Sommaire :
- 1/ L'Art du thé
- 2/ L'Ikebana
-
3/ Le théâtre nō
- a/ La scène du théâtre nō
- b/ Acteurs et personnages
- c/ Musique et texte
- d/ Les grands groupes de nō
- e/ Les types de pièces
- f/ Les masques
- 4/ La poésie
Dans un monde profondément marqué par le bouddhisme - religion importée du continent et qui va se juxtaposer, et même opérer un syncrétisme religieux avec le shintoïsme - de nombreuses formes d'art populaire vont naître ou se développer à cette époque.
Si la culture ancienne était pour l'essentiel lettrée, élaborée pour des gens maîtrisant les canons de la culture classique chinoise, ceux qui sont à l'initiative et à la diffusion de la culture au Moyen Age appartiennent à toutes les couches de la société : aristocrates, guerriers, gens du peuple, et même marginaux.
1/ L'Art du thé
Le thé a été introduit au Japon au 9ème siècle par le moine Eichū en provenance du continent asiatique. Il a d'abord été utilisé dans les monastères avant de connaître un grand succès parmi toutes les couches de la société japonaise.
Lors des parties de « tōcha », à l'origine de ce qui adviendra à la fin du siècle suivant le rituel du thé, hôte et invité devaient deviner quelle sorte de thé ils buvaient. Le thé est consommé sous forme de poudre.
La cérémonie du thé, appelée « chanoyu » (茶の湯), « sadō » (茶道), ou « chadō » (茶道), va devenir au fil du temps une cérémonie traditionnelle au cours de laquelle le « matcha » (抹茶, thé vert en poudre) est préparé de manière codifiée.
Différents ustensiles sont nécessaires pour la préparation du thé. La liste peut être très importante mais voici les principaux utilisés :
1 : Chakin (茶巾) : toile blanche et rectangulaire de lin ou de chanvre utilisée pour le nettoyage du bol ;
2 : Fukusa (袱紗) : carré de soie utilisé pour le nettoyage symbolique de l'écope et du natsume. Il sert aussi à manipuler le couvercle ;
3 : Hishaku (柄杓) : longue louche en bambou servant à transférer l'eau ;
4 : Chawan (茶碗) : bol à thé ;
5 : Natsume (棗) ou cha-ire (茶入れ) : boite a thé ;
6 : Chashaku (茶杓) : écope à thé sculptée à partie d’une seule pièce de bambou ;
7 : Chasen (茶筅) : fouet
La cérémonie du thé se déroule traditionnellement dans une pièce dédiée à la cérémonie du thé appelée « Chashitsu » (茶室, littéralement « salle de thé »).
Il existe au Japon de nombreuses écoles pour apprendre l'art de la cérémonie du thé. On peut citer parmi les principales : Omotesenke, Urasenke ou encore Mushanokōji-Senke.
2/ L'Ikebana
L’ « ikebana » (生け花), également connu sous le nom de « kadō » (華道/花道), « la voie des fleurs » ou « l'art de faire vivre les fleurs », est un art traditionnel japonais fondé sur la composition florale. Ici encore, cet art est dérivé d'une pratique religieuse. Dans les années 1530-1550, Ikenobō Senkei, un moine du temple Rokaku-dō, développe l'art floral pour attirer les fidèles. Son temple devient alors un lieu de visite, autant pour admirer les fleurs que pour prier le Bouddha.
Cet art possède également de nombreuses écoles (Sogetsu, Ohara, Senshin Ikenobo, etc.) proposant toutes une gamme de composition florale différente.
3/ Le théâtre nō
Le théâtre « nō » (能) est le fruit de l'évolution de plusieurs formes de spectacles : drames chantés, récités ou dansés. Il s'agissait d'abord de manifestations religieuses (« kagura », 神楽) et dans le but de remercier les divinités.
Plusieurs courants issus du folklore paysan (théâtre comique « kyōgen », 狂言, influencé lui-même par le « dengaku », 田楽 ou musique des rizières), du spectacle public (« sarugaku », 猿楽 ou musique de singe) ou encore des danses de courtisanes « shirabyōshi » (chansons sous forme de poésie populaire « imayō », 今様) donneront naissance à ce théâtre d'un genre nouveau au 14ème siècle.
a/ La scène du théâtre nō
Les différentes zones de la scène :
Hon butai
Hashigakari
Ato-za
Waki-za
Gakuya
Kagami-no ma
Hall
Hall
Organisation de la scène du théâtre nō :
1/ Ichi-no matsu (tronc de pin)
2/ Ni-no matsu (tronc de pin)
3/ san-no matsu (tronc de pin)
4/ Josho
5/ Hasho
6/ Kyusho
7/ Balustrade
8/ Monomi-mado
9/ Makuguchi (entrée principale, obstruée par un lourd rideau de trois ou cinq couleurs, Agemaku). Les acteurs et les musiciens passent par cette entrée.
