éternel Japon

embleme famille impériale
-- L'Empire du soleil levant --

icone siteLes prémices d'une nation et le Seiitaishōgun (794-1336)

Sommaire :


1/ La période Heian (794-1185)

Le terme « samouraï » apparaît à la période Heian lorsque le gouvernement central a dû renoncer à son armée de paysans-conscrits afin de luter efficacement contre les « Emishis ». Les Emishis étaient un peuple indigène vivant dans l'actuelle région du Tohoku, au nord-est de l'île principale de l'archipel : Honshū. Une étude récente considère les Emishis comme les indigènes descendants des « Jōmon » et des « Yahoi », et non pas simplement comme les ancêtres d'Aïnous.

Chaque province japonaise possédait alors un corps de 1 000 soldats et officiers appelés « gunku », attachés au service du « kokushi », le gouverneur de la province. Ce système sera aboli en 792, et une autre organisation se substitua à lui : le « kondeisei ». Les cavaliers-archers du kondeisei appartenaient à l'élite aristocratique. Ils se distinguaient donc des troupes régulières et sont très probablement à l'origine des premiers samouraïs.

heian kyo
Reproduction miniature du « Heian-kyō » (平安京, « capitale de la paix et de la tranquillité »), autre nom de la capitale impériale Kyōto.
palais daidairi
Palais impérial « Daidairi » (大内裏) à « Heian-kyō ».

La très riche région du Kantō, région à l'Est de Kyōto, possède de grandes étendues de plaines, favorisant les élevages de chevaux et l'émergence de très bons cavaliers. Peut-être que ces excellentes dispositions régionales ont même donné le nom « samouraï », ce dernier signifiant « au service » (de l'empereur).

festival kyoto
Photo prise lors d'un festival à Kyōto.
festival kyoto
Photo prise lors d'un festival à Kyōto.

Les Fujiwara (藤原氏) sont une famille puissante qui a dominé la période Heian, fournissant de nombreux shōguns au pays, assurant ainsi la régence du pays et s'accaparant de nombreux postes parmi la noblesse ou les gouverneurs provinciaux.

mon fujiwara
Mon (armoiries) du clan Fujiwara.

Parmi les autres grandes familles importantes de la période Heian on compte également les Tachibana (橘氏), les Minamoto (源) et les Taira (平).

mon minamoto
Mon du clan Tachibana

2/ Le seiitashogun et les barbares du nord

Si l'empereur possède un statut honorifique servant de médiateur entre les différents clans japonais, c'est le shōgun (将軍, « général »), abréviation de « sei-i taishōgun » (征夷大将軍, « grand général pacificateur des barbares »), qui possède le réel pouvoir dans l'archipel. Son statut de dirigeant formel du Japon est instauré la première fois avec Ōtomo no Otomaro, le shōgun devant cependant être au préalable reconnu et établit par l'empereur.

kose no maro
Kose no Maro (巨勢麻呂, 709), considéré comme le premier des shōguns, même si il n'en possédait pas officiellement la fonction.

D'ouest vers l'est : Osaka, Kyōto et Edo (aujourd'hui Tōkyō)

Le château de Nijō, résidence des shōguns, construite en 1603 dans l'ancienne ville impériale de Kyōto :

chateau nijo
Mur d'enceinte du palais Honmaru (本丸) dans le château de Nijō à Kyōto.
plan chateau nijo
Plan du Château de Nijō.

Résidence impériale ou « Kōkyo » à Tōkyō (autrefois Edo), ancienne résidence shogunale jusqu'en 1868 :

kyuden kokyo tokyo
Entrée Ouest du palais impérial Kyūden, à l'intérieur du Kōkyo.
tour kokyo tokyo
Vue sur une tour du Palais impérial.

