et partisan de l'édification d'une défense côtière dans la baie d'Edo. On reprochait aussi au shogunat de basculer dans une occidentalisation forcenée notamment depuis la purge d'Ansei et l'emprisonnement des réfractaires aux traités signés avec les Occidentaux.

La lutte entre traditionalistes (réfractaires à tout changement et favorables aux techniques ancestrales japonaises) et modernistes (partisans de l'étude approfondie de la technologie occidentale afin de mieux les repousser) est désormais caduque, le rattrapage technologique est désormais nécessaire pour les Japonais, reste à savoir par quel moyen et autour de quelle structure politique.

iles fortresse odaiba
La batterie « Odaiba » (お台場) dans la baie d'Edo, une des six îles-forteresses construites en 1853 par le shogunat par Egawa Hidetatsu.
kanko maru
Le « Kankō Maru » (観光丸), premier navire à vapeur japonais, fabriqué en 1850 et offert par le roi Guillaume III des Pays-Bas au Japon en 1854. Le capitaine hollandais Gerhardus Fabius fut envoyé au Japon et fut chargé d'apprendre aux Japonais à manœuvrer le navire.
kanko maru replique
Réplique contemporaine du « Kankō Maru » fabriquée par les Hollandais en 1987.

Le Japon entreprit également la construction d'un centre d’entraînement naval à Nagasaki. Achevé en 1855, il était situé à proximité de l'enclave commerciale hollandaise de Dejima. Ce sont des officiers de la marine hollandaise qui seront chargés de faire l'instruction aux marins japonais. Le centre sera ensuite transféré à Edo en 1859 (les Hollandais ne souhaitant pas continuer une entreprise pouvant les compromettre aux yeux des autres Occidentaux, et le bakufu préférant aussi rapprocher cette institution de la capitale shogunale, jugeant la ville de Nagasaki trop près des forces potentiellement anti-Tokugawa).

centre entrainement naval nagasaki
Centre d’entraînement naval de Nagasaki (avec l'enclave hollandaise de Dejima en arrière-plan).
shohei maru
Navire japonais « Shōhei Maru » construit en 1855 en s'inspirant probablement des navires hollandais.
asahi maru
Le « Asahi Maru » (旭日丸), navire de type frégate construit par les Japonais en 1856 après la fin de la période d'isolement et à le demande du shogunat. Les fiefs japonais ont désormais eu l'autorisation de construire des navires afin de protéger le Japon des incursions étrangères. Le navire porte les couleurs du shogunat (noir et blanc) mais aussi le disque solaire rouge symbolisant l'Empereur et le Japon.
hoo maru
Le « Hōō Maru », autre navire de type frégate construit par le shogunat en 1856 en réponse à l'expédition Perry. Ces navires étaient cependant déjà obsolètes dès leurs constructions face aux navires occidentaux.

Les incidents entre Occidentaux et Japonais sont de plus en plus fréquents dans les années 1860, en particulier depuis l'incident de Namamugi en 1862 (le britannique Charles Lennox Richardson sera tué). Le bakufu était enclin à négocier et à verser une compensation financière de 100 000 £ mais la province de Satsuma refusa de payer et de livrer les deux samouraïs coupables de l'assassinat.

incident namamugi
Incident de Namamugi au cours duquel deux Britanniques trouvèrent la mort en 1862.
Les samouraïs de Shimazu Hisamitsu estimèrent que les Britanniques leur avaient manqués de respect en ne s'écartant pas de la route à leur passage comme il était de rigueur à l'époque au Japon. Les britanniques estimaient qu'ils bénéficiaient de leur statut d'extraterritorialité leur dispensant de se conformer à cette pratique japonaise.

