éternel Japon

embleme famille impériale
-- L'Empire du soleil levant --

icone siteL'époque Edo : la « pax tokugawa » (1600-1867)

Sommaire :


1/ Les trois unificateurs

Facilitée par les campagnes militaires précédentes de Oda Nobunaga (1534-1582) et Toyotomi Hideyoshi (1537-1598), c'est finalement Tokugawa Ieyasu (1543-1616) qui achève l'unification du pays et qui met fin à la période féodale (1185-1600). Tokugawa Ieyasu est donc considéré comme le dernier des « trois unificateurs du Japon » de l'époque Sengoku (戦国時代, « sengoku-jidai », littéralement « époque/ère des provinces en guerre », 1477/1573). L'époque Sengoku est comprise dans la période Muromachi (1336-1573).

oda nobunaga
Oda Nobunaga (織田 信長, 1534/1582)
armoiries oda nobunaga
Mon (紋, correspond aux armoiries européennes) ou kamon (家紋) de Oda Nobunaga.
toyotomi hideyoshi
Toyotomi Hideyoshi (豊臣秀吉, 1537/1598)
armoiries toyotomi hideyoshi
Mon de Toyotomi Hideyoshi
tokugawa ieyasu
Tokugawa Ieyasu (徳川家康, 1543/1616)
armoiries tokugawa ieyasu
Mon de Tokugawa Ieyasu
carte japon 1580
Le Japon en 1580
carte japon 1584
Le Japon en 1584

2/ La bataille de Sekigahara (20 et 21 octobre 1600)

La confrontation entre les forces de Tokugawa Ieyasu et celles de Toyotomi Hideyori (1593-1616, fils et héritier de Toyotomi Hideyoshi) se déroula lors de la décisive bataille de Sekigahara (関ヶ原の戦い, « Sekigahara no Tatakai »), les 20 et 21 octobre 1600. Cette bataille fut d'une telle importance qu'elle est aujourd’hui surnommée « Tenka wakeme no kassen » (天下分け目の合戦, « la bataille qui décida de l'avenir du pays »).

bataille sekigahara
Bataille de Sekigahara

La victoire bascula finalement dans le camps de Tokugawa Ieyasu, auquel il fallut encore trois ans pour pacifier définitivement le pays et instaurer une ère de prospérité de près de trois siècle : la période Edo (1600-1868).

carte japon 1600 territoires tokugawa ieyasu
Les territoires contrôlés par Tokugawa Ieyasu (cyan) en 1600 (à la veille de la bataille de Sekigahara).

3/ Le shogunat Tokugawa (1600-1868)

Dans un premier temps, suite à la bataille d'Okehazama en 1560, Tokugawa Ieyasu fût le vassal de Oda Nobunaga. Par la suite, Tokugawa Ieyasu prêta allegeance en 1586 à Toyotomi Hideyoshi. Après une campagne victorieuse contre le clan Hōjo qui se termine en 1590, Tokugawa Ieyasu accepta la proposition de Toyotomi Hideyoshi de s'emparer des riches provinces des Hōjo, en échange de cinq de ses provinces. Le territoire de Tokugawa Ieyasu bascula ainsi vers l'Est. Celui-ci déplace sa capitale à Edo, futur Tōkyō (dans la province de Musachi) et construit une puissante forteresse dans le cœur du Kantō, sur les côtes du Pacifique.

province musachi yamashiro
Province de Musachi (武蔵国, Musashi no kuni) de la ville d'Edo, en bleu sur la carte;
la province de Yamashiro (山城国) et de la ville impériale de Kyōto apparaît en rouge.
ville Edo
Peinture sur six volets représentant la ville d'Edo.
chateau Edo
Le château d'Edo (les deux volets de gauche de la peinture ci-dessus).

A la mort de Toyotomi Hideyoshi en 1598, Tokugawa Ieyasu affronte et soumet les cinq régents chargés de veiller sur les intérêts du successeur désigné de Toyotomi Hideyoshi : Toyotomi Hideyori. Après sa victoire à Sekigahara, Tokugawa Ieyasu est nommé « shōgun » (général) par l'Empereur du Japon en 1603, inaugurant ainsi son bakufu (gouvernement shogunal) dans sa nouvelle capitale.

maquette chateau edo
Maquette du château d'Edo (musée de Tōkyō) représentant le château durant les dernières années du shogunat Tokugawa.