… la liste des shōguns du Japon

À l'origine, le titre « sei-i taishōgun » (« grand général pacificateur des barbares ») fut donné aux commandants militaires de l'armée impériale durant la période Heian lors des campagnes militaires qui furent menées contre les Emishis (蝦夷). Ōtomo no Otomaro (大伴 弟麻呂, 731-809) fut le premier Sei-i Taishōgun officiellement établi. L'un des shōguns les plus célèbre de l'ère Heian fut Sakanoue no Tamuramaro (坂上 田村麻呂, 758-811).

monument aterui emishi
Monument en l'honneur d'Aterui, chef des Emishis, temple Kiyomizu-dera à Kyōto.
sakanoue no tamuramaro
Sakanoue no Tamuramaro (坂上 田村麻呂, 758-811).

Les Emishis se distingueront au combat contre l'infanterie des armées impériales japonaises par leur utilisation du cheval et de l'arc ainsi que par leur tactique de guérilla. Les Japonais utiliseront à leur tour le tir à l'arc à cheval pour les vaincre au terme d'une longue guerre de trente-huit ans (774-811) et la défection du plus puissant clan emishi : celui de Shiwa. De puissantes familles emishi seront à l'origine des clans Ōshū Fujiwara (famille des Fujiwara du Nord), Abe et Kiyohara.

minamoto yoshiie
Minamoto Yoshiie (源 義家, 1039–1106) à la barrière Nakoso, ce général s'illustra durant les guerres de Zenkunen (« guerre des neuf premières années ») et de Gosannen (« guerre des trois dernières années »), ces guerres se déroulèrent dans le Tohoku (nord de l'île de Honshu), territoires du nord échappant encore au contrôle impérial.

3/ L'émergence des Taira

Aux époques de Nara (710-784) et Heian (794-1192), la partie occidentale de l'archipel fut contrôlée par le gouvernement impérial, d'abord de Nara, puis de Kyōto (ce fut l'empereur Kanmu qui déménagea la capitale afin de s'éloigner de l'influence des puissants groupes religieux de Nara).

mon taira
Mon du clan Taira

Les fonctionnaires collectaient l'impôt sur le riz (la mesure était le « koku », environ 180 litres, correspondant à la quantité de riz permettant de nourrir une personne pendant un an) sur toutes ces terres appartenant à l'État.

semis riz festival
Participants japonais de la province d'Hiroshima effectuant une cérémonie et le semis du riz lors d'un festival aux États-Unis en 1986.

L'empereur Go-Shirakawa attaqua par surprise en 1156 la résidence du « joko » (empereur-retiré) Sutoku et le vainquit. L'empereur-retiré ou « empereur à la retraite » était une institution permettant à un empereur d'abdiquer formellement en faveur de son fils, tout en continuant à exercer son pouvoir politique. On distinguait ainsi l'aspect cérémonial de la charge impériale et l'autorité réelle exercée.

abdication go shirakawa
Abdication de l'empereur Go-Shirakawa en faveur de son fils Nijō en 1158.

Cet incident a eu des conséquences majeures à la cour impériale. Les membres du clan Fujiwara se divisèrent et les clans de samouraïs Taira et Minamoto furent bientôt impliqués dans ce conflit. Dans un premier temps, Minamoto Yoshitomo et Taira no Kiyomori (平清盛, 1118-1181) luttèrent ensemble et défirent Sutoku, avant de devenir par la suite des clans ennemis. Inquiets de la puissance des Minamoto, les Taira s'allièrent avec Go-Shirakawa contre leurs rivaux Minamoto.

Profitant en 1159 de l'excursion de Taira no Kiyomori au temple de Kumano, Minamoto Yoshitomo et Fujiwara Nobuyori firent un coup d'État, isolèrent l'empereur Nijo et capturèrent son père, l'ex-empereur Go-Shirakawa. Taira no Kiyomori revint en hâte à Kyōto et fit s'évader l'empereur déguisé en femme dans un char à bœufs.

fuite empereur nijo
Fuite de l'empereur Nijō déguisé en femme.
attaque nocturne sanjo
Attaque nocturne sur le palais de Sanjō, la plus importante bataille de la rébellion de Heiji.

Note : les Rouleaux illustrés du Dit de Heiji sont un « emaki » datant de la seconde moitié du 13ème siècle. Ils présentent le récit de la rébellion de Heiji (épisode précédant la guerre de Genpei) entre les clans Taira et Minamoto.

attaque nocturne sanjo
Attaque nocturne sur le palais de Sanjō.