En contravention de son statut de quasi neutralité dans les affaires publiques, l'Empereur Kōmei (孝明天皇, Kōmei-tennō, 1831–1867) prend une décision politique majeure en 1863 : l'édit d'expulsion des barbares (étrangers) du pays (攘夷実行の勅命, « jōi jikkō no chokumei »). Soutenu par les puissants fiefs du Sud-Ouest et mis sous pression, le shōgun est obligé d’emboîter le pas à l'Empereur et d'édicter la fin des relations avec les étrangers.

batteries japonaises shimonoseki
Batteries japonaises tirant sur des navires occidentaux à Shimonoseki en 1863.

En 1864 a lieu aussi sur le plan intérieur la rébellion de Mito (水戸幕末争乱, « Mito bakumatsu sōran ») près du mont Tsukuba. Elle sera réprimée par le shogunat qui devra s'y prendre à deux fois pour venir à bout de la révolte.

insurges mito
Insurgés de Mito.
insurges mito sonno joi
Insurgés de Mito avec la bannière « Sonnō Jōi » (« Vénérer l'Empereur, expulser les barbares »).

La réponse occidentale aux velléités de fermeture du pays malgré les accord signés ne se fera pas attendre. Ce sont les États-Unis, pourtant empêtrés dans la guerre de sécession, qui frapperont les premiers en juillet 1863 avec l'attaque de la frégate étasunienne « Wyoming » dans la baie de Shimonoseki. Des navires marchands étasuniens mais aussi des navires de guerre français et hollandais participeront aussi à l'expédition.

combat shimonoseki
Combat de Shimonoseki entre la frégate étasunienne « Wyoming » et les navires du clan Mōri.

Toujours à Shimonosek sera entamée une autre expédition navale internationale en août 1863 comprenant des navires étasuniens, britanniques, français et hollandais.

campagne shimonoseki
Capture d'une batterie côtière japonaise par les Britanniques à Shimonoseki.

En août 1863 le bombardement de Shimonoski vient clore cette campagne de représailles à Shimonoseki contre le clan Mōri. Les frégates françaises « Tancrède » et « Dupleix » bombardent la ville et une force de 250 hommes menée par le capitaine Benjamin Jaurès débarquent et détruisent des pièces d'artillerie.

fregate tancrede shimonoseki
La frégate française « Tancrède » au large de Shimonoseki.

Les Britanniques enverront une flotte à Kagoshima en août 1863 pour faire appliquer leur demande de punition contre les deux samouraïs coupables de l'assassinat de Charles Lennox Richardson. Après des tirs de la défense côtière, la marine britannique ripostera en bombardant la ville de Kagoshima, causant la destruction de 500 habitations.

bombardement kagoshima
Bombardement de la ville de Kagoshima par la marine anglaise en 1863.

Le shogunat sera contraint de payer une indemnité de 3 millions de dollars ou alors d'ouvrir un port de la mer intérieure du Japon aux commerce international. Le shogunat optera pour la deuxième solution et donnera un accès aux navires étrangers dans le port de Hyōgo.

canons shimonoseki invalides
Canons des défenses côtières de Shimonoseki pris par les Français et exposés aux Invalides. On peut y voir gravé le mon du clan Mōri (en bas à droite).

Le shogunat lancera une deuxième expédition en représailles en juin 1866 contre le clan Mōri dans la région de Chōshū (la première n'avait pas donné lieu à un combat) afin de le punir contre leur refus de payer l'indemnité imposée par les Occidentaux et les punitions occidentales qui en ont découlées. Mais cela s'avérera être un désastre militaire face à un clan Mōri mieux équipé. Cette défaite concédée entamera encore un peu plus le prestige du shogunat.

operations choshu
Carte des opérations lors de la deuxième expédition dans le domaine de Chōshū appartenant au clan Mōri.