A Edo, les guerriers représentent environ la moitié de la population. On estime à cette époque à 70% de la surface urbaine les quartiers occupés par les seigneurs et leurs guerriers.

4/ Une société très hierarchisée

Pendant les quinze années qui suivent la victoire de Sekigahara, le nouveau shōgun établit ou renouvelle le réseau relationnel avec ses vassaux et les daimyōs (seigneurs de guerre) ralliés ou vaincus. En fonction de leurs liens de parenté ou de la solidité de leurs liens de vassalité avec le shōgun, les territoires des clans vaincus sont réassignés dans tout l'archipel.

carte regions japon shogunat tokugawa ieyasu
Les régions japonaises à l'époque du shogunat de Tokugawa Ieyasu.

Le statut du vassal du shōgun dépend du nombre de « kokus » de riz attribué par le shōgun (le koku étant l'unité de mesure traditionnelle du Japon féodal). On distingue ainsi les « daimyōs » (au moins 10 000 koku), les « hatamotos » (la garde rapprochée du shōgun au combat, au moins 3 000 koku) et les « gokenins » (officiers de l'armée des Tokugawa).

Sur les 30 millions de kokus de riz mesurés par le système fiscal que produit l'archipel à la fin de la période Edo, le shōgun en détient personnellement 7, bien plus que le plus puissant des autres daimyōs. Au nombre de 270, les daimyō reproduisent à leur échelle les relations vassaliques qu'entretient le shōgun avec ses guerriers.

Une fois au pouvoir, la principale préoccupation du nouveau shōgun est de mettre fin à l'instabilité du Japon et du phénomène du « monde à l'envers » caractérisant le Japon féodal. Tokugawa Ieyasu décide de séparer distinctement les différentes classes sociales, obligeant ainsi les paysans à se définir uniquement comme des paysans, et non plus également comme des guerriers occasionnels, comme beaucoup l'étaient.


Trois groupes vont ainsi être établis :

_ les « bushi » ou « buke », les guerriers ;

_ les « hyakushō » ou roturiers des villages, paysans pour la plupart ;

_ les « chōnin » ou roturiers des villes, bourgeois pour la plupart.

armure samurai
Armure de samouraï (British Museum de Londres).

Au début du 18ème siècle, les guerriers forment un groupe de 1.5 à 2 millions de personnes, représentant 6 à 7% de la population japonaise. Parmi les guerriers, on distingue les « samouraïs » (noblesse guerrière possédant des terres ou appartenant lui-même à un seigneur), les « kachi » (guerriers de rang inférieur), et les « chūgen » (serviteurs des samouraïs, participant aussi aux combats, il s'agit du rang guerrier le plus bas). Enfin, les « rônins » sont des samouraïs sans maître qui, licenciés par leur seigneur ou ayant choisi la liberté, n'ont ni fief ni revenu. Ils ne font plus partie de l'ordre des guerriers.

Les hyakushō ou roturiers des campagnes composent 70 à 80% de la population. L'essentiel de la production repose sur eux. La plupart sont agriculteurs. Leur statut est le plus élevé des classes populaires, car l'idéologie officielle agrarienne place le travail agricole au-dessus de tout autre. L'activité agricole constitue la base économique de la société japonaise de l'époque des Tokugawa.

Les chōnin constituent quand à eux la catégorie citadine roturière représentant entre 10 et 15% de l'ensemble de la population.

À ces trois groupes principaux s'ajoutent aussi les « eta » (les « souillés ») et les « hinin » (les « non-humains »), méprisés et discriminés mais ils ne sont pas les seuls. Mendiants et handicapés, lépreux, enfants vendus comme esclaves (la pratique était toutefois officiellement interdite), métiers marginaux et Aïnous dans le Nord du Tōhoku et dans le sud de l’île d'Ezo relèvent également de cet ensemble.

musiciennes itinerantes eta
Musiciennes itinérantes appartenant à la classe des eta.

5/ La famille au fondement du système

La famille joue un rôle central dans la fabrication et la reproduction du système. Les enseignements confucéens constituent une sorte de sens moral commun qui assure la rigidité des statuts en même temps qu'il offre un code de conduite vertueuse. Ces enseignements prônent notamment les « Cinq Principes » (loyauté au supérieur hiérarchique, piété filiale, fidélité de l'épouse au mari, respect du cadet à l’aîné, confiance dans l'amitié) ainsi que les « Cinq Vertus cardinales » (bienveillance, devoir, respect des rites, sagesse et fidélité), toutes ces notions sont inculquées dès le plus jeune âge.

famille japonaise
Miyanokoshi - Une famille dans un paysage brumeux (par le dessinateur Utagawa Hiroshige / 1797-1858;
37ème station du « Kiso Kaidō »).