Les Taira vainquirent les rebelles et devinrent prospères grâce à leur économie fondée sur leur domination sur la Mer Intérieure ainsi que le commerce avec la Chine des Song. En 1167, Taira no Kiyomori fut nommé « daijodaijin » (Premier ministre), poste le plus élevé à la cour. Il donna ensuite sa fille en mariage à l'empereur Takakura afin de renforcer les liens entre le shōgun et l'empereur, coutume habituelle à l'époque.

taira no kiyomori
Taira no Kiyomori (1118-1181)

La mer intérieure de Seto (瀬戸内海, « Seto Naikai »), ou simplement Mer Intérieure, est l’étendue d’eau séparant les îles de Honshū, Shikoku et Kyūshū, trois des quatre îles principales du Japon. Ce n'est donc pas une mer à proprement dit mais plutôt une mer épicontinentale. Cet espace maritime occupe une place très importante dans l'histoire du commerce de l'archipel nippon.

mer interieure seto
Vue satellitaire de la mer de Seto ou mer intérieure.
mer interieure
La Mer Intérieure par rapport au reste du pays.
mer interieure seto
Carte de la mer intérieure du Japon.
mer interieure miyajima
Vue de la mer intérieure depuis l'île de Miyajima.

4/ La lutte entre les Taira et les Minamoto (1180-1185)

En 1177, suite à la découverte d'un complot contre les Taira, les relations se dégradèrent entre l'empereur-retiré Go-Shirakawa et le clan Taira. Taira Kiyomori décida l'abolition de l'« insei » ou « gouvernement retiré ». Cet acte radical entraâna une forte opposition contre les Taira, et à une guerre ouverte entre 1180 et 1185 entre les Taira et les Minamoto : la guerre de Genpei.

mon minamoto
Mon du clan Minamoto
guerre genpei
Guerre de Genpei
Les batailles de la guerre de Genpei (1180-1185)
Date Nom français Nom japonais Issue
1180 Première bataille d'Uji 宇治の戦い Victoire Taira.
1180 Siège de Nara 奈良 Les Taira mettent le feu aux édifices religieux de la ville.
1180 Bataille d'Ishibashiyama 石橋山の戦い Minamoto Yoritomo est vaincu.
1180 Bataille de Fujigawa 富士川の戦い Les Taira confondent une bande d'oiseaux aquatiques avec une attaque surprise des Minamoto pendant la nuit, et se retirent sans combattre.
1181 Bataille de Sunomata 墨俣の戦い Les Taira contrecarrent une attaque surprise durant la nuit.
1181 Bataille de Yahagigawa 矢作川の戦い Les Minamoto, se retirant de Sunomata, essaient de tenir le terrain.
1183 Siège de Hiuchi Les Taira attaquent une forteresse Minamoto.
1183 Bataille de Kurikara 倶利伽羅の戦い La guerre tourne en faveur des Minamoto suite à la cuisante défaite des Taira au col de Kurikara.
1183 Bataille de Shinohara 篠原の戦い Minamoto Yoshinaka remporte une victoire sur les troupes de Taira Munemori.
1183 Bataille de Mizushima 水島の戦い Les Taira interceptent une force Minamoto se rendant à Yashima.
1183 Siège de Fukuryūji Les Minamoto attaquent une forteresse Taira.
1183 Bataille de Muroyama 室山の戦い Minamoto Yukiie essaie de se venger de la défaite de Mizushima, mais est à nouveau vaincu.
1184 Siège du Hōjūjidono 法住寺殿 Minamoto Yoshinaka, à cause des ravages qu'il cause à Kyōto, est attaqué par des sympathisants des Taira.
1184 Seconde bataille d'Uji En réponse à la trahison de Minamoto Yoshinaka, son cousin Minamoto Yoshitsune est forcé de l'attaquer.
1184 Bataille d'Awazu 粟津の戦い Minamoto Yoshinaka est vaincu et tué par Yoshitsune et Noriyori.
1184 Bataille d'Ichinotani 一の谷の戦い Les Minamoto attaquent et s'emparent d'une des principales forteresses des Taira.
1184 Bataille de Kojima 児島の戦い Noriyori attaque avec ses cavaliers les Taira qui fuient en bateau.
1185 Bataille de Yashima 屋島の戦い Les Minamoto donnent l'assaut à la forteresse de leurs ennemis, sur l'île de Shikoku.
1185 Bataille de Dan-no-ura 壇ノ浦の戦い La bataille navale décisive qui donne la victoire au clan Minamoto et met fin à la guerre.
batailles guerre genpai
Batailles de la guerre de Genpei.