Contraint par la force de renoncer à son isolationnisme et conscient de son retard technologique structurel, le bakufu envoie des émissaires en Europe dès 1958 afin de demander une coopération militaire et tenter de rattraper son retard technologique sur l'Occident. La renégociation des traités commerciaux illégaux imposés par l'Occident sera d'ailleurs le leitmotiv principal des dirigeants japonais à partir de l'ère Meiji.

delegation japonaise shibata takenaka
Shibata Takenaka (à droite), un des « gaikoku bugyō » (外国奉行, délégués aux affaires étrangères) envoyé entre 1963 et 1968 par le shogunat afin d'établir des relations diplomatiques et commerciales avec d'autres pays européens que les seuls pays-Bas. Shibata Takenaka se rendra au Royaume-Uni et en France. L'armée française, tout comme la marine britannique, étaient réputées pour êtres les meilleures en Europe. Les Britanniques déclineront la proposition, mais Napoléon III y répondra favorablement et enverra une mission militaire comprenant notamment le lieutenant Jules Brunet.

Pourtant très affaibli par les représailles militaires occidentales, le shogunat établit cependant avec Napoléon III une coopération militaire en reçevant une première mission militaire française au Japon en 1867, deuxième coopération militaire européenne après la coopération avec les pays-Bas dans les années 1850.

mission militaire francaise
Les membres de la mission militaire française envoyée au Japon en 1867 (Jules Brunet est assis, deuxième à partir de la droite).

Le capitaine Charles Sulpice Jules Chanoine dirige cette mission comprenant des instructeurs d'infanterie, d'artillerie et de cavalerie, des artificiers ou encore des ingénieurs. La mission française embarque à Marseille le 19 novembre 1866 et arrive à Yokohama le 14 janvier 1867.

entrainement denshutai
Entraînement des troupes japonaises par les Français. La mission formera pendant un an le corps d'élite shogunal « denshūtai » (伝習隊) composé de 800 hommes, avant d'être plongé dans la guerre de Boshin (戊辰戦争, « Boshin Sensō ») contre les forces pro-impériales.

Les Français seront aussi chargés de construire des arsenaux militaires à Yokosuka et Nagasaki. L'ingénieur Léonce Verny sera à son tour envoyé au Japon en 1865. D'autres spécialistes français le rejoindront et l'aide française se prolongera jusqu'en 1876, soit bien après la chute du bakufu. Le navire « Yokosuka-maru » sera le premier bateau de guerre à sortir du nouvel arsenal de Yokosuka en novembre 1866.

dock arsenal yokosuka
Dock de l'arsenal de Yokosuka durant l'ère Meiji.
parc verny yokosuka
Parc Verny dans la ville de Yokosuka pour honorer la mémoire de Léonce Verny et la coopération franco-japonaise.

Les abandons de souveraineté cédés aux Occidentaux par le shogunat finissent par rassembler de plus en plus de daimyōs et de samouraïs. La rébellion se rassemble autour de la figure impériale - protégée par les Britanniques - et se cristallise en particulier dans les riches domaines tozamas du Sud-Ouest : Chōshū, Satsuma et Tosa. L'objectif pour beaucoup est désormais de faire tomber définitivement le shogunat et de restaurer l'empire.

keiheitai
« kiheitai » (milice de volontaires) du domaine de Chōshū. Cette milice combattra le shogunat lors de la deuxième expédition shogunale contre Chōshū et durant la guerre de Boshin.
shimazu satsuma
Mon du clan Shimazu (domaine de Satsuma, île de Kyūshū).

Le domaine de Chōshū était régi par le clan Mōri et estimait avoir été injustement lésé par Tokugawa Ieyasu après la bataille de Sekigahara en 1600 (le domaine du clan sera transféré de Aki à Nagato et passera de 1 200 000 à 369 000 kokus), malgré les nombreux gages apportés par le clan à l'époque (nombreuses défections et inactivité volontaire des troupes selon des accords secrets passés avec Tokugawa Ieayasu, alors que le clan Mōri était dans le camp adverse).

mori takachika
Mōri Takachika (毛利敬親, 1836–1869), daimyō du domaine de Chōshū pendant la guerre de Bochin.
mori choshu
Mon du clan Mōri (domaine de Chōshū).