6/ Une période de stabilité et un âge d'or culturel

edo tokugawa
La résidence shogunale des Tokugawa à Edo.

Une fois parvenu au pouvoir, Tokugawa Ieyasu prend le contrôle de l'économie du pays en mettant la main sur les mines et les ports importants, lui assurant ainsi le monopole des exportations des métaux précieux. Il va ainsi être capable de fonder un nouveau système monétaire. Il organise par ailleurs un réseau de routes stratégiques à travers le pays avec des auberges et des relais à chevaux pour les messagers et les voyageurs, ainsi que des postes de contrôle de police.

edo mont fuji
La ville d'Edo avec le mont Fuji en arière-plan.

En 1635, le shōgun Tokugawa Iemitsu instaure le « sankin kōtai », qui oblige tous les daimyō à passer alternativement un an dans leur fief et un an à Edo, tandis que leur épouse et leurs enfants doivent habiter en permanence dans la capitale du shōgun. Les daimyōs sont ainsi astreints à être constamment sur les routes, voyageant sans cesse entre leurs fiefs et Edo. L'un des objectifs du shōgun, en plus de retenir la famille des daimyōs comme otages potentiels, est d'étrangler financièrement les grands seigneurs féodaux.

monnaie ryo
Monnaie en or (ryō) japonaise de l'ère Keichō (1596-1615).
Le shogunat Tokugawa tentera de standardiser l'émission de monnaies en or, argent et cuivre. Le système sera aboli en 1871 avec l'introduction du yen.

La politique de fermeture du pays mise en place par les shōguns Tokugawa au début du 17ème siècle, accompagnée de cette pacification de la société, loin de provoquer une stagnation de cette dernière, va au contraire provoquer un essor économique, redéployé vers l'intérieur du pays et non plus tourné vers les échanges extérieurs. La grande stabilité du régime et le développement de grandes routes ponctuées de relais-étapes pour les daimyō entraînent un accroissement des échanges et des villes, ainsi qu'un épanouissement de l'artisanat japonais en particulier. Au point qu'aujourd'hui, la période Edo est synonyme d'âge d'or de l'art japonais traditionnel. Après le « bushido », la voie du guerrier, vient le temps du « shodō », la voie du lettré.

shodo kanji
Exercice de « shodō » consistant à écrire « automne » (kanji) en japonais.

7/ Grandes routes et axes de communication

a/ Le Gokishichidō

Le « Gokishichidō » (五畿七道, lit. « cinq provinces et sept routes ») est le nom d'une ancienne organisation administrative du Japon datant de la période Asuka (538-710). Cette organisation perdura jusqu'à la période Muromachi (1336-1573).

Le Gokishichidō consistait en une division en cinq provinces appelée « Kinai » (畿内) ayant une capitale, et en la création de sept axes de communications (道, « dō », circuit ou voie). À partir de 701 et du code de « Taihō » (ritsuryō), le pays fut divisé en 66 provinces et 592 districts.


Les cinq provinces du Kinai sont :

_ province de Yamato

_ province de Yamashiro

_ province de Kawachi

_ province de Settsu

_ province d'Izumi

Elles correspondent approximativement à l'actuelle région du Kansai (en orange sur la carte suivante).

gokishichido
Le Gokishichidō

Les sept « dō » reliaient la capitale impériale au reste du territoire. Ces routes étaient jalonnées d'étapes et donnaient leur nom aux régions correspondantes.

_ Tōkaidō partait en direction de l'est en suivant la côte de l'océan Pacifique ;

_ Tōsandō partait vers le nord-est à travers les alpes japonaises ;

_ Hokurikudō partait vers le nord-est en suivant la côte de la mer du Japon ;

_ San'indō partait vers l'ouest en suivant la côte de la mer du Japon ;

_ San'yōdō vers l'ouest ;

_ Nankaidō vers la péninsule de Kii et les îles d'Awaji et Shikoku ;

_ Saikaidō vers Kyūshū

gokishichido kinai sept do
Le Kinai (en noir) et les sept dōs.

