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-- L'Empire du soleil levant --

icone siteUn Moyen-Age florissant

Sommaire :


Dans un monde profondément marqué par le bouddhisme - religion importée du continent et qui va se juxtaposer, et même opérer un syncrétisme religieux avec le shintoïsme - de nombreuses formes d'art populaire vont naître ou se développer à cette époque.

suzuki harunobu
« Lecture d'une lettre » par l'artiste Suzuki Harunobu.

Si la culture ancienne était pour l'essentiel lettrée, élaborée pour des gens maîtrisant les canons de la culture classique chinoise, ceux qui sont à l'initiative et à la diffusion de la culture au Moyen Age appartiennent à toutes les couches de la société : aristocrates, guerriers, gens du peuple, et même marginaux.

suzuki harunobu
« Courtisane oiran accompagnée de ses kamuro » par l'artiste Suzuki Harunobu.

1/ L'Art du thé

Le thé a été introduit au Japon au 9ème siècle par le moine Eichū en provenance du continent asiatique. Il a d'abord été utilisé dans les monastères avant de connaître un grand succès parmi toutes les couches de la société japonaise.

Lors des parties de « tōcha », à l'origine de ce qui adviendra à la fin du siècle suivant le rituel du thé, hôte et invité devaient deviner quelle sorte de thé ils buvaient. Le thé est consommé sous forme de poudre.

La cérémonie du thé, appelée « chanoyu » (茶の湯), « sadō » (茶道), ou « chadō » (茶道), va devenir au fil du temps une cérémonie traditionnelle au cours de laquelle le « matcha » (抹茶, thé vert en poudre) est préparé de manière codifiée.

ceremonie the ustensiles
Quelques ustensiles servant à la cérémonie du thé.
matcha
Matcha (poudre de thé vert apparue au 12ème siècle).
Lors de son introduction au Japon au 9ème siècle, le thé était compressé et bouilli dans du lait assorti d'épices et de sel.

Différents ustensiles sont nécessaires pour la préparation du thé. La liste peut être très importante mais voici les principaux utilisés :

1 : Chakin (茶巾) : toile blanche et rectangulaire de lin ou de chanvre utilisée pour le nettoyage du bol ;

2 : Fukusa (袱紗) : carré de soie utilisé pour le nettoyage symbolique de l'écope et du natsume. Il sert aussi à manipuler le couvercle ;

3 : Hishaku (柄杓) : longue louche en bambou servant à transférer l'eau ;

4 : Chawan (茶碗) : bol à thé ;

5 : Natsume (棗) ou cha-ire (茶入れ) : boite a thé ;

6 : Chashaku (茶杓) : écope à thé sculptée à partie d’une seule pièce de bambou ;

7 : Chasen (茶筅) : fouet

chakin fukusa chashaku
« Chakin » (1), « Fukusa » (2) et « Chashaku » (6).
hikashu
« Hishaku » (3)
chawan chasen
« Chawan » (4) et « Chasen » (7)
natsume
« Natsume » (5)

La cérémonie du thé se déroule traditionnellement dans une pièce dédiée à la cérémonie du thé appelée « Chashitsu » (茶室, littéralement « salle de thé »).

chashitsu
« Chashitsu », maison de thé traditionnelle (Kotaijingu Uji-tachi Ise, préfecture de Mie).

Il existe au Japon de nombreuses écoles pour apprendre l'art de la cérémonie du thé. On peut citer parmi les principales : Omotesenke, Urasenke ou encore Mushanokōji-Senke.

2/ L'Ikebana

L’ « ikebana » (生け花), également connu sous le nom de « kadō » (華道/花道), « la voie des fleurs » ou « l'art de faire vivre les fleurs », est un art traditionnel japonais fondé sur la composition florale. Ici encore, cet art est dérivé d'une pratique religieuse. Dans les années 1530-1550, Ikenobō Senkei, un moine du temple Rokaku-dō, développe l'art floral pour attirer les fidèles. Son temple devient alors un lieu de visite, autant pour admirer les fleurs que pour prier le Bouddha.

ikebana apprentissage
Illustration du « Kaō irai no Kadensho », considéré comme le plus vieux manuscrit d'apprentissage de l'ikebana.