Conscient du nouveau rapport des forces, les Anglo-saxons, autrefois partenaires privilégiés du shogunat, vont changer de camps et approvisionner en armes, en matériel et fournir des instructeurs au domaine de Satsuma notamment, en misant cette fois sur une victoire des forces pro-impériales. Les Japonais avaient été impressionnés par la victoire anglaise contre la Chine lors de la guerre de l'opium, mais la France était encore auréolée de ses victoires lors de la guerre de Crimée contre l'ennemi russe.

fusils boshin
Fusils de la guerre de Boshin.
troupes bakufu
Troupes du bakufu Tokugawa près du mont Fuji (peinture de 1867 de l'instructeur français Jules Brunet).
fantassin bakufu
Fantassin du bakufu Tokugawa (peinture de 1867 de l'instructeur français Jules Brunet).

En 1866, le shōgun Tokugawa Iemochi et l'Empereur Kōmei meurent. Tokugawa Yoshinobu et l'Empereur Meiji leur succèdent. Tokugawa Yoshinobu renonce au shogunat et abdique en octobre 1867, en espérant jouer un rôle dans le futur gouvernement national, mais certains fiefs du Sud-Ouest souhaitent l'évincer définitivement (Satsuma et Chōshū). Le 3 janvier 1868, le jeune Empereur Meji déclare la restauration de ses pleins pouvoirs. L'assemblée consultative impériale réunit semble vouloir en rester là, mais Saigō Takamori (domaine de Satsuma) exhorte la fin du shogunat et la dépossession de Tokugawa Yoshinobu de ses terres.

mon tokugawa
Mon du clan Tokugawa
batailles guerre boshin
Batailles de la guerre de Boshin.

Le 24 janvier 1868, des troupes du shogunat se rendent dans la capitale impériale Kyōto occupée par les forces de Chōshū et Satsuma. Les deux armées se rencontrent lors de la bataille de Toba-Fushimi (鳥羽・伏見の戦い, « Toba-Fushimi no Tatakai »). L'armée impériale de 5 000 hommes fait face à 15 000 soldats shogunaux mais dispose toutefois d'un armement moderne, de canons et même de mitrailleuses. La bataille se solde par une défaite des forces shogunales.

pont koedabashi
Le pont de Koedabashi, là où a commencé la bataille de Toba-Fushimi et la guerre de Boshin.

À l'occasion de cette première bataille, les forces pro-impériales ont sorti des étendards impériaux préparés à l'avance et ont nommé le prince impérial Yoshiaki à la tête de leur armée. Les soldats shogunaux n'ont pas su immédiatement que l'étendard impérial avait été arboré, mais une fois la nouvelle connue, l'impact psychologique a été certain sur le moral des troupes Tokugawa.

troupes bakufu francais
Troupes du bakufu Tokugawa entraînées par les Français.
combat pont koedabashi
Combat sur le pont de Bungobashi (les troupes impériales sont à droite).
prince yoshiaki
Le prince Yoshiaki, commandant en chef de l'armée pro-impériale à la bataille de Toba-Fushimi.
banniere imperiale
Bannière impériale déployée durant la bataille de Toba-Fushimi.

Sur mer, un bref combat naval a lieu lors de la bataille d'Awa le 28 janvier 1868, au large d'Osaka, entre les forces shogunales et pro-impériales. Pendant cette bataille servait comme canonnier à bord du « Kasuga » le futur amiral Tōgō Heihachirō, vainqueur des Russes à Tsushima en 1905.

combat naval awa
Affrontement entre le « Kasuga » de la marine Satsuma pro-impériale (au premier plan) et le « Kaiyo » de la marine shogunale (au fond), pendant la bataille d'Awa.
alliance nord
Étendard du « Ōuetsu Reppan Dōmei » ou Alliance du Nord (奥羽越列藩同盟), coalition militaire pro-shogunale créée pendant la guerre de Boshin et regroupant une trentaine de domaines.