Les routes du « Gokishichidō » ne doivent pas être confondues avec les routes du « Gokaidō », créées lors de la période Edo (1600-1868). Seul le circuit du Tōkaidō appartient à la fois au Gokishichidō et au Gokaidō.

b/ Le Gokaidō

Les cinq routes d'Edo ou « Gokaidō » (五街道) étaient les cinq routes administratives reliées à la capitale shogunale Edo (aujourd'hui Tōkyō) durant la période Edo (1603-1868).

gokaido
Gokaidō (en rouge)

Construites ou plutôt agrandies par Tokugawa Ieyasu qui souhaitait améliorer le contrôle de son territoire, c'est le quatrième shogun Tokugawa Ietsuna (1641–1680) qui leur donnera ce statut administratif.

Le Gokaidō sera constitué de relais-postes et s'appuiera sur le « Kaidō » (街道), réseau de routes existant déjà à l'époque du Japon médiéval.

tokaido kaido
Tronçon du Tōkaidō près de Hakone reprennant l'ancien tracé du kaidō.

Le « sankin-kōtai », obligeant les daimyōs à faire d'incessants aller-retour entre leur fief et la capitale shogunale, parsèmera également les cinq routes de nombreux relais-étapes pouvant accueillir la noblesse et leur suite. Les cinq routes ont toutes comme point zéro le pont « Nihonbashi » (日本橋, litt. « Le pont du Japon ») de la ville d'Edo.

marqueur point zero cinq routes
Marqueur indiquant le point zéro des cinq routes d'Edo.
pont nihonbashi edo
Fresque représentant le pont Nihonbashi à l'époque Edo.
maquette pont nihonbashi
Maquette du pont Nihonbashi à l'époque Edo (musée de Tōkyō).
maquette pont nihonbashi
Maquette du pont Nihonbashi à l'époque Edo (musée de Tōkyō).
pont nihonbashi
Le pont Nihonbashi aujourd'hui

Les cinq routes d'Edo furent les suivantes :

_ « Ōshū Kaidō » (奥州街道) : Edo vers la province de Kai et la ville de Shirakawa, 27 stations ;

_ « Nikkō Kaidō » (日光街道) : Edo vers la province de Mutsu et la ville de Nikkō, 21 stations ;

_ « Kōshū Kaidō » (甲州街道) : Edo vers la province de Kai et la ville de Shimosuwa-shuku, 44 stations ;

_ « Nakasendō » (中山道) ou « Kiso kaidō » (木曾街道) : Edo vers Kyōto, en passant par Shimosuwa-shuku, 69 stations ;

_ « Tōkaidō » (東海道) : Edo vers Kyōto, en longeant la côte, 53 stations.

La plus importante des routes du Gokaidō fut le Tōkaidō (東海道, littéralement « la route de la mer de l'est »), route longeant la côte et reliant Edo, la capitale shogunale, à Kyōto, la ville de résidence de l'Empereur du Japon.

tokaido 1825
Le Tōkaidō en 1825
tokaido
Le Tōkaidō
tokaido
Le Tōkaidō
tokaido panorama
Panorama du Tōkaidō
tokaido 53 stations
Les 53 stations du Tōkaidō.

Les Cinquante-trois Stations du « Tōkaidō » (東海道五十三次之内, « Tōkaidō Gojūsan-tsugi no uchi ») sont une série d'estampes japonaises (ukiyo-e) créées par Utagawa Hiroshige (歌川広重, 1797-1858) après son premier voyage empruntant la route du Tōkaidō en 1832.