Suite au changement de camp du prince Mochihito, fils de Go-Shirakawa, Minamoto Yorimasa se soulève contre les Taira mais est battu sur le pont de la rivière Ujigwawa, avant même d'avoir pu mettre son armée en ordre de bataille. Minamoto Yorimasa sera tué au cours de cette première bataille de la guerre de Genpei, mais le clan Minamoto est décidé à mener une longue lutte contre les Taira.

premiere bataille uji
Première bataille d'Uji (1180)
premiere bataille uji
Première bataille d'Uji (1180)

Minamoto Yoritomo relève le premier la bannière du clan Minamoto mais est battu à Ishibashiyama en août 1180.

bataille ishibashiyama
Sanada Yoshitada, samouraï Minamoto, à la bataille d'Ishibashiyama (1180).

Minamoto Yoritomo se réfugie à Kamakura, lieu particulièrement important pour le clan, et en fait une base fortifiée pratiquement imprenable.

tombe minamoto yoritomo
Entrée de la tombe de Minamoto Yoritomo à Kamakura.

Les deux clans s'affrontent épisodiquement pendant deux années marquées par une famine dans l'archipel, jusqu'à la bataille de Kurikara en 1183 (victoire des Minamoto), véritable tournant de cette guerre de Genpei. Les Taira disposaient de forces beaucoup plus nombreuses que les Minamoto mais les divisèrent en deux groupes, le premier en direction de la province d'Etchū - qui remportera d'ailleurs une victoire mineure -, l'autre en direction du col de Kurikara, où les attendaient les Minamoto.

Le clan Taira utilisera leur avantage du terrain ainsi que plusieurs stratagèmes afin de tromper l'ennemi sur leur nombre véritable de soldats, bien inférieur aux Taira. Obligés par la suite de quitter Kyōto pour se réfugier sur l'île de Kyūshū plus facilement défendable, les Taira emmèneront avec eux l'empereur Antoku.

empereur antoku
L'empereur Antoku

Profitant des divisions au sein du clan Minamoto, les Taira reconstituèrent leurs forces mais Minamoto Yoshitsune, frère de Minamoto Yoritomo, vint à bout finalement des Taira à la bataille d'Ichinotani (forteresse Taira située sur les rives de l'océan Pacifique) en 1184 grâce à d'audacieux et brillants mouvements de cavalerie.

minamoto yoshitsune benkei
Minamoto Yoshitsune (à droite) en duel contre Benkei.
Benkei était un ancien « sōhei » (moine-soldat) devenu vassal de Minamoto Yoshitsune à la suite de son duel perdu face à ce dernier. L'histoire de Benkei fait désormais partie intégrante du folklore japonais (kabuki et théâtre nô).
bataille ichinotani
Bataille d'Ichinotani (1184)
bataille ichinotani
Bataille d'Ichinotani (1184)
bataille ichinotani
Bataille d'Ichinotani (1184)

Acculés dans leur forteresse de Yashima en 1185, les Taira sont à nouveau obligés de s'enfuir par la mer. Les Minamoto construisent ensuite une flotte durant une année et engagent la bataille finale au large de la plage de Dan-no-ura dans le détroit de Shimonoseki. Le combat s'engage, les Taira ont une meilleure connaissance du combat naval, mais sont finalement trahis par un de leur général, et perdent cet ultime combat.

dan no ura
Bataille navale de Dan-no-ura (1185).
dan no ura
Bataille navale de Dan-no-ura (1185).