Cet art possède également de nombreuses écoles (Sogetsu, Ohara, Senshin Ikenobo, etc.) proposant toutes une gamme de composition florale différente.

ikebana
Ikebana
ikebana
Ikebana
ikebana
Ikebana
ikebana
Ikebana
ikebana
Ikebana
ikebana
Ikebana
ikebana
Ikebana

3/ Le théâtre nō

Le théâtre « » (能) est le fruit de l'évolution de plusieurs formes de spectacles : drames chantés, récités ou dansés. Il s'agissait d'abord de manifestations religieuses (« kagura », 神楽) et dans le but de remercier les divinités.

Plusieurs courants issus du folklore paysan (théâtre comique « kyōgen », 狂言, influencé lui-même par le « dengaku », 田楽 ou musique des rizières), du spectacle public (« sarugaku », 猿楽 ou musique de singe) ou encore des danses de courtisanes « shirabyōshi » (chansons sous forme de poésie populaire « imayō », 今様) donneront naissance à ce théâtre d'un genre nouveau au 14ème siècle.

no itsukushina temple
Représentation de théâtre nō au temple Itsukushima, préfecture de Hiroshima.
kagura
Rite artistique shintoïste « kagura »
kyogen
Théâtre comique « Kyōgen »
dengaku
Rituel paysan « dengaku » effectué lors du repiquage du riz (marionnettes du musée national d'ethnologie d'Osaka).
shirabyoshi
Esquisse d'une courtisane exécutant le « shirabyōshi ».
theatre no
Représentation de théâtre nō

a/ La scène du théâtre nō

scene theatre no miyajima
La plus ancienne scène de théâtre nō (Miyajima, préfecture de Hiroshima).
scene theatre no
Scène de théâtre nō (Hon butai) à Matsuyama, préfecture d'Ehime.
Les différentes zones de la scène :

Hon butai

Hashigakari

Ato-za

Waki-za

Gakuya

Kagami-no ma

Hall

Hall


Organisation de la scène du théâtre nō :

1/ Ichi-no matsu (tronc de pin)

2/ Ni-no matsu (tronc de pin)

3/ san-no matsu (tronc de pin)

4/ Josho

5/ Hasho

6/ Kyusho

7/ Balustrade

8/ Monomi-mado

9/ Makuguchi (entrée principale, obstruée par un lourd rideau de trois ou cinq couleurs, Agemaku). Les acteurs et les musiciens passent par cette entrée.

10/ Kagami-ita (dessin d’un pin, habituellement dans le style de l’école Kanō)

11/ Kirido-guchi (entrée du chœur et du souffleur)

12/ Kyogen-za (Kyogen-shi, un acteur comique apparaissant parfois)

13/ Koken-za (souffleur)

14/ Taiko-za(grand tambour)

15/ Otsuzumi-za (tambour moyen)

16/ Kotsuzumi-za (petit tambour)

17/ Fue-za (flûte traversière No-kan)

18/ Juitai-za (emplacement du chœur)

19/ Waki-za

20/ Waki-bashira (pilier)

21/ Fue-bashira (pilier)

22/ Shite-bashira (pilier)

23/ Metsuke-bashira (pilier)

24/ Jo-za

25/ Daisho mae

26/ Fue-za mae

27/ Wakisho

28/ Shonaka

29/ Jiutai mae

30/ Sumi

31/ Shosaki

32/ Waki-za mae

33/ Kizahashi (marches)

34/ Waki shomen

35/ Naka shomen

36/ Shomen

37/ Ji-ura

scene theatre no
Scène de théâtre nō

b/ Acteurs et personnages

Il y a quatre catégories principales d’artistes :

1/ les « shite » (仕手, シテ) correspondent aux acteurs principaux. Le premier rôle est tenu par le mae-shite. On distingue le Shitetsure (仕手連れ, シテヅレ), compagnons du shite, les Kōken (後見, petites mains) et le Jiutai (地謡) correspondant au choeur ;