Les cinquante-trois stations du Tōkaidō
N° station Nom de la sation Municipalité Préfecture Estampe
1 Shinagawa-juku Shinagawa Tōkyō shinagawa juku
2 Kawasaki-juku Kawasaki-ku, Kawasaki Kanagawa kawasaki juku
3 Kanagawa-juku Kanagawa-ku, Yokohama Kanagawa kawasaki juku
4 Hodogaya-juku Hodogaya-ku, Yokohama Kanagawa hodogaya juku
5 Totsuka-juku Totsuka-ku, Yokohama Kanagawa totsuka juku
6 Fujisawa-shuku Fujisawa Kanagawa fujisawa shuku
7 Hiratsuka-juku Hiratsuka Kanagawa hiratsuka juku
8 Ōiso-juku Ōiso, Naka District Kanagawa oiso juku
9 Odawara-juku Odawara Kanagawa odawara juku
10 Hakone-juku Hakone, Ashigarashimo District Kanagawa hakone juku
11 Mishima-shuku Mishima Shizuoka mishima shuku
12 Numazu-juku Numazu Shizuoka numazu juku
13 Hara-juku Numazu Shizuoka hara juku
14 Yoshiwara-juku Fuji Shizuoka yoshiwara juku
15 Kanbara-juku Shimizu-ku, Shizuoka Shizuoka kanbara juku
16 Yui-shuku Shimizu-ku, Shizuoka Shizuoka yui shuku
17 Okitsu-juku Shimizu-ku, Shizuoka Shizuoka okitsu juku
18 Ejiri-juku Shimizu-ku, Shizuoka Shizuoka ejiri juku
19 Fuchū-shuku Aoi-ku, Shizuoka Shizuoka fuchu shuku
20 Mariko-juku Suruga-ku, Shizuoka Shizuoka mariko juku
21 Okabe-juku Fujieda Shizuoka okabe juku
22 Fujieda-juku Fujieda Shizuoka fujieda juku
23 Shimada-juku Shimada Shizuoka shimada juku
24 Kanaya-juku Shimada Shizuoka kanaya juku
25 Nissaka-shuku Kakegawa Shizuoka nissaka shuku
26 Kakegawa-juku Kakegawa Shizuoka kakegawa juku
27 Fukuroi-juku Fukuroi Shizuoka fukuroi juku
28 Mitsuke-juku Iwata Shizuoka mitsuke juku
29 Hamamatsu-juku Naka-ku, Hamamatsu Shizuoka hamamatsu juku
30 Maisaka-juku Nishi-ku, Hamamatsu Shizuoka maisaka juku
31 Arai-juku Kosai Shizuoka arai juku
32 Shirasuka-juku Kosai Shizuoka shirasuka juku
33 Futagawa-juku Toyohashi Aichi futagawa juku
34 Yoshida-juku Toyohashi Aichi yoshida juku
35 Goyu-shuku Toyokawa Aichi goyu shuku
36 Akasaka-juku Toyokawa Aichi akasaka juku
37 Fujikawa-shuku Okazaki Aichi fujikawa shuku
38 Okazaki-shuku Okazaki Aichi okazaki shuku
39 Chiryū-juku Chiryū Aichi chiryu juku
40 Narumi-juku Midori-ku, Nagoya Aichi narumi juku
41 Miya-juku Atsuta-ku, Nagoya Aichi miya juku
42 Kuwana-juku Kuwana Mie kuwana juku
43 Yokkaichi-juku Yokkaich Mie yokkaichi juku
44 Ishiyakushi-juku Suzuka Mie ishiyakushi juku
45 Shōno-juku Suzuka Mie shono juku
46 Kameyama-juku Kameyama Mie kameyama juku
47 Seki-juku Kameyama Mie seki juku
48 Sakashita-juku Kameyama Mie sakashita juku
49 Tsuchiyama-juku Kōka Shiga tsuchiyama juku
50 Minakuchi-juku Kōka Shiga minakuchi juku
51 Ishibe-juku Konan Shiga ishibe juku
52 Kusatsu-juku Kusatsu Shiga kusatsu juku
53 Ōtsu-juku Ōtsu Shiga otsu juku
gokaido
Le Gokaidō aujourd'hui près de la ville de Yui (由比町), au pied du mont Fuji
(ligne de chemin de fer, autoroute « Tōmei » et route nationale 1).

Les Soixante-neuf Stations du « Kiso Kaidō » (木曾街道六十九次, « Kiso Kaidō Rokujūkyū-tsugi ») sont une série d'estampes japonaises ukiyo-e créées par Utagawa Hiroshige et Keisai Eisen entre 1834-1835 et 1842.

La série compte soixante-neuf stations du Kiso Kaidō, plus une planche pour le point de départ, le pont Nihonbashi (« pont du Japon », 1ère estampe) à Edo, ainsi qu'une estampe additionnelle pour la station Nakatsugawa-juku (N°46 : Nakatsugawa, 1ère estampe; N° 47 : Nakatsugawa, 2ème estampe) ; soit un total de 71 estampes, auxquelles il faut ajouter la page de titre (estampe; N° 72).