Après plusieurs jours de combat, les forces shogunales sont obligées de se replier. Elles se dirigent d'abord vers le château de Yodo mais le daimyō, leur refuse l'accès. L'armée shoguale est obligée de se rendre au château d'Osaka. Tokugawa Yoshinobu s'enfuira du château pendant la nuit et se réfugiera à bord du vaisseau étasunien « USS Iroquois », avant d'embarquer à bord du « Kaiyō Maru » et de rejoindre Edo. Apprenant la fuite de leur chef, les troupes shogunales abandonnent également le château d'Osaka aux mains des forces pro-impériales. La perte de cette place stratégique est un coup pratiquement fatal pour le prestige du shogunat qui a d'ores et déjà perdu cette guerre.

yodo chateau
Déroute des forces shogunales face à l'armée impériale (le château de Yodo est visible en arrière-plan).
fuite tokugawa yoshinobu
Fuite de Tokugawa Yoshinobu à bord de l'« USS Iroquois ».

le ressentiment des Japonais envers les étrangers est toujours brûlant. Le 8 mars 1868, onze marins français de la frégate « Dupleix » sont tués par des samouraïs de Tosa lors de l'incident de Sakai. Le 23 mars 1868, la délégation britannique de Sir Harry Parkes est attaquée dans les rues de Kyōto.

incident sakai
Incident de Sakai le 8 mars 1868 au cours duquel onze marins français trouvent la mort.
incident parkes
Attaque de la délégation britannique de Sir Harry Smith Parkes le 23 mars 1868.

Les forces impériales progressent désormais rapidement vers Edo en s'emparant de plusieurs forteresses importantes, aidées en cela par les nombreuses défections dans le camp shogunal. Malgré une forte résistance du corps d'élite shogunal « shōgitai », les forces shogunales doivent abandonner Edo peu de temps après la bataille d'Ueno le 4 juillet 1868.

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Attaque du temple Kaneiji de Tōkyō lors de la bataille d'Ueno.
Les troupes du shogitai (彰義隊) sont sur la gauche, en armures de samouraï, faisant face aux troupes impériales avec des uniformes modernes sur la droite.
haguma shaguma
Coiffures « haguma » (gauche) et « shaguma » (droite)
Ces couvre-chef en poils de yack étaient portés par certains officiers de l'armée impériale japonaise durant la guerre de Boshin. L'« ours blanc » (白熊, Haguma) était porté par les officiers de Chōshū, la coiffe « ours rouge » (赤熊, Shaguma) était portée par les officiers de Tosa (ainsi que par les troupes d'élite « Jinshotai » de Tosa), l'« ours noir » (黒熊, Koguma) étant porté par les officiers de Satsuma.
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Troupes d'élite « Jinshotai » (迅衝隊) du domaine de Tosa portant la coiffe shaguma durant la bataille d'Ueno.
Soldats Jinshotai du domaine de Tosa.

Le ministre shogunal Katsu Kaishū négocie alors une reddition avec les forces impériales et permet d'éviter toute effusion de sang dans la capitale shogunale Edo. Les accords stipulent que le clan Tokugawa doit subsister et que Tokugawa Yoshinobu doit avoir la vie sauve. Après la chute d'Edo, l'Empereur Meiji quitte bientôt Kyōto pour Tōkyō ( « capitale de l'est »), la nouvelle capitale impériale désormais.

voyage empereur
Voyage de l'Empereur de Kyōto pour Tōkyō.

Le responsable de la marine shogunale Enomoto Takeaki refuse cependant de capituler. Il ne livre que 4 navires aux impériaux et trouve refuge vers le nord de l'archipel avec 8 navires et 2 000 soldats, dont plusieurs instructeurs français qui ont choisi d'accompagner les rebelles, les Français n'appartenant plus à l'armée française étant donné leur violation des accords de neutralité signés par les Occidentaux à l'égard des deux belligérants au cours du conflit.

encadrement forces shogunales
L'encadrement franco-japonais des forces shogunales ayant gagné le nord du Japon pour continuer la lutte (Jules Brunet est assis, deuxième à partir de la gauche ; Fortant, Marlin, Cazeneuve et Bouffier l'accompagnent).