Le jeune empereur Antoku trouve la mort et la guerre s'achève avec cette victoire décisive du clan Minamoto qui marque la fin de l'ère Heian et le début de la période Kamakura.

5/ Le bakufu Kamakura (1185-1333)

Après la victoire de son clan, Minamoto Yoritomo (源頼朝, 1147–1199) s'arroge le titre de shōgun en 1185 en se passant même de l’approbation impériale, et établit son gouvernement militaire (bakufu) dans la ville de Kamakura. C'est seulement en 1192 que l'empereur du Japon lui décernera le titre de « sei-i taishōgun ».

minamoto no yoritomo
Minamoto no Yoritomo (1147-1199)
shogunat kamakura mon minamoto
Emblème du shogunat de Kamakura (correspond au mon du clan Minamoto)

D'origine chinoise, le mot « bakufu » (幕府, « gouvernement shogunal ») désigne les quartiers d'un général en campagne. Bientôt, le terme qualifia le siège du gouvernement militaire puis, par extension, le gouvernement lui-même.

tombe minamoto no yoritomo
Tombe de Minamoto no Yoritomo, préfecture de Kanagawa.

Minamoto Yoshitsune (1159-1189) - frêre de Minamoto Yoritomo et général qui s'était illustré sur les champs de bataille de la guerre de Genpai -, s'installa quand à lui à Kyōto et s''attribua des terres de façon illégale. Le shōgun Minamoto Yoritomo considéra qu'il avait outrepassé ses prérogatives et son frère fut contraint de se réfugier au nord du pays où il fut ensuite trahi par un membre du clan Fujiwara.

tengu sojobo minamoto no yoshitsune
La divinité mineure Tengu Sōjōbō apprenant à Minamoto no Yoshitsune l'art du maniement de l'épée.
tengu sojobo minamoto no yoshitsune
La divinité Tengu Sōjōbō et Minamoto no Yoshitsune.

6/ La régence des Hōjō (1203-1333)

Malgré le rapport de force désormais susceptible d'être modifié, le bakufu des samouraïs et les clans guerriers n'osera pas empiéter sur les domaines fonciers de la noblesse aristocratique, ni atténuer l'influence des temples de Kyōto. Cependant, la régence Hōjō correspond à la prise de pouvoir des samouraïs au détriment de l'aristocratie.

Minamoto Yoritomo épousera Hōjō Masako, la fille de Hōjō Tokimasa, le chef du puissant clan Hōjō, lui même lié au clan Taira.

minamoto no yoritomo
Mon du clan Hōjō

Après la mort de Minamoto Yoritomo, son fils Yoriie lui succédera et s’appuiera sur la famille Hiki - dont était issue sa jeune épouse - pour contrôler le bakufu. Mais Masako (la veuve de Yoritomo) et son père (Hōjō Tokimasa) prirent ce geste comme un affront et décidèrent de le renverser. Après avoir évincé les Minamoto en tuant les autres prétendants, le clan Hōjō instaure une régence héréditaire sur le bakufu, tout en maintenant un homme de paille de noble naissance à la tête du bakufu, les origines et le rang social trop modeste des Hōjō ne leur permettant pas d'avoir la légitimité suffisante pour prendre eux-mêmes le contrôle direct du shogunat.

tombe hojo
Tombe avec le mon des Hōjō à Kamakura.

L'empereur Go-Toba tenta de renverser le bakufu mais les samouraïs du Kyūshū et les temples de Kyōto ne répondirent pas à son appel.