Les Soixante-neuf Stations du Kiso Kaidō
N° station Nom de la sation Municipalité / Préfecture Estampe Auteur
1 Nihonbashi Chūō-ku (Tōkyō) / Tōkyō nihonbashi Eisen
2 Itabashi-shuku Itabashi (Tōkyō) / Tōkyō itabashi shuku Eisen
3 Warabi-shuku Warabi / Saitama warabi shuku Eisen
4 Urawa-shuku Urawa à Saitama / Saitama urawa shuku Eisen
5 Ōmiya-shuku Omiya à Saitama / Saitama >omiya shuku Eisen
6 Ageo-shuku Ageo / Saitama ageo shuku Eisen
7 Okegawa-shuku Okegawa / Saitama okegawa shuku Eisen
8 Kōnosu-shuku Konosu / Saitama konosu shuku Eisen
9 Kumagai-shuku Kumagaya / Saitama kumagai shuku Eisen
10 Fukaya-shuku Fukaya / Saitama fukaya shuku Eisen
11 Honjō-shuku Honjo / Saitama honjo shuku Eisen
12 Shinmachi-shuku Takasaki / Saitama shinmachi shuku Hiroshige
13 Kuragano-shuku Takasaki / Gunma kuragano shuku Eisen
14 Takasaki-shuku Takasaki / Gunma takasaki shuku Hiroshige
15 Itahana-shuku Annaka / Gunma itahana shuku Eisen
16 Annaka-shuku Annaka / Gunma annaka shuku Hiroshige
17 Matsuida-shuku Annaka / Gunma matsuida shuku Hiroshige
18 Sakamoto-shuku Annaka / Gunma sakamoto shuku Eisen
19 Karuisawa-shuku Karuizawa / Nagano  chuoku karuisawa shuku
20 Kutsukake-shuku Karuizawa / Nagano kutsukake shuku Eisen
21 Oiwake-shuku Karuizawa / Nagano oiwake shuku Eisen
22 Otai-shuku Miyota / Nagano otai shuku Hiroshige
23 Iwamurada-shuku Saku / Nagano iwamurada shuku Eisen
24 Shionata-shuku Saku / Nagano shionata shuku Hiroshige
25 Yawata-shuku Saku / Nagano yawata shuku Hiroshige
26 Mochizuki-shuku Saku / Nagano mochizuki shuku Hiroshige
27 Ashida-shuku Tateshina / Nagano ashida shuku Hiroshige
28 Nagakubo-shuku Nagawa / Nagano nagakubo shuku Hiroshige
29 Wada-shuku Nagawa / Nagano wada shuku Hiroshige
30 Shimosuwa-shuku Shimosuwa / Nagano  chuoku shimosuwa shuku
31 Shiojiri-shuku Shiojiri / Nagano shiojiri shuku Eisen
32 Seba-juku Shiojiri / Nagano seba juku Hiroshige
33 Motoyama-juku Shiojiri / Nagano motoyama juku Hiroshige
34 Niikawa-juku Shiojiri / Nagano niikawa juku Hiroshige
35 Narai-juku Shiojiri / Nagano narai juku Eisen
36 Yabuhara-juku Kiso (village) / Nagano yabuhara juku Eisen
37 Miyanokoshi-juku Kiso (bourg) / Nagano miyanokoshi juku Hiroshige
38 Fukushima-juku Kiso (bourg) / Nagano fukushima juku Hiroshige
39 Agematsu-juku Agematsu / Nagano agematsu juku Hiroshige
40 Suhara-juku Ōkuwa / Nagano suhara juku Hiroshige
41 Nojiri-juku Ōkuwa / Nagano nojiri juku Eisen
42 Mitono-juku Nagiso / Nagano mitono juku Hiroshige
43 Tsumagome-juku Nagiso / Nagano tsumagome juku Hiroshige
44 Magome-juku Nakatsugawa / Gifu magome juku Eisen
45 Ochiai-juku Nakatsugawa / Gifu ochiai juku Hiroshige
46 Nakatsugawa-juku, 1ère estampe Nakatsugawa / Gifu nakatsugawa juku Hiroshige
47 Nakatsugawa-juku, 2ème estampe Nakatsugawa / Gifu nakatsugawa juku Hiroshige
48 Ōi-juku Ena / Gifu oi juku Hiroshige
49 Okute-juku Mizunami / Gifu okute juku Hiroshige
50 Hosokute-juku Mizunami / Gifu hosokute juku Hiroshige
51 Mitake-juku Mitake / Gifu mitake juku Hiroshige
52 Fushimi-juku Mitake / Gifu fushimi juku Hiroshige
53 Ōta-juku Minokamo / Gifu ota juku Hiroshige
54 Unuma-juku Kakamigahara / Gifu unuma juku Eisen
55 Kanō-juku Gifu / Gifu kano juku Hiroshige
56 Gōdo-juku Gifu / Gifu godo juku Eisen
57 Miyeji-juku Mizuho / Gifu miyeji juku Hiroshige
58 Akasaka-juku Ōgaki / Gifu akasaka juku Hiroshige
59 Tarui-juku Tarui / Gifu tarui juku Hiroshige
60 Sekigahara-juku Sekigahara / Gifu sekigahara juku Hiroshige
61 Imasu-juku Sekigahara / Gifu imasu juku Hiroshige
62 Kashiwabara-juku Maibara / Shiga kashiwabara juku Hiroshige
63 Samegai-juku Maibara / Shiga samegai juku Hiroshige
64 Banba-juku Maibara / Shiga banba juku Hiroshige
65 Toriimoto-juku Hikone / Shiga toriimoto juku Hiroshige
66 Takamiya-juku Hikone / Shiga takamiya juku Hiroshige
67 Echigawa-juku Aishō / Shiga echigawa juku Hiroshige
68 Musa-juku Ōmihachiman / Shiga musa juku Hiroshige
69 Moriyama-juku Moriyama / Shiga moriyama juku Hiroshige
70 Kusatsu-juku Kusatsu / Shiga kutatsu juku Hiroshige
71 Ōtsu-juku Otsu / Shiga otsu juku Hiroshige
72 Page de titre page titre