2/ l’acteur « waki » (脇, ワキ), personnage secondaire qui donne la réplique au Shite (personnage principal) ;

3/ le « kyōgen » (狂言) joue les rôles lors des interludes de la pièce nō ;

4/ le « hayashi » (囃子) correspond aux musiciens qui jouent des quatre instruments utilisés dans le théâtre nō.

shite waki
Shite (personnage principal jouant le rôle d'une divinité féminine) avec son waki (assis à ses côtés).
kyogen waki
Kyōgen avec son waki

c/ Musique et texte

Les musiciens sont également présents, au fond de la scène, accompagnés d'un chœur de huit à douze personnes. La musique est produite au moyen de trois types de tambours de taille croissante, l’un porté à l’épaule (« ko-tsuzumi »), le second sur la hanche (« ō-tsuzumi ») et le troisième (« taiko ») joué avec des baguettes de cyprès, ainsi que d’une flûte de bambou (« nōkan »).

musiciens
Les musiciens du nō (de gauche à droite) : taiko, ō-tsuzumi, ko-tsuzumi (tambours) et nōkan.

On distingue neuf formes chantées :

1/ le « shidai »

2/ l’« issei »

3/ l'« uta »

4/ le « sashi »

5/ le « kuri »

6/ le « kuse »

7/ le « rongi »

8/ le « waka »

9/ le « kiri »

d/ Les grands groupes de nō

Il existe deux grands groupes de nō selon leur réalisme : les nô d’apparitions (« mugen nō ») et les nô du monde réel (« genzai nō »). Les pièces de ces deux groupes ont une structure récurrente inspirée des rituels religieux, composée de deux actes et d’un interlude.

Les nō d’apparitions mettent en scène fantômes, divinités, démons et autres personnages irréels.

no apparition
Acteur de nō en costume de divinité dans un nō d’apparition.
theatre no
Acteurs de nō

e/ Les types de pièces

1/ « Okina » ou « kamiuta » : pièce alliant danse et shintō ;

2/ « Nō de dieux » (« kami mono ») : divinité comme personnage principal ;

3/ « Nō de guerriers » (« shura mono ») : ces pièces sont centrées autour de l’esprit de guerriers morts, et tombés en enfer après leur mort ;

4/ « Nō de femmes » (« kazura mono ») : ces pièces tournent autour de l’esprit d’une belle femme au passé tragique ;

5/ « Nō variés » (« zatsu mono ») ;

6/ « Nō de démons » (« oni mono ») : ces pièces comprennent un personnage surnaturel, démon, gobelin, créatures peuplant les enfers bouddhiques.

no guerrier
L'acteur Umekawa Rokuro dans une pièce de nō de guerrier.
no demon
L'acteur de nō Kanze Kasetsu dans une pièce de nō de démon.

f/ Les masques

On compte une soixantaine de masques de nō (en japonais « omote », visage ).

masque vieil homme
Masque de vieil homme
masque demon
Masque de démon
masque adolescent
Masque d'adolescent
masque esprit vengeur feminin fourest
Masque d'esprit vengeur féminin.

4/ La poésie

La poésie japonaise peut être écrite, parlée ou chantée. Originaire de Chine, les poètes japonais commencent donc par déclamer dans un premier temps de la poésie « kanshi », consistant en des vers chinois adaptés en japonais.

kokin wakashu
Édition de l'anthologie « Kokin Wakashū » avec couverture en bois (18ème siècle).

La poésie « waka » correspond à un type de poésie dans la littérature japonaise classique. Elle est écrite en japonais et se distingue donc des kanshi chinois. On distingue notamment dans ce type de poésie le « chōka » (poème long), et le « tanka » (poèmes court). Les « renga » (à l'origine plus tard du « renku ») se distinguent par le fait qu'il s'agit de poésie collaborative.

illustration
Illustration du « tournoi des 32 personnes occupant une fonction différente » (1494).
dainembutsuji
Livre des odes « Dainembutsuji » (1185).
kakinomoto no hitomaro
« Kakinomoto no Hitomaro », contributeur majeur du « Man'yōshū » (première anthologie de type « waka », période Heian).