Le clan Hōjō sera confronté aux tentatives d'invasion mongoles de 1274 et 1281, affaiblissant considérablement son pouvoir, militairement et financièrement, au détriment de la figure impériale. D'autant plus que ces guerres défensives ne permettront pas au bakufu de distribuer des terres à ses vassaux en guise de récompenses, comme le voulait l'usage dans le Japon féodal. Après une tentative de restauration impériale manquée en 1331, la régence Hōjō, et finalement le shogunat Kamakura, finiront par s'effondrer en 1333.

ancre navire mongol
Ancre d'un navire mongol

7/ La résurgence du gouvernement impérial (1333-1336)

À la mort du régent Hōjō Tokimune en 1284, une guerre de succession s'engage. La famille Hōjō conforta son emprise sur le bakufu mais n'intervint toutefois jamais dans les querelles de la cour impériale. Cependant, le bakufu fut obligé de prendre part en tant que médiateur lors d'un différend successoral entre les factions Jimyoji et Daikakuji. Il fut décidé que l'empereur serait choisi alternativement entre les deux factions. C'est ainsi qu'en 1326, le futur Kōgon de la lignée Jimyoji devint prince héritier de l'empereur Go-Daigo de la lignée Daikakuji.

Toutefois, lorsque l'empereur Go-Daigo monta sur le trône en 1318, ce dernier fonda un nouveau gouvernement et décida de réformer le système. Il fomenta aussi en secret une révolte contre le bakufu.

go daigo
L'empereur Go-Daigo (後醍醐天皇 Go-Daigo-tennō, 1288-1339)

Le complot de l'empereur fut découvert et il fut envoyé en éxil sur l'île d'Oki. Mais en 1333, Kusunoki Masashige (1294-1336), samouraï de petite extraction ayant un lien de parenté avec l'empereur Go-Daigo, repris le flambeau et se rebella contre le bakufu suivant l'appel de Go-Daigo. Le nom de Kusunoki Masashige est devenu caractéristique de fidélité envers l'empereur du Japon.

kusunoki masashige
Kusunoki Masashige (1294-1336)
kusunoki masashige
Statue de Kusunoki Masashige près de l'actuel palais impérial de Tōkyō.

Kusunoki Masashige a vu se rallier à sa cause de nombreux clans de samouraïs mécontents du bakufu. Ils parviendront à faire tomber le bakufu de Kamakura en 1333, mettant ainsi un terme à un règne de cent cinquante ans.

Après la défaite du dernier régent Takatoki, l'empereur Go-Daigo revint à Kyōto et remis au goût du jour le système politique en vigueur à l'époque de Heian. Mais il dût composer avec les puissants gouverneurs militaires nommés par le bakufu.

La redistribution des terres par l'empereur au profit surtout de la noblesse mécontentera beaucoup de samouraïs. Hōjō Tokimune, fils du dernier régent du bakufu, déclenchera une révolte contre l'empereur. Ashikaga Takauji, général de l'ancien gouvernement shogunal et membre du clan Minamoto, ira mâter la révolte mais cessera par la suite d'obéir à l'empereur et ira s'installer à Kamakura.

ashikaga takauji
Ashikaga Takauji (足利 尊氏, 1305–1358)

L'Empereur tentera de défaire Ashikaga Takauji en envoyant une armée contre le factieux, mais ce dernier évitera la confrontation, se réfugiera sur l'île de Kyūshū, renforcera son armée, et marchera ensuite sur la cité impériale en 1336 aux côtés du futur empereur Kōmyō, frère de l'Empereur Kōgon. Il remportera la bataille de Minatogawa et mettra fin à cette courte tentative de restauration impériale de Go-Daigo (restauration Kenmu/建武の新政, 1333-1336), Ashikaga Takauji fera exiler l'Empereur et tuer son fils, avant d'installer Kōmyō sur le trône impérial, et de s'emparer lui-même du titre de « sei-i Taishōgun » pour établir une nouvelle dynastie : le shogunat Ashikaga de la période Muromachi.

empereur kogon
L'Empereur Kōgon (光厳天皇 Kōgon-tennō, 1313-1364) - le premier des empereurs de la cour du nord - qui régna entre 1331 et 1333.

Pendant les soixante années qui suivront, la cour établit par l'empereur Kōgon à Kyōto co-existera avec la cour de l'empereur Go-Daigo à Yoshino (Nara). La période allant de 1336 à 1392 est aussi appelée « Nanbokucho jidai » (« l'époque des cours du Nord et du Sud »).

empereur komyo
L'Empereur Kōmyō (光明天皇, Kōmyō Tennō, 1322–1380) de la cour du nord qui régna entre 1336 et 1348.