8/ Spécialisation régionale et urbanisation

Au cours du 18ème siècle, le Japon passe d'une économie d’auto-subsistance à une économie tournée vers la commercialisation des produits ; la laque, le chanvre pour le textile, l'indigo pour la teinturerie, le mûrier pour le ver à soie, le colza pour l'huile d'éclairage, donnent naissance à un début d'économie régionale spécialisée. La culture du coton se développe rapidement dans le Kansai et les régions bordant la mer intérieure, le thé prend son essor près de Kyōto (Uji), le tabac se concentre à Mito et Kagoshima.

Dans le secteur artisanal, les activités textiles sont en développement. La teinturerie est aussi en pleine expansion. Les régions de Kiryū et Hachiōji se spécialisent dans les plantations de mûriers et d'élevages de vers à soie. Mais ce sont les artisans de Nishijin, à Kyōto, qui deviennent les maîtres du travail de la soie.

Le poisson est aussi très apprécié par la population et s'exporte même jusqu'en Chine.

recolte coton
Récolte de coton en 1907.

La hausse de la production artisanale et l'essor d'une production agricole conduisent à un accroissement des échanges en général, et du secteur des transports en particulier. L'unification politique, la résidence alternée imposée aux seigneurs, et l'essor de l'artisanat, jouent en effet dans le sens d'un essor rapide des transports terrestres. Et la naissance de centres urbains attire aussi marchandises et produits venus de tout le pays, en particulier dans les trois grandes ville : Edo, Kyōto et Osaka. Des relais avec vivre et couvert situés tous les deux ou trois lieues sur les cinq grandes routes du Gokaidō permettent aux voyageurs de faire des haltes, tandis que des villas attenantes accueillent les grands seigneurs.

Osaka, Kyōto et Edo (ouest vers est).

Edo compte déjà plus d'un million d'habitants au début du 18ème siècle. Face à l'immense capitale shōgunale au centre du Kantō, Kyōto (presque 600 000 habitants) et Osaka (500 000), distantes l'une de l'autre d'une journée de voyage environ, constituent un pôle urbain considérable, qui fait du Kensai le second centre de l'archipel.

monument odoya
Monument en hommage à la famille Odoya à Osaka.

Si Edo est la capitale shogunale - et Kyōto la capitale impériale - Osaka est une grande cité marchande. La « cuisine de l'empire » prospère comme centre de concentration et de redistribution des produits venus de tout l'ouest du Japon. Osaka devient aussi le centre de ce marché national en formation avec toutes les activités touchant au négoce : la banque, la bourse, les hangars et dépôts, l'activité de gros et l'armement des navires.