10/ Kagami-ita (dessin d’un pin, habituellement dans le style de l’école Kanō)
11/ Kirido-guchi (entrée du chœur et du souffleur)
12/ Kyogen-za (Kyogen-shi, un acteur comique apparaissant parfois)
13/ Koken-za (souffleur)
14/ Taiko-za(grand tambour)
15/ Otsuzumi-za (tambour moyen)
16/ Kotsuzumi-za (petit tambour)
17/ Fue-za (flûte traversière No-kan)
18/ Juitai-za (emplacement du chœur)
19/ Waki-za
20/ Waki-bashira (pilier)
21/ Fue-bashira (pilier)
22/ Shite-bashira (pilier)
23/ Metsuke-bashira (pilier)
24/ Jo-za
25/ Daisho mae
26/ Fue-za mae
27/ Wakisho
28/ Shonaka
29/ Jiutai mae
30/ Sumi
31/ Shosaki
32/ Waki-za mae
33/ Kizahashi (marches)
34/ Waki shomen
35/ Naka shomen
36/ Shomen
37/ Ji-ura
b/ Acteurs et personnages
Il y a quatre catégories principales d’artistes :
1/ les « shite » (仕手, シテ) correspondent aux acteurs principaux. Le premier rôle est tenu par le mae-shite. On distingue le Shitetsure (仕手連れ, シテヅレ), compagnons du shite, les Kōken (後見, petites mains) et le Jiutai (地謡) correspondant au choeur ;
2/ l’acteur « waki » (脇, ワキ), personnage secondaire qui donne la réplique au Shite (personnage principal) ;
3/ le « kyōgen » (狂言) joue les rôles lors des interludes de la pièce nō ;
4/ le « hayashi » (囃子) correspond aux musiciens qui jouent des quatre instruments utilisés dans le théâtre nō.
c/ Musique et texte
Les musiciens sont également présents, au fond de la scène, accompagnés d'un chœur de huit à douze personnes. La musique est produite au moyen de trois types de tambours de taille croissante, l’un porté à l’épaule (« ko-tsuzumi »), le second sur la hanche (« ō-tsuzumi ») et le troisième (« taiko ») joué avec des baguettes de cyprès, ainsi que d’une flûte de bambou (« nōkan »).
On distingue neuf formes chantées :
1/ le « shidai »
2/ l’« issei »
3/ l'« uta »
4/ le « sashi »
5/ le « kuri »
6/ le « kuse »
7/ le « rongi »
8/ le « waka »
9/ le « kiri »
d/ Les grands groupes de nō
Il existe deux grands groupes de nō selon leur réalisme : les nô d’apparitions (« mugen nō ») et les nô du monde réel (« genzai nō »). Les pièces de ces deux groupes ont une structure récurrente inspirée des rituels religieux, composée de deux actes et d’un interlude.
Les nō d’apparitions mettent en scène fantômes, divinités, démons et autres personnages irréels.
e/ Les types de pièces
1/ « Okina » ou « kamiuta » : pièce alliant danse et shintō ;
2/ « Nō de dieux » (« kami mono ») : divinité comme personnage principal ;
3/ « Nō de guerriers » (« shura mono ») : ces pièces sont centrées autour de l’esprit de guerriers morts, et tombés en enfer après leur mort ;
4/ « Nō de femmes » (« kazura mono ») : ces pièces tournent autour de l’esprit d’une belle femme au passé tragique ;
5/ « Nō variés » (« zatsu mono ») ;
6/ « Nō de démons » (« oni mono ») : ces pièces comprennent un personnage surnaturel, démon, gobelin, créatures peuplant les enfers bouddhiques.
f/ Les masques
On compte une soixantaine de masques de nō (en japonais « omote », visage ).
4/ La poésie
La poésie japonaise peut être écrite, parlée ou chantée. Originaire de Chine, les poètes japonais commencent donc par déclamer dans un premier temps de la poésie « kanshi », consistant en des vers chinois adaptés en japonais.
La poésie « waka » correspond à un type de poésie dans la littérature japonaise classique. Elle est écrite en japonais et se distingue donc des kanshi chinois. On distingue notamment dans ce type de poésie le « chōka » (poème long), et le « tanka » (poèmes court). Les « renga » (à l'origine plus tard du « renku ») se distinguent par le fait qu'il s'agit de poésie collaborative.