Après avoir battu les forces shogunales lors de la bataille du col de Bonari (母成峠の戦い), les forces impériales les affrontent à nouveau victorieusement lors de la bataille d'Aizu (会津戦争) et de de Noheji (野辺地戦争, Noheji sensō). L'armée shogunale est contrainte de se réfugier sur l'île septentrionale d'Hokkaidō.

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Attaque du château d'Aizuwakamatsu durant la bataille d'Aizu.
embarquement pour sydney gros
Embarquement des troupes shogunales vers Hokkaidō.

Sur l'île d'Hokkaidō , les forces shogunales ont proclamé la république d'Ezo et se sont emparées de la forteresse du Goryokaku, dont le daimyō était resté fidèle au nouveau gouvernement Meiji. Les troupe républicaines sont désormais assiégées dans la forteresse dans laquelle les instructeurs français organisent la défense. Les brigades sont commandées par des Français et le commandement de l'armée est assuré conjointement par des Japonais et des Français.

forteresse goryokaku
Le plan de la forteresse du Goryokaku à Hakodate.

Sur mer, les républicains tentent une opération audacieuse en voulant s'emparer du fleuron de la marine impériale : le « Kōtetsu », mais l'opération se solde finalement par une nouvelle défaite lors de bataille de la baie de Miyako (宮古湾海戦, « Miyakowan Kaisen ») le 6 mai 1869.

cuirasse kotetsu
Le « Kōtetsu », cuirassé français fabriqué à Bordeaux, livré aux États-Unis, puis vendu à la marine impériale en 1868 en dépit des accords de neutralité. ce navire dernier cri a été la principale cible des shogunaux lors de la bataille de la baie de Miyako, ces derniers menant une attaque surprise contre le navire et tentant même de l'aborder.

Les défenseurs se battent avec acharnement lors de la bataille de Hakodate (octobre 1868 à mai 1869) mais sont submergés par les assaillants. Une nouvelle victoire navale des impériaux vient clore la guerre de Boshin. Les militaires français seront exfiltrés par la frégate française « Coëtlogon », ils gagneront Yokohama puis rejoindront ensuite la France. Jules Brunet ne sera pas sanctionné et réintégrera l'armée française avant la guerre de 1870.

bataille hakodate
Bataille sur terre et sur mer de Hakodate (函館戦争).
bataille hakodate
Bataille de Hakodate (函館戦争).

Plusieurs figures shogunales, dont Enomoto Takeaki et Katsu Kaishū, furent réhabilitées et connurent par la suite une brillante carrière durant l'ère Meiji. Katsu Kaishū prôna l'union sacrée du Japon avant la guerre de Boshin et fit tout pour éviter cette guerre civile, arguant que cela ne ferait que profiter aux Occidentaux. Il accompagna le dernier des shoguns, Tokugawa Yoshinobu, lorsqu'il fut banni à Shizuoka (静岡県, Shizuoka-ken)

bataille hakodate
Katsu Kaishū (勝 海舟, 1823-1899) lors de la reddition du château d'Edo.
Traducteur de néerlandais et vice-amiral de la marine Tokugawa, il militera activement pour un ratrapage technologique avec un Occident colonisateur de plus en plus présent en Asie. Il voyagera aussi aux États-Unis en 1860. Il négociera habilement la reddition d'Edo lors de la guerre de Boshin et sera plus tard ministre de la marine impériale pendant l'ère Meiji.

La France s'était ainsi largement engagée aux côtés du shōgun, mais le Japon impérial ne lui en tiendra pas rigueur, et malgré la défaite de Sedan et la chute de l'empire en 1870, le Japon continuera à coopérer étroitement avec la France durant l'ère Meiji, afin d'amoindrir la prépondérance anglo-saxonne. Une collaboration avec la puissante Angleterre est également en vigueur et a d'abord comme objectif de contrecarrer les velléités expansionnistes de la Russie au nord du Japon.

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Vue de Nagasaki en 1870.